dimanche 16 août 2009

VOYAGES

MOYEN-ORIENT

Echos d’Egypte


Toutes les nations colonisatrices ont pillé les pays conquis et ce depuis la nuit des temps.
En Asie centrale, le mois dernier, j’ai vu - c’est du moins ce qui m’a été dit sur place - le tombeau du prophète Jérémie, rapporté de Palestine , fin mars 1401, par l’Emir Timur, dit Tamerlan .
A St Pétersbourg j’ai découvert des trésors assyriens que les Soviétiques avaient subtilisés, en novembre 1945 , des musées allemands.
H. Schliemann doit sa célébrité et sa fabuleuse fortune à toutes les antiquités qu’il a raflées dans tout le Moyen-Orient d’Hissarlik à Guiseh . En Amérique du sud un de ses descendants - lui , sous couvert de tourisme et non d’archéologie, ratissait, sans autre gène que celui de son grand-père fouineur, les sites quechuas et aymaras - nous a , sans vergogne, narré ses méthodes .
Le British Museum détient toujours la “ pierre de Rosette “ .
Heureux je le fus cependant , il y a quelques jours, de découvrir un juste retour des choses : le musée du Caire vient de récupérer la tête de Nefertari que des contrebandiers avaient vendue au Met de New York en 1947.
Vous n’êtes pas restés insensibles au génie de Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature (Palais du Désir, Passage des Miracles, etc.) Savez-vous que le sheikh de la mosquée Al-Azhar au Caire vient de l’inquiéter pour déviation à l’endroit du sunnisme . Même en Egypte les “ docteurs de la loi “ ont autorité au dessus des tribunaux.
La dictature théocratique est un fait de Casablanca à Jakarta. Au point que l’assassinat d’un “ apostat “ est non seulement autorisé , mais recommandé par l’ Islam. Au point que la vingtaine de chrétiens coptes, massacrés à Kocheh, en Haute Egypte, fin décembre 2000, n’a pas encore donné lieu à enquête, encore moins à jugement des meurtriers. Tout comme, le mois dernier à Mesched, cet Iranien, meurtrier en série, surnommé “l’Araignée”, a été déclaré “ héros “ par les “ gardiens de la foi “ après avoir assassiné une vingtaine de prostituées.
Bernie Le Caire 3 nov. 2001

Echos du SINAI
: Les Bleus et les Verts de la Mer Rouge
ou de la Tolèrance au Fondamentalisme...

C’est l’Empereur Justinien qui en 550 donne à deux factions rivales du peuple bizantin ce nom de Bleus et Verts. Les Bleus sont les nobles, les riches et les Juifs, les Verts la plèbe, le petit peuple et les antisémites acharnés.

Serrée entre le Golfe d’Aqaba et celui de Suez, la Péninsule du Sinaï fut de tout temps objet de conflit. Montagnes acérées dont la cime ressemble à des dents ( la racine sémitique “ sin” signifie “ dent”) et désert terrifiant n’offrent ostensiblement rien d’attrayant. Sans pluie, avec une chaleur torride le jour et un froid amer la nuit, qui pourrait être retenu par une telle désolation.
Et pourtant depuis des temps immémoriaux, le Sinaï s’avère l’un des carrefours les plus fréquentés de la planète. Restitué en avril 1982 par Israël à l’Egypte, le Sinaï semble voué à un rapide développement économique.
Autrefois la seule attraction était le célèbre monastère Ste Catherine, flanqué des Monts Horeb ( Moïse), Serbal et Umn Shumar ( 3.600 m.) où les enfants d’Israël s’égarèrent il y a quelque 3.300 ans. Il n’y a pas si longtemps le calme, la beauté naturelle, la grandeur solitaire du site ne favorisaient que le recueillement.
En l’an 330 les moines du Sinaï furent aidés par la mère de l’Empereur Constantin ( Ste Hélène). Elle fit construire une église et une tour près du Buisson Ardent, toujours vert depuis l’époque de Ramsès II ( 1250 avant J.C.). Justi nien ordonna la construction d’une forteresse et y détacha des soldats pour sa défense .
En 625 Mahomet assura aux moines sa protection et l’exemption de l’impôt, ce qui mit le monastère à l’abri des Arabes lors de leur conquête de la Péninsule en 641.
En 1099 et 1270 les Croisés de passage insufflèrent une ère de renouveau.
Les Mameluks accordèrent en 1517 un statut privilégié à l’Archevêque local .
Napoléon lui-même finança, en 1802, la reconstrction de l’aile-Nord endommagée lors d’une violente tempête.
En 1996, le Monastère a célébré son 1430ème anniversaire .

Aujourd’hui les touristes étrangers débarquent par cars entiers, tout au long de l’année, d’Europe et d’Amérique, mais aussi des Philippines, de Corée et du Japon.
A 80km au sud, à vol d’oiseau ( 300 Km par la route via Dahab et Nabq ), à la pointe méridionale du Sinaï, se situe Sharm el-Sheikh. Il y a encore quatre ans, le site n’était fréquenté que par les amateurs de plongée , attirés par la variété des poissons polychromes et les merveilleux coraux d’un monde sous-marin fabuleux.
Depuis 1994 les hôtels se multiplient. Seize établissements de grand standing représentent déjà les principales chaînes internationales, mais dans un rayon de 20Km je n’ai pas compté moins de 38 chantiers gigantesques en bordure de mer. Autrefois il fallait transiter par Le Caire. En janvier 1997, un aéroport moderne permet avec la piste adéquate , police des frontières et douane , l’atterrissage des gros porteurs.
Les Bédouins d’abord réticents y trouvent leur compte. C’est à nouveau la manne qui leur tombe du ciel. Ils organisent excursions et spectacles dans le désert et gagnent, m’a dit Ahmed Abdel Wahed, autant en une soirée qu’en une année de labeur exténuant il y a moins d’un lustre. Les chameaux sont toujours de service, mais Ahmed circule en Mercedes et ne laisse de surprendre lorsqu’un “bip” solliciteur lui fait sortir de sa djellaba un téléphone portable.

J’avais cette année choisi le mois du Ramadan pour étudier au calme et la flore et la faune et la langue de ce coin histoire du monde qu’est le Sinaï.
Le calme nous fut assuré . . . tout au moins pendant la journée, mais ne me parlez pas du Ramadan la nuit. La dérivation du sens du terme en RAMDAM n’a plus de secret pour nous.
La “ charia” ( loi coranique) repose sur “ 5 piliers”. Ces cinq obligations fondamentales sont le “chakada” ( credo), le “ salat” ( 5 prières quotidiennes), le “zaket” ( aumône), le “hadjab” ( pélerinage à la Mecque une fois dans la vie ) et le “ramadan” ( neuvième mois de l’Hegire).
En janvier à Sharm el-Sheikh la nuit tombe vers 17h et le soleil se lève vers 6 heures.
Bien sûr nous aurions pu dormir de 6h à 17h, mais l’habitude m’est une seconde nature de “ vivre” le jour et de me reposer la nuit. On ne se refait pas ! Nos voisins, au demeurant de braves gens, vaquaient lentement ,le jour, à leurs occupations habituelles, la majorité observant le jeûne imposé du lever au coucher du soleil et , dès la nuit tombée, faisaient leurs courses. C’était un plaisir de les voir déambuler parmi les étals de victuailles: “ qamar edin” ( abricots secs), noix, noisettes, noix de coco, figues, raisins secs, amandes et des monceaux de dattes appétissantes gonflaient les couffins pour j’imagine suivre l’exemple du Prophète qui, dès la disparition de l’astre solaire, “cassait le jeûne “ ( dé-jeûner, break - fast) en mangeant des dattes.
Ibrahim Mahmoud m’a avoué que le meilleur moment de l’année pour son commerce de comestibles était “ sha’ban” , la quinzaine qui précède le Ramadan.
Quand j’ai vu avec quelle goinfrerie nos amis se jetaient sur les mets préparés pour l ‘ “iftar” ( premier repas), j’ai douté un instant de l’ Islam et de ses rites.
Quand j’ai entendu le Dr Ahmad Taymour préciser que le mois du Ramadan correspondait à une augmentation brutale du cholestérol chez ses patients, j’ai douté à nouveau.
Mais le pire , c’est qu’à partir de minuit, nos voisins s’installaient devant leur télé, toutes fenêtres ouvertes, pour regarder des programmes futiles et bruyants qui n’avaient rien de religieux : jeux , music-hall et sur les deux chaines égyptiennes et celle de Dubaï.
Les bels nous empêchaient de dormir. Les enfants couraient dans les couloirs en criant pendant que leurs parents mangeaient, buvaient, fumaient et riaient, heureux de faire bombance.
Dehors cafés et restaurants sont bondés au point d’installer à l’extérieur de vastes tentes pour absorber un surcroît de clients.
Et le ramdam dure jusqu’au “ so’our” ( dernier repas avant le lever du soleil). Nouvelles agapes bruyantes .

Mardi matin dans la “Gazette égyptienne” le mufti Shiekh Nasr Farid Wasel se fâchait contre le début asynchrone du Ramadan chez le milliard de Musulmans et que 6h27 le 29 de Sha’ban n’était pas l’heure correcte, que c’était 6h26. J’ai des doutes.
Ce midi en regardant la télé, les atrocités algériennes ont été mises sur le compte du Ramadan. J’ai vraiment des doutes.
Ali an Radwan m’a bien réfuté que l’Eglise catholique s’était pervertie avec le Pape Alexandre VI et d’autres peut-être, qu ’ elle s’était dévoyée face à Copernic et Darwin et qu’elle s’était disqualifiée avec l’Inquisition des Dominicains.
Je ne puis que lui dire que c’était vrai, mais que l’histoire est ancienne.
Et puis j’ai réalisé que l’Islam était 500 ans plus jeune que le Christianisme .
Mais j’ai encore des doutes .

B e r n i e Le Caire le 30 janv.97

AMERIQUE DU NORD CANADA

CANADA 10 M km2 cf. Chine et USA et Australie 8 M km2
Chine 1.300.000 ha , USA 182 M Australie 20 M CANADA 32 M
Chef d’Etat : Reine Elizabeth II Mais démocratie parlementaire
27ème Gouverneur général: une femme de 48 ans
intronisée la semaine dernière: Michaëlle JEAN, journaliste , réfugiée politique de Haïti . Elle est noire. et succède à Adrienne JACKSON qui elle était réfugiée politique de Chine. Elle avait pris son poste en 1999. ( Rappel 1er gouv. en 1608 Samel de Champlain)
1er Ministre : Paul Martin
10 provinces E > O Terre Neuve/Labrador/Ile Prince Edward
Nouvelle Ecosse/Nouveau Brunswick
QUEBEC / ONTARIO 65% de la pop.
Manitoba/Sashkatchewan/Alberta/Colomb.brit.
+ 3 territoires : Yukon / du Nord-Ouest/ Nuvanut (“notre terre”)
Capitale : OTTAWA
PNB 33.000 $ ( France 28220 $)
Monnaie : Can$ = 0,70 € US$ = 0,83 € US$ 1 = Can$ 1,17
Economie de marché + une dose d’état providence(compromis idéal entre l’Europe et les USA)
ALENA : marché commun : Canada/USA/Mexique
Seule puissance du G8 qui dispose d’un surplus budgétaire.
ECONOMIE :3% de croissance ( 3,5% en 2006)
75% de l’activité : services
Industries : automobile, pâte à papier, métauxc (Alcan), agroalimentaire;, biotechnique, aéronautique (Bombardier) Telecom (Nortel)
pétrole ( ds l’Alberta) fournit plus de pétrole aux USA que l’Arabie saoudite., 1/5 du monde pour l’hydroénergie (électricité)
Diamant ( 3ème prod. mondial, avant l’Afrique du sud.
RELIGION : 45 % catho 41% protest.
Compos. ethnique : 87% Europ. 2% Amérindiens , 21% autres
Langues : anglais, français
+ langues indigènes ( cree,inuktitut,ojibway)
Nous sommes à Une heure de vol, de New York mais c’est une autre planète. Canada : pays respecté ds le monde entier, les gens sont tranquilles et travailleurs. 1er pays pour qualité de vie et démocratie.
Bonne destination pour les chômeurs français courageux.
Déserteurs US ( VietNam et Irak) Les Américains croient que le Canada est un des Etats americains. Chômage : 6%

SUD ONTARIO NIAGARA
Suis venu ici en juillet 1955 à Hammondsport NY et à Ste Catherine ( London , Paris) invité d’une famille de viticulteurs célèbres , les TAYLORS
et revenu 50 ans après en juillet dernier, invité par leurs descendants, mais maintenant propriété de Coca-Cola.
Ai appris que les viticulteurs américains projetaient :
- d’ajouter 7% d’eau dans leur vin
- ajouter des copeaux de bois pour teinter le vin et donner une saveur de vanille fumée.
Ai appris que 2 Français avaient préparé une motion à Bruxelles pour s’opposer à ce nouveau vin.
Jean-Claude MARTINEZ, député européen du FN
né le 30 juillet 1945 à Sète. Lauréat du Concours général en biologie. Viticulteur, et
Anne LAPEROUZE née le 4 juillet 1956 à Puylaurens, dont elle est maire ( Députée européenne “ Alliance des Démocrates)
fut assistante de recherche à Chicoutimi en 1978
et s’occupe des relations avec la Chine.
“Je ne veux pas de Chardonnay , type MacDo “




C A N A D A

Nombre de Français connaîssent l’Est du Canada, surtout les deux provinces d’ Ontario ( Toronto, Niagara Falls ) et la “Belle Province” ( Montréal, Québec, Lac St Jean), mais peu ont découvert les merveilles du Far-West canadien, à 6.000 Km de l’Atlantique, à plus de 10.000 Km de la Vieille France.


C’est loin, mais le déplacement vaut la peine et la dépense, notamment


- la merveilleuse ville de Vancouver, entre mer et montagne, l’une des plus belles cités du monde, avec San Francisco., favorisée comme toute façade martime occidentale, par un climat tempéré ( 15° - 28°C. en moyenne en juin ) et une pluviosité idéale pour la beauté des parcs et des jardins. VANCOUVER est également une mégapole cosmopolite et la plus nombreuse agglomération chinoise hors de Chine (R.P.Chine, Taïwan,Singapour,HongKong). Il s’agit en outre de Chinois dont le niveau d’éducation et de revenus est très élevé. Une des curiosités de cette communauté exotique est le jardin Ming, unique au monde, au n°578 de Carrall Street (Tél. 689.7133) ouvert de 10h à 20h. Les centres qui bougent s’étalent autour du quartier de Gastown , auquel le bistrotier Gassy Jack, de son vrai nom John Deighton, a donné son nom vers 1890. , et de Robson street , ourlée de mlliers de magasins de luxe, restaurants ethniques et boutiques pittoresques de quartier.
D’une population d’environ 1 million et demi dont 10% d’Asiatiques, VANCOUVER est le siège archiépiscopal catholique et anglican, et un centre universitaire recherché.
Deux des attractions majeures de VANCOUVER sont :
- le parc Stanley où l’on peut voir des pins de 100 mètres de haut ,
- l’ île de Granville où les anciens entrepots ont été superbement convertis en
maisons paticulières, boutiques et restaurants.

l’île de Vancouver et VICTORIA

Comme son nom peut le laisser deviner , c’est la “very British “ cité de VICTORIA qui est la capitale de l’une des deux provinces que nous visiterons : la Colombie britannique
Avec ses 300.000 habitants l’île jouit toute l’année d’un clmat fort agréable et c’est par miliers que viennent hiberner, par exemple les Québécois ( snow-birds) frileux et allergiques au désert culturel de la Floride.
L’environnement reste sauvage, mas la civilisation s’y avère très sophistiquée.
Base navale et universitaire, membre du Commonwealth britannique depuis un siècle, VICTORIA , avec son port attrayant et ses jardins raffinés, retient l’honnête visiteur.
Longue de 500 km , l’île a une personnnalité toute de nuances qui s’affirme dans les salons de thé au détour de Government Street et le long du port, entre l’architecture victorienne de l’hôtel Empress et du Parlement. Entre autres curiosités, l’île offre les plantes rares des Jardins Butchart, près de Sidney et des pluvisylves plusieurs fois centenaires, dont Cathedral Grove illustre tout le mystère et la splendeur


EUROPE


Ich bin kein Berliner !


Et pourtant je reste pantois d’admiration devant la solidité, l’organisation, la discipline et le courage à l’ouvrage qui président à la renaissance de Berlin !
Tout au moins dans ce qui fut jadis Berlin-ouest, car , malgré les milliards dépensés depuis cinq ans , Berlin-est reste morne de vacuité.

Mise à part la Französische Strasse ( rue des Français) qui, comme le reste du Stadtmitte, n’est qu’un immense chantier hérissé de grues gigantesques, l’est de Berlin ressemble à un patchwork touché par la pelade et où les plaques gagnées par les herbes et les débris aggravent la laideur des blocs d’habitation gris, sales ou décrépits. Même après plusieurs semaines, je ne peux me faire à ces quartiers lugubres et déprimants et ressens, après quelques heures à l’est, la nécessité de retourner vers les quartiers-ouest pour changer d’air et reprendre espoir.
La Berlinale vient de clore ses portes. Tous les cinémas affichaient “Complet”
Un billet valable pendant tout le festival du film coûte 250 DM et vous permet d’assister à toutes les séances de matinée. L’autre soir, devant le cinéma Zoo-Palast, Alain Delon et Eleanor Keaton, la veuve de Buster, distribuaient des autographes. Je dis “ billet” qui en allemand s’appelle “Karte” et déjà dans cette différence lexicale on note la différence de civilisation entre la souplesse latine et la rigidité du Karton germanique.

Ce matin, à l’Université Libre de Berlin, le Prof. Schiller m’a surpris en déclarant ex cathedra devant un auditoire pourtant à majorité allemande: “ Les Italiens sont charmeurs, les Français intelligents... , mais les Allemands sont travailleurs ! “.
Les lois en matière de circulation piétonne sont à peu près les mêmes dans les divers pays d’Europe, mais avec cette différence qu’en Allemagne le réglement semble obligatoire. J’en fus dimanche le témoin averti. Aucun véhicule ne se présentant à moins de trois cents mètres tant à droite qu’à gauche, je traversai la rue, sans même noter que le feu était rouge pour les pîétons. A peine avais-je atteint le trottoir d’en face qu’un agent de ville m’interpela :

- “ Il est interdit de traverser quand le feu “piétons” est rouge !.
- “ Mais il n’y avait aucune voiture, même à distance !
-” Ce n’est pas une raison . Les voitures sont très rapides !
-” Moi aussi je suis rapide !”

Cette dernière réplique parut désarçonner un instant notre représentant de la loi,mais je compris qu’il valait mieux pour moi faire amende honorable et exciper de ma nationalité ... étrangère. L’affaire n’eut pas de suite.



L’autre mardi je l’ai passé en compagnie du Capitaine Rolf Koschel de la police berlinoise qui avait accepté de m’emmener, pendant toute sa journée de travail, comme observateur des coutumes policières allemandes. J’ai ainsi pu assister à deux interrogatoires dans un commissariat de Bismarck Strasse. Si le dialogue est phonétiquement plus heurté que chez nous, les inspecteurs allemands semblent respecter plus méticuleusement le règlement en matière de gestes. Mon ami Rolf me précisa que souvent la police était paralysée par les lois protégeant les suspects, la moindre bousculade impliquant l’intervention d’un avocat de la défense. J’ai par contre noté que la population secondait efficacement la police pour retrouver et confondre un criminel.
A 14h., en voiture banalisée, nous nous sommes rendus aux abords de la station
de métro Frankfurter Allee et , en route, par radio , mon ami demanda au commissariat de Treptow d’envoyer quatre fourgons cellulaires à proximité de la station de métro. A peine étions-nous sur place que Rolf m’indiqua du doigt une vingtaine d’Asiatiques offrant aux passants des cartouches de cigarettes américaines. Dès l’arrivée des fourgons verts, il sortit et s’approcha des vendeurs qui contrairement à ce qu’auraient fait leurs homologues parisiens, se laissèrent appréhender sans résister ni tenter de fuir. Rolf avait fait sa rafle. Ce sont des VietNamiens, amenés en RDA par le gouvernement communiste de Pankow il y a une décennie. Ils sont plus de 150.000 et nombre d’entre eux ont trouvé rémunérateur le trafic illicite de ces cigarettes à 50% du prix du commerce. C’est, paraît-il, la mafia russe qui alimente ce marché noir.

Les Russes, les Allemands de l’ouest en ont par dessus la tête. Ils ont payé cher pour que l’Armée rouge évacue les lieux. Ils ont payé leur transport; ils ont payé la construction de logements pour les accueillir en Russie. Et voilà que nos Popov reviennent en force et en complet veston fil à fil. Ils alimentent le marché noir des cigarettes, vendent de la drogue. Quant aux prostituées slaves, elles investissent les lupanars du monde entier.

A la latitude de Londres et à la longitude de Naples, Berlin fait à peu près six fois la superficie de Paris avec une superficie de quatre millions. Parcs, forêts et lacs occupent plus d’un tiers des 900 Km2.

Si à l’ouest on rencontre peu de Noirs - les Angolais et Cubains amenés par la RDA étant pour la plupart restés dans la moitié-est de Berlin, par contre près de 300.000 Turcs, travailleurs et industrieux, ont émigré à Berlin-ouest. Les boutiques et restaurants turcs abondent apportant la saveur orientale des shish-kebabs et des falafels à l’ordinaire alimentaire des Gaststätte berlinoises.

Hier soir à l’Opéra, le Deutsch Oper, car il y a , à Berlin , deux opéras, j’ai pu admirer les Noces de Figaro. Amusant d’ailleurs : une satire sociale d’un écrivain français, avec un livret en italen, sur une composition musicale d’un Autrichien, dont l’action se déroule en Andalousie, interprétée à Berlin par des acteurs lyriques et musiciens allemands, devant un spectateur français; la boucle est bouclée. Deutsch Oper est une salle de réputation mondiale et la tradition lyrique reste un trait essentiel du paysage berlinois.
Sur l’ancienne Potsdammer Platz, un trou béant. Daimler-Benz va y construire un hypermagasin de détail et Sony son QG européen. Il y a quinze ans, les plus grands architectes du monde oeuvraient à Tokyo. Depuis trois ans ils sont tous à Berlin.

Depuis la chute du Mur, Berlin a perdu des emplois et le revenu des Berlinois de l’Ouest a baissé. En 1989 le PNB de RFA était de 130.000 Frs, celui de RDA de 49.000 Frs; en 1994, pour l’ensemble de Berlin, il est de 115.000 Frs.
Le 9 novembre 1989 un flot de liesse avait enflammé les deux Allemagne, mais le temps de l’euphorie est passé et les Allemands de Berlin-ouest sentent au fond de leur coeur du ressentiment pour leurs compatriotes de l’autre bord. Pire que de l’indifférence entre étrangers, on décèle souvent de la haine.

Un soir où j’étais invité à dîner en ville, le chef de famille dit à son épouse, en parlant d’un de ses employés : “ Ce Heinrich est un parfait idiot ! Il ne comprend rien à rien !”. Jugement expéditif auquel son épouse donna une conclusion définitive : “ Normal ! Il est de Berlin est ! “.

Avouons que ces Allemands de l’est n’ont pas eu de chance : après douze ans de nazisme, ils ont subi cinquante ans de marxisme. C’est plus que suffisant
pour démobiliser le cerveau le mieux organisé . Lors d’une réunion que mon ami Rolf, le capitaine de police, avait convoquée pour “briefer” quelques policiers de Berlin-est, j’avais en effet noté que lorsqu’il leur avait dit : “ Pour les modalités, vous réfléchirez ! “ ,l’un de ses subordonnés lui avait répondu: “ C’est toi le chef. Tu n’as qu’à nous donner des ordres !”.

On peut privatiser une usine ou un commerce. Il faudra une génération pour privatiser l’esprit de ces victimes du totalitarisme hitlérien ou stalinien. Le MUR en matière grise est toujours là !

Berlin est redenue capitale de l’Allemagne, mais Bonn n’en finit pas de donner
l’exeat au Gouvernement. Il faudra attendre 2000 pour que le transfert soit complet.

Rome c’est Rome. Paris, c’est Paris, mais Berlin, privée de son “ Luft “, reste un point d’interrogation. Berlin était certes, en 1920, une des plus belles villes du monde : de partout on venait admirer son art moderne, ses théâtres , son architecture, sa musique, et s’imprégner de sa culture.
Le dilemme pour l’heure est cruel : ou bien Berlin, à l’instar de Varsovie, tente de récupérer la patine du début du siècle,et elle ne sera pas alors la ville moderne qu’elle souhaite devenir, ou bien Berlin, si souvent à l’avant-garde, veut créer du neuf pour oublier les blessues qu’elle a causées et celles qu’elle a reçues, alors elle ne sera plus Berlin.

Quoi qu’il en soit Berlin ne peut que redevenir la Kapitale de l’Allemagne, et tout aussi inéluctablement présenter assez d’atouts pour briguer, l’heure venue, le titre de Capitale de l’Europe.

Solidité, organisation, discipline, courage à l’ouvrage, position géographique, tout milite en sa faveur . Mais que la France est belle !

B e r n i e
Février ‘95

Un tour à la Tour The Tower of London
(London: 7 M hab., 1560 Km2, dont 8.000 ha de parcs, 32 boroughs
en celtique: Llyn-Din ( = forteresse s/les marécages) vers 70 de notre ère)

De Waterloo Station à l’hôtel, nous passerons par la Tour. Savez-vous que les Césars romains y furent les premiers qui bâtirent la cité de Londinium ? Mille ans plus tard Guillaume le Conquérant, vers 1078, fit construire la White Tower.
Et depuis et jusqu’au XVII°s. chaque souverain aggrandit le “ château” , de façon concentrique et en améliora les fortifications.
Même si la Tour reste officiellement Palais royal, aucun monarque n’y établit sa résidence principale depuis Henry VII qui mourut en 1509.
Son fils Henry VIII ( alias Barbe bleue) préféra résider en amont de la Tamise, dans le Palais de Whitehall, gardant la Tour comme logement adéquat . . . pour ses ennemis.
C’est là en effet que furent enfermés Sir Walter Raleigh qui profita de son séjour pour y planter du tabac rapporté des Amériques, Sir Thomas More( décapité en 1535), Elizabeth , la futre reine ( 1554), William Penn, le fondateur de la Pennsylvanie (1668) .
N’oublions pas Anne Boleyn qui a honoré le lieu de sa présence à deux reprises : son couronnement en 1533 et son exécution en 1536 avec prétexte d’adultère, alors que la raison était son incapacité à donner au Roi Henry un héritier mâle.
Avant que ne soit fondé le Zoo de Londres, c’est à la Tour que les souverains, depuis Henry III , avaient leur ménagerie.
Palais, prison, ménagerie, la Tour , depuis neuf siècles, abrite une cinquantaine de familles, attachées au service dont un peloton de 41 soldats, appelés Beefeaters (=mangeurs de boeuf ) en raison de leur rôle traditionnel de goûteurs des mets royaux.Depuis trois siècles que la Tour est devenue musée, ils sont devenus guides.
Chaque soir, à 22 h. , la voix du chef-yeoman retentit : “ Qui va là ? - Les clefs ! - Les clefs de qui ? - Les clefs de la Reine Elizabeth ! “
Ces cinq hectares d’histoire sont dominés par la White Tower et ses 27 mètres de haut, dont une partie des pierres furent apportées de Normandie par Guillaume qui en fit sa forteresse.
En 1995 , deux millions de touristes ont visité la Tour..
Une fois les visites terminées,le soir, la vie intérieure reprend son rythme. On promène les chiens. On joue au tennis dans les anciennes douves. Le Pub, il n’en reste qu’un appelé “Yeoman Warders Club” ,n’a pas d’enseigne.Mais peu importe puisque seuls les habitants privilégiés du lieu y ont accès.
Si les résidents mâles ont leur emploi sur place, leurs épouses travaillent souvent dans le quartier financier de la City. Leurs maris sont parfois guides, parfois gardiens expérimentés, notamment des célèbres joyaux de la Couronne.
La Tour comprend un médecin qui n’a pas la tâche de ses prédécesseurs qui devaient raminer les victimes de la torture.
La dernière victime de la Tour fut exécutée en 1941: Joseph Jakobs, sergent de la Wehrmacht, parachuté en Angleterre comme espion et découvert. Rudolf Hess y fut également incarcéré. Mais il y a encore eu des victimes, celles-là innocentes, le 17 juillet 1974, lorsqu’une bombe explosa dans le sous-sol. Une femme perdit la vie et trente-six autres touristes furent blessés.
Autrement six gros corbeaux sont les hôtes officiels de la Tour, nourris chaque jour de viande crue. La légende raconte que le jour où les corbeaux disparaîtront ( ils ont une aile raccourcie régulièrement ) la Tour s’écroulera. . . et la monarchie avec.
Allons donc à London ! B e r n i e

Slobodan Milosevic
Né en 1941.
Son père, ancien séminariste devenu prof de russe et serbo-croate, quitte le foyer pour retourner dans son Montenegro natal. Slobodan et son frère Borislav (actuellement ambassadeur à Moscou) sont élevés par leur mère, professeur marxiste.
Jeune, Milosevic était un solitaire. Il avait très peu d’amis, ne pratiquait aucun sport .Il écrivait des poèmes.
Adulte, il est resté reclus et lunatique. Il a très peu d’amis, même si , en public, il peut paraître jovial et sympathique.
En 1962 son père se suicide . Slobodan est à l’université .
En 1973 sa mère se suicide. Son oncle maternel, général d’armée , se suicide également.
Marié à Mirjana Markovic, professeur de sociologie marxiste à l’université de Belgrade. Elle-même avait été élevée par ses grands-parents.
La mère de Mirjana, résistante titiste, avait été torturée par la Gestapo, puis, relâchée, assassinée par les Résistants qui la croyaient avoir trahi. Le père de Mirjana faisait partie de l’élite communiste.
En 1987, partenaire marxiste léniniste de son mari, elle prépare activement le terrain politique pour Slobodan.
En 1990, Milosevic évince traitreusement celui qui, pendant 25 ans , avait été son mentor dévoué :Stambolic , du poste de secrét. général du PC.
De 1988 à 1999 Milosevic trahit ainsi presque tous ses alliés, de droite comme de gauche.
Ses interlocuteurs étrangers ont toujours été surpris par sa fourberie et ses mensonges.
Milosevic a toujours lorgné sur le Kosovo dont il s’était promis de chasser tous les Musulmans ( les 3/4 de la population ).
Le 28 juin 1989 il s’est rendu, en grande pompe, sur le site de la mémorable bataille lors de laquelle en 1389 les Serbes avaient été défaits par les troupes turques , instaurant cinq siècles de régime ottoman.
Dans le discours qu’il avait alors prononcé, il avait précisé : “ Six siècles plus tard, nous voici à nouveau sur le champ de bataille. Cette fois nous n’avons pas d’armes, mais leur usage n’est pas exclu”.
Avec le Kosovo et la Vojvodine , la Serbie ajoute deux pions dans son jeu et deux votes pour elle dans la Fédération yougoslave.
Plusieurs républiques ont quitté la Fédération, à commencer par la Slovénie en 1991. Seul reste le Montenegro.
Les Serbes de Serbie se sont ensuite souvent opposés aux Slovènes, aux Croates et aux musulmans bosniaques.

Depuis le départ de Tito, les exodes sont devenus monnaie courante, à cause de la “ purification ethnique”.

Les mauvais serbes croatent toujours !

B e r n i e

SANTORIN

En complément du splendide diaporama que nous adresse Hugues des vues de SANTORIN, une destination qui s’impose pour “rêver”, je précise que son vrai nom grec est THIRA, nommée ainsi au temps d’Hérodote en raison de son attrait pour les chasseurs (“thira” = terrain de chasse, en grec).
Certains placent cette île dans le groupe des SPORADES méridionales , car celles-ci semblaient “ semées” dans la mer Égée (le verbe “SPEIRÔ était employé pour “ensemencer, saupoudrer, éparpiller, une racine prolifique qui a donné entre autres en français : épars, spore, sporadique, sperme; en anglais : spray, sprout, sprit ; en allemand : Spreu, sprühen, Spross; en italien : spruzzare.
Elle fait en fait partie des CYCLADES ( = “mises en cercle”), la plus méridionale, à 70 km au nord de la Crète.
Elle est la bordure orientale d’un immense cratère. Le site d’ AKROTIRI ( =” acropole de Thira”) n’a été découvert qu’à la fin du XIXème s., témoignant de l’âge du bronze. Cette explosion volcanique eut lieu il y a 3.500 ans et détruisit la civilisation minoenne.
Ce sont les Vénitiens qui au XIIIème s. nommèrent cette île SANTORINI, en l’honneur de Ste Irène ( = “la paix”), avant qu’elle soit conquise par les Ottomans, etc.

NB: signalons l’erreur majeure dans la formation du mot français “ARCHIPEL” dont le sens est étymologiquement “ mer principale”, et non “ groupe d’îles “.
La confusion vient du fait que les Hellènes avaient appelé cette étendue d’eau , entre l’Hellespont et la Crète : “ARKIPELAGOS” (=”mer principale” > grand’mer, quoi ) tout comme les Romains avaient nommé la Méditerranée : MARE NOSTRUM (= “notre mer”) que les Athéniens surnommèrent ÉGÉE en l’honneur de leur roi, père de Thésée. B e r n i e

LONDRES : 2 mots d’histoire

- sous l’Empire romain, London = the City . 1 seul pont (London Bridge) 50.000 hab
sur 2 hills : St Paul’s - Stock Exchange

- en 450 AD retraite des Romains Les Celtes latinisés, font appel à des mercenaires :
Angles, Saxons, Jutes) Ces mercenaires repoussent les Celtes vers Scotland,
Wales, Ireland .
- les Vikings multiplient les raids

- 820 calme rétabli par le 1er monarque anglais EGBERT. Son petit-fils Alfred le Grand
fait reconstruire les murs de la City.

-1066Guillaume ( W - G)Tour de Londres.Influence latine + français-normand up to 1450
Anglais moderne ( base germanique et scandinave)

- Henri I (fils de Guillaume) 1100-1135 : Charte. Les citoyens choisissent magistrats

1150 Richard Coeur de Lion: création du Lord Mayor. Mais les monarques méfiants de
la démocrtie quittent la City et s’installent à West Minster et Whitehall

1500 Henry VIII confisque les biens de l’Eglise et les distribue. Eglisé catho angl.Anglic

1588 Invincible Armada Construction de la flotte= suprématie des mers = début de
l’empire colonial où sont envoyés les criminels.

Elizabeth I Londres = 185.000 hab

Guillaume III et Mary donnent à l’Angleterre la monarchie constitutionnelle
Londres : 1ère ville européenne d’ 1 M habitants
1665 Peste ( 1/3 de la popul.) 1666 Great Fire ( 5 jours) détruit presque toute la City
Expansion vers ouest

1750 2ème pont de Londres ( Westminster) London : centre européen du commerce

1776 Problèmes avec colonies américaines ( George III) et avec Napoléon

1805 Trafalgar ( Nelson) 1815 Waterloo ( Wellington)

1837 - 1901 Victoria Révolution industrielle
Construction de East End ( slums) et de West End ( town-houses)

Train + 1er métro du monde ( commuter)

1914 - 18 Bombardements par dirigeables allemùands

1940-42 Blizt Krieg ( 30.000 morts) indomptable Winston Churchill

Skyscrapers Immigration des anciennes colonies ( Indiens,Pakist.Jamaï)

Tourisme : 10 M par an

Billet de Pologne
Astuce de Polak


En prenant possession de Varsovie détruite en 1945 les Soviétiques eurent pour premier objectif la construction d’un gratte-ciel de pur style stalinien. Ce devait être la Maison de la Kulture et la honte des Polonais.

Pendant 45 ans cet édifice domina la ville rebelle de ses 145 mètres au grand dam des Polonais qui entre eux l’appelaient “ la Cathédrale Saint Joseph “ ( Stalin).

Dès la chute du mur de Berlin, la municipalité varsovienne n’eut de cesse de démolir le gratte-ciel autant outrageant qu’outrancier.

Après huit ans de tergiversations, on comprit que la construction était si solide que sa démolition prendrait deux ans et coûterait des millions de dollars.

C’est hier en passant par la Mairie de Varsovie que j’ai appris la décision municipale: la pénurie de logements étant évidente et les gaspillages interdits, il a été décidé que l’infâme gratte-ciel disparaîtrait de la vue, noyé dans une demi-douzaine d’immeubles de même hauteur, dont la construction commencera en mai 2009 B e r n i e

La ROUMANIE (et la Bulgarie) sont membres de l’ OTAN, et de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2007. Les USA y ont transféré leurs bases originellement en Allemagne pour disposer d’un point d’appui sur la mer Noire.
En attendant l’ €uro pour 2014.
Monnaie roumaine : LEU ( pluriel LEI) . Au 23 mai 2007 le taux de change est 1 € = 3,27 lei (RON) et 100 RON = 30 €

Population : 23 millions ( à parité villes, campagne)
C’est avec l’Albanie le pays d’Europe où le taux de mortalité infantile est le plus élevé (19 0/00) et l’espérance de vie la plus basse (71 ans) 2 médecins pour 1.000 hab.

Le PIB par habitant est de 8.780 $ ( France 24.800, USA 35.100, Chine 5.900)
Taux d’inflation : 9% Taux de chômage : 8%
Importations : 40 M$ (70% d’ U.E.) Export. : 28 M$ (70% vers UE)
Salaire moyen mensuel : 100 /150 €
Chez Renault - Dacia 200 € ( semaine de 40 h.)

La Roumanie, qui passe près du cœur des Français et c’est réciproque, n’existe que depuis moins d’un siècle et demi. Les DACES ont subi 16 siècles de guerres et d’occupation, mais gardent le plus bel héritage romain : la langue. Ex :
Parlez-vous français ? Vorbiti frantzuzeshte ?
Bonjour Buna ziua Bonsoir Buna seara
Bonne nuit Nopte buna Oui Da Non Nu
Svp Va rog sel sare
Poivre Piper Beurre Unt
Pain Pîine Eau Apa Bière Bere

DACIA ( = terre des loups ) BUCOVINE (= terre des hêtres)
BUCARESTE = ville du berger Bucur (=l’homme à la force de taureau) XIVème s. Est située au milieu de la plaine de Valachie sur la rivière Dimbovita, sous-affluent du Danube.

Ce sont les Valaques et les Moldaves qui brisèrent la vague musulmane (Ottomans) aux portes de Vienne , en 1529.

La Roumanie (½ de la France en superficie) a 3 traits formateurs
-Carpates (tribu des Carpi, une subdivision des Daces)
-Danube :c’est la«Beauce » roumaine et le boulevard des invasions
-Mer Noire :la Riviera roumaine est à la même latitude que la côte d’Azur. À côté d’une industrie balbutiante, l’équipement touristique du pays assure un revenu substantiel . La Roumanie se situe en latitude entre Nice et Paris
Le pays offre un climat continental : extrêmes -38°C<> 45°C
La ROUMANIE est le royaume de la pêche et de la chasse : ours, sangliers, renards, cerfs, gélinottes, coqs de bruyère, outardes, pélicans,hérons, oies, canards sauvages. Le chamois est protégé. Et dans le delta du Danube : esturgeon ( caviar).

Principales villes (surtout industrielles) BUCAREST ( 2 M hab.), Cluj (251.000), Timisoara (200.000), Brasov (190.000), Constantza (185.000) la capitale de la Riviera.

République populaire le 30 décembre 1947, république socialiste le 21 août 1965. De Gaulle a visité Bucarest en 1968, Nixon en 1970, alors que Nicolas Ceausescu (au pouvoir en 1967) visitait Pékin en 1971. Les événements de décembre 1989, en mettant fin au système socialiste centralisé, ont entraîné une crise forte et durable d’autant que l’embargo contre la Yougoslavie ( juin 92 –oct.96 ) et l’ Irak ont pénalisé les exportations.
Notons que loin des dictatures marxistes de l’URSS et de la Chine, N.Ceaucescu a soumis son pays à une dictature familiale, clanique, à son seul profit, souriant tantôt à Moscou, tantôt à Washington. Je n’ai en fait jamais rencontré un seul militaire soviétique ( tout au moins en uniforme) en Roumanie.
Une lecture vivement recommandée, pour la détente :
« Elena Ceausescu- Carnets secrets » chez Flammarion. 10 €

La dissolution des kolkhozes a permis la réapparition d’une petite paysannerie, propriétaire des terres à 80%.
Le 19 mai 2007 le Président Traian BASESCU (le suffixe –escu signifie « fils de », ainsi Ionesco = « fils de Jean ».) a été plébiscité par 75% des Roumains ayant voté. Participation : 44%.

DACIA de Pitesi a été reprise par Renault. C’est le 8 décembre 2006 qu’est sortie de la chaîne la dernière Renault R12. 160.000 Logan ont été vendues en Roumanie dont 6.000 à la Police. La Logan est vendue 4.500 € à Bucarest. Elle est disponible en France à 8.000 €. La Logan est construite dans une 50aine de pays en Europe, Afrique, Asie et Amérique.

Réserves énergétiques : pétrole, gaz, charbon

Le plus ancien vestige romain de Roumanie est l’antique ville grecque de TOMIS ( actuellement Constantza, sur la mer Noire) bâtie sur les ruines de cités néolithiques du Vème millénaire avant JC. C’est en 29 avant JC que les Romains remplacent les Grecs, y installant le siège de leur commandement militaire. C’est au IIIème s. de notre ère que la ville subit les invasions des Carpi.. ( d’où vient Carpates) Mais elle prend pour modèle de développement Constantinople, d’où son nom actuel. C’est là que le célèbre poète latin Ovide est mort en l’an 17 de notre ère.
Conquise par l’Empereur Trajan en 101 ( cf. la colonne trajane à Rome qui commémore cette victoire), puis prise par les Goths en 271 avant les dix siècles d’invasions qui devaient suivre ( Huns, Avars, Magyars, Turcs).
À partir du XIIème s. les descendants des Daces s’y étaient installés sous le nom de VLAQUES (= « parlant romain »). Ils parlent latin et sont de religion chrétienne. De nos jours la religion est chrétienne orthodoxe, mais toujours de langue latine.

Pour ceux qui s’intéressent à l’étymologie je précise que les historiens appellent les Vlaques ou Valaques : « romains populaires ». Il s’agissait en fait des bergers latinophones restés sur place après le retrait des légions romaines face aux Germains. L’an passé en Serbie j’ai entendu le mot « Vlasi » pour désigner les chrétiens ne parlant pas serbe. En Bosnie on entend également « Rom » pour désigner les mêmes personnes. NB Ce terme VAL est à rapprocher de « wallon » et, après métathèse de « gaulois », de « welsh » en anglais et du sanskrit « wala » qui signifie « homme ». Il a donné « manushian » en indi. Et là on retrouve la série : manouche, rom, romanichel. C’est parce que l’appellation « vlaques » était devenue péjorative que les Vlaques ont pris le nom de « Roumains ».

Un héros national Etienne le Grand ( 1457-1504) Suivront la domination autrichienne en 1683 et la domination turque, puis le protectorat des Tsars russes en 1812. Le Congrès de Paris de 1856 consacre l’autonomie des principautés roumaines dans le cadre de l’Empire turc, jusqu’à ce que le pays s’affranchisse à l’avènement du premier roi de Roumanie Charles de Hohenzollern le 10 mai 1881.

En 1940 Italiens et Allemands occupent la Roumanie alors que Michel succède à son père Carol. Michel de Roumanie devra abdiquer le 30 décembre 1947 et laisser son pays aux mains des communistes..

Michel de Roumanie, arrière petit-fils de la Reine Victoria a 86 ans. Il est rentré d’exil à Bucarest en 1992 au milieu des acclamations populaires,. Le Président Iliescu, en prenant ombrage , le chassa. Mais depuis la défaite aux élections de 1997 d’Iliescu, le peuple et le nouveau président l’ont rappelé au pays. Il y est devenu hôte officiel du gouvernement roumain. Lui et son épouse, Anne de Bourbon-Parme, ont cing filles dont la cadette, Maria, a 43 ans.

Si on quitte la capitale pour la merveilleuse campagne roumaine, on rencontre la vie patriarcale, le charme du terroir, du bois sanctifié polychrome à la flûte de Pan, qui fait s’exhaler l’âme agreste du paysan roumain au cœur sur la main, et ce , des monastères moldaves aux églises féodales de Transylvanie.

B e r n i e

“E M U” comme disent les Anglais
Pendant deux millénaires, l’Europe a, nonobstant quelques coups de canif sanglants, été unie par le christianisme.
Depuis le 1er janvier 1999, plusieurs nations ont un autre unificateur: l ‘ E U R O, que les anglophones appellent EMU ( European Monetary Union), car EURO, prononcé à l’anglaise sent trop l’ urée.
Onze pays ( France, Allemagne,Italie, Espagne, Portugal, Irlande, Benelux, Autriche et Finlande) ont décidé de lier leur avenir à la monnaie unique. Une révolution!
La Grande Bretagne - qui en serait surpris ? - le Danemark et la Suède ont demandé un temps de réflexion. La Grèce a raté son examen de passage. Après trente ans de réunions et de tergiversations, l’Europe a accouché de l’ EURO.
Il reste bien sûr une quarantaine de mois pour sa croissance et son éducation, mais le 1er juillet 2002, adieu francs, schillings,marks, escudos, pesetas, lires . Les optimistes ont déjà créé un concept : “ Euroland” ou pour les puristes français ( ça commence bien ) “ Zone Euro”, pour nommer un groupe de pays ayant la même monnaie.
Pour les réalistes, deux conditions sine qua non cependant s’imposent :
la mobilité totale de la main d’oeuvre et une incidence identique pour chacun, des chocs potentiels extérieurs. Nous sommes, il semble, encore loin de réunir ces deux caractéristiques.
L’économie ayant en fait été oubliée, l’objectif est pour l’heure strictement politique, même si les héraults les plus enthousiastes sont les secteurs financiers et les sociétés multinationales.
Pour le moment l’ EURO concerne près de 300 millions d’habitants. Rappelons que la population des USA n’est que de 268 millions. Le PIB des deux Unions est le même ( 20% du PIB mondial). Mais la part du commerce international est supérieure pour l’EURO ( 23%) à celle des USA ( 19%).
La domination incontestable du dollar actuellement est la conséquence de la puissance économique américaine, de son poids politique et de son influence culturelle
sans crainte de diminution pour la décennie à venir. L’EURO ne représente donc pour l’heure aucune menace sérieuse pour le billet vert. Par contre l’EURO va offrir au monde un choix comme monnaie de réserve.
Les Onze traînent le boulet du chômage ( 12%), ce qui risque de générer des frottements entre chaque Etat de l’ Union et la Banque Centrale, sise à Frankfurt.
Deux maux infectent l’ Union européenne : la rigidité des salaires et l’inflexibilité du marché de la main d’oeuvre. Ce qui n’est pas le cas aux USA où le chômage, quoiqu’en disent les américanophobes impénitents, n’a jamais été aussi bas depuis un demi-siècle ( 4,3%). Pour nous Européens , et surtout Français, c’est la pierre d’achoppement.
La courte vue des syndicats qui tiennent aux avantages acquis et à l’Etat bienfaiteur, au nom de nos enfants, disent-ils, met justement en péril l’avenir de ces enfants.
A l’intérieur de l’Europe, l’ EURO va réduire le coût des transactions, pour le bénéfice des consommateurs. Citons pour l’exemple : un Coca coûte en Allemagne deux fois plus cher qu’en Espagne. La gestion des trésoreries sera simplifiée pour les grandes sociétés. Les fusions industrielles se multiplieront.
La moitié des réserves monétaires du monde est en dollars, pour un cinquième dans les diverses monnaies européennes. Jusqu’à ce jour seul le Japon a décidé de transférer en Euro une partie de ses réserves. Sera-t-il suivi ? Le train étant en route,il est du devoir de tout Européen honnête et non chauvin de parier que “ OUI”. Soyons EMU!
B e r n i e

MON TOUR DU MONDE EN CARGO-VRAQUIER
125 ans après Philéas , c’est encore l’ Aventure
Le tour du monde, je l’ai fait plusieurs fois.C’est banal de nos jours. Mais toujours en avion. Ce n’est pas naturel, c’est inhumain , malsain et , une fois le temps gagné, sans intérêt aucun. Pourquoi avoir récidivé, me direz-vous ? C’est que lorsqu’on se trouve aux antipodes et que l’on y est allé par la voie orientale, il ne coûte pas plus cher de revenir par l’ouest. On a au moins le temps de dormir et de récupérer car le Pacifique est vaste , et avec la ligne de changement de date, on gagne un jour de calendrier. D’autre part un billet circulaire est souvent meilleur marché qu’un aller-retour ordinaire sur le même trajet.
Voyager par mer, un rêve de l’homme depuis la nuit des temps. Le bateau je l’avais pris, mais seulement pour des petits parcours, en Europe, en Asie, aux Caraïbes, autour de la Méditerranée et à trois reprises pour traverser l’Atlantique. Mais en dépit du mal de mer ( en plus du palliatif chinois à base de gingembre, j’utilise depuis des décennies le “ Kwells” anglais , vendu dans toutes les pharmacies de la Couronne, malheureusement interdit de vente en France), toujours difficile à supporter, ma soif de long voyage en bateau ne s’est pas étanchée. Non point un voyage pour PARTIR. J’apprécie trop la France et tous ses avantages. Mais un voyage pour VOYAGER. “Voyager”, que ce soit “via “ comme racine latine, “nocea” en hébreu, “ travel” en anglais, “ reisen” en allemand, “poutiéchièsvié” en russe, “podroz” en polonais, “ poréïa” en grec, “ ryokosourou” en japonais ou “ safar” en indi . . Quelle que soit la formulation, un vrai “ voyage “ c’est ALLER, par l’élément naturel, à la découverte des autres hommes de notre petite planète .
Pour un tour du monde, deux conditions sont requises : le temps et l’argent.
Le temps, le métier de prof. ou la retraite me l’accordait. L’argent ? J’ai toujours réussi à compenser, soit en travaillant à bord, soit en cicéronant des groupes de touristes. Et puis un jour le hasard me fit découvrir les cargos, un moyen de transport dont j’ignorais l’existence pour le simple péquin. Ils sont en fait près de 5.000 de ces bateaux à parcourir mers et océans du globe pour transporter 95% du volume commercial international.
C’est à Sydney qu’en 1990, partageant au restaurant la table d’un marin anglais, j’appris que beaucoup de cargos disposaient de trois ou quatre cabines pour passagers ordinaires et qu’elles étaient souvent inoccupées sur des portions d’itinéraire. Commandant de bord lui-même, il avait ajouté: “ Si vous êtes libre, samedi, je pars pour les Fidji ! J’ai une cabine disponible . Sinon je vous signale que les officiers mariniers se réjouissent, pour les longs voyages, d’avoir quelques terriens à bord “ . Peste des impératifs ! Je rentrai en France . . . en avion.
Le tout était de trouver le bon cargo, faisant le tour du monde et s’arrêtant assez de temps aux escales pour une visite du pays. La solution , c’est le vraquier, le porte-conteneurs ne restant à quai que quelques heures. Les années passèrent. Mais l’idée d’un tour du monde en bateau me taraudait l’esprit. C’était un rêve. . . à réaliser.
Une approche longue et systématique des diverses compagnies maritimes mondiales m’apprit que pour un tour du monde, il fallait en fait s’y prendre longtemps à l’avance et que les réservations pouvaient demander plusieurs années.
Le cargo, rien de comparable bien sûr avec ces luxueux vaisseaux de ligne, stabilisés à l’intention des croisièristes, pour moi la quintessence de la futilité et de la vanité. Non, un vrai cargo de travail , fait au cabotage, au roulis et au tangage et surtout sans 1ère , ni 2ème , ni 3ème classe, sans effets vestimentaires,sans chichi du genre : “ Etes-vous libre après le thé, comme 4ème, pour un bridge. . . sur le pont ? “.
Avis aux faux bourlingueurs : Si , vous êtes hypocondriaque de nature , que la tranquilité d’esprit vous semble indispensable pour entreprendre un long voyage et que vous tenez à avoir la Faculté à votre disposition, il vous faudra choisir un cargo mixte. Ce genre de bâtiment, compromis entre le paquebot et le cargo, peut emmener plus de 12 passsagers. Or la loi internationale est claire qui impose la présence d’un médecin à bord dès qu’un bateau transporte plus de 12 personnes étrangères à la compagnie.
On a beau être sexagénaire et rompu aux déplacements sur les cinq continents, un voyage en bateau comporte toujours un rôle initiatique. En fait, en cargo on ne fait pas un voyage, c’est le voyage qui vous fait.
Tout d’abord si on sait quand on part, encore que date exacte et heure vous soient communiquées une petite semaine à l’avance, on ne peut jamais dire quand on reviendra. C’est l’un des charmes de ces voyages en cargo que ces incertitudes de temps ; et de lieux d’ailleurs, car les impondérables ( météo, avaries, troubles politiques, grèves, voire actes de piraterie) sont nombreux qui vous ajoutent ou vous suppriment une escale. Quoi qu’il en soit, finis les décalages horaires, ces perturbateurs débilitants du métabolisme basal.
Un autre avantage appréciable du voyage en bateau, c’est que vous touchez terre au coeur naturel des villes , et non dans ce milieu artificiel que sont les aéroports quelquefois situés à 80 Km du centre urbain.
Si l’envie vous prend de voyager en cargo, choisissez un bâtiment qui ne dépasse pas 20 noeuds de vitesse .Au delà vous ne pourrez pas vivre à l’extérieur. à cause du vent et des embruns.Après tout, rien ne presse quand on prend la mer. En 1955 je travaillais l’été sur les bateaux de la Greek Line. Nous mettions 10 jours pour traverser l’Atlantique. C’était merveilleux. On pouvait entre les tâches, et en tous cas le soir venu , profiter de l’océan. Lors de ma dernière traversée transatlantique sur le Queen Elizabeth II, il fallut moins de 5 jours pour relier New York à Southampton, mais impossible de séjourner sur le pont.Vous ne preniez pas l’air, c’est l’air qui vous emportait
Voyager a deux facettes : le but et le moyen, c’est à dire se rendre à destination et parcourir le chemin. Cette dernière facette est en fait la sémantique même du mot “voyage “. Il y a de la jouissance dans la distance. Caresser la mer, de la joue ou de la main, pendant des semaines, c’est remonter le destin de l’humanité. Je plains ces nations fermées par des frontières terrestres. Et dans ces conditions, je comprends mieux ce proverbe d’Asie centrale: “ Le voyage est un avant-goût de l’enfer !” Comment peuvent-elles vivre humainement sans sortie sur la mer ? “ Port” et “ porte” viennent de la même racine. Point de surprise alors quand on pense au Portugal, à l’Espagne, à la Hollande et bien sûr à la Grande Bretagne autrefois maîtresse des mers. Et la France, la mieux nantie de toutes : attachée à un continent double et en même temps triplement ouverte sur l’infini du vaste globe. Quel pays de cocagne que notre France !
Les paquebots de ligne disparus, il ne reste que les cargos pour voyager loin. Savez-vous que “ cargo “ est un mot anglais qui signifie “ cargaison” ? Les Britanniques l’ont emprunté à l’espagnol, du verbe “ cargar” qui veut dire “ charger”. Et pour charger, on charge . On charge, sur le pont. On charge dans la cale.
La cale : c’est la caverne d’Ali Baba. Si sur notre bâtiment le Commandant et trois de ses officiers sont sujets de Sa Gracieuse Majesté, le reste de l’équipage est russe ou bengali. Le steward m’a fait visiter l’antre hétéroclite : des centaines de bouteilles d’eau, des tonnes d’oignons, de la viande fraîche, des pièces détachées de voiture, du sel , un monceau de sucre , des grenades lacrymogènes et un tas d’autres choses. Les soutes à babord, nous les verrons demain.
Je ne rechigne pas devant une bonne table. Quand on dort peu et . . . qu’on “pense” beaucoup ! , on a toujours faim. Sur les cargos, le cuisinier n’est pas chiche et ses plats à base de denrées fraîches sont délicieux . Normal . L’air du large creuse. Moments de détente pour les travailleurs et de convivialité pour tous, les repas - il y en a quatre par jour sur tous les bateaux - sont plantureux. Mais plus que la nourriture, c’est la présence, à votre table, du Commandant et des officiers qui fait des repas des moments merveilleux. Récits fabuleux et pourtant vécus de tous les commensaux diserts
Aux escales on côtoie d’autres cargos, on rencontre d’autres voyageurs, on échange les impressions. Il me semble que les deux plus grandes flottes marchandes du monde voguent sous les pavillons de deux petits pays : le Libéria et Panama. Ces deux nations n’ont, pour ainsi dire, pas de loi. Les droits de l’homme doivent y être inconnus. Ma surprise depuis le départ, c’est de ne pas avoir vu un seul pavillon français. “ Pas étonnant, m’a dit le Commandant. Les charges sociales en France sont trop lourdes. C’est le carcan syndical français qui a tué le “ France “ !
Autre adjuvant d’importance quand on s’embarque pour des mois sur un bateau: les quelques compagnons de voyage. En l’occurence, ils s’avérent tous des personnages hors du commun. Tous différents ils nous offrent une étude de caractère fort variée. En fait le seul qui ne soit pas exceptionnel est votre serviteur. Je suis le vilain petit canard dans cet aréopage d’artistes, peintres ou musiciens, d’écrivains ou d’anciens marins qui n’ont pu, j’imagine, se passer de l’élément fluide et se résigner à vivre leur retraite sur la terre ferme. De toute cette richesse microcosmique, je suis le grand bénéficiaire. La seule contrepartie à l’enrichissement qu’ils m’apportent chaque jour est que je leur sers de trucheman pour converser avec les marins russes de l’équipage qui n’entendent point l’anglais. Un de ces compagnons a emmené sa voiture et son chien Jérome. Célibataire, Craig compte s’arrêter où bon lui semble et ne pense pas rentrer en Europe avant la fin du siècle. Son billet lui permet d’emprunter n’importe quel cargo de la Compagnie dans la mesure des disponibilités de cabines, sans délai d’utilisation. En résumé il fait du cargo-stop. Une idée pour les amoureux de la mer, ou les éternels mécontents qui, sur terre, se plaignent de ne “ pas avoir le temp “.
Si vous partez, n’oubliez pas les jumelles ( les appareillages, les atterrissages sont des moments magiques, et puis il y a les bateaux de rencontre et les poissons) , un jeu de 52 cartes et beaucoup de nourriture spirituelle. Dans l’embarras, emportez la Bible, Shakespeare et Molière. Vous reviendrez parfait philosophe pour le reste de vos jours, apte à refaire le monde . . . Vous avez droit à 150 Kgs de bagages.
Ce sera, je pense, mon lot après 27.000 milles autour du globe ( un mille marin, c’est 1852 mètres) au rythme de 15 noeuds à l’heure , par temps calme. C’est à dire 50.000 Km à moins de 30 km/h ou 120 jours intemporels de sollicitation à la patience et à la sagesse. Vous marchez, vous voyez, vous entendez : rien ne vous manque pour être heureux. Et puis avouons le : le hasard nous a octroyé une cabine spacieuse et élégante, équipée d’une radio, d’un frigo, d’une vidéo, d’un coin cafétéria, d’un cabinet de toilette avec douche et WC. De plus le MV FoyleBank , cargo de 15.000 T, dispose d’une piscine, d’eau de mer bien entendu. Je dis le hasard car ce n’était pas sur ce cargo que la cabine , il y a deux ans, avait été réservée.

Si nos impressions au fil des escales : Panama, Tahiti, Samoa,Tonga,Nouvelle-Zélande,Fidji, Vanuatu, Salomon, Nouvelle-Bretagne,Bougainville,Papouasie-Nouvelle Guinée, Molukes, Singapour et les 800Km du détroit maudit de Malacca, Colombo, Aden et Port Saïd, vous intéressent, continuez donc la lecture.
B e r n i e Octobre ‘97


Le tour du monde en 120 jours



Bernard AUBERT (Bernie), fondateur d’Aubert Ermisse Tours, parcourt depuis le mois d’octobre 1997 et ce jusqu’au mois de février(1998) les mers du globe.

La traversée s’effectue à bord d’un cargo (transport de marchandise) dont l’équipage est composé de Russes et d’Anglais. Entre chaque escale, Bernie (ex-enseignant), donne des cours de russe aux Anglais et des cours d’anglais aux Russes.

Aussi, nous avons souhaité partager avec vous ses impressions à travers des articles que nous recevons régulièrement par télécopie.
De nouveaux articles suivront...bienvenue à bord !
Floscel

Escales programmées
Panama, Tahiti, Samoa, Tonga, Nouvelle-Zélande, Fidji, Vanuatu, Salomon, Nouvelle-Bretagne, Bougainville, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Molukes, Singapour, détroit de Malaka, Colombo, Aden et Port-Saïd.


Le Navire
Le navire, un ancien brise-glace soviétique rouillé mais solide, transporte différents produits qu’il débarque à certaines escales pour en recharger de nouvelles.
L’équipage est composé d’officiers britanniques et de techniciens russes.
Le navire réserve également quelques cabines pour des passagers désireux de vivre une expérience exceptionnelle. Le nombre est limité à douze.

Les passagers
Certains passagers embarqués au Havre feront toute la traversée. Certains quitteront le navire en cours de voyage, d’autres rejoindrons le bateau.


Infrastructure pour les passagers
- Niveau 5
6 cabines, composées chacune de 2 lits bas,
WC, lavabo, douche, salon TV, kitchenette
- Niveau 1
salle à manger (repas à 7h30 - 12h et 18h
avec le capitaine.
Fumoir et salle de piano
- Niveau -1
Salle de Gym et piscine



“La nuit du 22 octobre 1997”
(Le tour du monde en 120 jours - N°2)


Un vacarme assourdissant nous réveilla en pleine nuit. C’était le tiroir supérieur de la commode qui, forçant le cliquet de fermeture hermétique et brisant l’arrêt de fin de course, venait de s’écraser au milieu de la chambre. Un coup de roulis.
Mais ce roulis était si fort que pour descendre du lit, je dus m’y prendre à plusieurs reprises, en m’accrochant désespérément à tout ce qu’il y avait de fixe autour de moi.
Dans le salon, verres, tasses et soucoupes qui n’avaient pas été replacés, le soir sur les tapis antidérapants, jonchaient le sol, de même que le cendrier de Jacques et le poste de radio ondes- courtes qui trônait d’ordinaire parmi les livres sur l’étagère. La bouilloire électrique elle-même, avait quitté son socle pour se répandre outrageusement sur la moquette rouge.
Le vent envoyait des paquets d’eau jusqu’aux hublots, et nous étions au 5e étage du château pourtant. La nuit était noire qui empêchait de distinguer la mer du ciel.
Obstinément assis dans un fauteuil creux, je laissai mon regard évaluer, comme dans un jeu des “7 familles”, l’emplacement idoine ou habituel des composantes de ce fatras. Inexorablement la table du salon modifiait sa pente à chaque instant.
Il fallut m’y reprendre à deux fois pour trouver l’ouverture de mon jean et y enfiler la jambe. Mes chaussures de pont gambadaient d’un bout à l’autre de la cabine.
Une pesante gifle liquide s’abattit sur la coque à bâbord qui me mit prestement à quatre pattes.
Dans les coursives, c’était un tumulte indescriptible. Partout on entendait tomber tout ce qui n’avait pas été fixé en son lieu adéquat. En me cramponnant je montai les deux volées de marches qui me séparaient de la passerelle de commandement. J’arrivai au moment où le capitaine ordonnait un changement de cap de 45 °, qui mit le cargo face au sud. Deux cents milles marins en sus de parcours. Au lieu d’entrer dans les Caraïbes en passant entre Puerto Rico et la Républica Dominicana, nous allions passer entre la Guadeloupe et Montserrat. Un déroutement qui, précisa le grand argentier, correspondait à une dépense supplémentaire de quelques hectolitres de fuel, mais : “Au moins”, entendis-je dire au capitaine, la cargaison sera plus en sécurité ... et m’apercevant dans l’ombre, les passagers aussi”.
De retour dans notre salon, on n’y voyait goutte. Mais le désordre était tangible. Des livres à terre, un morceau de verre craqua sous ma chaussure. La carafe d’eau et les deux verres avaient été arrachés de leur support. Notre bureau était chambardé : règle, crayons, stylos, gomme, tout était à terre.
Un tel capharnaüm donnait une idée des quelques secousses que notre cargo avait dû subir, sans mal aucun pour nous, Dieu merci.

Bernie
PANAMA

Avez-vous jamais regardé de près la carte du Canal de Panama ? Si oui, avez-vous noté que, fort curieusement, l’entrée Atlantique du chenal se situe, nettement à l’ouest et non à l’est de l’entrée Pacifique ? Bonne question pour un champion.
En ce mois d’octobre 97, la circulation est intense dans le Canal. Notre cargo est le 10.183ème bâtiment à effectuer les 78 km qui séparent Colon sur la mer Caraïbe de Balboa à l’autre bout, via les trois doubles écluses de Gastun, Miguel et Miraflores.
La Cie de navigation a dû payer 30.000 Frs de péage. C’est le tarif pour notre tonnage. “Et c’est une bonne affaire en fin de compte, précise le commissaire de bord, en comparaison de ce qu’auraient coûté les 12.000 km imposés par le contournement du Cap Horn, sans compter le temps gagné.
Les Panaméens, dès que vous ouvrez la conversation, ont cet automne un sujet de conversation, et deux noms de personnalités à la bouche :
*Hilary Clinton, the first Lady, en vacances quelques jours dans la zone du Canal et
*Gustave Gorriti, un journaliste péruvien, réfugié à Panama depuis que le Président Fujimori a décidé de le liquider, appelons un chat un chat, pour le punir d’un reportage trop honnête. On dirait que du fond de sa prison de Floride, l’ex-dictateur Noriega a toujours son mot à dire dans les décisions panaméennes.
Gorriti, fort d’un visa de travail en bonne et due forme, travaille comme rédacteur en chef de la “Prensa”, ce qui semble déranger les gouvernants de la république bananière, au point qu’il a reçu notification d’une expulsion imminente. Tous les pays démocratiques de la terre devraient s’insurger devant un tel acte. C’est ce que fait le Panaméen de la rue avec courage. Agé de 48 ans, père de deux fillettes, Gorriti, même s’il craint pour sa famille, n’a pas froid aux yeux : Karatéka, haltérophile, ancien commando de Tsahal, il en a vu d’autres. Mais après avoir, dans ses colonnes, dénoncé les agissements frauduleux du Président péruvien qu’il donne la preuve que le Président Balladores de Panama a été aidé, lors des dernières élections, par l’argent de la drogue colombienne. C’est trop pour un seul homme : il est encore trop de pays dans le monde où la vérité n’est pas bonne à dire.
*Quant au sujet de conversation, c’est le retour de la Zone du Canal à la souveraineté de Panama. Une rétrocession qui doit avoir lieu le 31 décembre 1999 à 18 h (heure française). Or voilà que les “colonisés” ne veulent pas que les colons (américains) s’en aillent. C’est nouveau ! Précisons bien qu’il s’agit des “Colonisés”, c’est à dire des Panaméens qui vivent et travaillent dans la Zone du Canal, avec un salaire cinq fois supérieur à celui en vigueur dans le reste du pays.
en effet le Panaméen hors zone, pourrait-on dire, attend avec impatience la fin du siècle. Le cadeau de Jour de l’An 2000, ce sera pour Panama la poule aux oeufs d’or, sous la forme de trois milliards de francs de péage qui tomberont, chaque année, dans l’escarcelle du pays.
Le Commandant de notre cargo, semble pessimiste, lui qui depuis une décennie transite par le Canal dans son tour du monde tri-annuel : “Avec les Américains, au moins, on est sûr du bon fonctionnement, mais quelle sécurité assurera une gestion panaméenne ? Il est déjà question d’une forte hausse des péages pour janvier 2000”.
J’ai pu voir nombre d’immeubles nouvellement construits par les Américains et les Asiatiques. La Banque de Chine a pignon sur rue avec ses lions traditionnels et des gardes bien armés à l’entrée.
Mais d’investissement européen, il n’y en a point !
Les Français souffriraient-ils encore de la déconfiture frauduleuse de Ferdinand de Lesseps, il y a un siècle ?

Bernie
Panama, octobre 1997
Superficie ................ 7 701 km2, le pays assure la liaison entre l'océan Pacifique et la mer des Antilles grâce au canal dont la zone est sous contrôle américain.

Population............... 2 400 000 hab. dont un bon million résident à Panama city, la capitale située à l'embuchure du canal. Colon, dont la zone franche est particulièrement développée compte 120 000 hab.

Economie ............... Agriculture et les activités en rapport avec le canal.

Communications .... excellentes : l'aéroport de Tocumen accueille les vols internationaux de 18 compagnies aériennes. Le canal favorise les liaisons maritimes et les voies routières permettent l'accès aux USA par le Costa Rica. Les liaisons postales et téléphoniques comptent parmi les meilleures au monde.

Monnaie.................. (officielle) le balboa à parité avec le dollar américain depuis 1904.

Contrôle des changes : Aucun. Plus de 120 banques sont actives à Panama. Le secret bancaire est garanti par la loi et pénalement sanctionné.


Polynésie et Tonga
(Le tour du monde en 120 jours - N°3)


POLYNESIE
Quelle impression ce mot vous fait-il ? Ecolier, je restais souvent émerveillé par ces 4 syllabes. Etait-ce le charisme du prof. de géo, la magie du terme, la beauté des vahinés sur fond de lagon turquoise présentées par le manuel scolaire ? En classe de 5ème, l’étude du grec démythifia le rêve : Polynésie (de “poly” = nombreux, et “nesos” = île) se banalisait au point de devenir synonyme d’archipel, d’un immense archipel peut-être, de millions de kilomètres carrés, puisqu’il s’étend dans l’Océan Pacifique, du méridien 180° aux côtes américaines, et du Tropique du Cancer au 45ème parallèle sud. Les ans passant, ce fut le tour du prof. d’histoire de décrire la Polynésie française . Le merveilleux avait définitivement vécu. Adulte, le survol répété de ces multiples îles et îlots volcaniques parsemant l’Océan entre l’Australie et la Californie finirent d’oblitérer tout tropisme. C’est que pour se rendre dans ces îles, il faut du temps et la distance proportionne la dépense. Un séjour à Hawaï, il y a 15 ans, m’avait presque dégoûté.
Et puis l’occasion se présenta un jour de délaisser l’horrible avion, cet outil merveilleux, mais brutal et sans âme, qui a tué le voyage, et d’embarquer sur un cargo vraquier qui, à la différence du porte-conteneurs, fait des escales plus longues, souvent de 3 ou 4 jours, qui vous permettent d’explorer le pays... Je me demande comment la France a pu s’installer dans ces îles lointaines qu’elle n’a pas découvertes. Bougainville, La Pérouse, Duperray ou Dumont d’Urville sont bien passés par là, mais en explorateurs. Portugais, Espagnols, Hollandais et Anglais en 1767 en furent les découvreurs et conquérants, mais 2 000 ans auparavant les Polynésiens habitaient déjà les lieux. Il y a un siècle la France a fait de Tahiti sa colonie. Les Tahitiens ne nous le pardonnent pas. Ils en ont pourtant bien profité de la tutelle de la France et ils continuent. Tahiti, escale aérienne pratique, a joué la carte du tourisme. Mais à 3 800 Frs la nuit à l’hôtel, c’est davantage une destination pour Américains que pour Français. Jamais de tout ce voyage, je n’ai trouvé ma cabine de cargo aussi confortable et ... aussi sûre car, en divers endroits de Papeete, la criminalité sévit brutalement. C’est à une réelle hostilité que j’ai vu se heurter des touristes français. Il y a pourtant plus d’un an que les essais nucléaires ont pris fin. A l’époque les émeutes avaient fait des dégâts considérables. Les contribuables français ont réglé la note. Mais les cicatrices subsistent. Les brochures touristiques vous promettent l’idylle romantique du Pacifique sud. Ce n’est pas le Paradis perdu mais le mirage de l’indépendance chatouille les Tahitiens.
Paul Gauguin déjà, parti de notre vieux continent il y a un siècle à la recherche de la beauté naturelle, avait eu cette réflexion en débarquant à Papeete : “Mais c’est l’Europe ! Et moi qui croyais en avoir fini de l’Europe !”
Jacques Chirac serait mal avisé de se pointer ici. Tous ceux qui ressortissent au tourisme lui reproche d’avoir chassé des hôtels les habitués argentés d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Japon.
Le maire de Faa a pris la tête d’une croisade pour l’indépendance, qui vient de remporter le quart des sièges à l’Assemblée territoriale. L’emblême bleu et blanc du parti indépendantiste a remplacé le drapeau tricolore, à peu de frais vous le voyez, sur nombre de maisons des marquises aux Gambiers. Jusqu’en 1970, les enfants qui parlaient tahitien à l’école se faisaient taper sur les doigts. Le tahitien est une langue à tons et inflections qui ne comporte que 13 lettres. Aujourd’hui, la francophonie n’a pas prospéré, au profit de l’anglophonie.
ce n’est pas par manque de subsides. En 1996 la France a versé six milliards de francs dans l’économie locale. Nous y avons pourvu. Mais ce qui me choque et que vous ignorez c’est que cette somme représente presque la moitié du PNB. Ce qui propulse le PIB à près de 100.000 Frs par an, soit 3 fois celui des Fidji. Ce qui n’empêche pas le nombre des chômeurs (18%) d’augmenter de façon alarmante. Pour calmer les esprits la France a promis de compenser pendant dix ans, les pertes de revenu, dues au démantèlement de la base de Mururoa. La France est vraiment riche. TSVP
De quoi nous plaignons-nous en France ? Nos “compatriotes” du Pacifique lointain (20.000 km), avec un revenu moyen légèrement moindre, payent 18 Frs le petit noir sur le zinc, et 400.000 Frs la Peugeot 405. Quant aux fonctionnaires, ils représentent en nombre la moitié des salariés. Pour 165.000 hab., on ne compte pas moins de 14 Ministres. Le simple instit, qui enseigne toujours que “nos ancêtres sont les gaulois”, gagne plus de 20.000 Frs par mois. Des six personnes avec lesquelles j’ai pu parler, quatre, toutes quatre fonctionnaires, veulent rester attachées à la France. Alors que les deux autres souhaitent l’indépendance. Ces dernières ont peur de l’Europe. En effet si Tahiti reste française, les Polynésiens s’attendent à voir débarquer Portugais, Grecs, et Irlandais qui leur prendront leur emploi. Au lieu d’en vouloir à la France, les indépendantistes devraient avoir de la rancune envers le fils de la Reine Pomare IV. Pomare V, qui pour une rente de 5.000 Frs par mois, a vendu Tahiti à la France en 1880.
Dans le quartier d’Arue, sa tombe reste fleurie... et surmontée d’une bouteille de son breuvage préféré : la Bénédictine. Si vous êtes lassés de cette fin de civilisation occidentale, une retraite en Tahiti peut être la solution, même si le terrain, à Moorea, se vend 1.000 Frs le m2. Vous pourrez mener une vie simple. Le rythme est encore humain, la nourriture naturelle. Il suffit de la cueillir aux arbres ou à la mer. Les écolos devraient tous venir ici. La beauté du site les ravivait... et les réalistes français seraient apaisés. Si avec le sourire vous vous mettez au niveau de la population, sans forfanterie ni paternalisme, vous trouverez les Tahitiens généreux, courageux, et... c’est rare de nos jours, drôles. Chaque matin ils sont heureux de voir un nouveau jour naître, et ils le disent. Ils sont accueillants, affectueux et directs. C’est peut-être le seul endroit au monde où le racisme n’existe pas. Et pour cause ! Les Tahitiens sont un creuset de races. La plupart ne savent même pas d’où viennent leurs grands-parents. Ce qui n’exclut pas la violence inter-îles. Une fois initiés, vous pourrez découvrir leur histoire. Elle est tatouée sur leur corps, quelquefois, jusqu’aux ongles. Après la manne venant de France et le tourisme, une industrie semble faire florès : celle des “perles noires”. (En fait elles sont plutôt grises, vertes, voire jaunes). Elles rapportent bon an mal an un milliard de francs chaque année. 500 fermes perlières sont répertoriées à la Chambre de Commerce de Papeete, éparpillées dans le triangle Gambiers, Marquises, Iles de la Société. Les Tahitiens perliers sont probablement les seuls, hors la fonction publique, à souhaiter rester français. Depuis le Capitaine Cook et avant lui Samuel Wallis, la Polynésie a beaucoup changé. Même du bateau, c’est évident... les toits de tôle ont remplacé le chaume et les paraboles-satellite expliquent aisément pourquoi les jeunes Polynésiens veulent vivre comme les jeunes du monde industrialisé.

Bernie
Polynésie Novembre ‘97

TONGA
Si vous allez en bateau de Tahiti à Nouméa, vous passez par TONGA, Arrêtez-vous ! Ce sont les îles de l’Amitié. Tout un programme.
Un archipel de 150 atolls coralliens et d’îles comme telle de Tongatapu où se trouve la capitale Nukualofa et ses 20.000 hab. C’est un royaume. Depuis trente ans règne un roi débonnaire : Taufa Ahau Tupou IV. Personne ne semble s’en plaindre. Il est vrai qu’il n’y a pas de Français, même pas d’Européens. Le roi écoute, paraît-il, les conseils de son parlement composé de trente et un membres. Précisons que sur les trente et un “députés nommés”, les deux tiers sont nobles, tous de sa famille, les neuf sièges restants revenant aux roturiers.
Les cent mille habitants respirent le bonheur. En dehors des fêtes, leur occupation est l’agriculture : igname, manioc, cocotier, qui sont consommés sur place, coprah, banane et citrouille étant exportés, cette dernière vers le Japon à 100 %.
Notre cargo a fait escale pour charger une tonne de coprah à destination des industries alimentaires et cosmétiques d’Europe.
La population augmente au rythme de 3% par an. En nombre bien entendu, mais on peut se demander si elle n’augmente pas aussi en poids. C’est une surprise quand on débarque ; la grosseur des Tongans, qui, pour beaucoup frise l’obésité. Moi qui pèse zéro tonne cent, je me suis, d’un coup, senti frêle et mince. Tout est vraiment dans le rapport et la comparaison. Je n’ai point rencontré le roi. On m’a dit qu’il avait considérablement maigri depuis cinq ans. Il ne pèse plus que 135 kg ! Eu égard à ma masse pondérale, j’ai toujours joui en Chine d’un préjugé favorable. J’étais presque le symbole de la prospérité, don du ciel. Ici c’est la même faveur. Obèses ils en sont conscients, puisque chaque année est organisé un concours de “perte de poids”.
Ilot perdu au milieu du Pacifique, Tonga n’est point arriéré. Grâce à la télé (les antennes satellites en témoignent) les Tongans ne semblent rien ignorer du monde moderne. Le roi a eu la riche idée de se lancer “à corps perdu” dans l’informatique et de réserver un vaste espace céleste qu’il loue aux étrangers intéressés. Sa fille Pilolevon dirige la Société “Tongasatellite”. L’écran de papa protège bien.
Bernie
Tonga Novembre ‘97


Nouvelle-Zélande
(Le tour du monde en 120 jours - N°4)
Pour moi , c’est la terre du bout du monde. Pour nous Français, nous ne pouvons aller plus loin à la surface du globe. Ce sont les antipodes. Une terre de superficie égale à celle de la G.B. soit à peu près la moitié de la France, mais avec 3,5 millions (3 millions et demi) d’habitants seulement. Le paradis ! D’où les conditions d’immigration très libérales. Je pense aux pauvres Nippons qui doivent se serrer à 125 millions sur la même surface. Aujourd’hui en Nouvelle Zélande on se croirait en Angleterre il y a 40 ans. Population disciplinée mais décontractée, affable, aimant bien vivre, cherchant à rendre service et ...cajolant ses ALL BLACKS. Pommiers, vaches et moutons. On dirait des ovins de la race “Colgate” tant ils ont la “laine fraîche”.

Bon pain artisanal, bons vins, cidre et fruits à combler tous les goûts. Les Néo-Zélandais pratiquent ce qu’ils appellent “Feed conversion” ou comme m’ a dit un paysan malicieux d’Hamilton :
“Avec l’herbe, nous faisons de la viande”.

L’origine de la population, en plus des “POME’s” (Prisonner Of Mother England) est représentée par plus de 20 ethnies dont les MAORIS. C’est ici que le KIWI a été élevé, même s’il est né en Chine. L’oiseau national se nomme aussi KIWI. Il s’avère fort timide et .... ne vole pas !

Serait-ce là l’origine du surnom des Néo-Zélandais ? Demandez donc aux AUSSIES(*).



Bernie 20 novembre 97.



(*) Aussies = Australiens qui ne peuvent “sentir” les Néo-Zélandais bien qu’ils les aient dans le nez !!!

Fidji
(Le tour du monde en 120 jours - N°5)
Connues autrefois comme l’archipel des cannibales les 200 îles habitées sont un pot-pourri vibrant de Mélanésiens, Indiens, Polynésiens, Micronésiens, Chinois et même d’Européens. Quand les missionnaires ont converti ces cannibales au christianisme, le vendredi ceux-ci n’ont plus mangé...que les pêcheurs. La variété des cuisines en témoigne. Bonne surprise dès l’arrivée, c’est la modicité des prix, par rapport à Tahiti. Quant aux traditions, elles sont différentes chaque jour, dans chaque île.
Ici c’est l’absorption de KAVA. Fort surpris je le suis dans les conversations, car j’ai cru entendre “CALVA”. Je puis assurer que le nombre de mes congénères sont, à l’avance, dégoûtés. Moi, je suis le principe : “Do in Rome as the Romans do”. Voici la composition de ce cocktail d’accueil dans une communauté fidjienne : le chef choisit six ou dix filles dont la dentition est impeccable. Elles se lavent la bouche et se placent en rond autour d’une gamelle en bois. Elles mordent à même la racine de “Kava” et la mâchent. Puis elles se passent successivement la bouchée, qui est remâchée par la voisine. Elles crachent dans le plat à mesure jusqu’à produire une quantité suffisante pour le nombre d’invités. On verse un peu d’eau fraîche sur cette pâte et une des femmes pétrie le tout jusqu’au parfait mélange. On filtre alors et on sert dans une demi-noix de coco. Tchin, Tchin,. Je l’oubliais. C’est là que j’ai découvert l’origine du mot que nous utilisons en occident : TABOU . La demi-noix qui a servi est devenue “interdite” à tout autre usage. Et ils l’appellent en langue locale : “TAVU” ou “TABU”.
Lagons bleu turquoise, plages de sable blanc, pluviosylves presque vierges. Il faudrait des années pour tout découvrir. Elles couvrent 1,300.000 km2 du Pacifique. Fidji vient de “viti”, un nom local que j’ai retrouvé dans VITI Levu (=grande Fidji); Levu = grand ou LOMAIVITI (=central Fidji).
La circulation maritime requiert beaucoup d’attention car avec les îlots inhabités, il y a plus de mille terres à éviter. Toutes volcaniques, éteintes.
VITI LEVU (=Grande Fidji) réunit 50 % des terres et 75 % de la population.
VANUA LEVU (=Grande Terre) réunit 30 % des terres et 18% de la population.
VITI LEVU seule dépasse en superficie les 5 archipels de Tahiti-Polynésie réunis.
Nous y visiterons quelques lieux encore restés naturels et intacts, et ferons escale des deux villes SUVA et LAUTOKA.
Entre décembre et avril c’est une alternance d’averses et de soleil vif. Comme à Tonga et à Samoa c’est la saison des
ouragans.
Il faut se méfier d’un arbre, le salato, dont les feuilles poilues s’avèrent vénéneuse. La douleur est horrible quand on les touche. Elles me rappellent la piqûre des vives. On est surpris de trouver, séparant les plaines de cocotiers, des pans entiers de “montagnes” couverts de pins des Caraïbes qui vous transportent en Scandinavie.
La faune comprend près de 100 familles d’oiseaux. La “KAKA” (=perroquet) Pétrels et frégates peuplent les rivages. Les deux seuls mammifères autochtones sont :
- le renard volant (chauve-souris à tête de singe) et
- le rat gris de Polynésie.
Deux serpents prédominent : BOLOLOA (venimeux) et BOA (inoffensif) 2 m.
Les plages pullulent de serpents venimeux aquatiques. Les grenouilles montent aux arbres grâce aux ventouses de leurs pattes. Surprenants sont les chants des indigènes qui attirent tortues, requins, anguilles.

Partout on rencontre l’iguane rayé (70 cm dont 45 cm de queue).
../...
.../....

Les ruraux ont tous une mangouste contre le BOLOLOA et les rats. Seul ennui qu’avaient oublié les colons de 1880 c’est que la mangouste chasse le jour alors que les rats sont noctambules. Ils ne se rencontrent presque jamais.
Il ne reste aux mangoustes qu’à se nourrir de poulets. En 1936 des Américains avaient importé d’Hawai des crapauds géants pour combattre les cancrelats, limaces et mille pattes fort dangereux.

En une dizaine d’année VITI LEVU avait été débarrassée de cette vermine. Depuis les crapauds se mangent entre eux. Il est fort désagréable, le soir et la nuit, quand on sort, de marcher sur ces crapauds visqueux qui jonchent les pelouses.
Merveilleux par contre de voir ces tortues de mer géantes, à la lampe de poche, monter les plages pour venir entre novembre et janvier, quand la mer est haute et que c’est pleine lune. La ponte terminée, elle recouvre ses oeufs (jusqu’à 100) et retourne à la mer. Des vases lapita (bandes géométriques horizontales) qui remonteraient à 1290 avant JC forcent l’humilité. Le découvreur européen des Fidji = Abel TASMAN (1643)
Mai 1789 Cap. William BLIGH, chassé par les révoltés du Bounty passe aux Fidji, avant de rejoindre Timor. La chance lui a permis de fuir et de ne pas tomber dans la marmite des Fidjïens.
1838. Dumont d’Urville débarque mais consterne les insulaires en refusant de boire YANGGONA (KAVA).
10 octobre 1874 Fidji devient colonie britannique
10 octobre 1970 , Indépendance.


Bernie, Décembre 97

Papouasie - Nouvelle Guinée

(Le tour du monde en 120 jours - N°6)


Bougainville

Elle se situe au sud-est de la Nouvelle Irlande et au sud des Iles Carteret et Buka, soit 6° sud et 155° est. J’étais parti du havre, du quai de Bougainville et je débarque à l’île de Bougainville où se parlent toutes les langues, incompréhensibles à mon oreille.
Le peu de pidgin-malaisien que je connais n’était d’aucune utilité, sinon pour dire : j’ai soif, j’ai faim et surtout : je ne comprends pas. Avec cela on ne va pas loin. Mais les Bougainvilliers ont le rire communicatif. Ils sont gais, fort curieux et accueillants.
Contrairement à ce que m’avaient dit les Fidjiens, BOUGAINVILLE fait partie de la PNG (Papouasie, Nouvelle-Guinée). BOUGAINVILLE, comme chaque île de PNG est en crise et ironiquement l’une des causes est la présence du cuivre et d’or dans son sol. Une autre cause, c’est le rythme de la natalité. La 3ème cause est la faute de la télévision - il n’y a pas que chez nous - qui incite TOUS les Bougainvilliers à se payer ce que peuvent se payer les employés des mines, relativement riches : magnétoscopes, réfrigérateurs et même automobiles. L’Eglise catholique en raison de ses actions sociales sélectives, semble un autre ingrédient de la crise.
Enfin pour couronner le tout, la peau des autochtones est la plus noire de toutes celles des populations de PNG.
J’ai cru tout d’abord que l’île adjacente de CARTERET se rattachait à la commune manchoise. En fait et cela vaut également pour la ville de CARTERET dans le New Jersey près de New York, CARTERET en PNG vient du premier européen à aborder ce lieu : le Britannique Philip CARTERET capitaine du Swalloow, qui passa par ici le 25 août 1767. Mais la grande île de BOUGAINVILLE fut vraiment découverte lorsque les vaisseaux français LA BOUDEUSE et l’ETOILE relachèrent en ces lieux le 4 juillet 1786.
Du HAVRE à la Papouasie, j’avais les deux bouts de la chaîne : Louis de BOUGAINVILLE, notre grand navigateur national. Et on lui en sait gré...avec des fleurs.
A ARAWA j’ai appris que jusqu’à la fin du XVIIIème, ce sont surtout les Anglais et les Allemands qui fréquentèrent BOUGAINVILLE et dans quatre buts : les baleiniers en quête de provisions et d’équipages de relève, ensuite les marchands de coprah et de coco, puis les trafiquants d’esclaves et enfin quelques explorateurs de bonne foi.
De l’histoire récente je note que les relations entre BOUGAINVILLE et le Gouvernement central de PNG peuvent se comparer à celles qui régissent les rapports entre la corse et la France métropolitaine : un cortège de morts et de destructions cause une poignée d’extrémistes au détriement de toute la population.
Demandez au maire d’ARAWA le statut de BOUGAINVILLE, il vous dira que c’est la république indépendante. Son secrétaire, en vous raccompagnant à la porte, vous précisera que BOUGAINVILLE reste dans la nation PNG. La crise n’est pas finie...Et tout le monde sait que la première victime d’une guerre civile, c’est la justice. ../...
.../...
Portugais au XVème siècle, Espagnols au XVIème, Hollandais au XVIIème, Français et Anglais au XVIIIème, des peuples habitués à conquérir la terre, c’est à dire à la prendre à des hommes d’une autre couleur.
A propos, les moustiques sur l’île de BOUGAINVILLE, ils ne piquent pas...ils vous poignardent.


Bernie, 19 décembre 1997.

Irian Jaya

Bien peu connaissaient l’existence de cette contrée avant que le Général Mc Arthur n’en déloge les occupants japonais en 1944.
Ce pays est pourtant presque aussi grand que la France. Mais avec un million d’habitants, on a peu de chance de rencontrer des congénères. Et à quoi bon apprendre quelques mots pour faciliter les rapports, une manie dont je ne puis me débarrasser : il y a 250 tribus et chacune parle une langue différente.
Autrefois colonie néerlandaise (Nouvelle Guinée), le territoire fut absorbé par l’Indonésie en 1963. Il jouxte la Papouasie ((“Papua” signifie “crépu” en malaysien) qui après avoir été administrée par l’Australie et l’ONU, a acquis son indépendance en 1975. Ce qui n’est pas le lot d’Irian Jaya.
IRIAN JAYA, dans la langue locale veut dire : “terre chaude victorieuse”. C’est tout à fait cela. Située à 2° au sud de l’équateur, la température et l’humidité y sont insupportables. Quant au conflit possible, ce n’est pas vous qui gagnerez à l’affronter.
Plus je voyage et plus je trouve la France incomparablement belle et accueillante.
C’est, parait-il, la dernière forêt vierge de la terre : 85 % de la superficie semblent le royaume de la pluviosylve. Autrement ce ne sont que marécages et montagnes dont le sommet à 7.800 m se couronne fréquemment de nuages. Le paludisme y est la cause principale de mortalité.
Peu de touristes viennent perturber le lieu. Les statistiques m’ont appris que pour 1997, à la veille de Noël, j’étais le 1963 ème étranger à entrer. La plupart des visiteurs viennent découvrir à pied la vallée Baliem. Les moins hardis font du cabotage le long de la côte Asmat. Tous se retrouvent dans le Parc National de Wasur qui borde la frontière avec la Papouasie et où vivent 2500 indigènes, officiellement chargés de la tenue du parc. Une idée à retenir.
A la frontière de la Papouasie s’active un mouvement indépendantiste : des guerriers farouches (étudiants, fonctionnaires, déserteurs de l’armée indonésienne) armés d’arcs et de flèches. Sont-ils anthropophages comme beaucoup de leurs parents, chasseurs de têtes. Tout le monde sait qu’en 1968 deux missionnaires ont été mangés, de même qu’un prédicateur et douze de ses assistants en 1970. C’est là qu’est disparu le collectionneur américain, Michel Rockefeller. Des autochtones anglophones vous expliquent, sans broncher, que le cannibalisme, officiellement interdit, fait partie du système judiciaire à l’encontre de tout voleur ou meurtrier ou encore comme revanche envers un ennemi tribal. A défaut de chair humaine, la nourriture de base se compose de patate douce et des fruits de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Au menu quotidien des petits oiseaux et des insectes. Les jours de fête, du casoar. Les porcs sont exclusivement réservés pour les dots.
Il est des rencontres qui ne laissent de surprendre, c’est un euphémisme. Imaginez-vous , au détour d’un sentier, tomber face à face avec deux hommes nus (seul le pénis est protégé par une calebasse effilée) armés d’arcs et de flèches. Au bord des cours d’eau, il est courant de voir les femmes préparant le “sagou”, la pulpe du palmier sago qu’elles malaxent et pétrissent.
Surpris également de noter que la tribu des korowai construisent leurs maisons au sommet des arbres, quelquefois 35 ou 40 m. au dessus du sol. Notre guide nous a dit qu’ainsi ils pouvaient voir les montagnes, distinguer les oiseaux, éviter d’être victimes des inondations brutales et se protéger de certaines bêtes. Et pour empêcher les sorciers étrangers (=laleo) d’approcher de trop près.
Il paraît que Soharto tient le territoire d’une poigne de fer. C’est que l’Irian Jaya recèle de nombreux gisements de cuivre et d’or dans les montagnes, et des nappes de pétrole en plaines.
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Le hasard nous a fait rencontrer :

- des Français à la recherche d’uranium dans la péninsule de Bird’s Head,
- des Australiens chercheurs d’or
- des Américains et des Anglais qui venaient à la découverte de gaz naturel, et
- des Japonais en train de tronçonner des palétuviers dans la Baie de Bintumi.

Tous avaient un permis officiel d’exploration ou d’exploitation. “Non parce qu’il y a quelque chose à cacher, nous ont-ils précisé, mais parce que les visiteurs blancs disparaissent souvent”.
Irian Jaya, c’est la “nouvelle frontière” avec toutes ses promesses, mais où les indigènes se manifestent comme empêcheurs de tourner en rond.
Un missionnaire de Rotterdam m’a avoué sa déception : “depuis dix ans que je suis arrivé, je n’ai pas baptisé une seule personne”.
Il faut dire que Jakarta, en tant que Gouvernement islamique ne facilite pas les choses aux chrétiens. Le Père Van Enke, dévoué aux plus démunis d’Irian Jaya depuis 1987, a appris ce mois-ci que la validité de son visa de séjour ne serait pas prorogée en janvier 1998. Il n’a pas encore pris sa décision; mais l’alternative est claire : ou bien il se fait naturaliser indonésien ou bien il quitte le pays.
Pourtant le Gouvernement fait tout pour attirer les migrants. Il leur alloue deux hectares de terre, une année de riz, paie leur billet d’avion (aller simple) et leur fournit habillement et outils. 200.000 sont arrivés depuis 1994 de Bali ou de Java. Chez eux ils étaient sans terre. Ici au moins ils sont propriétaires.



Bernie Merauke Décembre 1997

Darwin - AUSTRALIE
(Le tour du monde en 120 jours - N°8)

C’est la seule ville d’une province aride d’Australie, la plus septentrionale, donc la plus chaude. Si peu attirante qu’on ne lui a même pas donné de nom. Elle est répertoriée comme “Territoire du Nord” et ses quelques habitants “Les Territoriens”. A quoi bon cette ville me direz-vous ? La providence a dû avoir la même pensée, il y a quelques années lorsqu’un tremblement de terre l’a anéantie...Mais il fallait bien installer quelque chose sur la côte Nord de l’Australie, face à l’activité fébrile qui mobilise la Chine et les Petits Dragons.
Autant le sud-est et une partie de l’ouest australien sont des lieux idylliques : des villes comme Perth, Sydney, Melbourne et surtout Adélaïde sont des citées humaines, pleines d’agréments et de vie. Même Camberra peut charmer, tout en étant une des 4 capitales “artificielles” du monde. Mais ne me parlez pas du désert TANAMI et de la Terre d’Arohem qui forment le gros du “Territoire du Nord”. Ils vous retirent toute envie de vivre...On ignore souvent que l’Australie fait, à peu de chose près, la taille des Etats Unis contigus, avec pour population celle de l’Etat de New York. Processus ancestral : les Blancs arrivent, en l’occurence sous le nom d’Anglais; ils débarquent en Australie et pour simplifier les problèmes de main d’oeuvre, y créent un pénitencier, à l’instar de notre Nouvelle-Calédonie toute proche, où les bagnards sont obligés de mettre en valeur ce nouveau pion de l’Empire sur lequel, à l’époque, le soleil ne se couchait jamais. On sait, bien sûr, que faire travailler les prisonniers, c’est succomber au désir philanthropique de donner aux criminels quelque chose à faire...les autochtones, obligeamment appelés ABORIGENES sont des Mélanésiens (méla = noir, nésiens = insulaires), au teint d’ébène et curieusement quelquefois aux cheveux blonds. A Darwin, auriez-vous une vue achromique (c’est un néologisme personnel), vous les reconnaîtrez aisément. Ce sont les seuls qui vont pieds nus. Cette ville du nord est l’antithèse de la Cité de la joie. Riche et triste. Il y a le port et tout ce qui y converge, dont les “containers” que nous devions embarquer, presque en cachette, pour ne pas ameuter les "aboyeurs" de Green Peace. En bref de l’uranium.
Mais 70.000 habitants, cela ne fait pas forcément une ville vivable. A part cette activité , c’est le désert et que fait-on dans le désert quand le soleil brûle et qu’on est Australien ?
On boit, on boit, on boit. C’est par trains entiers que la bière afflue des brasseries du sud. Non pas par rail, mais par ce qu’on appelle ici les “Roads Trains”, les trains camions : un tracteur plus une remorque, plus une remorque, plus une remorque. Cela fait trois remorques de grande dimension. Méfiez-vous en sur la route. Un tel ensemble roule, non à gauche comme la loi le veut pour deux milliards d’habitants dans le monde, mais au milieu de la route et il n’y a pas de cadeau à attendre. Lancé à 110 km/h, il ne lui faut pas moins de deux kilomètres pour s’arrêter...Cette route,la seule , s’allonge dans le sens nord-sud et joint Melbourne à DARWIN, sans virage sur près de 3.000 km. Au milieu, une étape , juste sur le Tropique du capricorne, ALICE SPRINGS. Un gros village, où la rivière est souvent à sec. Ce qui n’empêche pas les courses de canots de s’y dérouler à dates précises. S’il n’y a pas d’eau, les huit rameurs de chaque équipe deviennent coureurs à pied, tous unis dans le même canot dont on a retiré le fond.
Cette célèbre route, qu’on serait tenté de nommer “bièreduc”, a pour nom GHAN. L’origine de ce nom me taraudait l’esprit. Il y a un siècle, les Anglais firent venir d’Asie centrale, en guise de “vaisseaux du désert”, des chameaux. C’est en Afghanistan qu’ils coûtaient le moins cher. Il y a cinquante ans qu’on a remisé ce quadrupède, mais certains retournés à l’état sauvage, ont fait des petits. Il n’est pas rare d’en rencontrer ici ou là. En anglais la syllabe accentuée se trouvant être la seconde en l’occurence, Afghanistan se prononce “...GHANistan” et en raison de la vitesse du train moderne, le transport s’est vite appelé le GHAN...tout n’est quand même pas noir à DARWIN ? me direz-vous. Non, bien sûr.
A deux heures et demie de route est planté un vaste parc “KAKADU” dont l’attraction principale est les crocodiles sauteurs. Au 4ème croco, on comprend que les sauriens ont adopté le tourisme...il y aurait bien les bains de mer, mais à DARWIN l’année est divisée en deux saisons de six mois : celle des requins et celle des “guêpes de mer”. Ces dernières sont de petits poissons munis d’une longue queue, presqu’invisible de 2 à 4 mètres armée d’un dard au venin mortel. De quoi faire de la mousse sur la plage. Autant se payer de la mousse dans un des nombreux bistrots. J’ai noté que parmi les douze marques de bière, la plus populaire , à DARWIN, était la “4X” (XXXX). C’est en remontant sur mon cargo que j’ai compris...c’est la seule bière que les Territoriens savent orthographier !

Bernie, 22 décembre 1997


Timor - SUMATRA (Indonésie)
(Le tour du monde en 120 jours - N°9)

Timor,

Sur la route d’Irian Jaya à Singapour, la première grande île où nous abordons est TIMOR. Dans la langue indonésienne, “TIMOR” veut dire “est” (ouest = barat). C’est en effet l’extrémité orientale de la Polynésie indonésienne.
C’était autrefois une colonie portugaise et jusqu’en 1975. Depuis que l’armée indonésienne impose sa botte dans le Timor oriental en 1976, la population se bat par guérillas bien entendu, mais surtout dans toutes les Cours de justice internationales pour obtenir son indépendance. Suharto est inflexible. Il tente bien de donner le change en se laissant aller à quelques démonstrations circonstancielles, à l’usage de la critique mondiale. Ainsi l’an passé a-t-il lui-même accueilli l’évêque Charles Philippe BELO à son retour de Suède où il était allé recevoir le prix Nobel de la Paix. De même a-t-il un beau matin apporté à TIMOR une statue du Christ.
Les Timoriens ne sont pas dupes. Ils préféreraient voir le Président-dictateur libérer les prisonniers d’opinion et renoncer à la torture et aux exécutions arbitraires. Ils préféreraient voir réduit le contingent militaire dépêché par Djakarta.
Le hic, c’est que le TIMOR oriental regorge de richesses naturelles : pétrole, gaz, marbre, café et les côtes sont très poissonneuses.
Les Timoriens pensent que si Suharto disparaissaient, son successeur pourrait accorder une bonne dose de démocratie à l'île et qui sait ? :
- “peut-être que nous voterions pour rester dans le giron de l’Indonésie !”
- “Le plus triste”, nous a dit un prof d’anglais, “c’est que l’Europe envoie des armes en Indonésie, alors que l’Indonésie n’a aucun ennemi à redouter. Non seulement des armes, mais aussi des instruments de torture
Bernie, KUPANG 23.XII.97


Détroit de Malaka : Couloir des pirates
(Le tour du monde en 120 jours - N°10)
En 1993, au tribunal de Manille, j’avais eu l’occasion d’assister au jugement public de dix pirates de Mindanao aux Philippines. La description qu’en avait donné le juge , rappelait en tout point les récits scolaires de boucaniers exerçant leurs activités, il y a encore un siècle, dans la mer des Caraïbes : des aventuriers armés de sabres et de coutelas courant les mers pour piller les navires.
Il y a quelques jours une nouvelle occasion nous fut offerte de côtoyer la même engeance dans un coin du globe, depuis toujours célèbre comme lieu de prédilection de ces flibustiers audacieux : le détroit de Malacca qui , entre Sumatra et la Malaisie, relie l’océan indien à la Mer de Chine. Mais cette fois point de sabres ni de casse-tête : nos pillards sont armés de mitraillettes et de lance-grenades.
A bord de deux vedettes rapides, ils avaient arraisonné un tanker de 6.000 tonnes de fuel et venaient de se faire arrêter par des garde-côtes indonésiens en patrouille dans le détroit.
Notre cargo se dirigeant vers Singapour, le chef des policiers avait obtenu du Commandant qu’il prenne à son bord deux des pirates et deux gardes. Les voleurs passèrent ainsi quarante-huit heures, menottes aux mains, dans une cellule à fond de cale; mais les deux gardiens, à tour de rôle, prenaient leurs repas avec nous à la table du Commandant. Pour notre agrément, oserais-je dire, car leur longue expérience du métier de chasseurs de pirates en fit des commensaux fort appréciés, tant certaines de leurs aventures s’avérèrent rocambolesques. L’un d’eux était en outre conseiller-expert près la Cour de Justice de Singapour.
Auriez-vous cru que la piraterie était encore de nos jours un fléau des mers ? Il nous cita les côtes du Brésil entre Fortaleza et Salvador, celles d’Afrique occidentale entre Dakar et Abidjan, la corne de l’Afrique dans le Golfe d’Aden, bien sûr la mer de Chine où tant de boat-people ont trouvé la mort, et ce détroit maudit de Malacca entre Medan et Singapour comme terrains de chasse favoris des pirates.
En 1996 plus de 230 actes de piraterie ont eu lieu. La Cour de Justice de Singapour en a enregistré 135 du 1er janvier au 30 juin 1997, même si en raison de la lenteur de la justice, les compagnies maritimes hésitent à porter plainte. Deux jours d’arrêt non prévu dans un port pour enquête policière coûtent souvent plus que le dommage causé par les pirates. “Les pirates malaysiens sont en contact avec certains agents maritimes corrompus”, nous a dit le policier indonésien. “le choix des cargaisons trop précis dans les abordages, en est une preuve irréfutable”. Il parait que les cargos le plus souvent arraisonnés sont ceux transportant des cigarettes, du matériel électronique ou du sucre. “C’est d’ailleurs ces denrées, entre autres, que transporte votre cargo”, ajouta sans rire le policier indonésien”.
Dans ce couloir marin de 20 km de large et de 600 km de long, nous étions vraiment dans la mer de tous les dangers : risques de collision, fréquence des tempêtes. Le Commandant nous avait avertis. Mais pourquoi donc n’avait-il pas cité les pirates ?
Il y a bien trois sortes d’humains : les vivants, les morts et ceux qui sont sur la mer !
Bernie
Jour de l’An ‘98

Sampans et Gratte-ciel
(Le tour du monde en 120 jours - N°11)
On ne peut mieux exprimer le contraste de SINGAPOUR Les Gratte-ciel, vous connaissez .
Ici, nombre d’entre eux sont des merveilles d’architecture, mais après tout, ce qui se fait en cette pointe extrême de la péninsule malaise se retrouve à New York où à Sydney. Le sampan est par contre une spécialité de la région. Le nom lui-même, composé de SAN (=trois) et de PAN (=planche) est chinois. SINGAPOUR, étymologiquement “la Ville du Lion” (SINGA = le lion et POUR, racine sanskrite à rapprocher de notre “bourg) est exceptionnelle en ce qu’elle rassemble le meilleur du monde entier. Cette fois, pour ma 5ème visite, c’est par mer que j’aborde l’île de SINGAPOUR. Jusqu’alors je n’étais arrivé qu’en avion, l’aéroport de Shangi est un modèle du genre, une fois en train, par l’Extrême Orient Express qui, en 2 jours et 2 nuits, vous amène de Bangkok, et une fois en voiture, en juin dernier, en provenance de Kuala Lumpur, par l’inénarrable conurbation de JOHORE BAHRU où se vend tout ce que la loi un tantinet prude, en tous cas absolument stricte, interdit à SINGAPOUR. Notre cargo s’est installé au quai de Pasir Lanpang après avoir, guidé par le pilote local, traversé l’immense port où quotidiennement, soit à quai soit à l’ancre, mouillent près de 200 cargos. La ville-nation de SINGAPOUR n’est certes physiquement qu’un minuscule point sur la carte du monde avec ses 3 millions d’habitants et ses 600 km2. Pure coïncidence, c’est la superficie de l’Ile de Man, entre l’Angleterre et l’Irlande, un transitoire qui a donné son pavillon à notre vieux FOYLEBANK. Mais quel importance SINGAPOUR revêt dans le monde du commerce, surtout maritime et de l’économie! Le nord de l’île, à 500 mètres de la Malaisie, regroupe tout ce que le soleil et la mousson peuvent faire pousser sous les tropiques. Le centre sert de réservoir naturel, faisant de SINGAPOUR une ville agréable à vivre, malgré la moiteur qui règne toute l’année - il y a tellement d’eau - Bien équilibrée et d’un dynamisme extraordinaire... Ce sont les Bouddhistes de Sumatra qui, il y a une dizaine de siècles colonisèrent ce qui n’était qu’un infâme marécage nauséabond. Ils l’appelèrent TEMASEK (=ville de la mer) et en firent le centre commercial de la porcelaine et des parfums entre la Chine et l’Asie du Sud-Est. De 1350 à 1780 les invasions fréquentes, en provenance de Java ruinèrent toute activité honnête. Seuls les pêcheurs et les pirates fréquentaient alors ces lieux insalubres. Il fallut attendre 1819 pour qu’un colon britannique hardi, si j’ose le pléonasme, Thomas RAFFLES, botaniste de coeur, historien de formation et fin linguiste s’installe, et comme savent le faire les Anglais, reconnaissons-le, organise, avec l’autorisation des rois malais, l’un des ports les plus actifs du monde. En 3 ans, la population passe de 800 à 9 700 habitants. SINGAPOUR est déclarée port franc. Le thé, l’opium, le caoutchouc et l’étain en font la plaque tournante du commerce entre l’Asie et le reste du monde... Dès décembre 1941 les nains jaunes du japon bombardent SINGAPOUR et, quelques jours après Pearl Harbor, détruisent 2 unités de la Royal Navy le “Repluse” et le “Prince de Galles”. En 1942, c’est l’invasion des barbares nippons qui, comme pour le reste de l’Asie orientale, sauf la Thaïlande, blesse, cruellement SINGAPOUR. Il faudra attendre avril 1945 pour que les Japonais sanguinaires déguerpissent... De la Couronne britannique SINGAPOUR s’affranchit en 1965 tout en restant au sein du Commonwealth. La langue véhiculaire n’est autre que l’anglais pour un amalgame de races qui parlent le malais, le tamoul et le mandarin et professent le bouddhisme, le taôisme, l’hindouisme, le Coran et l’Evangile... Il fait bon vivre à Singapour. On y bénéficie du nec plus ultra modernisme occidental, nimbé de tact subtil et de délicatesse orientale. Ce n’est pas un creuset, ni une synthèse des cultures mondiales, plutôt une juxtaposition pacifique, un patchwork coloré, une rhapsodie - si ce mot grec peut exprimer la connotation de couture qui semble relier les différentes ethnies - de modes de vie attrayants dont la gastronomie n’est pas le moindre ingrédient. Même si les familles chinoise, malaysienne ou indienne constituent le gros de la population affable et industrieuse, avec leurs rites et leurs recettes, vous pouvez vous délecter, nuit et jour, de cuisines pékinoise (canard laqué), cantonnaise (dim sum), setchuanaise (gambas au chili), taïwanaise (kac kong), mais aussi indienne (nasi biriani), indonésienne et coréenne. TSVP

Les fruits sont pléthoriques , rambutan, mangostan, chiku et carembole. Je vous déconseille vivement le darian. Non qu’il ne soit pas délicieux, mais son odeur fétide l’a fait interdire sur toutes les compagnies aériennes , serait-ce en soute...

On vante Hong-Kong, Seoul ou Taipei pour le shopping. Billevesées, c’est à SINGAPOUR que vous trouverez ce qu’il y a le mieux et au meilleur prix et peut-être plus par obligation que par inclination je pense, les Singapouriens s’avèrent fort honnêtes. Dura lex sed lex est le leitmotiv ambiant. Les récents démêlés de cet étudiant américain qui s’était laissé aller au vandalisme en sont un exemple. La propreté est une composante du bien-être local. Propreté des rues. Malheur à vous si vous abandonnez un papier à terre ou laissez tomber un mégot. Des cheveux sales et longs vous gratifient d’une coupe gratuite, en brosse , au commissariat du quartier. La criminalité reste inexistante et l’intervention intempestive de Bill Clinton, pour un sursis sine die des 5 coups de “ratan” (fouet) à cet étudiant n’attira de la part du premier Ministre que cette remarque : “Suivez mon exemple avec vos délinquants, vous aurez moins de criminalité”. Saint Gapour, priez pour lui.
Bernie 4 janvier 1998

Nuit du 14 janvier : Vent de Force 8 sur l’échelle de Beaufort
(Le tour du monde en 120 jours - N°12)

On dirait que le cargo sent l’écurie. Nous filons à près de 20 noeuds, vitesse encore jamais atteinte. Pourtant dans ce coin nord-ouest de l’Océan Indien, la Mer d’Arabie nous réserve une surprise. Ou sont-ce Neptune et Eole qui se sont ligués pour nous faire payer plus de 3 mois de mer d’huile.
Hier jeudi à 3h30 du matin, alors que nous approchions de l’île yéménite de SOCOTRA, près de ce coin de SOMALIE qu’on appelle “La Corne de l’Afrique”, le FOYLEBANK fut brusquement secoué. La lune, presque pleine, rendait la nuit presque claire. Il n’y avait pourtant pas de roulis, ce mouvement exténuant, quand le lit est dans le sens proue-poupe, qui vous fait rouler d’un bord à l’autre, de la couche. Certains bruits pourtant, indiquaient que les éléments s’étaient déchaînés. Avec précaution, je voulus me lever, mais un paquet de mer, secouant le cargo, me sortit prestement du lit, brisant toute résistance, et me fit traverser la chambre tête baissée en deux enjambées. Impossible de se tenir debout. La houle s’accentuait et le FOYLEBANK piquait de lourdes embardées dans les creux profonds et mous de l’océan. Par mes deux fenêtres je voyais bien la mer démontée, mais souhaitant bénéficier d’une vue circulaire, je montai, en me cramponnant, jusqu’au “bridge”. La situation devait être sérieuse, ils étaient deux de quart : le capitaine John et le 1er officier Duncan. Sérieuse, comprenez pour la cargaison, car sur un cargo, les passagers éventuels n’ont qu’à suivre, et c’est bien ainsi. Des vagues de 5 à 6 mètres poussées par un vent violent (Force 8 Beaufort). C’était la première fois que depuis près de 4 mois, nous subissions le tangage. La nuit du 22 octobre, restée dans les mémoires, avait certes été agitée, qui nous avait fait changer de cap pour entrer dans la Mer des Caraïbes, mais c’était seulement du roulis. Cette nuit tout craquait à bord. Le tangage est beaucoup plus spectaculaire. L’étrave s’enfonçait presque entièrement dans la vague. Des nuages d’embruns nous cachaient tout l’avant du bateau par intermittence. Une sorte de narcose de l’esprit comme en sait provoquer l’insistance de la tempête. L’écume de chaque côté s’évasait sur plus de 30 mètres. Enfin, un peu de mouvement ! Mais je ne l’attendais pas à cet endroit. Plutôt dans le Golfe de Gascogne ou la Mer du Nord, avec une éventualité en Méditerranée, mais cette “Mare Nostrum” ne permet aucun pronostic, tant elle est lunatique et changeante. Et point de mal de mer ! Dans 12 heures, nous serons dans la Mer Rouge. Et si c’était la Providence qui nous avait gratifiés de cette tempête. Assez, pour dissuader les pirates qui hantent ce Golfe d’Aden.
Nous avons traversé l’Equateur deux fois, gagné 24 heures et perdu un jour, vu Tonga, le premier pays de la terre à voir chaque jour nouveau. Nous avons déchargé 40.000 tonnes de cargaison, consommé 2,5 millions de litres de carburant et 2 millions de litres d’eau douce. Encore PORT SAID, les Portes d’Hercule devenues le “Rocher de Gibraltar” (le Djebel el Tarik des hordes Ibères) et ce sera ANVERS...et contre tout.

Bernie, 16 janvier 1998

En direct du “Bridge”
(Le tour du monde en 120 jours - N°13)
Chaque jour, et j’en serai à jamais reconnaissant au Capitaine John - certains de ses homologues sur d’autres cargos se sont avérés moins libéraux - je passe au moins 2 h. sur le “bridge” , notre passerelle de commandement : le matin de 5 h à 6 h pour noter le point, alors que les 9/10ème du genre humain dorment encore sur le FOYLEBANK, et 2 fois une demi-heure dans la journée et le soir. Quand on est terrien, serait-on gyrovague impénitent, et parfait ignorant dans l’art de naviguer, c’est l’émerveillement permanent...Les histoires d’autrefois, celles des grands navigateurs, des Francis Drake, Cook, Conrad, Melville et avant eux Hérodote, les descriptions fantastiques de Kerouac et autres Malcolm Lowry, m’étaient restées à l’esprit. Il y avait bien alors, au mieux un génie, au pire un art de la navigation et, maître après Dieu, le capitaine courageux, il fallait l’être, savait que son sort, il l’avait presque entre ses propres mains... Tout est changé et, l’histoire retrouvant la fiction, la légende des hauts faits marins en a pris un grand coup. Il semble que de nos jours à l’inverse des temps héroïques, le bon déroulement d’une navigation, un “voyage” comme disent les Anglais, repose à 90 % sur les instruments. Aux quatre coins du “bridge”, une paire de jumelles puissantes attend le guetteur. Sauf aux moments cruciaux -circulation intense, arrivée dans un port ou départ, passage étroit - le guetteur en second, ce fut moi, pendant 4 mois, ou quiconque eut été intéressé... Tout le temps qu’il fait sombre à l’extérieur, le “bridge” est par nécessité maintenu dans l’obscurité totale. Seuls les témoins lumineux des six tableaux de bord géants, et il y a une centaine, attirent le regard en jaune, rouge ou vert... Deux grands fauteuils de cuir surélevés et fixés au sol, à chaque bout du “bridge”, vous permettent de contempler le paysage - vous me direz “c’est vague” - sans fatigue ni risque de chute par mer agitée. Dès que je parviens là-haut mon premier regard est pour l’écran du radar. Il vous indique tant de choses, qui échappent à l’oeil nu. Les premiers jours la moindre indication valait pour moi de l’hébreu. Et puis les semaines passant et les explications pédagogiques du First Officer Durcan ou du Cadet Grant, rencontrant un terrain sinon fertile, nonobstant réceptif, je fus capable de lire les indications du radar par moi-même. La vitesse tout d’abord. Nous avons quelquefois frisé le 20 noeuds, assuré une moyenne de 14, mais pesté quand, l’un des moteurs étant en panne, un misérable 9 noeuds nous traînait sur l’onde. Chaque matin et, chaque soir dans mon “log-book”, je note les coordonnées. Mes petits enfants au prochain millénaire pourront s’ils le veulent tracer ainsi l’itinéraire de cette circumnavigation sur la mappemonde. Les points saillants furent bien sûr les passages de l’Equateur où l’on quitte une saison pour retrouver son extrême, mais aussi les 180 degrés de longitude (date-line), qui nous transporte de l’hémisphère ouest à celui de l’est. La position s’exprime en degrés et minutes, et des dixièmes précise la minute. Le point noté, on le consigne sur la carte. Depuis ma tendre enfance les cartes de géographie m’ont toujours mesmérisé. Mais les “chartes” de navigation s’avèrent un modèle du genre. Depuis presque un siècle qu’elles ont été quasi parfaitement affinées. Vous y découvrez le plus petit récif, le sens des courants, la profondeur des fosses et des hauts-fonds. Chaque terme apparaît dans la langue du pays. Elles sont donc en même temps un cours pratique d’idiomes aussi variés que le chinois, l’espagnol, l’arabe ou le malais. Bien sûr une légende traduit souvent le terme en anglais, mais bien des détails ont échappé au traducteur et sont des sources d’information précieuse inespérées sur les lieux fréquentés... Quand la mer et la circulation fluide, le “point” n’est reporté que toutes les heures, mais dans les détroits et les archipels, in le se passe pas plus de 10 minutes sans un report des coordonnées. Le balai du radar, c’est comme un chien, il n’a pas de compromis et rien ne lui échappe. J’ai appris sur l’écran à distinguer un bateau d’un îlot, serait-il à 25 milles de distance, même une averse d’un nuage. Il m’a fallu plus d’un mois. Pourtant je reste émerveillé lorsque le veilleur ou le guetteur - il y a toute une terminologie que j’ignore en français, mais que j’ai dû rapidement intégré en anglais - annonce un écho en précisant l’origine et la nature. Je sais que j’en serai toujours incapable. Le regard même du marin vous stupéfie par son acuité.
Radio et téléphone complètent en phonie ce que le radar et le télex vous indiquent par écrit. Les messages crépitent donnant la météo à trois milles près ou les exactions nocturnes des pirates de la région. Puis ce sont les fax qui, en provenance du bureau de Londres, modifient l’itinéraire, annulant ici ou ajoutant là une escale, selon la demande ou les fluctuations du marché... Cent fois, j’ai pu admirer le coucher du soleil, presque toujours devant la proue et, dans sa majesté. Cent fois je l’ai vu se lever, tantôt rouge ou en partie masqué par une nuée, tantôt éclatant dans un essor d’une radiance fulgurante. Cette petite boite annexe qui se nomme “GPS Navigator” précise trente-deux données dont le jour et l’heure d’arrivée à la prochaine escale. Celles-ci varient bien sûr constamment et automatiquement en fonction de la vitesse du moment. Ce n’est qu’une approximation ponctuelle, sans intérêt pour le professionnel de quart, mais qui satisfait pleinement la curiosité puérile du béotien que je suis... Il est un rectangle dans la partie droite du radar qui m’intrigue constamment. Son nom : “Target”. le seul terme ne cesse de suspendre. Notre “Vieille Bagnole de Grande Mer”, poussif cargo, et à la fois pacifique vaisseau, attendrait-elle un ennemi ? Tout bateau est du genre féminin chez les British. Car “target” a bien le sens de “cible”. C’est en fait la dénomination de tout autre bateau de rencontre. Et le plus surprenant, c’est qu’il vous indique la vitesse de ces bateaux, leur tonnage et leur direction. Avec le progrès, nous devrions avoir sous peu l’âge du Capitaine. Comble de surprise : il suffit d’appuyer sur un bouton et à l’aide d’un cadre que l’on déplace sur l’écran on peut ainsi avoir et enregistrer à la fois les caractéristiques techniques de 40 “cibles”, même si le vocable m’écorche le coeur... Parmi les 6 officiers (2 Britanniques et 4 Russes) qui, chaque jour, prennent leurs 4 heures de quart, trois (2 Britanniques et Constantin d’Odessa) sont devenus de vrais amis. Un rituel tacite s’est établi. Log-book et stylo en main, je ne pose plus de questions. Ils savent et avec quelle gentillesse me donner les réponses utiles que j’attends... UN personnage que l’on oublie souvent quand on est à terre, c’est le pilote. En comptant celui qui nous a sortis du HAVRE, celui qui nous conduira au quai d’ANVERS, les 2 qui nous ont accompagnés pour les transits de PANAMA et de SUEZ, ce sont 34 personnages, hors du commun, tous différents, que j’ai vus s’activer sur le “bridge”. Pour la plupart anciens capitaines eux-mêmes, ils remplacent, à bord, notre Maître, à chaque escale (arrivée et départ). Certains sont sympathiques, chaleureux, voire drôles, pleins d’humour. D’autres sont pisse-vinaigre, et froids. La plupart manient parfaitement l’anglais, mais il en est qui au lieu de la méthode Assimil ont du utiliser la méthode à “3000”. Leur sabir basse-calorie ne facilite pas les manoeuvres. En Papouasie, j’ai vu 3 pilotes fortement imbus de leur personne et méprisants dans leurs rapports avec l’homme de barre. Il en fût même d’odieux dans plusieurs ports d’Indonésie dont la conduite indigne scandalisa le Capitaine John. A Belawan, près de MEDAN au centre de SUMATRA, à peine le pilote fut-il monté à bord qu’il réclama à boire. Comme c’était un musulman et qui plus est de service, il lui fut proposé du thé ou du café et des gâteaux secs. “Du café, dit-il sèchement au Cadet obligeant, et... du whisky, et vous ajouterez une cartouche de cigarettes”. Si vous n’obtemperez pas, vous risquez de moisir des heures à l’ancre, à 2 km du quai où l’on vous attend. Autrement je reste admiratif devant la dextérité des pilotes. Moi qui avec ma voiture ai parfois du mal à négocier un créneau. Imaginez mettre à quai, sans “thrusters” et sans choc un bâtiment de 30.000 tonnes et de 174 mètres de long, entre 2 autres cargos à peine séparés par 185 mètres... Dans certains pays la corruption institutionnalisée crève les yeux. Normalement 2 douaniers et 1 policier suffisent qui vont effectuer leurs contrôles dans le bureau du commissaire de bord. A LAE en Nouvelle Guinée, c’est 14 énergumènes qui ont pris d’assaut le FOYLEBANK. Notre chef-cuisinier a du leur préparer un repas, qui fut bien arrosé. Si chacun n’avait reçu sa bouteille de scotch et sa cartouche de cigarettes, nous y serions encore.
Bernie, 18 janvier 1998

“Home, James, and don’t spare the horses ! “

(Le tour du monde en 120 jours - N°14)
Notre FOYLEBANK met le cap sur l’Europe. L’huile de palme que nous transportons (CPO) devra être maintenue à 35 °C jusqu’au déchargement à HULL (GB). Pas de problème jusqu’au Tropique du Cancer, mais au-delà il faudra la réchauffer, et pas question de dépasser les 5°C de réchauffement par jour. Autrement elle serait “cuite” et inutilisable par les fabricants de savonnettes. Après 3 jours nous atteignons Sri Lanka, puis les Maldives. C’est la mer d’Arabie et la tempête mémorable que je vous ai narrée. Golfe d’Aden. La Mer Rouge. La circulation devient dense. Nous nous trouvons vite entourés de quantités de bateaux, surtout des cargos et des tankers. On étouffe à l’extérieur. Après la Somalie, c’est l’Ethiopie et Djibouti. Puis l’Erythrée et l’Egypte. Au niveau d’Abou Simbel à Bâbord et de la Mecque à tribord, un vent frais vient adoucir l’atmosphère. Laissant le Golfe d’Agaba à droite, nous passons Sharm-el-Sheik et le Sinaï où nous étions l’hiver dernier à souffrir d’une chaleur torride. Les plateformes pétrolières abondent. C’est un vrai convoi qui dans la Baie de Suez attend son tour. Une horde d’Arabes montent à bord. Qui pour contrôler la cargaison avant le transit, qui pour vendre tapis et karkadé, qui pour piloter le cargo, qui pour contrôler... ceux qui contrôlent. Ils sont une vingtaine à vivre 3 jours sur l’ordinaire du FOYLEBANK. C’est le ramadan, mais à peine le soleil couché, c’est la ruée sur le liquide et le comestible. Les coursives du pont principal ressemblent au grand Bazar d’Istanbul. Sur le plan officiel on sait que les petits cadeaux facilitent les formalités. Cette fois les Egyptiens se montrent fort gourmands. Le Capitaine ne cède pas. Nous moisirons 24 h. de plus à l’ancre avant d’accéder à la 1ère partie du Canal. Le prétexte invoqué : nous devons faire venir du Caire des contrôleurs atomiques. Huit heures plus tard, l’homme idoine et ses assistants sont annoncés. Les assistants à peine embarqués, vers 20 h., s’installent à la salle à manger. Ils y festoierons jusqu’à 2 h. du matin. Le chef qui ne fait pas 1,60 m. enfile les protections de rigueur. Vareuse et gants semblent avoir servi 100 fois. Guidé par le “1st officer”, il se dirige vers les containers d’uranium à l’avant du cargo. Et là il sort ce qu’il appelle un compteur Geiger. L’appareil a dû être acheté au Prisunic au rayon “jouets”. Duncan l’éclairant de sa torche note que l’aiguille reste immobile. Un coup de poing sur le côté et la voilà partie dans la zone “Très dangereux”. L’inspecteur n’insiste pas : “Très bien, j’ai terminé mon contrôle... Vous auriez bien une cartouche de cigarettes ?”. Suez. Le lac Amer. Ismaélia. Port Said. Ouf ! Le dernier pilote nous quitte et les petits marchands le suivent dans 3 chaloupes à moteur. Quand nous avons quitté la France, la rouille recouvrait une bonne partie du cargo. Peu à peu cette rouille a disparu. Ce bateau est une vraie ruche. On gratte, on lave, on peint, on cire, on regratte, on relave, on repeint, on recire. Entre les escales les marins-abeilles s’y affairent de l’aube au crépuscule. Au point qu’après 3 mois et demi, les 6 grues et plus de la moitié des parties métalliques ont l’allure du flambant neuf. Une odeur de peinture fraîche donne à l’ambiance un coté nettoyage de printemps de bon aloi. L’intérieur a toujours été un modèle de propreté. Souvent me levant avec le soleil vers 5h., j’ai rencontré dans l’ascenseur, les escaliers, les coursives nos soubrettes russes en short et en T-shirt passant l’aspirateur ou appliquant au pinceau le vernis rapide. Elles travaillent 77 h. par semaine. Pavillon de complaisance. Elles sont sous contrat de 4 mois : la durée d’une circumnavigation. Elles s’estiment heureuses de pouvoir travailler à 1.200 dollars par mois, logées et nourries, alors que leur mari à Vladivostok ou Odessa turbinent au bureau ou à l’usine à 100 dollars par mois. Le cargo disposant d’un système satellite dernier cri, la Compagnie les autorise à parler 5 minutes à leur famille chaque semaine. Voici MALTE et PANTELLERIA.
Déjà la radio francophone de TUNIS nous annonce que les USA ont l’intention de frapper les bases de Sadam. les massacres n’ont pas cessé en Algérie. Netanyahu et Arafat chipotent toujours. Et, il fallait s’en douter, il y a une menace de grève en France. Et puis c’est la pub qui se déverse. En raison du retard, le Capitaine reçoit l’ordre de Londres de couper l’escale d’Anvers... et contre tout, direction HULL. C’est un des impondérables du voyage en cargo. Quelle importance dans la perspective de l’éternité ? Bientôt nous allons retrouver femme et enfants et ça c’est merveilleux. J’ai maintenant compris pourquoi j’aime partir si souvent. C’est que j’adore rentrer... Tiens ! j’ai un autre projet. pour quoi ne m’accompagneriez-vous pas ? C’est bientôt la prochaine fois.

Bernie. 24 janvier 1998.

AFGHANISTAN

2 mots ‘histoire et de géopolitique (la question afghane)
550 BC Cyrus, les Perses et la capitale d’Afrosiab ( Samarkande) est fondée
331 BC Alexandre (Iskander) Le pays comprend alors 2 régions:
la SOGDIANE. C’est là que les Chinois découvriront les cheveaux célèbres
la BACTRIANE ( cap. Blakh) d’où viennent les célèbres chameaux
Le désert suggère à la Providence la création des réserves graisseuses
bosse du chameau, mouton karakul(=lac noir) à la masse de
graisse au niveau de la queue. ( pr l’homme c’est le ventre)
Sur le plan religieux se succèdent les Zoroastres ( culte de Mazda)
l’hindouisme et le christianisme.
750 AD arrivée de l’Islam
1220 Genghis Khan
1364 Tamerlan = Amir TIMUR(=fer) Cf Staline ( acier) un homme en acier et ts les autres en tôle
1747 Fondation du Royaume afghan par un rebelle du grand Iran: Abdali.

Pour mémoire :
- Afghanistan : état-tampon entre les Empires russe et britannique de 1839 à 1947
- Chute du shah d’Iran 1979
- Intervention soviétique 1979 - 1989 (15.000 morts russes)
NB Moscou répète en Afghanistan l’erreur de Washington au VietNam : implication du contingent dans une guerre coloniale.
C’est un coup d’Etat qui porte les communistes au pouvoir, en 1978, en Afghanistan.

Quelques paramètres :
De 1980 à 1990 :
- le tiers de la population afghane est repoussée par les combats vers le Pakistan ( et vers l’ Iran ) > ZONE TRIBALE (la loi pakist.=nulle
- les USA fournissent une aide considérable à l’Afghanistan et aux taliban
NB C’est une erreur de Washington, mais la critique est aisée après coup.
Résistance afghane: éparpillée en raison des divisions
- religieuses : sunnites , chiites
- ethniques : Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks, Hazaras
1992 - 1995 : Hekmatyar est lâché par les Pakistanais qui favorisent les Taliban , les
forment, les entraînent et les aident , au point que ceux-ci ( =Pachtouns) s’emparent de Kandahar, Hérat, Kaboul ( 1996), Mazar-i-Sharif.
Résistance : Tadjiks de Massoud ( Panjshir )

Analyse : pourquoi la possessio de l’Afghanistan ( patchwork ethnique ) est-elle recherchée ?
- de la part de l’ URSS : accès aux mers chaudes ( cf. annexe Echos d’Asie 2 * )
- de la part du Pakistan :
a) construction d’un gazoduc entre le Turkménistan et Gwadar
b) installation d’une base arrière en cas de guerre contre l’ Inde .
Afghanistan = terreau islamiste, organisé par le Pakistan
Les taliban sont envoyés sur tous les terrains chauds : Bosnie, Egypte,
Algérie , Soudan, etc. ( Oussama ben Laden )

Les 2 erreurs des U.S.A. : ayant provoqué la situation actuelle

- assistance massive aux taliban du Pakistan et de l’Afghanistan jusqu’en 2001
(mais la cause est entendue et on ne revient pas en arrière )

- aide massive constante à Israël alors qu’une répartition équitable entre Juifs et
Palestiniens eut évité le pire . ( tout est encore possible en ce domaine )

Afghanistan( survol historique )

800 BC Zarathoustra ( en grec : zoroastre ) naît à Balk ( religion mazdéenne )

550 BC Cyrus

331 BC Alexandre ( Iskander)
Asie centrale : zoroastrienne
bouddhiste
chrétienne

870 AD invasion arabe > islam

1220 Genghis Khan

1364 Tamerlan ( pour les ennemis) = Emir TIMUR ( pour les siens )

XVI -XVII partagé entre Perse safavide à l’ouest
et Moghol à l’est

1747 fondation du royaume afghan par les Pachtous Abdali

1793 - 1818 The Big Game entre empire tsariste et empire britannique

1839 Les Anglais placent sur le trône Chah Chodja

1919 Indépendance > SDN

27 avril 1973 Coup d’Etat contre Zaher Chah
par son cousin le 1er ministre Mohammed DAOUD (tendance communiste)

12 déc. 1979 Entrée des bataillons soviétiques ( Brejnev) à l’insu de la population
russe à qui les appelés avaient ordre de cacher la vérité.
19 janv. 1980 La Chine suspend ses relations avec l’URSS

10 mars 1985 Gorbatchev succède à Tchernenko

15 février 1989 Retrait officiel des troupes soviétiques, mais Moscou soutient le
le regime communiste de Najiboullah

2 août 1990 Invasion du Koweit

31 décembre 1991 La C E I remplace l’ U R S S

16 avril 1992 Fin du régime communiste > guerre civile

Les Taliban sont soutenus par le Pakistan et l’Arabie Saoudite

1998 Massoud se replie dans le vallée du Panjshir ( panj= 5 , shir = lion )

Je ne regrette en rien mes deux séjours en Afghanistan (1973 et 1978 ) , mais je me demande bien quel Grand , concupiscent comme les autres, va venir s’attaquer à ce pays et y faire couler le sang d’innocents.
B e r n i e 11. 8bre. 01

ECHOS D’ASIE CENTRALE ( 3 )Il est un endroit en Ouzbékistan où dans le moindre village on est sûr de pouvoir se rafraîchir et la gorge et les idées, à peu de frais, c’est le “tchaikhana “ (tchai, c’est le thé et khana, c’est le lieu) C’est un peu notre troquet mais avec quel pittoresque! On y boit, on y mange, on s’y côtoie sans se connaître, on y discute à refaire le monde . Certains clients apportent leurs victuailles et font leur cuisine.Il y en a autant que de bistrots autrefois en France .
Deux heures de déambulation fatigante mais jubilatoire dans un bazar coloré aux charmes des Mille et une Nuits (encore une invention orientale dont Istanbul nous offre, en Europe, le modèle) m’avaient éreinté. Rien de tel qu’un thé vert pour étancher la soif et vous requinquer.
La prière du vendredi venait de se terminer et les mosquées avaient déversé leurs fidèles dans tous les “ tchaikhana” du quartier. Trois “ aksakal “ (= “ barbe blanche” = sage ) semblaient poursuivre la méditation autour de trois tables bien entourées Quatre autres tables regroupaient ce qui me parut être des marchands qui, de toute évidence, ne parlaient pas la langue locale ( En Ouzbékistan on parle ouzbek bien entendu mais moins qu’on serait tenté de la croire. Le tadjik est plus usité ainsi que le russe, plus une quantité de dialectes tûrkis).
En fait toutes les tables étaient occupées par au moins quatre consommateurs chacune, assis en tailleur . Toutes sauf une où un jeune homme qui, détonnant dans le décor, était vêtu à l’occidentale, mais ce ne pouvait être un occidental, car sa veste était verdâtre et élimée , d’où dépassait un T-shirt qui avait dû être blanc autrefois et il arborait une tignasse de montagnard hagard. Il prenait un repas de “ plov “ (ragoût de mouton et riz) et pour boisson , du “koumis” (lait de jument fermenté ).
Je m’installai à sa table après l’avoir sollicité du regard et salué d’un “salamalekum” traditionnel, et commandai un thé et du “nonn “ (galette de pain non levé). Il crut que j’étais américain et se mit à me parler dans un anglais haché mais compréhensible. Il s’appelait Ayoub . “ Ce n’est pas un nom ouzbek ?” lui dis-je.
“ Non, je suis réfugié tchetchène et depuis six mois j’ai trouvé une place de jardinier à la “ madrassa” (= école coranique) d’à-côté.”.
Pendant quatre heures Ayoub me raconta sa vie. Le 3 février dernier un char et trois camions russes s’étaient arrêtés près de la ferme familiale à côté d’Argun. Sa mère lui avait dit d’aller chercher les bijoux qu’elle cachait dans un lieu sûr à même la colline derrière la maison. Ce n’était pas la première fois qu’elle achetait la survie de sa famille en corrompant les militaires. Ayoub entendit des cris et resta caché. Il vit de loin qu’on emmenait son père et ses deux frères ainés.
C’était la troisième fois que les Russes emmenaient des hommes de ce village à l’est de Grozny, en pratiquant ce qu’ils appelaient la “ zatchiska “ (= chasse aux rebelles). On ne les revoyait jamais, ces braves tchétchènes, tout au moins vivants, car , parfois, un camion russe revenait et déchargeait quatre ou cinq cadavres sur la place. Une fois ce fut quatre corps et dans des sacs plastique. Les habitants avaient ouvert les sacs pour enterrer leurs coréligionnaires en respectant la tradition musulmane. Quelle n’avait pas été leur stupeur de découvrir des corps nus qui avaient été ouverts de la gorge au bas du ventre et recousus grossièrement avec du fil de pêche. Un vieux paysan prit le soin de tirer quelques clichés. Telle une trainée de poudre, l’affaire avait été publiée dans toute la région où la disparition de civils s’avérait monnaie courante.
Maritza, la mère d’Ayoub , était allée à trois reprises réclamer son mari et ses fils au chef militaire russe d’Argun. Elle avait rempli une demi-douzaine de formulaires. Début mars des voisins lui avaient rapporté que des villageois du hameau limitrophe avaient reconnu un de ses fils et son mari sur une photo prise à la dérobée. Elle se rendit sur les lieux pour y découvrir les deux cadavres. On avait coupé l’annulaire de son mari et son fils avait eu le crâne découpé et recousu. Il portait un bracelet d’hôpital à la cheville droite. Elle trouva les deux corps plus petits que normalement. “ Ils ont été vidés de leurs organes !” pensa un vieux médecin tchetchène qui assistait à la scène macabre. Nous croyons que tous nos gens sont capturés pour des transplantations d’organes “.
Lorsque Maritza réclama son second fils, le commandant russe lui intima l’ordre de se présenter à la base militaire. Ce qu’elle ne fit jamais de peur de disparaître à son tour.

Au lieu de cela, la mort dans l’âme, elle conseilla à son troisième fils, Ayoub, de fuir en emportant les deux petits sacs de bijoux qu’elle avait cachés. “ Je pensais que les troupes russes étaient venues pour rétablir l’ordre et détruire les terroristes, lui avait-elle dit en guise d’adieu. Au contraire elles sont là pour nous intimider, nous persécuter et exterminer la population tchetchène “ .
Par la Géorgie et l’Azerbadjan, Ayoub avait atteint la Caspienne où un bateau iranien l’avait amené jusqu’à Tcheleken au Turkménistan . A Kazandjik il avait pris le train jusqu’à Kerki sur l’Amou Darya et de là rejoint l’Ouzbékistan en descendant le fleuve jusqu’à Droujba. - Il m’avait donné le nom de cette dernière ville en russe ( droujba = amitié ) - et avait débarqué, sans visa , à l’aide d’un épais bakchich, le solde de son viatique .J’aurais voulu garder un souvenir photographique d’Ayoub, mais il ne le souhaitait pas. Son récit des atrocités avait été à ce point horrible que, bien que fourbu et brisé , je ne pus trouver le sommeil qu’au petit matin.
Nous avions rendez-vous le lendemain soir au même endroit. Il ne vint pas . NB: “ AYOUB”, c’est “JOB” dans notre jargon; un destin bien connu.
B e r n i e
Samarkande 30 sept. 2001
CAMBODGE . Du Pays du Sourire à la Vallée de Larmes
Imaginez un petit pays ( le tiers de la France en superficie), tranquille depuis des siècles, le plus beau des 3 pays de l’ex-Indochine, béni des dieux par le don d’un fleuve magique, le Mékong, qui utilise le grand lac Tonlé Sap ( 3.000 km2 en février, 7.000 km2 en août ) comme vase d’expansion à la saison humide ( avril-septembre) à charge pour celui-ci de rendre l’eau stockée lorsqu’arrive la saison sèche ( octobre - mars), un mouvement hydraulique ayant pour spectaculaire effet d’inverser le sens du courant. Une abondance rizicole assurant l’autarcie et la plus riche réserve au monde de poissons d’eau douce. Une frange maritime, sur le Golfe de Siam, sur des centaines de kilomètres de plages vierges, au sable blanc, ourlées de cocotiers généreux.
Les conditions idéales pour rendre un peuple heureux ( 9 millions), chaleureusement accueillant, souriant de nature, travailleur, ingénieux et responsable, vivant de peu sans se priver, jouissant d’un espace vital agréable ( 40 hab. au Km2).
Et puis la guere est revenue et ce pays du sourire est celui des trois nations indochinoises qui a le plus souffert. La guerre est toujours une tragédie, mais l’horreur ici s’est avèrée indicible. Proportions gardées, c’est comme si la France avait perdu 12 millions de sa population dans des conditions atroces.
Neutre au milieu d’une meute de loups, le Cambodge doit, pour se préserver des Thaïs, solliciter la protection de la france en 1857. Un siècle nous sommes restés ici et les traces de ce protectorat sont légion : en lettres presque intactes au fronton des établissements publics, en usage et langage chez les Kmers les plus âgés. Quelle surprise de voir, en Asie riziphage, les baguettes de pain à la française se vendant par brassées dans la moindre des villes! Quand les paysans rentrent au village, à moto ou vélomoteur, ils transportent souvent femmes et enfants, mais toujours 5 ou 6 baguettes de pain frais, croustillant et savoureux.
En 1941 l’inénarrable Norodom Sihanouk monte sur le trône et acquiert l’indépendance de son pays en 1953. C’est là que les ennuis commencent. Que peut faire un pays de 7 millions d’habitants contre un voisin vorace, le VietNam, et ses 40 millions d’alors qui deviendront bientôt 73 millions, surarmés par l’ URSS ?
Le Vietcong fait du Cambodge un champ de bataille arrière de la guerre du Vietnam, au point que même les bombardiers américains sèment la mort dans ce pays qui rêve de paix..C’est le commencement du martyre.
Janvier 1975 sonne le début du plus cruel génocide de l’histoire des hommes. Pendant près de 4 ans, ceux qu’on a appelés Khmers rouges vont vider la capitale, Phnom Penh, exterminer près de 2 millios d’innocents, toute l’élite : professeurs, ingénieurs,médecins, leurs femmes et leurs enfants; et pour économiser les balles l’abattage se fera à la houe, parfois par l’asphyxie à l’aide de sacs en plastique sur la tête, attachés au cou, et les mains liées dans le dos. Malades et vieillards qui ont pu échapper aux tortionnaires, mourront plus tard, au fond des campagnes, de malnutrition ou d’épuisement. J’ai rencontré quelques rescapés : en france où nous avons “adopté” un jeune réfugié, Sem, au mariage duquel nous étions invités au Cambodge ce mois-ci; mais aussi à Phnom Penh où un chirurgien, qui avait plus tard simulé la mort, s’est vu arracher à la table d’hôpital où il était en train de pratiquer une appendicectomie.
Pol Pot entreprend alors la plus sanguinaire des révolutions culturelles maoïstes. Le 17 avril 1975 est décrétée l’Année Zéro de la République démocratique du Kamputchea, à laquelle en 1979 succédera la République populaire pro-vietnamienne, puis en 1989 l’ Etat du Cambodge et enfin depuis 1993 le Royaume du Cambodge.
En 1975 tout ce qui peut rappeler la culture ancestrale, le protectorat français, la civilisation occidentale, est voué à la destruction. Banques dynamitées, églises incendiées.T Les seuls êtres déambulant alors dans les rues de Phnom Penh sont ces sinistres adolescents (ils ont entre 15 et 17 ans) illétrés vêtus de pyjamas noirs et couronnés de rouge. Sur les bas-côtés des rues et des routes s’alignent les carcasses d’automobiles dont on a extrait les moteurs qui, fondus, seront transformés en assiettes, et dont les pneus serviront à fabriquer des sandales avec , pour attaches, les chambres à air découpées en lanières. . . . .
Même si la politique répressive de Sihanouk d’avant 1970 et son association avec les Khmers rouges laissent au coeur des Cambodgiens un goût amer, le peuple semble satisfait du retour triomphal de leur roi en novembre 1991, suivi de peu par l’armée pacifiques des Casques bleus.
Le dogme socialiste a fait place à l’économie de marché et les portraits des souverains sont honorés de fleurs toujours fraîches dans tous les lieux publics et privés.
Sur le plan économique, il y a deux secteurs : celui de la fonction publique où les traitements sont fort modestes ( de 50 frs à 150 frs par mois ) et celui du secteur privé où les salaires n’ont pas de limite. Ainsi un instituteur gagne 75 frs, alors qu’une serveuse de restaurant est assurée d’un minimum de 300 frs. Le salaire mensuel d’un employé de l’ Office royal du Tourisme se monte, au mieux , à 120 frs alors qu’un guide privé gagne 2.500 frs.
Le minimum vital étant pour une famille de 6 personnes d’environ 700 frs par mois, sans compter le riz et le charbon de bois, on comprend l’astuce et l’ingéniosité des Khmers pour créer les besoins, inventer des petits métiers et faire feu de tout bois. Une moto usagée coûte 3.000 frs, une voiture d’occasion 8.000 frs, et l’essence 2,50 frsle litre. Où trouvent-ils donc tout cet argent ? C’est que dès l’âge de 10 ans, les enfants travaillent, et du lever au coucher du soleil. Les parents leur donnent l’exemple.
Par manque de locaux les écoles accueillent deux “ fournées” : l’une de 6h à 11h du matin, l’autre de 12hà 17h. Les enseignants assurent 60 heures par semaine. L’uniforme blanc-bleu est de rigueur. “ Cela assure plus d’égalité à l’école ! “ m’a confié une institutrice. Les cours privés d’anglais font salle comble dans la capitale de 17h à 20h.
La concurrence comerciale semble débridée. Tout ce qui roule vient du Japon : soit en direct pour les véhicules neufs, soit via la Thaïlande pour ceux d’occasion , passés en fraude . D’où nombre de véhicules usagés avec le volant à droite. Seuls la police et les rares hôtels de luxe ( Sofitel-Cambodiana) utilisent des Peugeot , à 125.000 frs pièce. L’essence vient du VietNam (Softimex), de Malaisie (Petronas), de Thaïlande ( PTT), de Hollande (Shell), mais j’ai vu de nouvelles stations-service sortir de terre dont les marques sont déjà affichées: Caltex, Elf, Total.
Quand vous prenez place dans un restaurant, de jolies hôtesses rivalisent de charme devant votre table, chacune dans un uniforme différent,vantant les bienfaits de la bière qu’elle représente: Carlsberg, Heineken, Tiger. Si vous éxigez la bière locale “ Angkor”, on tente de vous dissuader en prétextant qu’elle n’est pas froide.
Dès que vous prenez possession de votre chambre à l’hôtel, une hôtesse vient vous demander si vous désirez un massage; c’est une institution. Si c’est le massage ordinaire, il sera effectué par une masseuse cambodgienne timide et pudique ,et il vous en coûtera 25 frs pour une heure. Si vous optez pour le massage “complet” (“l’ultime caresse”) on vous affectera une masseuse vietnamienne ou thaïlandaise, de renommée vénale, et ce sera 50 frs. Chaque hôtel disposant d’une parabole satellite, la Chaine française TV5 est disponible 24h sur 24 sur votre cran de télévision.
Surpris de voir des voitures sans plaques minéralogiques, j’ai appris qu’elles appartenaient à des “personnalités” , officielles ou privées, qui ne souhaitaient pas être identifiées.
Le seul port du pays est Kompong Som, relié à la capitale, distante de 250 km, par la route N°4, superbement asphaltée. C’est la seule dans cet état. Les ingénieurs américains auront terminé la construction des derniers ponts avant l’été prochain. Elle est dite stratégique et à chaque kilomètre vous découvrez deux ou trois militaires, installés dans le fossé sous des branches de palmier et vivant en autarcie avec l’aide des paysannes du coin qui leur apportent, chaque matin, la gamelle quotidienne. Kompong Som est le nom khmer. Le mot “kompong” que l’on retrouve dans nombre de noms de villes, en bordure de rivières, signifie “ port”. En 1994 la ville a repris le nom de “Sihanouk Ville “, mais on sent déjà la tendance , générale ici , sur les nouveaux panneaux qui affichent “ Sihanouk City “. Sur cette route n°4
qui mène à la plage, la circulation du week-end est dense de voitures particulières, motos et vélos-moteur, mais pendant la semaine, le gros du trafic se compose de camions apportant vers la capitale les containers de marchandises débarqués de l’étranger. Dans l’autre sens, ces containers, faute de fret commercial, retournent vers le port remplis de Cambodgiens, 40 à 50 hommes, femmes, enfants par container, debout pendant les 4 ou 5 heures que dure le voyage, affrontant les secousses du parcours et le danger que représente la porte arrière ouverte. Il faut bien qu’ils respirent !
A Kompng Som, j’ai passé quelques jours délicieux, dont une nuit et une journée “ chez Claude “., un établissement annonçant pompeusement “Restaurant français” en néon éclatant. La chambre climatisée avec douche et draps propres m’a coûté 45 frs et 8 frs le somptueux dîner de spécialités locales : un poisson d’eau douce enveloppé d’épinards cuits dans le lait de coco, des oeufs couvés au goût exquis arrosés d’une sauce au poivre vert et cacahuète,une salade de légumes variés cuits au coriandre et bien sûr le sempiternel riz. Pour finir une soupe de poisson aigre-douce à la citronelle, garnie de crevettes au gingembre. Le soleil avait depuis longtemps plongé son cercle rouge dans les eaux bleutées du golfe de Siam ; nos commensaux autochtones étaient partis se coucher. Le patron, souhaitant parler avec un Français, une espèce rare làbas en dehors des groupes de touristes, avait apporté à ma table 2 verres et une bouteille de “ srasor “ ( mot à mot : vin blanc) qui n’est autre que l’alcool de riz local dont la consommation vous est fatale quand le soleil brille. L’histoire qu’il me conta vaut la narration: les troupes françaises en Cochinchine avient embauché des Indochinoises pour plier les parachutes de l’armée. A la suite de quelques accidents inexpliqués,un adjudant perspicace, cela existe , s’aperçut que certaines de ces femmes avaient des sympathies communistes et mettaient subrepticement de l’acide sur les cordons des parachutes. L’armée fit alors appel à des Françaises de France et l’une d’elle épousa un Annamite. Le couple vint habiter Dalat et eut un fils en mars 1950; c’était notre Claude. Quand l’enfant atteignit six mois, le couple rentra en France où Claude grandit, fit des études et travailla avec son père. En 1992, à l’âge de 42 ans, Claude voulut voir son lieu de naissance et faire la connaissance de ses parents paternels. Il débarqua au VietNam, mais dès son arrivée à l’aéroport, le système policier lui fit horreur. Pourtant l’Asie avait tout pour lui plaire Séduit par le climat, la convivialité et le coût dérisoire de la vie, il décida de rester dans la péninsule indochinoise, mais voulut tenter sa chance dans un pays plus humain que le VietNam. A deux heures de route, il découvrit le Cambodge qui lui était chaleureusement ouvert. Si vous venez ici, ne manquez surtout pas de passer, de préférence entre novembre et mars, quelques jours à Sihanouk City. L’une des nombreuses plages s’appelle Ochateal Beach, c’est là que Claude Du Dinh Tan a ouvert son commerce.. . . .
Ne manquez pas non plus les 3 incomparables sites archéologiques de Siem Reap qui méritent 3 bonnes journées. Pour $10 par jour - car même si la monnaie locale est le “riel” au taux en mars 1996 de 500 riels pour un franc, tout se paye en dollars US, même les timbres à la poste - vous pouvez louer une voiture climatisée, avec chauffeur. A noter qu’à la campagne, certains gros achats se payent encore en or ou en pierres précieuses.Le marché de Phnom Penh comprend des dizaines de boutiques vendant or, bijoux et pierres. Angkor Vat à lui seul mérite une journée entière. L’avion depuis la capitale coûte 250 frs aller-retour ( 45 min. de vol ) et l’hôtel à Siem Reap 75 frs par jour, petit déj. compris. Mais ne vous écartez pas des sentiers battus car les abords boisés étaiet encore minés ce mois-ci.
Trois arbres retiennent l’attention au Cambodge : le palmier à sucre (thnot) d’où est tirée la mélasse et l’alcool. Il pousse dans tout le pays dès que le terrain est sec; le fromager dont les volumineuses racines aériennes investissent toutes les constructions anciennes; le gommier dans le tronc duquel on aperçoit des trous béants, brûlés, d’où on tire la résine.
Hier à Phnom Penh, cris et chants de foule attirèrent mon attention dans l’Avenue Mao Zedong au carrefour du boulevard Norodom. C’était une manifestation des instituteurs réclamant justice, leur salaire de février ayant été intégralement payé en pièces de monnaie, alors que celles-ci n’ont virtuellement plus cours depuis un an.
A l’Université, le 8 mars, un professeur d’histoire contemporaine, avant de commencer sa conférence, annonça aux étudiants médusés que la Cie aérienne nationale, Royal Air Cambodge, dont la flotte se compose d’une dizaine de B737 et d’ ATR , avait perdu 2 appareils....Il a précisé que ces 2 avions avaient été vendus, mais que personne ne savait à qui, ni par qui .!!!
Le service militaire est obligatoire pour les garçons de 17 à 35 ans,mais la solde étant maigre et les . . . Khmers rouges violents, si vous avez des projets plus lucratifs et quelques moyens fianciers, vous pouvez vous en faire dispenser par le sergent recruteur.
Tous les vols vers Sisophon, dans le nord-ouest du pays, près de la frontière thaïlandaise, étant complets plusieurs semaines à l’avance, et chargé d’une mission dans cette ville par l’Association des Enfants du Mékong, j’ai tenté de prendre le train. A la gare de Phnom Penh, le hasard me fit la surprise de rencontrer 2 gendarmes français, et en tenue s’il vous plaît. Quand je leur dis mon intention d’ emprunter la voie ferrée, ils m’en dissuadèrent vivement, me conseillant d’aller me renseigner à l’Ambassade.
Là-bas un consul me suggèra de louer une voiture avec chauffeur, de ne voyager que de jour et de rouler si possible toujours en convoi.
Et c’est ainsi qu’au lever du jour je pris la RN 5 en direction du N.O. avec pour chauffeur inespèré un Khmer francophone que j’avais trouvé sans mal au Centre culturel français, pour , m’assura-t-il, une dizaine d’heures de route tranquille (400 Km) A 6h le matin il avait été ponctuel, ce qui fortifia ma confiance. Le plein d’essence fait, la banlieue dépassée, nous attaquâmes une route aux multiples nids de poule qui nous empêchaient de dépasser les 30 kM/heure. Après deux semaines, mon dos me rappelle encore la dureté du parcours
A Udong, ancienne capitale, Kem , mon chauffeur, me demanda l’autorisation de faire une courte visite-pélérinage à un moine-ermite, vivant dans une chaumière-sanctuaire de 2 m. sur 2 . “Ca nous protègera pour le voyage !”. Comment refuser ?
Entre Krakor et Pursat (nous n’avions parcouru que 190 km), des militaires nous arrêtèrent pour nous demander de l’argent. Le “ racket” se produisit à 3 reprises après Pursat, au point que je donnai impérativement l’ordre à Kem de ne plus nous arrêter. Nous roulions depuis 2 heures après l’arrêt de Pursat lorsqu’ un pont en réfection, mais déserté par les ouvriers, nous obligea à descendre dans le lit sec de la rivière. Nous étions isolés en un endroit malaisé. Pas de camions à l’horizon, aucune autre voiture en vue, pas la moindre mobylette. A peine étions-nous remontés sur la rive nord que deux civils, peu amènes, torse nu et en short bleu, nous intimèrent l’ordre de nous arrêter, la mitraillette menaçante . Kem parlementa, et moi qui ne comprenais pas un seul mot ! Je lui avais signifié que je ne voulais plus donner d’argent. Un voeu pieux ! A situation nouvelle . . . Plus de 20 minutes nous restâmes immobilisés, moteur arrêté, sous un soleil torride. L’un des 2 hommes, étaient-ce des bandits, des Khmers rouges ? , fouilla dans mon sac, manipula mon appareil-photo et s’empara d’une boite de Doliprane.. . . . Il venait de me demander de sortir de la voiture quand. . . un autocar arriva sur la rive sud de la rivière. Je mis 4 billets de 500 riels dans la main de l’homme qui me semblait le chef et dis à Kem de partir avant que l’autocar ne nous dépasse. Ce qu’il fit prestement.
La nuit était presque complète quand les lumières de Battambang (120.000 hab.) éclairèrent l’horizon devant nous. Sisophon était encore à 90 km au nord. Par prudence je décidai de passer la nuit dans cette ville. Kem me trouva une sorte de chambre d’hôte, qui devait servir de maison de passe,à voir les posters lascivement suggestifs décorant les cloisons. La porte démunie de serrure incita Kem à placer pour lui un matelas à l’extérieur et en travers. Avant que je me retire, il me demanda $50 ( c’était le prix convenu de la course de Phnom Penh à Sisophon ) “ pour acheter nourriture et essence “ , dit-il . Ereinté je sombrai vite dans le sommeil, après avoir vidé une bouteille de bière tiède, le seul liquide absorbable en ce lieu, endormi par le ronron du ventilateur au plafond qui brassait un air aussi malodorant que moite. Il n’était que 20 h.
Le premier coq des environs me reveilla. Il était 5h et le soleil, par la fenêtre qui donnait à l’est, m’envoyait, en plein visage son rayon rasant. Impatient de découvrir l’environnement que l’obscurité m’avait caché en arrivant la veille, je sortis de ma chambre, si je puis oser l’euphémisme. Kem avait disparu, sa Toyota de même.
Sur le marché, déjà actif à 6h., je tentai de trouver une autre voiture. Sur 4 chauffeurs questionnés, aucun ne voulut m’emmenner à Sisophon, ma destination. Tous, par contre, proposèrent de me trouver un transport pour Siem Reap,la capitale archéologique, également distante de 90 km, mais pas dans la même direction. Sans alternative et à bout de patience, j’acceptai l’offre du dernier, sachant qu’à Siem Reap existaient plusieurs vols quotidiens en De Havilland vers Phnom Penh.
Je conclus donc le marché avec un chauffeur. $15 , à payer à l’arrivée ! Voilà qui m’arrangeait ! Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’il fit venir son frère, dit-il, et . . . sa moto, une Honda 100. C’était à prendre ou à laisser . Et c’est ainsi que nous partimes , à trois, car sur le réservoir le frère, Sam, avait pris sa fillette de 6 ans, non sans avoir fait le plein, de cette essence vendue dans des bouteilles d’un litre, que j’avais prises, depuis mon arrivée au Cambodge, pour des bouteilles d’orangeade, offertes qu’elles étaient tout le long des routes sur des étals branlants entre les noix de coco, le charbon de bois et les cartouches de cigarettes Alain Delon.
A Angkor, pour ma protection, on me conseilla d’effectuer le grand circuit avec guide anglophone. Répondant au nom de Tao Penh ( = “ panier plein” ) il se présenta à moi en tenue léopard et armé d’un pistolet mitrailleur. “ Pas de problème avec lui “ , m’assura le responsable local “ Il sait détecter les mines ! “ Il ne m’en coûta qu’un dollar par jour. Et de mine nous n’en vîmes point . Mais elles existent ces mines. Toutes italiennes qui,comme dans l’ex-Yougoslavie, mutilent à vie des dizaines de Cambodgiens chaque semaine, surtout les enfants . Il suffit de voir tous ces jeunes estropiés, manchots ou unijambistes. Et les hôpitaux en sont pleins ! Comment se fait-il que les redresseurs de torts de Rainbow Warrior ou les autres, si diserts sur Mururoa , ne se manifestent pas pour dénoncer ces exportateurs florissants de mines italiennes, qui frappent aveuglèment les innocents du monde entier ?
Le 26 février, deux couples de retraités français ont eu la folle idée de confier leur destin à un bateau vieillot, piloté par deux enfants de 7 et 12 ans, pour une promenade sur le Mékong. L’embarcation a sombré et ils ont été rappatriés en France, par les soins de l’Ambassade, le 3 mars,. . . dans 4 cercueils.
Mais autrement, pour les visiteurs prudents le Cambodge reste une destination merveilleuse. Chacun y trouve son compte : amateurs de trésors archéologiques, amoureux de panoramas édeniques , découvreurs d’hommes, qui ont recommencé de sourire dans cette vallée de larmes.
Qui va succéder à Norodom Sihanouk ( 74 ans) dont les Chinois n’ont pu guérir ni le cancer de la prostate, ni la tumeur au cerveau : son fils, le 1er Premier Ministre Norodom Ranariddh, ou le 2ème Premier Ministre, Hun Sen, chef de file du PPC ( Parti du Peuple Cambodgien), un royaliste face à un communiste.
La disparition du gouvernement marxiste a laissé la place à la liberté d’expression et de circulation, mais aussi à la corruption généralisée. Comment se fier à des parlementaires qui viennent de se voter un traitement mensuel de 9.000 frs dans un pays où le Cambodgien moyen gagne à peine 90 frs par mois.
Horrible politique qui fait que la Thaïlande aide les rebelles khmers rouges, tapis à ses frontières.
Les Cambodgiens de la diaspora reviennent peu à peu au pays depuis1994, mais sans l’aide internationale, ils ne suffiront pas pour restaurer l’économie. Tout est à faire. Ingénieurs, professeurs, médecins, si la conjoncture, chez vous, vous rend moroses, voici une solution enthousiasmante.
B e r n i e
Phnom Penh Mars ‘96

Binôme nippon

Quelle chance, cette année, de débarquer au Japon au milieu du printemps et des cerisiers en fleurs ! Un peu de douceur en barbarie .
Quelle surprise dans ce pays où les êtres, de l’enfance à la retraite, s’abrutissent au travail de rencontrer des groupes d’employés, des hommes uniquement, réunis sous les frondaisons pour, tout en buvant à l’excès, chanter des ballades au retour du printemps! Un spectacle qui m’aurait presque réconcilié avec le pays du Soleil levant, n’étaient les vociférations tonitruantes de quelques participants plus ivres de sake que de liesse saisonnière.
Arrivé aux aurores de Corée par la mer , après une courte traversée de Pusan à Fukuoka dans le Kyushu, toute mon attention était requise par la conduite à gauche et la fourmilière de véhicules, mais alors qu’en Angleterre, voire en Inde, les conducteurs vous traitent avec aménité, les automobilistes japonais sanctionnent d’un bruyant coup d’avertisseur la moindre de vos hésitations. C’est qu’il me faut pourtant un temps de réflexion pour déchiffrer les panneaux routiers en sinogrammes kanji.
Quoi qu’il en soit, au lieu de me diriger vers le Honshu dans le nord, je me suis retrouvé, par inadvertance sur la route de Kogoshima dans le sud.
Au petit port de Minamata à la latitude de Marrakech , je fis halte pour déjeuner avant de reprendre la bonne direction. C’est là qu’il y a trente ans, des autochtones, nous prenant mon épouse et moi-même pour des Américains, bombardiers virtuels de Nagasaki toute proche, avaient craché sur nous , mettant au compte de la bombe atomique les cas, nombreux dans la région, d’encéphalopathie irréversible, alors qu’il avait été prouvé, dès 1956 ,que des mutations génétiques étaient causées, chez les pêcheurs et consommateurs de poissons, par une pollution due au methylmercure. Tout comme il n’a pas fallu moins d’un demi-siècle pour que le Japon reconnaisse ses forfaitures lors de la dernière guerre et notamment le drame de ces “comfort women” coréennes, philippines et chinoises, dont les rares survivantes commencent seulement cette année d’être “indemnisées”, c’est seulement l’an passé que les autorités nippones ont reconnu la responsabilité de l’Etat, alors que l’usine polluante incriminable déverse ses déchets depuis 1916.
Que la France est belle, serait-ce aux abords de la Hague !
Il est un domaine où passer de Chine ou de Corée au Japon, c’est aller de Charybde en Scylla. Celui de la multitude . Foule sur les trottoirs, foule sur les routes, foule dans les transports publics, foule sur les lieux de pélerinage ( plus de 10.000 sanctuaires au Japon), foule sur les sites touristiques.
Foule homogène et compacte d’êtres de 1,64 m. de taille moyenne, ralliés en grappes ondoyantes, mais disciplinées devant l’école, la gare, le temple ou l’usine. Malgré ma taille ( 1,77 m.) et ma masse pondérale ( 0,100 tonne), la crainte m’étreint parfois d’être englouti et phagocyté ( c’est arrivé à Paris,il n’y a pas si longtemps, avec cet étudiant japonais qui avait trouvé sa petite amie française belle à croquer ; même si vous n’êtes pas rancunier, on ne peut oublier ) par ces myriades de “nains jaunes” comme disent les Chinois.
Discipline. Je pense que c’’est le trait le plus rapidement discerné par le regard d’un Occidental débarquant au Pays du Soleil levant, surtout quand il vient de Chine où une rigueur romantique bon enfant entérine des débordements plus en phase avec notre latinité. Discipline indispensable d’ailleurs. Imaginez ! Si l’on tient compte de la superficie habitable du Japon, c’est comme si les 125 millions d’habitants étaient regroupés en Normandie et Bretagne. Pas aisé , n’est ce pas, d’incorporer ce schéma dans l’imaginaire français !


On sent dans tout le pays, surtout en ville, mais maintenant on ne situe plus les limites urbaines, celles-ci se juxtaposant, même si des rizières viennent placer des coins de verdure au milieu des maisons, une angoisse morbide due à la surpopulation.
D’où , j’imagine, le parangon d’organisation et d’efficacité qu’est devenu le Japon. Le contrôle des naissances s’impose comme doctrine d’Etat et cependant la pillule reste interdite à la vente . Une des facettes de cette dualité contradictoire nippone qui ne laisse de me surpendre à chaque visite est le déchirement du Japonais, victime écorchée vive et résignée, entre un passé traditionnel inhibiteur et un engouement frénétiquement irrepressible pour tout ce qui fait moderne.

Les anciens résistent encore. Les femmes, écrasées par la coutume se taisent, les hommes trompant leur résignation dans l’alcool, tous s’étourdissant dans le travail.
Cette semaine, c’était au Japon la “ Golden Week”, une semaine qui autour du 1er mai s’avère la grande semaine de congé. Les Japonais ont comme les Américains deux semaines de congé par an. Tous les salariés de mes amis, fussent-ils cadres supérieurs, m’ont avoué devoir travailler, “ pour rattraper le retard “ , chaque jour de cette “semaine d’or “, y compris le 1er mai, pourtant férié, et de 8h du matin à 21h. L’épouse de l’un d’entre eux ne savait comment me remercier d’être là.

Il n’y a pas si longtemps les rapports garçons-filles étaient fort réservés et étroitement surveillés par les familles, selon les prudes usages asiatiques et les préceptes du shintoïsme. Surpris je le fus cette année ,quelque peu éveillé par les confidences de vieux amis, inquiets pour leur progéniture, de découvrir une floraison de “salles d’étude”, qui ne sont autrechose que des hôtels de passage où les jeunes, à l’écart des parents et de la ville, viennent par couples passer un moment. A la porte les tarifs ne rompent pas, ils sont horaires. Quant aux salles d’accueil, elles offrent le nec plus ultra en matière de confort, du tatami ou futon, et d’initiation érotique sur cassettes vidéo.
Autre nouveauté qui inquiète les parents qui se respectent: les clubs téléphoniques.C’est une sorte de téléphone rose, mais à la différence de ce qui se fait en Europe et en Amérique, les appels ici sont gratuits. La pub se fait par tracts, déposés dans les boites, depuis que, pour ne citer que la Préfecture de Mie, au nord de Nagoya, une loi interdit l’ouverture d’un “studio téléphonique” à moins de 500 mètres des lycées. Un collègue, professeur à l’Académie navale de Toba où je devais faire une série de conférences, m’apprit que 4 utilisateurs sur 5 étaient des utilisatrices, toutes adolescentes qui se livrent sporadiquement à la prostitution.
L’extraordinaire spectacle de la merveilleuse Kyoto sous les cerisiers en fleurs m’a remis du baume au coeur. Point de bonheur réel qui ne soit précédé d’une grande peine. Point de printemps joyeux sans hiver rigoureux.
Serait-ce dans la fugacité des fleurs que fleurit notre amour de ces grappes blanches et roses ? Serait-ce dans l’imprécision des saisons que notre orgueil, pétri de rigueur robotique, prend sa leçon ?
Que la France est belle ! De ce pays où le soleil se lève à l’ Ouest, on trouve tout nippon.......ni mauvais au fond .

B e r n i e
Osaka le 4 mai 1996

ASIE CENTRALE OUZBÉKISTAN Index lexical (Bernie )
AÏDAR-KOUL: lac apparu il y a une 20aine d’années par récupération des eaux de drainage de la “steppe de la Faim” et des eaux de crue du Syr-Darya. En constante extension, il couvre en 2001 près de 2.500 Km2. Cette nouvelle répartition aquat.=assèch.Aral
AKsakal:(=barbe BLANCHE) marque de respect à l’égard d’un notable,d’un ancien.
Amou-DARYA: (FLEUVE = ex Oxus des Grecs) Le + puissant d’A.C. 2540Km. Naît ds le Pamir (où il s’appelle le Piandji )et se jetait ds la mer d’Aral. Plus maintenant car ponctionné ( au profit du Turkménistan) par canal d’irrig. du Karakoum
AOUL : déformation russe (‡ÈÛÎ) du turc kiptchak = village
ARIK : ruisseau, petit canal
ASIE CENTRALE : 4 pays de l’Asie moyenne (Ouzbékistan, Kyrghysie, Tadjikistan,Turkménistan) + Kazakhstan + Xinjiang chinois = 5.640.000 Km2 70 M h.
BACTRIANE : province antique au N. de Afghanistan ( cf. chameaux )
BARSAKELMES : île désolée de la mer d’Aral
BUZKATCHI : polo rustique où l’on se dispute une carcasse de bélier (autrefois vivant), mot dari , se dit “oulak “ en langues turques
BUKHARA : vapitrale de l’un des 3 Etats ouzbeks qui se disputaient la Transoxiane. L’émirat de Bukhara contrôlait les oasis centrales de Bukhara et Samarcande. Conquise en 1868 par les Russes. A du mal à vivre en raison de l’assèchement venu de l’ Aral .
CHACHLIKS :brochettes traditionnelles
CHAMANISME : (devin,sorcier,guérisseur) = voie d’accès au surnaturel
DALNOBOÏCHIKI : routiers + ou - candestins ds les steppes
DEKHAN : paysan
FERGHANA :vaste bassin à population très dense. Egalement une ville uzbek
HAUZ : grands bassins servant à l’appro. en eau des villes. ( cf. Bukhara)
HORDE : (= jouz ) division du pays surtout chez les Kazakhes
KALPAK : chapeau tradit. ( surtout kyrghyze)
KALYM : dot versée par la famille du futur époux à la famille de la future
KARAKALPAKISTAN : républ. auto d’Ouzbékistan ( kara = noir ; kalpak= chapeau)
500.000 hab. turciques, au sud de la mer d’Aral.
KARAKOUM : = sables noirs Le + grand désert d’Asie Centr. ( surtout Turkménist)
KAZAKHSTAN : monde de la steppe, Etat le + étendu d’A.C. 2.718.000 Km2 Peu peuplé: 15 M .
KAZANE : marmite traditionnelle
KHIVA : capitale du Khorezm après Konya-Ourguentch. Un des 3 Etats ouzbeks à s’être disputé la suprématie de la Transoxiance. Conquise par les Russes en 1873
KHODJENT : une des “ Alexandria “ du grand Alexandre. Baptisée Léninabad par les Soviétiques. Actuellement au Tadjikistan, mais peuplée d’Ouzbeks .
KHOREZM : Etait en 1219 ( juste avant l’invasion de Genghis Khan) à la tête d’un immense empire. Détruite par les Mongols, et 4 fois par Tamerlan. Sécheresse
KICHLAK : village
KIPTCHAK : rameau nord-ouest des langues turques ( cf. kyrghyze, kazakh)
KOKAND : ancienne capitale du Ferghana
KONYA-OURGUENTCH : capitale de l’empire du Khorezm, une des + grandes villes du monde avant sa destruction en 1220 par Genghis Khan. Dévastée en 1379 par Tamerlan. Ne restent que qq. monuments miraculeusement préservés.
KYRCHYZSTAN : 198.500 Km2 5 M hab. Haute montage et steppe d’altitude, Petit pays pauvre qui semble développer un semblant de démocratie depuis le départ des Sovietiques en 1990. Montagnard dont la langue et la culture s’apperentent aux Kazakhs, donc turcophone et d’islam modéré teinté de chamanisme.
KYZYLkoum : = sables ROUGES. 2ème grand désert d’A.C.
MAHALLA : quartier traditionnel des Ouzbeks ( et des Ouighours) Géré par un conseil d’anciens ( aksakal= barbe blanche )
MEDERSA = (en arabe)= MADRASA,(en persan)= medrese :école coranique à l’origine , puis centre d’enseignement et de recherche.
O D O B : code de bonne conduite , en ouzbec = “ éducation”.
OUIGHOURS : nom donné par les Soviétiques aux sédentaires des osais du Xinjiang ( 7 M. soit 41% de la province, mais moins de 1% de la population de la RPC) , parlant des dialectes turcs, proches de l’ ouzbek. Nombreux réfugiés au Ferghana qui militent , au grand dam de Pékin, pour l’indépendance du Ouighourstan.
OULAK : kazakh pour buskatchi
OUSTIOURT : 3ème désert d’ A.C. ( après le Karakoum et le Kysylkoum )
OUZBÉKISTAN : 25 M sur 447.500 Km2 d’où surpeuplement par rapport aux autres pays limitrophes, la majorité se tassant sur 15% du territoire. Population disciplinée , sunnite fervente.
OXUS : ancien nom de l’Amou-Darya
PARANDJA : voile couvrant la femme de la tête aux pieds. Elle voit à travers le tissu. Obligatoire en Afghanistan, il a été supprimé, un temps, par les Soviétiques.
P L O V : plat traditionnel àbase de riz et de mouton
ÎLE de la RESURRECTION : archipel au coeur de la mer d’ Aral où les Soviétiques ont installé un centre de recherches bastériologiques, de nos jours déserrté mais qui contamine les populations ( anthrax )
SAMARCANDE : Oasis centrale de la Transoxiane ( aussi tadjik qu’ouzbek). C’estv l’ancienne MARACANDA des Sogdiens et des Grecs. Capitale d’Alexandre le Grand et de Tamerlan qui l’épargna, alors que Genghis Khan l’avait détruite. Feu le Cdt Massoud rêvait d’en faire sa capitale. C’est la patrie du prés. Islam Karimov.
SARYKAMYCH : Lac partagé par l’ Ouzbékistan et le Turkménistan. Au 5ème rang après la Caspierre, l’Aral, le Balkhach et l’ Issyk-Koul. Récupère le drainage du Khorezm et augmente de superficie., mais l’eau est salée et usée.
SAXAOUL : arbre du désert ( peu atteindre 8 m. de haut, mais racines 20 mètres.
Feuilles microscopiques, bois très dur = excellent combustible. ( blanc ou noir )
SOGDIANE : nom de l’antique province de Samarkande. Langue indo-européenne.
SOTNIA : (en russe : “ centaine”) escadron cosaque. Cf. “ hussard “ hongrois
SYR-DARYA : Autrefois Iaxarte. Le plus long fleuve d’A.C.: 3020 Km. Prend sa source en Kyrghyzie ( rivière Naryn ) Il parvient encore à l’ Aral (Petite Mer) avec le même débit que la Seine, mais ses eaux sont usées.
TACHKENT : créée capitale par les Russes et comme c’était la 4ème ville d’URSS, on l’a doté d’un métro. ( 2 1/2 M d’hab.) Bien planifiée mais froide comme toutes les capitales artificielles ( Cf Washington DC, Ankara, Brasilia, Canberra). Ambiance agréable par ses places et espaces verts qui depuis 10 ans souffre du départ des minorités : Russes Juifs, Tatars,etc.
TADJIKISTAN : monde de la montagne desséchèe et torride ( haut sommet du Pamir ) 143.000 Km2 et 5 M d’hab. Agité par la guerre civile. Il y a 1 M en Ouzbékistan, 4 M. en Afghanistan. Leur langue persanophone est de la même famille indo-européenne que le français . Sunnites.
TCHAGATAÏ : prénom d’un des fils de Genghis Khan, et rameau linguistique turc regroupant l’ ouzbek et l’ouigour.
TCHEUL : c’est ainsi que les Ouzbeks appellent certains de leurs déserts où la végétation est intermédiaire entre la steppe et le désert.
TCHINK : courant en Touranie il désigne surtout l’escarpement ( 50m à 200 m.) dominant à l’ouest le rivage de la mer d’Aral, une région idyllique un temps.
TIOUPÉ : couvre-chef traditionnel ouzbek
TRANSOXIANE : ancien nom de l’Ouzbékistan , entre l’ Oxus (Amou-Darya) et l’ Iaxarte ( Syr-Darya).
TURMÉNISTAN : 488.000 Km2 4 M d’hab. Désertique ( Karakoum) Riche en gaz
TYNDYK : cercle en bois au faîte de la yourte.
YOURTE : le mot désigne le lieu où le campement est installé, et par extension, la patrie. Ce sont les Russes qui, par erreur, ont usé de ce mot pour désigner la tente traditionnelle des nomades ( en russe : È˛Ú ) . Cette tente se nomme : “ boz euil “ chez les Kyrghyzes et “ ger “ chez les Mongols .
ZERAVCHAN : ce fleuve a permis l’existence des oasis de Samarkande et de Bukhara. Toute son eau ayant été utilisée pour l’irrigation,il n’atteint plus Amou-Darya

Le mardi 25 sept. nous quittons BOUKHARA vers NOURATA, puis via Vabkent, Guizdouvan pour arriver à YANGIKAZGAN et le lac AÎDARKOUL
Ce lac, par la superficie, le 7ème lac d’Asie central, est une “invention” étrange.
J’y ai rencontré, il y a 25 ans, des militaires soviétiques qui passaient davantage de leur temps à la pêche, au milieu d’un bric-à-brac (camions, moteurs,ateliers) invraisemblable peu à peu récouvert par la montée de l’eau.
C’était au mois d’avril et le vent du désert, en plein Kysylkoum ( =sables rouges), était d’un froid tranchant.
Il y avait encore les vestiges d’une route asphaltée qui servait à évacuer le sel .
L’eau du lac avait une belle couleur verte.
Il paraît que 20 ans plus tôt il n’y avait pas d’eau du tout dans ce bassin aride.
Lorsque les Soviétiques ont construit , en 1958 , le grand barrage de Tchardara, sur le SYR-DARYA.
Les hydrologues ont dû, comme dans de nombreux endroits tenus par les Soviétiques, faire des erreurs monumentales au détrimnet de l’homme.
Au cours des deux crues annuelles du Syr-Darya, les écluses n’ont pu libérer toute l’eau nécessaire. Résultat : le trop-plein s’est déversé dans une première cuvette située par bonheur en contrebas du Tchardara . Ainsi est apparu le lac Arsanaï, très poissonneux. Si poissonneux que des datchas gouvernementales n’ont pas tardé à s’installer sur ses bords. Pas question , bien sûr, de les inonder !
Et c’est pourquoi, depuis trente ans, le trop-plein du Tchardar se déverse, via l’Arnasaï, dans l’immense cuvette naguère totalement sèche de l’ Aïdarkoul.
Le lac - une petite mer en vérité - a maintenat 200 Km de long sur 20 à 30 Km de large et peut atteindre 15 mètres de profondeur ( 16.000 m3 au moins soit 5% de la mer d’ARAL actuelle ) . L’eau est trés peu salée ce qui permet aux troupeaux de la boire. Les poissons sont descendus du Syr-Darya et s’y sont multipliés.
Un problème probable : les eaux de drainage de la steppe de la Faim apportent les résidus de défoliants et de pesticides. Pour nous, de passage une seule journée, point de danger, mais on peut penser aux maladies graves occasionnées chez les autochtones par l’accumulation progressive de ces substances.
Une chose est certaine, c’est que l’eau qui est déversée dans le lac Aïdarkoul , s’y trouve au détriment de la mer d’ARAL.
Les pêcheurs que nous pourrons peut-être y rencontrer sont probablement les anciens ouvriers du sel .
L’eau monte toujours et les proéminences qui subsistaient sous forme d’ îles disparaissent peu à peu .
Un avantage, évidemment, c’est que la présence de l’eau a changé la climatologie : il ne fait plus aussi froid l’hiver qu’auparavant.. Par contre j’imagine qu’il doit y avoir une recrudescence de moustiques.
Une autre raison de la montée des eaux : en haut du Syr-Darya les Kyrghyzes, souvent privés du gaz ouzbek qu’ils n’ont pas les moyens de payer, font tourner à fond , en hiver , leurs centrales hydroélectriques. L’eau arrive donc en abondance dans le Ferghana oukbek qui, en cette saison , n’en a pas besoin et ne peut la stocker.
Une fois parvenu au lac de Tchardara, le trop-plein est d’autant moins évacuable par le Syr-Darya que la retenue est envasée ainsi que ses sorties. De plus certaines de ses écluses fonctionnent mal et à la saison du gel tout est bloqué au nord. Résultat : l’eau coule dans l’ Aïdarkoul par centaines de mètres cubes par seconde.
Même si l’évaporation est importante ( un mètre par an ) et sur un immense espace, le niveau continue de monter. Est-ce une raison d’inquiétude ?
Une superbe brousse s’est créée sur les rives et les îles du lac, permettant le développement de la faune attirée par la verdure : oiseaux, poissons, rongeurs, sangliers, lynx, chacals, loups , etc., mais la montée des eaux les a chassés dans le désert.
En résumé : les hydrographes soviétiques ont créé une catastrophe écologique dans un but immédiat économique ( le coton). Risques : inondations, envasement des retenues, assèchement de l’oasis.
B e rn i e

Carrefour des routes de la soie , créé au 2ème s. avant JC,
à mi-chemin entre Xi’An de Cathay et Antioche de Syrie
le fabuleux royaume de la Transoxiane,
parcouru par les Hans, les Mongols, les Perses, les Grecs,
hanté par Alexandre, Avicenne, Genghis Khan, Tamerlan, Marco Polo, baigné
dans le chamanisme, le judaisme ,le bouddhisme,le christianisme et l’ islam.

OUZBEKISTAN

Le + avancé des 5 pays d’Asie centrale :Kazakh, Turkménis,Tadjiki et Kirghiz . . . STAN.
Musulman, mais non intégriste ( décalage horaire : 3 h.) à 7 h. d’avion de Paris
450.000Km2 ( =Suède)1.400 Km d’E.enO. 24 M hab.( 60% de - de 16 ans,7% de+ de 60)
langues: ouzbek, tadjik , russe
P I B par hab. $ 2.400 ( France $ 22.000 ) Inflation: 45%, chômage : 0,3 %
Chef d’Etat: Islam KARIMOV (depuis le 1er sept. 91-Indépendance) né le 30-1-38
Chef de gouvern. : Outkour SOULTANOV

Monnaie: $1 = 1000 soum , 1 Fr.= 120 soum Evitez les francs. Se munir de préférence de dollars en petites coupures ,en excellent état . Carte VISA acceptée seulement dans les grands établissements. Mais attention aux impressions doubles, possibles hors des grands hôtels, notamment chez les marchands des médersas.

Cuisine : à base de mouton ( souvent bouilli) sous 4 formes :
- p l o v = ragoût avec navets ( + carottes qui, là-bas sont jaunes)
- shashliks = brochettes
- mantis = raviolis dans bouillon à l’ail
- samsats = beignets
avec beaucoup de légumes , de fruits et de yaourt.
Boissons : thé vert, jus de fruits, bière, ayran (yaourt fluide), kumi (lait fermenté de jument)
NB Il n’est pas décent de se moucher en oublic, encore moins à table. Le comble serait de le faire avec bruit, comme c’est courant en France.

Automne (sept-oct) 24° - 35° ( sec , donc très supportable) forêts flamboyantes à l’est.
fruits : grenade, pastèque , raisin, melon, etc.
en hiver : jusqu’à - 50° , en été : jusqu’à + 60° , amplitude poss. 20° nuit / jour
Les conseils avertis de B e r n i e :
Vêtement : pantalon ( jeans). A court de T-shirts ? Il y en a sur tous les marchés ouzbeks .
foulard sur la tête des dames et bras/ jambes couverts pr les mosquées), chaussures sans lacets, cotonnades ou fibres naturelles, couvre-chef pour le soleil), lunettes de soleil . Pull pour les soirées.
Notez que dans les hôtels le nettoyage, lavage, pressing est possible partout et en 2 ou 3 heures et à très peu de frais. D’où inutilité de se charger de multiples changes . L’déal est bien sûr ne n’emporter qu’une valise à roulettes de cabine ( ce que je fais même pour un tour du monde) Ceci vous évitera de perdre vos bagages, de vous les faire voler, de vous les faire ouvrir, et surtout de gagner des heures à l’arrivée.Et sur place d’acheter une valise ( ou un sac chinois indestructible) pour toutes les emplettes que vous ferez car, comme partout dans ce coin du monde, les objets artisanaux sont multiples, beaux et très bon marché. Attention : marchander s’impose. Si vous ne pratiquez pas ce sport, vous risquez d’être méprisé par le vendeur en son for intérieur. La stratégie : proposez toujours au maximum la moitié du prix demandé, puis, selon al valeur et l’intérêt, concluez au mieux. Très important : il est inadmissible de marchander et , parvenant à un prix d’accord, de ne pas acheter.

Petits cadeaux: (pour les rencontres, et . . . les policiers douaniers. Car comme dans toutes les dictatures, la corruption esr rampante du haut en bas de l’échelle). tous les cosmétiques français , notamment les échantillons , sont en vogue.Et n’hésitez pas à demander à votre pharmacien tous les retours , invendus et stocks en voie de peremption : Antibiotiques,
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aspirine et efferalgan,....Attn: il est préférable de distribuer, répartir les médicaments ds les collectivités rencontrées,dispebsaires , etc. que de donner le tout par exemple au ou à la guide qui vont en faire un commerce fructueux, pour eux seuls. Les enfants attendent croyons à bille, crayons, voire petits cahiers, et bonbons. (ces derniers vs pouvez d’ailleurs les acheter ds les boutiques locales et sur les marchés)

Emportez : films , piles, médicaments ,anti-moustique, un couteau pour peler les fruits.
, une lampe de poche our les nuits en yourte. Peut-être un rouleau de papier toilette pour les arrêts “ propisse “ dans les déserts et steppes. Mais rassurez-vous: le degré d’hygrométrie en Asie centrale évite la transpiration, donc la soif, et le besoin d’uriner.

Pourboires : En principe et si vous êtes satisfaits de la prestation : comptez par personne: $1 par jour que les 2 chauffeurs se répartiront, $1 par jour pour la guide. A ne remettre qu’au dernier adieu, c’est à dire lorsque tous les bagages sont livrés à l’aéroport le jour du départ.
Dans les hôtels: 200 soms au porteur de votre valise. 200 soms à qui vous proposera de cirer vos chaussures après votre séjour dans le désert. Ne jamais donner d’argent aux enfants. Il n’y a pas vraiment de mendiants, moins qu’en France. Comme partout ailleurs ds le monde, il est possible qu’en deux semaines , vous recontriez une ou deux femmes, tenant bébé dans les bras, et demandant l’aumone. Au lieu de l’argent, donnez lui plutôt qqch de comestible ou une bouteille de lait, ou de la galette, toujours disponibles dans les endroits où l’occasion se présentera.

Bibliographie :
Asie centrale Editions Olizane 1998 ( 190 F.)
Asie centrale Ed. Autrement 1997 ( 98 F.)
Asie centrale Ed. Marcus 1998 ( 45 F.)
Samarkande-Boukhara d’ Hélène Laroche chez Arthaud
Sublimes paroles de Nasr Eddin Hodja de J.L.Maunoury chez Phébus
Samarkande d’Amin Malouf ( Poche)
Voyage d’un faux derviche d’Armin Vambery chez Phébus

Je ne sais si les dénominations ont changé, mais lors de mon dernier passage dans la région, nos guides vantaient le pic de la Révolution, le Pic Karl Marx , le Pic Lénine et , le plus haut de tous, le Pic Communiste culminant à 7.500 m. et qui , nonobstant, ne permettait pas à Gagarine de voir Dieu .

En 1970 la mer d’ ARAL était à 50 mètres au dessous du niveau de la mer. J’apprends qu’elle a encore baissé !!! Serait-ce que l’ AMOU DARIA ( alias “ Oxys “ pour les Grecs ou “ Djehun “ pour les Arabes) ne remplit plus son office. Quoi qu’il en soit elle aurait perdu 20 mètres, au point qu’en ce début de XXI°s. elle se serait divisée en 2 étangs d’une eau dont la salinité a quintuplé . Du 4ème rang en superficie qu’elle détenait parmi les plus grands lacs de la planète, elle arriverait au 76ème rang, témoin d’une catastrophe écologique dont souffre toute la région, qui , comme ailleurs malheureusement, peut être mise au débit de l’ U.R.S.S. qui a voulu produire du coton intensivement. Comme après Attila, l’herbe a du mal à pousser sur le sol des anciennes colonies soviétiques.
Deux mots d’histoire :
Vous avez dans votre jeunesse entendu souvent parler des HUNS . . . et des (h)autres. Les tribus d’Asie centrale savent ce que c’est. Les Chinois eux-mêmes en ont subi les exactions et les mauvaises langues disent que c’est pour s’en protéger que Qin Shihuang-di (259-210 BC) avait construit la Grande Muraille. Ils les appelaient “ Xiong-nu “ (= les putrides). Les Grecs les nommaient “ Xounoi” et les Romains “ HUNNI “, origine de Huns. C’était un peuple de cavaliers turco-mongols nomades qui, bien avant JC, semaient la terreur dans toute l’Asie centrale, à la recherche constante d’herbe plus verte.
Avant eux l’ OUZBEKISTAN fut peuplé de Sakes, colonisé par les grecs d’ ISKANDER (= Alexandre le Grand), après eux de Turks, de Mongols que Gengis KHAN (=roi des nomades) dont l’empire s’étendra de la Mer Noire au Pacifique, unifia, de Parthes pendant six siècles et d’Arabes musulmans en 712 de notre ère. Les Seljoukides prirent la relève au X°s. Et c’est TAMERLAN et sa dynastie ( 1336 - 1480 ) qui fit de Samarkande, sa patrie, la ville la plus belle du monde de l’époque . Suivirent au XVII°s. les envahisseurs russes, puis les Soviétiques en 1920 jusqu’à l’indépendance en 1991.
(suite p.3 à 6) B e r n i e 5 septembre 2001


TASHKENT (= “ville de pierre “)

Nombril aérien de tout le continent eurasiatique 2,5 M hab.
Reconstruite après le tremblement dev terre du 25 avril 1966
En plus des Ouzbeks : Tadjiks, Tatars, Caucasiens, Coréens

Histoire:
150 av.JC Campement de Ming-Ukuk (=” 1000 abricotiers”)
Ce carrefour caravanier a eu divers noms : Chach, Shash , Shashkent, Binkent
751 prise par les Arabes ( musulmans)
1050 prend le nom de “ Ville de pierre “ ( = Tashkent )
1210 Les Khorezshahs et Genghis Khan la détruisent. Elle est rebâtie par les mongols et Timur ( = tamerlan = timur le boiteux , blessé à la jambre droite et au bras droit lorsqu’il avait 25 ans )
1404 léguée par Tamerlan à son petit fils Olugh Bek
1490 prospère sous les Shaybanides ( mausolée d’Abu Bakr Raffal Shoshi )
1809 annexée par le Khan de Korand
1865 capturée par le Général russe Mikhail Gregorievitch Chernyayev
(était à l’époque entourée d’une muraille de 25 Km + 11 portes = disparues)
Faite capitale de la nouvelle satrapie ( territoire) du Tsar russe
avec pour Gouverneur Konstantin Kaufman, colonisée par les
marchands russes.
NB Centre d’espionnage en Asie pour les Tsars et ensuite pour les
Soviétiques contre l’autre empire: la G.B. en Inde ( the Great Game )
1889 Arrivée de la ligne ferroviaire trans-caspienne
1917 Site de la révolution sanglante entre cheminots révolution. et résistants Russes blancs
1918 Capitale de la R.S.S. de Turkestan

1920/1930 La capitale est déplacée à Samarkande

1940-1960 Reçoit en délocalisation les usines de Russie occidental
25 avril 1966 tremblement de terre
Mai 1969 incident du stade Pakhtakor entre Uzbeks et Russes
Fév 1998 Bombes ( terroristes talibans : talib= pashto pour “séminariste” ou
“chercheur de la science, de la vérité” , au pluriel : taliban )

La ville moderne aérée ( centre: Place, en uzbek : maydoni, Amir Timur ) est à l’est de la ville ancienne( en uzbek: eski shakhar, en russe: starri gorod) qui commence au bazar Chorsu ). Aéroport à 6km au sud. Hôtel Intercontinental à 3 km au nord, près de l’avenue Bishek(capit. du Kyrgystan) et de la tour de TV ( 375 m. de haut )

Visite de
madrassa KUKELDASH ( XVI°s.) Le bazar Chorsu bat son plein le samedi matin
madrassa BARAK KHAN: centre du gouvernement islamique
mausolée ABU BAKR KAFFAL SHOSHI, savant islamique de la dyn. Shaybanid

B e r n i e

Echos d’Asie centrale ( 1 )


C’est la première fois que j’abordai l’Ouzbékistan en avion ( le pays a une compagnie nationale “ Uzbek Airways “ qui, avec des Airbus 310 , relie Tashkent à l’Occident ( Amsterdam, Franfort, Paris, Londres et New York ). C’est en train autrement que je m’y étais rendu il y a 20 ans au “ bon “ temps où le Kremlin régnait en maître sur cette partie du monde. Bon temps car la sécurité était totale à l’époque, alors que maintenant faire la route de la soie par fer présente des risques notoires dans ces régions où les pirates abondent. On peut comprendre que certains aient la nostalgie de la dictature. Pas moi, nonobstant !

Quels changements sont intervenus depuis août 1991 où fut déclarée l’indépendance ?
- la statue d’Amir TIMUR ( Tamerlan), le héros national depuis des siècles, a remplacé celles de Marx et de Lénine.
- Islam Karimov, le président élu, l’inoxydable patron de tous les régimes, a gardé sa poigne de fer. Prétexte invoqué: protéger le pays de l’islamisme intégriste.
- Le P.C. d’Ouzbékistan a changé son nom en “ Parti démocratique populaire “. Le pléonasme ne laisse d’aggraver le malaise. D’autant plus que KARIMOV a gardé les attributs du PC soviétique : l’appareil de contrôle et l’idéologie .

Aux élections de décembre 1991 et à celles de 2000 gagnées par Karimov avec plus de 90% des voix, les partis d’opposition, nés de l’indépendance, qu’ils soient politique ( Birlik = unité ) ou religieux ( Renaissance islamique) furent interdits. L’ironie de l’histoire c’est que les leaders de l’opposition, pour éviter la prison ou l’élimination physique, se sont réfugiés, devinez où ?, . . . en turquie, en Afghanistan ou en Russie. La nuance sous Staline c’était : un homme en acier et tous les autres en tôle . Maintenant au moins , on peut sortir du pays librement.

Aujourd’hui la ressource nationale n°1 est le tourisme. Et le marché noir du “ soum “ ( monnaie nationale depuis 1992) rend le séjour très bon marché au visiteur étranger, quand toutefois il peut éviter le racket officiel , friand du billet vert . Ex : vous prenez un excellent repas dans une auberge traditionnelle, il vous en coûte 3 F alors que le même repas dans un restaurant contigu , recommandé par le sytème, c’est à dire pour touristes, est facturé 75 F.
Le pays n’a pas de pétrole, mais il a des idées et il possède une des mines d’or les plus riches du monde. On comprend les doux yeux de Moscou pour tenter de s’incruster dans son ancienne colonie.

Le mot “ OUZBEK “ n’est connu que depuis le XIV°s. , à l’époque où le paganisme et le christianisme ont laissé place à l’islam sous le khan mongol “OUZBEG “ . Et ce n’est qu’en octobre 1924 que les OUZBEKS , par la grâce de Staline qui venait de succéder à Lénine, eurent un pays à eux, l’OUZBEKISTAN ( le suffixe “ -stan ”, dans la langue régionale , signifie “ pays “ ), une identité et une langue officielle .

On sent nettement la volonté de s’affranchir de l’ancienne tutelle moscovite.Lors de mon précédent passage, c’est en russe que nous nous exprimions dans ce pays. Plus aujourd’hui. A noter qu’une partie de la population s’exprime en tadjik, d’origine persane donc indo-européenne comme le français, alors que l’Ouzbek est turc d’origine ouralo-altaïque comme le mongol ou le hongrois. Cette volonté d’affranchissement est évidente dans la langue pratiquée où le cyrillique cède rapidement le pas à l’écriture latine. A noter également que le Gouvernement a fermement marqué son opposition à l’adoption de l’arabe, préconisé par l’Iran et les intégristes musulmans.


Même si les autorités ont recours aux militaires de l’ex-armée rouge aux frontières, par manque d’effectifs autochtones, on m’a dit qu’à l’intérieur du pays les popov étaient cantonnés à part.
Un autre effet de cette allergie à tout ce qui rappelle l’occupant russe, qu’il soit des temps tsaristes ou de l’époque bolchevique, est la cour assidue que fait Tashkent aux USA.
Mais “ Nous n’avons plus besoin de “grand frère “, disent les Ouzbeks.

Parmi les trois perles ( Samarkande, Khiva et Boukhara), trois cités merveilleuses qui tiennent des contes des “ 1.001 Nuits”, la proche banlieue de Boukhare abrite le tombeau de Bakha ud-Din Naqshband, le fondateur vénéré, sorte de Gandhi musulman, de l’ordre soufi. Un ordre dont Islam KARIMOV se prévaut pour donner le change aux mollah. Le lieu, qui n’est pas une destination touristique habituelle , vaut la visite. On y apprend que la secte, non fanatique, préconise le travail manuel dans toute vie spirituelle, au point que le nom du saint homme (naqshband) est devenu commun de nos jours pour désigner un graveur de timbre en bois pour l’impression des tissus, du genre batik. J’y ai vu plusieurs femmes ramper trois fois sous le tronc mort d’un mûrier, planté par Naqsband lui-même au XIV°s., pour se guérir de leur stérilité.

Contrairement à notre Premier Ministre qui tente d’effacer la référence religieuse de la civilisation européenne ( tout en gardant les fêtes chômées), le Président islamo-communiste d’Ouzbékistan a déclaré congès officiels toutes les fêtes religieuses.

Comme partout ailleurs dans l’immense empire soviétique, le mépris de l’homme face au dogme a occasionné des ravages irrémédiables dans le pays, une vraie catastrophe écologique. La culture intensive du coton a mené les autorités russes à intensifier l’irrigation, au point que les deux fleuves, Amou Darya (2550 Km, autrefois Oxus) et Syr Darya ( 3550 Km, autrefois Iaxartès) n’ont plus d’eau à déverser dans la Mer d’Aral. Quand je l’ai vue pour la première fois, riche d’esturgeons et de carpes géantes, elle était à 40 mètres au dessous du niveau de la mer. Cette année, il n’y a plus de mer, mais deux lacs putrides, situés à 60 mètres au dessous du niveau de la mer, et son eau dont la salinité a quadruplé n’abrite plus de poissons. De plus les vents violents aggravent la situation qui transportent le sel à des milliers de kilomètres et désertifient des terrains autrefois fertiles .
Une superficie de 450.000 Km2 , une population de 25 millions dont 62% de moins de 15 ans et sa production de coton ( “l’or blanc” de Staline) font de l’Ouzbékistan le pays majeur des Etats de la région.
Hormis dans la fertile vallée de Fergana, le climat est excessif : 60°C l’été et moins 50°C l’hiver ne sont pas rares.
Passage terrestre obligé entre l’Occident et la fabuleuse Cathay ( la “serica” des Romains, origine du mot “soie”) la SOGDIANE et ses chevaux rapides et la BACTRIANE et ses célèbres chameaux ( anciens noms de l’Oubékistan) furent conquises par DARIUS le Perse au VI°s. avant JC, avant de l’être par ALEXANDRE le Grand en 328 avant JC. Pendant huit siècles le pays s’enrichira des apports de l’hellénisme, du bouddhisme et du christianisme, avant d’être reconquis par les Türks au V°s. de notre ère, puis un temps par les Arabes au VIII°s. et de nouveau par les Türks au X°s. qui lui donnèrent le nom de Türkestan. Gengis Khan ( =”le chef des peuples vivant sous la tente “), le Mongol, le prêtre Jean, idole des Templiers, TAMERLAN ( = “ Timur le boiteux “) marquent de leur sceau indélébile le pays. Chacun détruisit pour reconstruire, que ce soit BOUKHARA ( pilier de l’Islam), KHIVA ( marché aux esclaves) ou SAMARKANDE ( la perle parmi les perles ) que Marco Polo, le Vénitien, nous décrivit le premier par le détail, en français, après y avoir séjourné plus de 3 ans de 1272 à 1274.
Il est un génie qui nous est venu de ces lieux en l’an 1000 c’est Abu Ali Ibn-Sina
( latinisé en Avicenne) dont tout honnête homme et a fortiori un médecin, se doit de lire les écrits. Il était philosophe,mathématicien, astronome, poète et le plus grand médecin de son temps. Bilingue il parle en persan et rédige en arabe , la langue circonstancielle de la culture.A 10 ans il récitait le CORAN par coeur. C’est un Persan à la science infuse et au coeur d’or. Il n’a pas 16 ans quand les plus grands professeurs de la planète viennent, en toutes disciplines, suivre son enseignement. Il a une recette : il ne dort que 2 à 3 heures par nuit et peut ainsi lire des milliers d’ouvrages avec une technique originale et efficace. Notre Faculté de médecine de Montpellier, la première de france en qualité, fera de son “ Canon de la Médecine “ et de “ La Guérison” la référence de son enseignement. Il a défini avec une vision fulgurante la vanité et l’immoralité de l’acharnement thérapeutique. Si Balzac était accro de café, AVICENNE ne travaillait pas sans une cruche de vin à portée. Sa vie riche l’a comblé en tout y compris en vicissitudes , notamment par les femmes pour lesquelles il avait un faible.
Il disparaît en juin 1037 à l’âge de 57 ans.
B e r n i e TASHKENT 28 - 9 - 01


SERCQ entre Guernesey et Carteret

Ce que vous savez : Un îlot de 6 km2 peuplé de 600 Sercquiais, régis par la législation du baillage de Guernesey. Une économie ayant pour base le tourisme, mais avec, depuis une vingtaine d’années, une forte activité bancaire, les Iles Anglo-normandes étant de bons paradis fiscaux. L’automobile n’a pas droit de cité, pas plus que l’impôt sur le revenu, le chômage ou la sécurité sociale.
Depuis que la reine d’Angleterre Elizabeth 1 octroya, en 1565, le territoire au Seigneur Hélier de Carteret, la féodalité, la dernière d’Europe, est restée en vigueur . ( Y régnèrent quatre Seigneurs de Carteret jusqu’en 1720 et six Seigneurs Lepelley jusqu’en 1852. J’y ai connu Dame Sybil Beaumont en 1973 et son petit-fils le Seigneur Jean-Michel cet été 2008).
Les Allemands profitèrent de leur occupation des Iles de 1940 à la fin de la guerre pour effectuer un débarquement ravitailleur à Granville le 8 mars 1945, à la grande honte des Alliés, qui empêchèrent l’événement de défrayer la chronique.

Ce que vous ne savez peut-être pas : En août 1990, le Français André Gardes, physicien nucléaire au chômage, tenta l’invasion de Sercq, armé d’un fusil semi-automatique . Alors qu’il changeait de chargeur, assis sur un banc, il fut arrêté par Philippe Perrée , fermier de sa profession, faisant fonction d’officier de police.
L’ avènement de la démocratie vient d’apporter la perturbation dans ce havre de paix. Des élections eurent lieu ce mercredi 17 décembre 2008 , amenant la zizanie entre deux clans :
-ceux qui tiennent au statu quo, qui pensent que le monde devrait les oublier et leur laisser prendre les décisions qu’ils souhaitent.
ceux, adeptes de deux milliardaires britanniques, les frères David et Fred Barclay, magnats de la presse (Daily Telegraph), et propriétaires de l’hôtel Ritz , qui souhaitent faire de l’île une terre d’avenir, après avoir acquis en 1993, à 40 mètres de la côte occidentale de Sercq, l’îlot de Brecqhou, grand de 70 ha, pour 2 millions d’ €uros.
Les conservateurs sont traités de « Taliban féodaux ». Les Barclay sont comparés aux envahisseurs américains de l’Irak.
Et les reproches d’un côté comme de l’autre ne manquent pas. C’est que les Barclay ont dessiné leur propre drapeau. Ils émettent des timbres depuis 2000 et veulent se séparer politiquement de Sercq.
Et il y a pire : alors que l’automobile n’a pas droit de cité à Sercq, les Barclay veulent installer un héli-pad, car, comme on ne peut se rendre à Sercq qu’en bateau, ils font la navette entre Londres et Brecqhou en hélicoptère.
Jusqu’à ce jour seul le Seigneur de l’île était autorisé à posséder une chienne non stérilisée et des pigeons.
Survivance de la coutume de Normandie, pratiquée à Jersey et Guernesey, existe la « clameur de haro », que chaque Sercquais a à sa disposition, après avoir publiquement récité le Notre Père, en français s’il vous plait, s’il s’estime lésé de quelque façon par une action qui le menace. Et voilà que les Sercquiais usent de ce droit devant les tentatives des frères Barclay. « Nous refusons de passer de la féodalité à la dictature ! » Telle est leur revendication ces jours-ci.

Il est à souhaiter que la paix revienne dans cette merveilleuse partie du monde, à quelques brasses de la Manche, où le Gulf Stream interdit toute gelée et préserve un jardin fleuri de toute beauté.
B e r n i e 30 déc.2008


Grève dans la chausse : les Viets prennent leur pied


Surprise ce matin en visitant une usine de chaussures dans la banlieue d’Hanoï :
les ouvriers étaient en grève ! Le fait est nouveau dans une dictature.Et tout le monde sait que les Asiatiques ne pensent qu’à travailler. N’ai-je pas rencontré un jour dans la ville japonaise de Takamatsu quatre employés de la voirie réparant allégrement la chaussée, un dimanche matin, et arborant un brassard portant l’inscription: “ Nous sommes en grève”.
Deux explications possibles : ou bien ces employés-chausseurs vietnamiens ont été, par atavisme, contaminés, il y a un demi-siècle, par les colons français, ou bien ils ont reçu l’ordre de leur gouvernement, seule autorité pouvant créer légalement un syndicat.
Plus amplement informé j’ai appris que la grève n’existait au Viet Nam que dans les usines délocalisées de France. Curieusement c’est parce que Bruxelles souhaitait instaurer des droits de douanes, le prix des chaussures vietnamiennes offertes sur le marché européen frisant le dumping.
Un contremaître rencontré le lendemain m’expliqua sans sourciller que ses employés s’étaient mis en grève pour manifester contre le bas niveau des salaires, les mauvaises conditions de travail et les onze heures de labeur quotidiennes. Des récriminations que la direction européenne a toujours ignorées, incitant même les responsables asiatiques à plus de rigueur envers leurs employés.
Et le litige n’est pas mince quand on sait que le volume des chaussures qui nous viennent d’Asie se monte à un milliard de paires par an.
Se pourrait-il que nos syndicats exigent le beurre et l’argent du beurre ?
Bernie Avril 1998

Échos du Viet-Nam
30 ANS APRÈS L’ARMISTICE : Les démineurs sont toujours au travail, surtout dans le nord du VietNam. À noter que comme c’est dans le nord que le taux de chômage est le plus élevé, la population la plus dense et les salaires les plus bas , cela semble arranger les autorités !
Il existe encore des régions où les Vietnamiens n’ont pas le droit de parler aux étrangers. Les policiers, en civil et à moto font respecterla loi.
Les minorités des Hauts Plateaux, ceux que les anciens d’ Indochine appelaient “ Montagnards”, sont particulièrement surveillés, brimés dans leur chair par les réquisitions de terres , et dans leur âme par la répression sournoise anti-chrétienne par exemple.
Il reste peu d’éléphants. Les chasseurs bombardiers américains en ont tué des milliers pour contrer les transports d’armes.
La forêt s’étiole encore, condamnée par les brûlis tribaux, par les plantations françaises d’hévéas et , coup de grâce, l’agent orange déversé par les B52, le napalm et les bombardements intensifs. Et voici que les autochtones s’y mettent en plantant du café, du thé, du cacao, du manioc et du poivre.
Près de Dalat j’ai vu un paysan, inconscient, et heureux d’avoir bradé , la veille, la moitié de son lopin : il a pu se payer une moto !
Et pourtant partout les affiches annoncent : “ Si le monde n’a plus de forêt, la population n’a plus de poumons “.
Il y a quinze ans j’avais noté une différence entre les cimetières militaires du sud et ceux du nord. Les nécropoles pour troupes de libération étaient bien entretenus, alors que celles des soldats sud-vietnamiens “ combattants fantoches”, étaient laissés à l’abandon ou aux ruminants. Cette année il semble que chaque soldat mort au combat, qu’il soit du nord ou du sud, est respecté par les autorités. Les temps changent . Bernie Tonkin 20 nov. 2006

Bonjour de l’ancienne Indochine française !

A chacun de mes passages sur cette terre pleine de charmes, je découvre, malgré sa nature politique, un pays en pleine évolution, mais je suis particulièrement frappé du dynamisme qui marque le progrès économique (8,5% par an) depuis le début du siècle . Déjà en septembre dernier alors que je séjournais à Sanya sur l’île chinoise de Hainan, j’avais, à ma grande surprise, rencontré des “ touristes “ vietnamiens, Une espèce dont j’ignorais l’existence. Bien sûr ils faisaient pour la plupart partie de la nomenklatura, dont une délégation venue à Pékin discuter de l’adhésion du Vietnam à la “ Hong Kong & Shanghai Banking Co” . On n’arrête pas le progrès.
Quand on pense qu’en 30 ans Hanoi est passée de la guerre au (pseudo)communisme, puis au capitalisme, au point d’être la seconde économie d’Asie après l’Empire du Milieu, dépassant en cela Thailand, Malaisie, Corée du Sud et même Inde.
Le week-end dernier, à la clôture du forum de l’APEC auquel assistaient Bush, Hu Jintao et Putin, le Vietnam a été admis au sein de l’OMC. Quel honneur !
Savez-vous que le Vietnam produit et consomme plus de ciment que la France ? Que ses exportations vers les USA ont dépassé celles de la Chine. En fait il vend aux USA dix fois plus qu’il n’ y achète. C’est, paraît-il, Taiwan qui investit le plus au Vietnam, suivi de Singapour, du Japon, de la Corée du Sud, de Hong-Kong, des Pays-Bas et des Etats-Unis.
Un délégué vietnamien de chez Lafarge m’a dit que si d’une part les Chinois délocalisent, eh oui , au Vietnam, lui était obligé d’augmenter de 30% à 50% chaque année les salaires de ses comptables et financiers s’il veut les garder. Alors qu’en France nous avons une pénurie de main d’oeuvre pour les métiers manuels, ici ce sont encore les cadres qui manquent, même si les “ Viet Kieu “ (de la diaspora ) reviennent allègrement au pays bardés de diplômes des plus célèbres universités d’Amérique et nantis d’un professionalisme fort prisé. Mon comensal au breakfast ce matin avait conquis un diplôme d’ingénieur à l’Université de Californie et avouait son bonheur de diriger la succursale d’ INTEL
J’ai noté dans la presse que , comme en Chine, le Parti ici n’hésite pas à frapper au sommet pour enrayer la corruption . J’ai demandé à un ami de Danang si l’élan actuel d’ouverture était réversible: “ Non, nos gouvernants ont compris qu’il n’était pas question de revenir en arrière, c’est à dire à la pauvreté et à la famine”, comme j’en fus témoin il y a seulement dix ans. Lorsque je lui ai parlé de nos 35 heures, il n’a pas dû comprendre, car après un silence, il m’a dit : “ Mais il n’y a que 24 heures dans une journée !”.
Je ne sais ce qui ralentit les travaux publiques : ports et routes sont encombrés. Et la demande accrue d’énergie provoque souvent des coupures de courant, par exemple à Saigon.
Mais j’ai l’impression que le Vietnam se débrouille mieux encore que la Chine. Il est vrai qu’il n’a que 84 millions d’habitants ( dont 3/4 de moins de 30 ans) contre 1.300 millions chez le voisin. Hanoi a eu l’astuce de limiter le nombre d’enfants par famille à deux , et non à un comme en Chine , qui souffre déjà des inconvénients.
On m’a dit que les pauvres au Vietnam ( moins d’un €uro par jour) sont passés de 50% à 10% de la population, en 15 ans !
Si le Vietnam reste avec Cuba et la Corée du Nord l’un des rares états communistes de la planète, pragmatique , il a fait le choix de l’ouverture vers l’étranger et le capitalisme. Dommage que la France n’investisse pas plus ici. Je fus peiné de voir plusieurs professeurs de français, venus d’ Alger , alors que nous avons des chômeurs chez nous qui pourraient enseigner notre langue. Curieux , n’est-ce pas pour l’Asie, de voir la faveur dont bénéficient les baguettes de pain à la française et les terrasses où se consomme le petit noir.
Bernie 22 nov. 2006

Les prix baissent en Turquie

En novembre dernier à Istanbul je payais un café 796.000 Livres et voilà qu’hier, dans le même bistrot, je l’ai payé la moitié d’un Euro.
C’est que pour exciper de sa bonne foi et montrer ses efforts à l’Union européenne pour son intégration, Ankara vient de supprimer six zéros à sa monnaie.
Chez nous nous avions divisé l’ancien franc par cent, les Turcs ont divisé leur monnaie par un million.
Il est vrai qu’en 2004 , sur les bords du Bosphore, un Smicard était cinq fois milliardaire, même s’il devait payer vingt millions sa place au cinéma ou cent millions son épicerie pour la semaine.
L’inflation est, parait-il, passée de 150% à 13% et le gouvernement a pour objectif 8% à l’horizon 2007.
Les escrocs en profitent pour, à l’aéroport, proposer au touriste béjaune un change pseudo-aventageux. En effet pendant un an les anciens et les nouveaux billets auront cours, d’autant que Mustapha Kémal, alias Ata Turk, orne les deux billets.
Quoi qu’il en soit le Turc de la rue semble satisfait de pouvoir maintenant se payer un kilo de fruits pour une livre. Bernie août 2005


EN RUSSIE SANS VISA................DE LENINGRAD À SANKT PETERSBURG

Après quinze ans d’interdiction de séjour en U.R.S.S. , solliciter un visa pour entrer dans la Russie nouvelle,et payer 250 frs, me paraîssait relever de la banalité la plus incongrue. Une gageure s’imposait !
Nous étions à NARVA en Estonie à quelques kilomètres de la frontière russe lorsqu’un commensal m’apprit qu’il était possible d’entrer en Russie sans visa, mais par St Petersbourg et à condition d’accèder par bateau et d’acheter, à bord, au moins une excursion organisée par une agence de tourisme russe.

C’est ainsi que le 14 juillet dernier nous nous sommes retrouvés, sur la Neva, pour accoster, à deux pas de l’ERMITAGE, l’un des deux plus beaux musées du monde.
Comme excursion, notre sésame, nous avions acheté deux billets pour un concert de musique de chambre.
L’officier d’immigration tamponna nos passeports, ce qui ne se faisait jamais en URSS, sans poser de questions. Quant au douanier, il nous laissa passer sans la moindre formalité, négligeant même de jeter un coup d’oeil à la “Déclaration de Valeurs” qui, paraît-il, était encore de rigueur un mois plus tôt.

Et voilà ! J’ étais en Russie, sans visa et tout à fait légalement. Ce n’était pas sans une certaine émotion .

En 1976, lors de l’achat de monnaie locale, je me rappelle avoir payé $2,50 pour un Rouble. Le bureau de change, cette fois, m’a donné 1.300 Roubles pour un dollar, ce qui ‘empêche pas les spéculateurs de vous proposer 1.800 Roubles dans la rue. Il est même des lieux où seules les monnaies convertibles, de préférence le dollar ou le D.Mark, sont acceptées. Certains salaires sont calculés en dollars, quand ils ne sont pas purement et simplement payés en “bons”. Dans quelque temps, à ce rythme, la différence de valeur entre un Rouble et un Dollar, ce sera un Dollar !!! Un marchand de tabacs et alcools m’a même dit qu’il ne voulait pas de “monnaie de singe “, lorsque je lui ai présenté un billet de mille Roubles.
Lorsque je suis entré dans la salle du Rotary Club de St Petersbourg, le mercredi à 18 heures, pour la réunion statutaire à laquelle j’avais été invité à prendre la parole, quelle ne fut pas ma surprise, en arrivant dans cette annexe du Musée Russe appelée le Palais de Marbre, située au n° 5 de la Rue des Millionnaires, de découvrir trois drapeaux : celui du Club flanqué du drapeau blanc,bleu,rouge de Russie, et de la Bannière Etoilée des Etats Unis.

A deux pas de là , notre emblème national orne la porte du Consulat de France . Les visas y sont délivrés avec parcimonie, si j’en crois la notice affichée à l’entrée Les formalités et le coût doivent décourager plus d’un candidat au voyage en la doulce France.

Souvent, au coin des rues, un orchestre, généralement de deux musiciens, mais devant les sites touristiques les ensembles regroupent fréquemment dix à douze artistes en costume du siècle passé. Une boite à violon, ouverte à terre, pour solliciter les oboles, et là toutes les monnaies sont les bienvenues, en pièces ou en billets.



Ici et là des bateleurs diserts attirent badauds et chalands. On m’avait averti : “Faîtes attention,les étrangers attirent les pickpockets;les pièges sont originaux.”
Des amies se sont faites alléger du contenu de leur sac à main le soir à l’opéra, et par des femmes, qu’elles ont cru reconnaître à l’entracte,mais sans certitude, les chignons s’étant mués en longues chevelures recouvrant les épaules.
Je me suis souvent demandé pourquoi les lettres en provenance de Russie étaient postées en Finlande, Hollande ou autres pays occidentaux. “C’est que souvent, m’a dit un ami, ces demoiselles des Postes décollent les timbres , les réintègrent , retirent l’argent correspondant de la caisse et jettent les lettres à l’égout ou les brulent “ !.

Dès que vous empruntez un autocar touristique, en plus du chauffeur et de la guide, un troisième personnage vous est présenté sous le nom d’ “officier de sécurité”. Cet ange gardien est supposé dissuader les assaillants éventuels.
Victor, celui qui veillait sur nous, l’autre soir, lorsque nous nous sommes rendus au concert était un gaillard de sept pieds, vêtu d’un bluejean élimé et d’une veste trop grande qui laissait apparaître un pistolet, porté à la ceinture. Une fois entrés dans la salle de concert, nous avons noté que les portes étaient verouillées de l’intérieur “pour éviter que des importuns ne viennent perturber la soirée “ nous dit-on .

Certains magasins sont bien approvisionnés. On peut trouver presque tout ce qui se vend chez nous, mais au regard du salaire moyen, les prix sont prohibitifs.
Bien sûr il y a deux catégories de Russes: ceux qui gagnent bien leur vie. Ils sont dans les affaires, roulent en Mercedes 300 ou 600, ont un vaste appartement et une datcha à la campagne. Ils voyagent à l’étranger. Ils ont des relations. Sous l’ancien régime, ils étaient membres influents du Parti ou d’une de ses filiales.
Et puis il y a la foule des salariés qui se débrouillent tant bien que mal, avec 450 francs par mois, mais usent d’astuce, s’ils en sont pourvus, pour trafiquer, travailler au noir et améliorer l’ordinaire.
Une grosse minorité est celle des retraités, souvent nostalgiques du système communiste, qui ont “ travaillé” quarante ans pour se retrouver avec une pitance Leur sort est pitoyable !

Je voulais téléphoner d’un poste public et n’avais pas les 15 kopecks à mettre dans la fente pour obtenir la ligne. Une babouchka s’approcha de moi et m’offrit les pièces idoines, mais à cent fois leur valeur, c’est à dire 15 Roubles. Il paraît que ces pièces deviennent introuvables; tant les malins les thésaurisent . Le Ministre des Télécommunications, Vladimir Bulgak, pense que plus il y aura de téléphones, plus la liberté sera consolidée pour les citoyens russes. En juillet 93 il y a 1 téléphone pour 7 habitants et il faut attendre des mois pour se faire installer une ligne, à moins bien sûr de payer en dollars.Autant il est aisé pour un Occidental d’obtenir un numéro en Russie, autant il est difficile à un Moscovite d’appeler quelqu’un à l’autre bout de la ville. Certaines installations datent des années ‘20 , la plupart des années ‘60 . Tous mes amis à la réunion du 14 juillet au Palais de Marbre disposent d’un téléphone cellulaire et leurs cartes de visite indiquent clairement un numéro de fax. Ils n’ont, m’ont-ils avoué, aucun problème de communication, souvent par satellite, avec le reste du monde.
A nouveau, c’est la Russie à deux vitesses. Ceux qui disposent de la communication aisée, et ceux, la vaste majorité, qui ne peuvent même pas téléphoner à leurs parents.


Dans une agence de voyages, on m’a proposé un tour en MIG, l’avion de chasse bien connu, avec tir à balles réelles sur cible. C’est un Russe de l’Armée de l’air qui pilote, bien entendu, mais c’est vous, qui du siège avant du chasseur,tirez. Prix de l’excursion: 150 dollars, à régler au pilote et en liquide.
Tout se vend en Russie !

Nombre d’épouses et d’étudiantes tirent un revenu substanciel du commerce de leurs charmes, après les heures de travail. Les halls des hôtels de luxe regorgent de ces “ coquettes minute” attendant les célibataires occidentaux ou japonais. La Russie est devenue le plus grand exportateur de prostituées, en Europe orientale et en Asie

Mais malgré cet abominable siège nazi de 900 jours et ces 75 ans d’esclavage, Saint Petersbourg est toujours aussi belle. J’ai visité 25 fois Leningrad, et une fois St Petersbourg. L’émotion reste vive et l’envoutement indélébile. St Petersbourg n’est certes pas la Russie, c’est une symphonie somptueuse, ou plutôt un amalgame, mais de bon aloi, de Venise et d’Amsterdam sur le sol russe, un chef d’oeuvre merveilleusement élevé face au septentrion par Pierre I le créateur de la Russie moderne, pour que le soleil des nuits d’été en fasse le joyau impérial unique , éclatant d’extravagances polychromes, vingt heures par jour du 15 juin au 15 juillet. Et il n’est pas peu flatteur pour nous Européens du Couchant de noter que ses principaux architectes techniques ou moraux viennent de France et d’Italie.

L’an passé des investisseurs français ont obtenu la concession de la Nouvelle-Hollande, ce quartier des arsenaux, entouré de canaux. Le Club Med pour sa part a charge de construire un hôtel de luxe “façon petit palais” !.


La seule différence qui m’est apparue, après 17 ans d’absence, c’est qu’aujourd hui la liberté de parole existe. Tous les journaux du monde sont en vente libre.
Quant aux églises, elles ont pour la plupart été restaurées, et la grande majorité rendue au culte. En 1917 il y avait à St Petersbourg 520 églises; en 1987 Leningrad n’en comportait que 16 . Les croix de N.D. de Kazan, sur l’Avenue Nievski , l’ancien musée antireligieux ont repris leur place et l’or en feuilles brille de mille éclats sur la centaine de dômes qui dominent la ville.

Deux teeshirts vendus dans tous les magasins de souvenirs ont retenu mon attention. L’un annonce avec le grand M emblématique du fast food McDonald:
“ McLenine “. L’autre jouant sur les mots offre le marteau et la faucille brisés sur étoile rouge fendue avec la mention amphibologique : “ The Party is Over !”
qui signifit “le Parti n’existe plus”, alors que l’expression anglaise populaire veut dire “la fête est finie” .

Je me rappelle les finals de concerts, opéras et autres représentations théâtrales d’antan à Moscou et ailleurs. C’était souvent un morceau de musique révolutionnaire alors que les acteurs saluaient le public en brandissant le drapeau rouge. Ce soir de juillet 1993, le cérémoniaire de service nous annonça le dernier morceau en ces termes :” Avant que vous regagniez votre hôtel, laissez-nous vous souhaiter une bonne nuit en interprétant l’ Ave Maria de Gounod. Autres temps, autres moeurs !

Autant tous les signes de renaisssance permettent de garder un espoir et une dose d’optimisme pour tous ces pays qui bordent à l’ouest la C.E.I. tels que les Pays Baltes, la Pologne, la Bohême, la Hongrie, autant l’avenir de la Russie reste perdu dans des siècles d’irresponsabilité obscure. Il faudra des générations avant que la Russie s’en sorte...et à condition qu’elle se subdivise et adopte les méthodes de responsabilisation que nous pratiquons en Occient. Autrement le hiatus ne fera que s’aggraver entre les nantis et les autres.


St Petersbourg est un peu le symbole de cette société russe à deux vitesses:
d’un côté la splendeur historique ou restaurée, et de l’autre les taudis insalubres
D’un côté ces nouveaux riches, ex-apparatchiks dorés du système de la nomenklatura soviétique, aux limousines de luxe et à la table abondante et de l’autre ces culs-de-jatte sans nombre mendiant aux abords des églises, ces boulangeries poussièreuses, ces façades ternies par les échappements, ces fleuves pollués, ces kiosques de trottoir où la mafia écoule les cassettes de vidéo-porno. Mon chauffeur de taxi, prétendant ne pas avoir de monnaie à me rendre
m’offrit une montre Cartier, un châle de dentelle, deux boites de caviar, au choix , pour faire l’appoint. Je m’en suis en fait sorti par une invitation chez lui
où j’ai pu rencontrer les Russes éternels de la Russie en changement. Et c’est le conseil que je donnerai à tous ceux qui souhaitent comprendre le pays, tenter de l’aborder en profondeur, et non pas simplement “visiter “en touriste, de l’interieur d’un autocar :

Il faut multiplier les contacts, se faire rapidement des amis, quitte
à s’assurer, pour la journée, les services d’un autochtone interprète.
seuls les gens sont la réalité mouvante de ce pays en mutation dra-
dratique. Sachez que vous pouvez même loger chez l’habitant et en
partager les repas. Les $20 que vous payerez chaque jour seront le
sixième de ce que vous coûterait une chambre d’hôtel, et pour eux ce
sera une petite fortune. Mais le bénéfice réel pour vous comme pour
vos hôtes ce sera le partage humain, cet enrichissement inestimable
dont la résultante assurée est une pierre de plus apportée à l’édifica-
tion de la Paix entre les hommes. BERNIE
Septembre 1993

AUSTRALIE
: Politique à l’australienne

En mars 93 les Australiens sont allés aux urnes....obligatoirement. Car s’ils ne se dérangent pas, ils ont une amende de $140. Ils avaient le choix entre plusieurs candidats:Jamais il n y eut si peu d’enthousiasme pour des élections législatives.

L’homme en place, Paul KEATING, leader du Parti travailliste, et son challenger, John HEWSON, chef du Parti Libéral, élu député en 1988., tous deux issus de la classe ouvrière.
P.Keating , 49 ans, est bien connu de tous car il est entré en politique en 1958, à l’âge de 15 ans.On le rend responsable du chômage, 12% , le taux le plus élevé du monde après le Canada.
J.Hewson, 46 ans , se présentait en homme nouveau, digne émule de Mrs. Thatcher, mais avec des réformes fiscales repoussantes, notamment la création d’une taxe de 15% sur tous les produits de consommatio (s sauf la nourriture ) , et les services.

Le choix en l’occurrence fut un dilemme, mais l’homme de la rue est toujours plus sensible, en Australie comme chez nous, à une augmentation fiscale annoncée qu’à une menace de chômage probable.

A l’actif de P. Keating, les électeurs ont mis la stabilité des prix, O,35% d’inflation par an, une performance inconnue nulle part ailleurs dans le monde,ainsi que la raréfaction des grèves qui, longtemps , avaient été une plaie pour l’économie du pays, et enfin une certaine reprise de l’activité économique.

La Chambre des Représentants ( Députés) a 147 sièges : 1 siège est occupé par un candidat sans étiquette, 68 par les Libéraux et leurs alliés Nationaux, et 77 par les Travaillistes.
Comme ailleurs l’image des Travaillistes avaient récemment été ternie par quelques affaires de corruption.
Et bien, contre toute attente, c’est à nouveau Paul KEATING qui a gagné. Les Australiens, conservateurs dans l’âme, semblent avoir définitivement éliminé les germes mêmes des conflits politiques. “ On sait ce qu’on a , l’inconnu, c’est l’aventure ! “.

Les Japonais vont pouvoir continuer d’acheter le pays, quartier après quartier, industrie après industrie, ferme après ferme.L’autre jour à SURFERS PARADISE , grande banlieue au sud de Brisbane, j’avais l’impression d’être dans une cité nippone !
Bernie
17.OOO Km et 25 heures d’avion Le soleil se lève toujours à l’est , se couche à l’ouest , mais à midi l’astre solaire se trouve au nord. Pour ainsi dire on a la tête en bas et les Australiens nomment leur pays DOWN UNDER . Atterrir en Australie , c’est arriver dans le plus vieux continent et la plus jeune civilisation.

Débarqué à Sydney sur la côte orientale, c’est la porte d’entrée habituelle, je ne souhaitais pas y séjourner plus de deux ou trois jours, le temps de métaboliser le décalage horaire, d’une part connaissant déjà bien cette superbe métropole, mais surtout parce que ne disposant que de six semaines, je tenais à passer le plus de temps possible dans les coins les moins connus de cette vaste île-continent à cheval sur le Tropique du Capricorne et les 4.000 Km qui séparent l’Océan indien de l’Océan pacifique :
Canberra, la capitale artificielle, Melbourne au pittoresque londonien, Adélaïde , la cité-jardin au soleil permanent , Perth, la ville-lumière , mais aussi Darwin la torride,cent fois bombardée par les Japonais pendant la dernière guerre mondiale et presque rayée de la carte par le cyclone Tracy dans la nuit de Noël 1974, puis à 1.500 Km au sud, en plein désert Alice Springs, un bourg de 24.000 habitants, l’étape des routiers ,juste sur le Tropique, où la chaleur méridienne atteint souvent 45°C à l’ombre, et un site touristique unique, planté comme une verrue ocre il y a 500 millions d’années au centre du “bush”, Ayers Rock, appelé Oulourou par les Aborigènes dont c’est la propriété depuis 1985 et qui le considère comme lieu sacré.

,Le Northern Territory , un des 8 Etats, fait deux fois la France et compte 112.000 habitants pour les 9/10ème à DARWIN et ALICE SPRINGS. Dans ce “territoire”, tous les courageux sont riches. Il y a les mines, bien sûr, mais aussi la restauration et si un “cuisinier” dit qu’il vient de France, sa fortune est assurée. Il y a les routiers, tous bons mécanos, au volant de ce qu’on appelle “les trains de la route”, des ensembles de trois remorques, en tout quelquefois 110 tonnes, tirées par un tracteur à 18 vitesses, qui transportent de tout mais surtout du pétrole, des vaches et de la bière, parfois ce sont des meubles et de la bière, ou encore des voitures. et de la bière, mais toujours de la bière.
A Darwin .qui ne fait que 65.000 habitants, on consomme plus de 200 tonnes de bière par semaine . Un ensemble routier peut coûter 2 millions de francs dont 700.000 Frs pour le
tracteur tout seul . J’ai compté jusqu’à 64 roues pour un seul ensemble. A 1150 Frs le pneu
vous imaginez la petite fortune que notre routier a dans les mains seize heures par jour !

Les ABO : C’est le nom que les Australiens ont donné aux Aborigènes .Sur 16 millions d’habitants, 1,8 % sont aborigènes. Notons en passant qu’ une personne sur quatre est soit immigrante soit enfant d’immigrant.. Les Aborigènes sont attachants par leurs qualités de tolérance et leur sens de l’humour. Ils trouvent les Blancs égoïstes, alors qu’eux partagent tout.. L’épargne ils ne connaissent pas . Voici plus de 40.000 ans qu’ils vivent en Australie.
En 1793 les premiers colons sont arrivés qui exterminent tous les Aborigènes qu’ils rencontrent. En 1960 le gouvernement leur accorde la citoyenneté et en 1962 ils ont le droit de vote.. Mais au fond ils sont rebelles au mode de vie “insensé” des Blancs. La “terre rouge” est à eux et ils suivent leur Rêve. Chaque peuple Abo (ils sont plusieurs centaines de peuples) a sa langue et ses coutumes. Depuis 1976 ils bénéficient des avantages sociaux prodigués à tous les Australiens. Les activistes veulent faire adopter leur drapeau:
un rond jaune (le soleil) sur deux barres horizontales, l’une rouge (la terre) et l’autre noir (la couleur de leur peau).

Au début de XVIIIème s. ils étaient environ 300.000. En 1901 on en a dénombré 65.000. En 1982 ils étaient environ 200.000 et majoritaires dans le centre et le nord.
Notons que plusieurs délégations aborigènes siègent à l’O.N.U. qui défendent véhémente-
ment leurs droits, notamment le côté sacré de certains lieux, au grand dam des compagnies minières. Citons par exemple l’ethnie des Pitjantjatjara qui au nom de l’évangile chrétien considèrent toute revendication territoriale comme contraire à la loi divine et comme péché contre “Mama Guranpa” (= le Saint-Esprit).
Grande fut ma surprise de rencontrer des enfants aborigènes à la peau noire et aux cheveux blonds.
Partager le repas d’Aborigènes c’est s’exposer à des découvertes sans fin et la réflexion de mes amis chinois de Canton : “Tout se mange, aussi bien les bêtes que les plantes”, me revient sans cesse à l’esprit en guise d’encouragement. Au bord de la mer, j’ai mangé du
“dugong” une sorte de petit hippopotame à tête de cochon, et du “goanna” qui ressemble à un lézard de grande taille (80 cm à 1,20 m.). Quant aux végétaux qui accompagnaient la viande, tout était sauvage : oignons, racines de toute sorte, fleurs de nénuphar. En fait de boisson,j’ai toujours refusé de consommer les liquides locaux, non cachetés. J’ai vu un soir un jeune boire de l’essence, sans sourciller le moins du monde.

Australie, enfant prodigue ?
La mère de l’Australie moderne, c’est la Grande Bretagne. Cependant presque tous les Australiens à qui il m’arrivait de rappeler cette filiation m’ont déclaré leur regret d’être encore “sujets royaux” , un siècle après avoir obtenu l’indépendance .
“Au diable le Commonwealth, nous sommes une République ! “
Et le héraut du mouvement n’est autre que le Premier Ministre travailliste Paul KEATING.
Seuls quelques “nostalgiques” , pour la plupart au moins sexagénaires, restent monarchistes convaincus, rassérénés par le fait qu’ Elizabeth II est constitutionnellement
leur reine... et qu’une constitution “ça ne se change pas comme ça ! “

L’Australie exporte sa viande bovine
Le 1er choix vers le Japon et la Corée, le 2nd choix vers les USA pour faire les hamburgers
et vers l’Indonésie, le voisin redouté. Le revenu d’un éleveur est très variable et lorsqu’il
risque de faire des bénéfices, les plus élevés sont imposés à 60% , l’éleveur réinvestit immédiatement. Que vienne une année de sécheresse et un boeuf se vend 500 dollars la
tête. L’année suivante, si les cours mondiaux tombent, il peut se vendre 50 dollars. Je me rappelle cet ami de Perth qui m’avait demandé, il y a quelques années, de passer le week-end chez lui pour l’aider à abattre ses moutons, les Arabes ayant cessé de lui acheter à la suite de la Guerre du Golfe. Ces ovins se vendaient $ 1,50 la tête, alors que le transport pour l’abattoir lui coûtait $2 la tête.

Les nuits australiennes sont différentes des nuits boréales
Déjà le ciel stellaire vous offre l’Etoile du Sud, et les teintes sont également différentes, la nuit et de l’aurore au crespuscule, surtout dans l’arrière pays où l’océan ne vient pas mettre son grain de sel chromatique.
Le travail de la mine
“Ca eut payé !” Mais je note que tous ceux qui s’y adonnent ne manquent ni de travail ni de moyens de vivre. Mais il y a peu de vantards car le fisc est là !
Il y a l’or bien sûr. Naguère une pépite de 100 grammes nourrissait la famille pendant près d’un mois. Il est vrai que les gens étaient moins exigeants . Ils vivaient en autarcie, tuant trois ou quatre chèvres chaque dimanche et trayant les autres pour avec le lait faire du beurre et du fromage. Le potager fournissait le reste.. Tandis que de nos jours les jeunes, victimes de la télévision, ne peuvent vivre sans dancing, cinéma ou casino. Ils veulent l’argent, l’appartement, la voiture, les “lumières de la ville” Ils préfèrent s’enfermer dans un bureau et jouir, disent-ils, de la vie facile.
J’ai cependant rencontré , près de Canberra, des jeunes qui, fatigués de la vie citadine, sont retournés aux champs, vivant en petites communautés sur leurs fermes et produisant ce qui se vend bien, en fait de légumes et fruits, dans les grandes villes voisines.
Médecins volants et école de l’air
Le pays est si vaste et la population, hors des métropoles, si disséminée, qu’il n’est pas possible d’assurer les soins de santé et l’instruction dans tous les villages d’Australie.
Pourtant on peut dire que la protection sanitaire et l’éducation font de ce pays un des tout premiers du monde.
Chaque foyer est relié par radio au Centre hospitalier régional qui répond dans la minute à tous les appels, conseille, traite à distance, envoie un médecin le cas échéant ou prépare l’accueil d’une urgence.
Depuis six ans les coins les plus reculés du pays sont ainsi reliés en permanence grâce à un satellite géostationnaire tant pour la santé que pour l’école. “Ecole de l’air” en Australie , ce n’est pas un centre d’apprentissage pour pilotes, mais une “université populaire” qui au niveau primaire et quelquefois secondaire, dispense son enseignement interactif par les ondes ( non seulement à sens unique, mais grâce aux postes émetteurs dont disposent les élèves, dans les deux sens). Chaque enfant à un récepteur de télévision fourni par l’Education nationale, des vidéo-cassettes qui leur permettent de dialoguer avec leurs professeurs et de suivre des cours théoriques dispensés par la Commission de Radio-télé australienne.
Il est indispensable que les parents “surveillent” la participation de leurs enfants. Ceux qui n’en ont pas le temps ont recours aux services d’une “monitrice”, rémunérée par l’Etat ou à des jeunes filles “au pair “ aptes à la tâche..
Cet enseignement audio-visuel interactif est assorti d’un échange de cours, devoirs et corrections écrits qui suivent le rythme de chaque élève. J’ai visité l’un de ces centres et rencontré plusieurs enseignants. J’ai pu admirer d’une part le volume de logistique disponible,mais également le dévouement et la compétence des pédagogues. Par exemple j’ai appris que chaque élève recevait, au moins une fois dans l’année la visite, en personne, de son professeur principal, et quand on sait que quelquefois la distance dépasse 500 km, on ne peut qu’admirer l’organisation de ces douze” écoles de l’air “ dont l’une couvre un territoire qui fait plus de deux fois la France .
Aux USA. l’école n’a lieu que le matin, car à l’origine les parents, pour la plupart fermiers, rechignaient à se passer de leurs enfants pour le travail à la ferme. Un compromis permit aux enfants d’être de retour chez eux vers 14h pour les travaux agricoles. En Australie j’ai noté que ces enfants du “bush” se levaient très tôt pour les travaux de la ferme et consacraient trois heures par jour à l’école de l’air ou aux travaux scolaires écrits entre 11h du matin et 16h. Que penseraient les jeunes Français de 6 à 13 ans de se lever le matin à 4h30 et d’avoir, en plus de l’école de l’air, des responsabilités d’adultes en matière de travail manuel ?

Un détail m’a amusé tout particulièrement dans les activités de cette “école de l’air”, c’est lorsque la maîtresse fait l’appel de ses élèves le matin, certaines petites voix sont lointaines, faibles, d’autres vigoureuses, d’autres encore embuées de sommeil, mais jamais, paraît-il, un appel de la maîtresse ne reste sans réponse .
MOUNT ISA
Si vous quittez Alice Springs, cette bourgade de 24.000 âmes, perdue au milieu du “ bush” et vous dirigez vers le nord-est pour rejoindre Cairns et la Grande Barrière de Corail, vous passez par le complexe minier de Mount Isa qui offre à ses travailleurs les plus hauts salaires d’Australie (un mineur gagne plus de $5.000 par mois). Partout on sent le dynamisme et l’aisance. J’étais descendu à l’hôtel de Vérone. Curieux nom, me direz-vous ! C’est que le fondateur est un immigrant italien même si tout le monde l’appelle Joe... . Bill Dollery, le président d’un des deux clubs Rotary du lieu m’a fait visiter Mount Isa, bourgade de 25.000 habitants que sa richesse en cuivre,argent, plomb et zinc lui a permis de se doter d’un centre commercial moderne, d’une piscine olympique, d’un bureau de poste élégant , de la plus célèbre des antennes médicales de médecins volants et de la plus ancienne “école de l’air” dirigée par un membre du Lions Club local. Ce qui n’empêche pas la ville d’offrir deux lycées aux jeunes de 12 à 18 ans.
Le sous-sol malgré une exploitation continue septuagénaire reste un vrai coffre-fort qui assure aux habitants de Mount Isa le niveau de vie le plus élevé du continent.
KALGOORLIE
Quand on parle de Mount Isa, on pense à Kalgoorlie et sa jumelle Boulder, à un peu plus de 2.000 Km au sud-ouest, près de Perth. En 1893 on y découvre de l’or, mais l’eau y coûte alors presque le même prix. C’est là qu’en 1934 on découvre une pépite de 32 kilos.
La nouvelle fait le tour du monde. D’Irlande, d’Italie, de Pologne, de Yougoslavie, les chercheurs affluent. On en voit le témoignage dans le cimetière de la ville.En 1993 alors que le chômage frappe 12% de la population, les prospecteurs et chercheurs de Kalgoorlie gardent le moral.Le travail y est très rémunérateur et il ne manque pas.
Si l’opale vous attire, allez à une heure d’avion de Sydney, à la frontière nord de la Nouvelle Galles du Sud, près de Walgett : on distribue toujours des concessions à 100 Frs de loyer par an, et ne vous fiez pas à ce que vous diront les chercheurs car la loi oblige à verser à l’Etat 60% de la valeur des opales trouvées.Le gisement s’appelle Lightning Ridge.

Quelques mots d’anglais australien
Rassurez-vous ! Si vous parlez anglais, tout le monde vous comprendra en Australie, tout comme aux USA, mais il vaut mieux connaître quelques termes spécifiques. Ainsi pour le seul mot “Australie”, les locaux disent souvent “ Oz “ . Tout ce qui n’est pas urbain se nomme “bush”. Les Australiens appellent les Néo-zélandais des “ kiwis”, et les Anglais des “Pommies” ou des “ Poms” . Une ferme est un “station” si la spécialité est l’élevage. Un billet de $20 est un “red lobster” et un billet de $10 un “blue swimmer”.

Conclusion Si les USA ont été créés par des Européens volontaires, l’Australie est née des mains de forçats.C’est une terre neuve, sans racines,peuplée d’hédonistes .Mais si l’Australie est encore l’Utopie,c’est à dire le “non lieu”,les Australiens savent qu’au sud du Pacifique,entre la Californie et la Chine, le XXIème siècle leur réserve un rôle de 1er plan.
B e r n i e

ANECDOTES AUSTRALIENNES

L’incident du “cintre”:
“Cintre” (en anglais ‘coat-hanger’) est le surnom donné au pont qui coupe le port deSydney. Le nom le plus usuel est “ Sydney Harbour Bridge “ .
Le 19 mars 1932 eut lieu l’inauguration officielle. Devant une foule immense le Premier Ministre de Nouvelle Galles du Sud s’apprêtait à couper le ruban symbolique lorsqu’un cavalier apparut, habillé de l’ancien uniforme britannique, et dans un galop effrené, trancha le ruban avec son sabre, en criant : “au moins que ce soit fait par un citoyen honorable !”.
L’homme n’était autre que Francis de Groot, chef de file d’un parti de droite opposé au Premier Ministre socialiste d’alors. L’offense lui coûta £4 . On renoua le ruban et la cérémonie prévue eut lieu., à la suite de laquelle 300.000 piétons traversèrent le pont .

L’Opéra de Sydney
Le devis s’élevait à $7 millions. Quand il fut achevé, 19 ans plus tard, la note se montait à $102 millions. Mélomanes et autres humanistes répondirent massivement à une souscription. Le bénéfice résultant de la vente de billets de loterie rapporta près de $100 millions. Les toits en soufflet pèsent 161.000 tonnes. Les tuiles de céramique, au nombre de 1.056.000 ont été manufacturées en Suède. Les 6.223 m2 de verre sont de fabrication française. Le complexe comprend 5 auditoria , une salle d’exposition, 2 restaurants et 6 bars...on est en Australie ou on n’y est pas !

L’ornithorhynchus anatinus

C’est le nom savant du vulgaire platypus .Un animal pour le moins surprenant que les incrédules rangent dans la classe des “dahus”. Sa taille ne dépasse pas 60 cm.. C’est un mammifère qui combine les caractéristiques du reptile et de l’oiseau. Il a un bec de canard doué d’olfaction aiguë tant dans l’eau qu’à terre.,une robe de fourrure, des pattes palmées et une longue queue.Un petit Américain près de moi décrivit ainsi l’amphibie à sa mère :
“regarde ! ce cochon à ailes a un bec !” La femelle pond de 1 à 3 oeufs par an dont l’enveloppe a le grain du cuir au toucher. Le mâle se reconnaît à l’éperon (particulièrement venimeux , dit-on ) qu’il a aux pattes postérieures.

Le koala est certes la créature la plus attachante d’Australie. C’est l’emblème de l’Etat de Queensland (Nord-est) Ce marsupial, longtemps chassé pour sa superbe fourrure, mais maintenant protégé fait fondre le coeur le plus endurci avec ses oreilles duvetées,ses petits yeux ronds et son bout de nez noir caoutchouté. Sa seule activité c’est de manger les feuilles d’eucalyptus., au point que l’huile goménolée qu’il exhale lui sert d’antiseptique et repousse les prédateurs éventuels. S’il dort la plupart du temps,c’est probablement par “overdose” de cette myrtacée. Contrairement au kangourou, la poche dans la quelle le petit termine sa prime enfance pendant 4 ans, s’ouvre vers l’arrière.

Au péril de la mer
Lorsqu’il fait très chaud, surtout au nord du Capricorne, entre octobre et mai, on n’a qu’une envie: piquer une tête dans la mer. Attention : c’est la saison des “guêpes de mer” , une sorte de méduse, dont la piqûre peut vous tuer en moins d’une minute. Dès que la température ambiante baisse vers la fin mai, les guêpes remontent vers le nord et c’est la saison des requins.

Polynesie
Quelle impression ce mot vous fait-il ? Ecolier, je restais souvent émerveillé par ces 4 syllabes. Etait-ce le charisme du prof. de géo, la magie du terme, la beauté des vahinés sur fond de lagon turquoise présentées par le manuel scolaire ? En classe de 5ème, l’étude du grec démythifia le rêve : Polynésie ( de “poly”= nombreux, et “nesos” = île) se banalisait au point de devenir synonyme d’archipel, d’un immense archipel peut-être, de millions de kilomètres carrés, puisqu’il s’étend dans l’Océan Pacifique, du méridien 180° aux côtes américaines, et du Tropique du Cancer au 45ème parallèle sud.
Les ans passant, ce fut le tour du prof. d’histoire de décrire la Polynésie française. Le merveilleux avait définitivement vécu.
Adulte, le survol répété de ces multiples îles et îlots volcaniques parsemant l’Océan entre l’Australie et la Californie finirent d’oblitérer tout tropisme. C’est que pour se rendre dans ces îles, il faut du temps et la distance proportionne la dépense. Un séjour à Hawaï, il y a 15 ans, m’avait presque dégouté.
Et puis l’occasion se présenta un jour de délaisser l’horrible avion, cet outil merveilleux , mais brutal et sans âme, qui a tué le voyage, et d’embarquer sur un cargo vraquier qui, à la différence du porte-conteneurs, fait des escales plus longues, souvent de 3 ou 4 jours, qui vous permettent d’explorer le pays. . . .
Je me demande comment la France a pu s’installer dans ces îles lointaines qu’elle n’a pas découvertes. Bougainville, La Pérouse,Duperray ou Dumont d’Urville sont bien passés par là, mais en explorateurs . Portugais, Espagnols, Hollandais et Anglais en 1767 en furent les découvreurs et conquérants, mais 2.000 ans auparavant les Polynésiens habitaient déjà les lieux. Il y a un siècle la France a fait de Tahiti sa colonie. Les Tahitiens ne nous le pardonnent pas. Ils en ont pourtant bien profité de la tutelle de la France et ils continuent. Tahiti, escale aérienne pratique, a joué la carte du tourisme. Mais à 3.800 Frs la nuit à l’hôtel, c’est davantage une destination pour Américains que pour Français. Jamais de tout ce voyage, je n’ai trouvé ma cabine de cargo aussi confortable et. . . aussi sûre car, en divers endroits de Papeete, la criminalité sévit brutalement. C’est à une réalle hostilité que j’ai vu se heurter des touristes français. Il y a pourant plus d’un an que les essais nucléaires ont pris fin. A l’époque les émeutes avaient fait des dégats considérables. Les contribuables français ont réglé la note. Mais les cicatrices subsistent.
Les brochures touristiques vous promettent l’idylle romantique du Pacifique sud. Ce n’est pas le Paradis perdu mais le mirage de l’indépendance chatouille les Tahitiens.
Paul Gauguin déjà, parti de notre vieux continent il y a un siècle à la recherche de la beauté naturelle, avait eu cette réflexion en débarquant à Papeete: “ Mais c’est l’ Europe ! Et moi qui croyais en avoir fini de l’Europe!
Jacques Chirac serait mal avisé de se pointer là-bas. Tous ceux qui qui ressortissent au tourisme lui reproche d’avoir chassé des hôtels les habitués argentés d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Japon.
Le maire de Faa a pris la tête d’une croisade pour l’indépendance, qui vient de remporter le quart des sièges à l’Assemblée territoriale. L’emblème bleu et blanc du parti indépendantiste a remplacé le drapeau tricolore, à peu de frais vous le voyez, sur nombre de maisons des Marquises aux Gambiers. Jusqu’en 1970 les enfants qui parlaient tahitien à l’école se faisaient taper sur les doigts. Le tahitien est une langue à tons et inflections qui ne comporte que 13 lettres. Aujourd’hui la francophonie n’a pas prospéré, mais c’est au profit de l’anglophonie.
Ce n’est pas par manque de subsides. En 1996 la France a versé six milliards de francs dans l’économie locale. Nous y avons pourvu. Mais ce qui me choque et que vous ignorez c’est que cette somme représente presque la moitié du PNB. Ce qui propulse le PIB à près de 100.000 Frs par an, soit 3 fois celui des Fidji. Ce qui n’empêche pas le nombre des chômeurs ( 18%) d’augmenter de façon alarmante. Pour calmer les esprits la France a promis de compenser , pendant dix ans , les pertes de revenu, dues au démantèlement de la base de Mururoa. La France est vraiment riche.
De quoi nous plaignons-nous en France ? Nos “ compatriotes” du Pacifique lointain ( 20.000 Km), avec un revenu moyen légèrement moindre, payent 18 Frs le petit noir sur le zinc, et 400.000 Frs la Peugeot 405. Quant aux fonctionnaires, ils représentent en nombre la moitié des salariés. Pour 165.000 hab., on ne compte pas moins de 14 Ministres. Le simple insti, qui enseigne toujours que “ nos ancêtres sont les Gaulois”, gagne plus de 20.000 Frs par mois.
Des six personnes avec lesquelles j’ai pu parler, quatre, toutes quatre fonctionnaires, veulent rester attachées à la France. Alors que les deux autres souhaitent l’indépendance. Ces dernières ont peur de l’Europe. En effet si Tahiti reste française, les Polynésiens s’attendent à voir débarquer Portugais, Grecs et Irlandais qui leur prendront leur emploi.
Au lieu d’en vouloir à la France , les indépendantistes devraient avoir de la rancune envers le fils de la Reine Pomare IV, Pomare V ,qui pour une rente de 5.000 Frs par mois, a vendu Tahiti à la France en 1880.
Dans le quartier d’Arue, sa tombe reste fleurie . . . et surmontée d’une bouteille de son breuvage préféré : la Bénédictine.
Si vous êtes lassés de cette fin de civilisation occidentale, une retraite en Tahiti peut être la solution, même si le terrain, à Moorea, se vend 1.000 Frs le m2. Vous pourrez mener une vie simple. Le rythme est encore humain, la nourriture naturelle. Il suffit de la cueillir aux arbres ou à la mer. Les écolos devraient tous venir ici. La beauté du site les ravirait . . . et les réalistes français apaisés.
Si avec le sourire vous vous mettez au niveau de la population, sans forfanterie ni paternalisme, vous trouverez les Tahitiens généreux, courageux et... c’est rare de nos jours, drôles. Chaque matin ils sont heureux de voir un nouveau jour naître, et ils le disent. Ils sont accueillants, affectueux et directs. C’est peut-etre le seul endroit au monde où le racisme n’existe pas. Et pour cause ! Les Tahitiens sont un creuset de races. La plupart ne savent même pas d’où viennent leurs grands-parents. Ce qui n’exclut pas a violence inter-îles. Une fois initiés, vous pourrez découvrir leur histoire. Elle est tatouée sur leur corps, quelquefois jusqu’aux ongles.
Après la manne venant de France et le tourisme, une industrie semble faire florès : celle des “perles noires”. (En fait elles sont plutôt grises, vertes, voire jaunes)Elles rapportent bon an mal an un milliard de francs chaque année. 500 fermes perlières sont répertoriées à la Chambre de Commerce de Papeete, éparpillées dans le triangle Gambiers, Marquises, Iles de la Société. Les Tahitiens perliers sont probablement les seuls, hors la fonction publique, à souhaiter rester français.

Depuis le Capitaine Cook et avant lui Samuel Wallis, la Polynésie a beaucoup changé. Même du bateau, c’est évident. . . les toits de tôle ont remplacé le chaume et les paraboles-satellite expliquent aisément pourquoi les jeunes Polynésiens veulent vivre comme les jeunes du monde industrialisé.

B e r n i e
Papeete novembre ‘97

TIMOR
Sur la route d’ Irian Jaya à Singapour, la première grande île où nous abordons est TIMOR. Dans la langue indonésienne, “TIMOR” veut dire”est”. ( Ouest = barat ) C’est en effet l’extrémité orientale de la polynésie indonésienne.
C’était autrefois une colonie portugaise et jusqu’en 1975. Depuis que l’armée indonésienne impose sa botte dans le Timor oriental, en 1976, la population se bat par guerillas bien entendu, mais surtout dans toutes les Cours de justice internationales pour obtenir son indépendance.Suharto est inflexible. Il tente bien de donner le change en se laissant aller à quelques démonstrations circonstancielles, à l’usage de la critique mondiale. Ainsi l’an passé a-t-il lui-même accueilli l’évêque Charles Philippe BELO à son retour de Suède où il était allé recevoir le prix Nobel de la Paix. De même a-t-il un beau matin apporté à TIMOR une statue du Christ.
Les Timoriens ne sont pas dupes. Ils préféreraient voir le Président-dictateur libérer les prisonniers d’opinion et renoncer à la torture et aux exécutions arbitraires. Ils préféreraient voir réduit le contingent militaire dépêché par Jakarta.
Le hic , c’est que le TIMOR oriental regorge de richesses naturelles : pétrole, gaz, marbre, café et les côtes sont très poisonneuses.
Les Timoriens pensent que si Soharto disparaissait, son successeur pourrait accorder une bonne dose de démocratie à l’île et , “ qui sait? peut-être que nous voterions pour rester dans le giron de l’ Indonésie !”
“ Le plus triste, nous a dit un prof d’anglais, c’est que l’Europe envoie des armes en Indonésie, alors que l’ Indonésie n’a aucun ennemi à redouter. Non seulement des armes, mais aussi des instruments de torture.”

Bernie
Kupang , Janv. 98

TONGA
Si vous allez en bateau de Tahiti à Nouméa, vous passez par TONGA. Arrêtez-vous ! Ce sont les Iles de l’ Amitié. Tout un programme.
Un archipel de 150 atolls coralliens et d’îles comme celle de Tongatapu où se trouve la capitale Nukualofa et ses 20.000 hab. C’est un royaume. Depuis trente ans règne un roi débonnaire : Taufa Ahau Tupou IV . Personne ne semble s’en plaindre. Il est vrai qu’il n’y a pas de Français, même pas d’Européens. Le roi écoute, paraît-il, les conseils de son parlement composé de trente et un membres. Précisons que sur les trente et un “ députés” nommés, les deux tiers sont nobles, tous de sa famille, les neuf sièges restants revenant aux roturiers.
Les cent mille habitants respirent le bonheur. En dehors des fêtes, leur occupation est l’agriculture : igname, manioc, cocotier qui sont consommés sur place, coprah, banane et citrouille étant exportés, cette dernière vers le Japon à 100%.
Notre cargo a fait escale pour charger une tonne de coprah à destination des industries alimentaire et cosmétique d’Europe.
La population augmente au rythme de 3% par an. En nombre bien entendu, mais on peut se demander si elle n’augmente pas aussi en poids. C’est une surprise quand on débarque : la grosseur des Tongans. qui, pour beaucoup frise l’obésité. Moi qui pèse zéro tonne cent, je me suis, d’un coup, senti frêle et mince. Tout est vraiment dans le rapport et la comparaison. Je n’ai point rencontré le roi. On m’a dit qu’il avait considérablement maigri depuis cinq ans. Il ne pèse plus que 135 Kg !Eu égard à ma masse pondérale, j’ai toujours joui en Chine d’un préjugé favorable. J’étais presque le symbole de la prospérité, don du Ciel. Ici c’est la même faveur. Obèses ils en sont conscients, puisque chaque année est organisé un concours de “ perte de poids”.

Ilot perdu au milieu du Pacifique, Tonga n’est point arrièré. Grâce à la télé ( les antennes satellites en témoignent) les Tongans ne semblent rien ignorer du monde moderne. Le roi a eu la riche idée de se lancer “ à corps perdu “ dans l’informatique et de réserver un vaste espace céleste qu’il loue aux étrangers intéressés. Sa fille Pilolevon dirige la Société “Tongasatellite “. L’écran de papa protège bien .

Bernie
Tonga Novembre ‘97

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