samedi 15 août 2009

ORIGINE DES MOTS #7

WIKIPEDIA
Voici un terme bien connu de tous les cybernautes. C’est l’encyclopédie libre et gratuite en ligne. Mais surtout assurez-vous de la véracité des renseignements car ceux-ci viennent des utilisateurs bénévoles. Chaque jour sont ajoutés près de 2.000 articles.
Fondée en 2001 par un quadragénaire américain d’Alabama ( marié, 1 fille) Jimmy Wales , WIKIPEDIA ( « wiki » en hawaïen signifie « rapide », cf. l’anglais « quick, quick » que les habitants d’Honolulu prononcent « wiki,wiki ») est depuis 2006 présidé par une quadragénaire française de Versailles (mariée, 3 enfants) Florence Nibart-Devouard.
C’est à St Petersburg (Floride) que j’ai fait, en 2005, la connaissance de WIKIPEDIA et , depuis, il me plait de collaborer ( explication de mots français ou anglais, corrections d’erreurs flagrantes) à cette bibliothèque mondiale, une idée géniale de Jim, le saint-bernard de l’ info, dont le père était épicier, et la mère et la grand-mère institutrices.

YOGA
C’est un terme d’origine sanskrite qui a pour racine l’indo-européen « YUK » qui signifie « joindre, unir, atteler ». Dans le bouddhisme YOGA veut dire « union à la nature », ce que les Tibétains nomment naldjor.
L’hindouisme a plusieurs formes de YOGA : le raja-yoga qui consiste à développer une grande force d’âme, le bhakti-yoga qui est la voie de la dévotion, le jnana-yoga qui est la voie de la gnose et le hatha-yoga, le plus connu chez nous, dont les exercices physiques et le contrôle de le respiration ont des effets psychosomatiques, source de relaxation et de sérénité face aux événements de l’existence. Notons que la syllabe HA de hatha, comme le chinois yang , désigne le Soleil et la syllabe THA, comme le chinois yin, désigne la Lune, l’union de l’un avec l’autre étant l’harmonie, c’est à dire le but du YOGA.
L’ascète qui s’adonne aux pratiques du YOGA s’appelle YOGI.
Cette racine se retrouve dans les mots anglais yoke (= joug), joust (=joute) et joiner (=menuisier), dans le mot espagnol yugo (=le joug), dans les mots allemands Joch (=joug), unterjochen (=subjuguer) et les mots français : joug, conjuguer, jument, jonction, conjoint, conjugal et jucher.

LEURRE
Ce mot d’origine germanique s’employait autrefois pour la chasse ou la pêche, comme synonyme d’appât. En vieux français il s’écrivait « loire ». Au sens figuré il est synonyme de duperie, mystification, illusion, mirage, voire hérésie, escroquerie. Sont dérivés du même mot francique l’italien logoro , l’anglais lure et l’adjectif français « déluré » qui, à l’origine signifiait « qui ne se laisse pas abuser par un leurre », mais qui a maintenant le sens de dégourdi, voire d’ effronté.

PÉCHÉ
L’origine est le latin peccare (=faire un faux pas), du substantif pes (=pied). Mais curieusement son correspondant grec amartêma vient d’un verbe signifiant « manquer le but, la cible, faire fausse route ». Platon utilisait le mot pour désigner une infirmité, un sens gardé par le français dans l’adjectif « peccant ».
Faut-il en conclure que le PÉCHÉ la plupart du temps, loin d’être une volonté de faire mal ressortit plutôt à la défaillance ? Il n’a pu échapper aux philologues (= « amoureux des mots »), seraient-ils amateurs, que sur les sept péchés capitaux dogmatiques un seul est en français du genre masculin, l’orgueil (transgression volontaire de la loi) sous ses diverses modalités : arrogance, dédain, infatuation, hybris., les six autres (avarice, colère, envie, gourmandise, luxure, paresse) du genre féminin, résultant de faiblesses donc pardonnables une fois reconnus par un sincère peccavi.
Parmi les dérivés on trouve le mot « peccadille », en provenance de l’espagnol pecadillo qui étymologiquement allège considérablement la faute.
Un minimum d’humilité reconnaît l’homme peccable, même s’il en est à se croire impeccable.
Pour PÉCHÉ l’anglais dit sin qui n’est autre qu’un dérivé du verbe grec signifiant « être » . Il en est de même de l’allemand die Sünde , du genre féminin. Le PÉCHÉ serait-il consubstantiel de l’ ÊTRE ?

DUODÉCIMAL
Ce mot nous vient du latin duodecimus (= douzième) qui nous a donné « douze ».Il est composé de duo (=deux) et de decem (=dix).
Le système duodécimal de numération a longtemps été utilisé dans le monde. Je l’ai retrouvé récemment au Népal, cette numération étant, j’imagine, un vestige de l’impact colonial de Westminster. D’autre part un Irakien m’a expliqué que DOUZE correspondait au nombre de phalangettes de la main, pouce mis à part.
Le système duodécimal est encore en vigueur outre-Manche, les Britanniques estimant ce système naturel, face au système décimal qu’ils qualifient d’artificiel. Ils nous opposent l’usage de base 12 comme par exemple les 12 signes du zodiaque astrologique,, le cycle annuel chinois, l’année de 12 mois, la demi-journée de 12 heures,etc. comme indiqué explicitement dans le livre ad hoc de la Dozenal Society of Great Britain. Avec pour motif que 2, 3, 4 et 6 sont des facteurs de 12, ce qui simplifie la mise en fraction.
Après moult hésitations, les Grands Bretons ont abandonné la numération duodécimale pour leur monnaie ( un shilling était naguère divisé en 12 pence) mais refusent obstinément d’adopter l’Euro ( serait-ce à cause de l’odeur dégagée par le mot ,prononcé à l’anglaise ?). En revanche ils gardent toujours leur « pied » (foot) à 12 « pouces »(inches).
Notons que « duodénum » a la même racine pour préciser le volume de cette section post-stomachale de l’intestin, long de 12 travers de doigt.

IDIOSYNCRASIE
Voici un terme d’aspect savant. Il n’en est pas moins bien français et depuis le XVIème s. N’est-il pas curieux qu’il soit non seulement d’usage commun, mais encore populaire outre-Manche , où il est employé, surtout au pluriel, pour désigner l’ensemble des signes distinctifs d’une personne, d’un groupe, d’une société, en un mot les particularités.
Le mot est composé de trois racines grecques : idio (= qui appartient en propre à quelqu’un),, krasis (= constitution), et entre les deux sun (= avec). Il s’agit donc de ce qui résulte d’un mélange.
L’IDIOSYNCRASIE d’un peuple est sa manière d’être devant un événement, la façon de se comporter qui lui est propre, qui le distingue des autres.
S’il fallait donner des synonymes approchants , on pourrait citer « nature, tempérament, caractère ». L’idiosyncrasie d’un individu est en quelque sorte son atavisme.

SMOKING
Voici un mot qui ne fut jamais anglais dans l’ a c c e p t i o n que lui donnent les Français. À mettre dans le même sac que le « footing », le « shakehand », le « standing », et autres « mailings ».
S’il s’agit du costume de soirée pour hommes, avec veston à revers de satin et pantalon à galon de soie, les Britanniques l’appellent dinner-suit ou black tie et les Américains tuxedo. Et si vous voyez l’avis affiché « NO SMOKING », il ne s’agit pas de tenue négligée. Faut pas « s’moquer » .

OBSIDIONAL
C’est l’adjectif correspondant au substantif « obsession ». La racine se trouve dans le verbe composé latin obsidere qui signifie « assiéger, bloquer, investir ».
Ainsi parlera-t-on d’un orateur charismatique qui investit son auditoire grâce à son charisme OBSIDIONAL.
Les troupes d’occupation émettent parfois une monnaie OBSIDIONALE qui n’a évidemment qu’une valeur conventionnelle temporaire.
On peut également, dans le langage relevé, appeler fièvre OBSIDIONALE l’américanophobie de certains Français, soit ingrats, soit victimes de la pensée unique.

TOPIAIRE
Cet adjectif – également utilisé substantivement – nous vient du grec topos qui signifie « espace de terrain » par le dérivé latin au neutre pluriel topia ayant le sens soit de « paysage peint », soit de « jardins de fantaisie ».
Le dérivé topiaria était utilisé par Cicéron pour désigner l’art du jardinier décorateur qu’au XXIème s. nous nommons paysagiste.
Cet art consiste à tailler arbres et arbustes pour former des haies, des sujets animaux, des personnages. Le laurier, le lierre, l’if et le buis se prêtent particulièrement bien à cette pratique décorative.
Dans notre côté de la planète les Perses restent les précurseurs connus les plus anciens de cet art, imités par les Grecs de l’Antiquité, puis par les Turcs. En France les jardins d’Eyrignac en Dordogne et ceux de Villandry en Indre-et-Loire, sont des exemples réussis de l’art TOPIAIRE.
Mais bien avant nous les Chinois – imités plus tard par les Japonais – excellaient en la matière, en maîtrisant notamment l’art du bonsaï (étymologiquement « paysage dans un pot »).

SEX-APPEAL
Dans l’exaspération d’une faconde libérée, non dénuée de lucidité, F. Dard osa un jour mettre dans la bouche de San Antonio cette phrase lapidaire : « Il n’existe aucune différence entre un Anglais en érection et un Italien impuissant ».
Comment ne pas se remémorer , en comparaison, le titre de cette comédie anglaise de Foot et Marriott, qui tint l’affiche, dans le West End de Londres de 1971 à 1981, presque à guichet fermé, « No sex please, we are British ».
Serait-ce le fruit d’un sentiment obsidional de nos voisins d’outre-Manche ?
J’aime, en l’occurrence,l’aphorisme rapporté par l’ami. O.Barrot : « En Angleterre rien n’est fait pour les femmes , pas même les hommes ».
Alors comment nous est venu d’Albion ce terme SEX-APPEAL que l’Académie a adopté tel quel pour décrire le charme d’une personne, généralement une femme, et son don de plaire par des attraits provoquant le désir ?
Il n’est point aisé de préciser le sens de ce nom composé anglais SEX-APPEAL ( = attirance sexuelle), mélange subtil de personnalité, langage, attraits physiques, mais parfois psychologiques, valeurs, charisme, ton de la voix, couleur des yeux, choix du vêtement, en un mot idiosyncrasie faisant force de séduction.
Notons que les temps changent et que le SEX-APPEAL évolue en fonction des époques et diffère en fonction des lieux. Souvent inexplicable, il ne répond à aucune logique. Une chose est certaine : il fut créé par la Providence pour que hommes et femmes se rencontrent et, au delà de la relation sociale, assurent avant tout la survie de l’espèce.


PRESBY—(en qualité de préfixe)
Il s’agit de la racine grecque tirée de l’adjectif presbus signifiant « vieux,âgé,ancien », employé dans nombre de mots français comme préfixe. Par exemple :
Presbytie : c’est un défaut de l’œil , fréquent chez les personnes âgées, qui les empêche d’accommoder leur vue. La seconde racine vient du grec ôps (= vue)
Presbyacousie : Ce mot désigne avec la racine grecque akouein (=entendre) une diminution de l’acuité auditive empêchant les vieillards de percevoir les fréquences aiguës.
Presbyophrénie : composé de la racine grecque fren ( =esprit) désigne la psychose dont souffre parfois les vieillards que vulgairement on traite de gagas ou de radoteurs. Il est certes plus distingué de dire qu’Un tel est presbyophrénique que de le traiter de vieux schnock. Il est à noter que cette faiblesse consistant à perdre la mémoire ou cette incapacité à fixer son attention ressortit de nos jours à la maladie appelée d’Alzheimer.
Presbytre : C’était dans les communautés chrétiennes originales un membre du collège des Anciens, qui correspondrait de nos jours à une sorte de catéchiste.
Presbytère : La nuance de séniorité étant oubliée, il d’agit de la maison du curé dans une paroisse. Précisons qu’en anglais cette demeure s’appelle soit vicarage , le curé s’appelant vicar outre-Manche, soit rectory quand le curé s’appelle « recteur ».
Il est un terme français qui vient directement du comparatif de supériorité de l’adjectif presbus, à savoir presbuteros , origine du mot « prêtre », à savoir l’ancien, en tant que « plus sage » parmi les autres.

MUSARDER
Le mot , pour résumer la recherche, semble dérivé de la même racine que le substantif « museau ». Et le fait de tenir son museau en l’air confirme bien l’absence d’occupation prenante.
Quant à l’origine : ou bien c’est le grec mus (= souris) que l’on retrouve aussi bien dans le latin mus que dans l’anglais mouse, l’allemand Maus, le russe muish, ou bien c’est la latin musinor qui a pour sens « réfléchir, ruminer ».
Qui n’a pas une fois aperçu une souris le museau barbu en l’air cherchant la bonne direction à prendre ?
N’est-ce pas également la pose d’un rêveur, humant l’air du temps. Ou plus noblement la position de la Muse cherchant l’inspiration.
C’est ainsi qu’en associant les Muses de l’Antiquité, on peut faire dériver les mots « musée, musique, voire mosaïque », et qu’en adoptant l’acception d’oisiveté, on peut faire dériver les mots « musarder, amuser, amusant, cornemuse, musette, voire amuse-gueule », ce mot désignant les petits hors-d’œuvre destinés à tromper la faim, autrement dit à attendre, le nez en l’air, que le repas soit servi.
En résumé : MUSARDER, c’est faire le musard, c’est à dire perdre son temps à des bagatelles. Si le mot vous intrigue et si la conduite vous plait, lisez donc Les Musardises d’Edmond Rostand.

ÉLITE
En voilà un mot galvaudé, voire souvent décrié. Autrement dit on brûle ce qu’on a adoré. En effet le mot vient du participe passé du verbe « élire ». L’ÉLITE est donc soit l’ élu, soit le groupe de ceux qu’on a choisis.
Un élitaire appartient à une élite alors qu’un élitiste sacrifie à la politique ou manifeste l’attitude qui consiste à privilégier les meilleurs, quelquefois aux dépens de la majorité.
L’élite d’un groupe, d’une classe, d’une commune, c’est le gratin, la crème.
Si autrefois l’élite dépendant de la naissance, puis de la fortune, c’est plutôt l’instruction qui de nos jours distingue l’élite.
Étymologiquement le terme vient du latin eligere (=choisir), composé du préfixe e(x) (=hors de) et de la racine du verbe legere (=choisir). Un « lecteur » , mot de la même racine, est quelqu’un qui choisit.
L’expression « morceaux choisis », souvent appelée vulgairement « best of », avec une erreur grossière de prononciation du second terme la plupart du temps, peut avec élégance s’exprimer par deux jolis mots français, l’un d’origine grecque : anthologie, l’autre d’origine latine : florilège , les finales -logie et -lège ayant le sens de choisir, alors que le premier terme a celui de « fleurs ».

HÉGIRE
C’est un substantif tiré du verbe arabe hajara (= partir, émigrer, s’exiler) qui désigne le début de l’ère musulmane en l’an 622, lorsque Mohammed, obligé de fuir La Mecque, se réfugie d’abord à Ta’ef, une oasis au sud , puis, chassé derechef à coups de pierres, à quelques centaines de kilomètres au nord, dans la cité agricole de Yathrib où, malgré l’opposition des juifs, les ANSAR (= « auxiliaires ») proposent de l’accueillir.
YATHRIB prendra en cet honneur le nom de Medinet al-Nabi (= « ville du Prophète »), nom qui sera universalisé dans toutes les nations islamiques de la planète sous la forme de medina.
C’est pourquoi, pour passer du calendrier grégorien au calendrier musulman, il suffit de soustraire 622 , avant de diviser par 0,97 ( différence entre l’année solaire de 365/366 jours que nous suivons et l’année lunaire islamique de 354/355 jours.

ARGANIER
C’est le nom d’un arbre rencontré cet automne près de Taroudant, dans le sud marocain qui attira mon attention en raison de la présence, jusqu’à ses branches supérieures à dix mètres de haut, d’une dizaines de chèvres.
Un berbère voyant mon intérêt m’invita à prendre une boisson sucrée dont le goût m’était inconnu. Il m’expliqua qu’il s’agissait de miel mélangé à une huile provenant de l’amande de cet arbre.
Il me dit que sa famille, de tout temps à sa connaissance, utilisait cette huile d’une part pour la cuisine et d’autre part pour soigner l’eczéma dont souffre sa grand-mère.
Quand je lui demandai de m’en céder une bouteille, le prix qu’il me demanda ( 1.500 Dirham) me dissuada de conclure. Mal m’en prit, car rentré à Paris, je trouvai cette huile alimentaire, « miraculeuse » à 220 € le litre, mais « pure à 100% » prétendit le marchand.
Les botanistes nomment parfois l’ARGANIER Syderoxylone spinosum (=arbre de fer à épines). Ce qui me rappelle l’un des eucalyptus rencontrés en Australie que les spécialistes appellent « eucalyptus sideroxyle », un arbre, m’a confié l’ami saint-lois aux doigts verts P.Favier, qui peut atteindre plus de 80 m. de haut.

PROBLÈME
Le mot est formé de deux racines grecques : le préfixe pro (= en avant, devant) et le verbe ballein (= jeter, lancer) d’où vient le mot balle.
Le substantif grec problèma signifie « saillie,promontoire », mais également « obstacle », qui, se trouvant devant empêche d’avancer. C’est ce radical verbal que l’on trouve également dans « diable » (= « qui sépare »), antonyme de « symbole » (= « qui rapproche »), dans parole, hyperbole, dans l’anglais parley (=parlementer) et devil (=diable), dans l’espagnol palabra (=parole), ainsi que dans balistique, arbalète, accabler, chablis, et dans l’allemand Teufel (=diable).
Notons qu’en angloricain PROBLÈME se dit issue. Ainsi « regarder le problème en face » se dit to face the issue , « la question qui pose problème » the point at issue.

MONOPHYSISME
C’est la doctrine de ceux tels les Arméniens, les Jacobites syriens et les coptes égyptiens et éthiopiens, qui ne reconnaissent en Jésus-Christ qu’une seule nature, la nature divine. En 451 le Concile de Chalcédoine, auquel ces trois doctrinaires avaient refusé de participer, a condamné le monophysisme. D’où la qualité opposée des orthodoxes qui reconnaissent la double nature, divine et humaine, du Christ.
Le mot est formé de deux racines grecques : mono (=unique, seul) comme dans monocoque (=une seule carrosserie), monochrome (=une seule couleur), monocle (=un seul œil), monogame (=un seul conjoint), monolithe (=une seule pierre), monophobie (=la peur de se trouver seul, isolé), monopole (=un seul vendeur), monothéisme (= un seul Dieu), monozygotes (=jumeaux provenant d’un seul œuf, et d’un seul placenta).

CURRICULUM VITAE
Terme latin adopté tel quel en français, est souvent exprimé sous le sigle « CV ». L’expression a pour sens littéral : « cours de la vie ». C’est un profil de la carrière accomplie.
La racine indo-européenne (kur) est prolifique qui donne entre autres dérivés :
En français : courir, cours, succursale, corridor, corsaire, char, charger, carriole, caricature ;
En anglais : horse (=cheval), car (=voiture), carry (=transporter), career (=carrière) ;
En espagnol : curso (=course),socorrer (=secourir),correo (=courrier), corrida (=course), carro (=voiture), cargar (=charger), cargo (=charge) :
En allemand : Ross (=coursier), Karren (=charrette), Kärrner (= charretier).
Le substantif curriculum est dérivé du verbe latin currere (=courir) et a pour divers sens : la course, le champ de course et le char utilisé dans les jeux du cirque.
CURRICULUM VITAE signifie ainsi « déroulement de la vie ». Si le français, comme l’espagnol d’ailleurs, use de ce binôme latin, en revanche l’anglais pour « CV » emploie le mot français resume sans accent, ou resumé avec accent sur la lettre terminale, pour désigner en raccourci un rapport de la carrière déjà effectuée, accompagné des qualifications préparant un candidat à tel ou tel emploi.

CARABISTOUILLE
C’est un nom féminin vieilli ayant le sens de blague, bêtise, galéjade, fadaise, faribole. C’est en Belgique que j’ai entendu pour la première fois ce mot d’une vieille amie qui me confia : « Mon charlatan de médecin m’a conté des carabistouilles ! », en d’autres termes « mon CARAbin m’a raconté des sornettes ! ».
On peut dire aussi que les promesses électorales s’avèrent fréquemment des carabistouilles, c’est à dire des propos sans fondement ni sincérité. Chez mon libraire j’ai vu un album pour la jeunesse de Judes et Gibert portant le titre « Castagrogne de carabistouilles ». Tout un programme !
Voilà le genre de mots colorés, tombés en désuétude, qu’il serait sain de ressusciter.
Si les deux premières syllabes nous viennent de CARAbin, dans les estaminets de ma Picardie natale existait la bistouille qui n’était qu’un mélange de café chaud et de squidam (genièvre à Lille, peket à Mons, jenever à Amsterdam et gin à Londres)
Dans le Nord « touiller », c’est mélanger.

PROPOLIS
Ce mot est formé de deux racines grecques et signifie « devant la ville », du préfixe PRO (=devant) comme dans PROfane (=devant le temple), PROblème (=obstacle devant), PROgramme (=ce qui est écrit devant, avant), PROjeter (=jeter devant) et du substantif POLIS (=ville) que l’on retrouve dans police, politique, acropole, cosmopolite, policlinique (à ne pas confondre avec « polyclinique » (= qui assure plusieurs spécialités médicales).
La PROPOLIS est une substance receuillie par les abeilles sur les conifères, les peupliers, les pruniers, les chênes et les ormes, et utilisée par elles pour protéger « l’entrée de la ruche » , leur ville.
Ses 300 composants en font un remède miracle de l’apithérapie. Modifié par les secrétions des abeilles, ce mortier n’est pas stocké dans les alvéoles, mais utilisé dès livraison par les ouvrières maçonnes pour colmater les fissures de la ruche et en renforcer l’entrée .
Les Égyptiens de l’Antiquité ayant remarqué que les abeilles momifiaient par exemple les rats morts à proximité de la ruche, trop lourds pour être évacués, à l’aide de cette substance, s’en servirent eux-mêmes pour les embaumements. Au Moyen-Âge la PROPOLIS cicatrisait les blessures de flèches. Elle est , de nos jours, utilisée en ORL et dermatologie.
Vantée par Aristote, Varron, Galien, Avicenne et les Incas, certains médecins américains, après avoir observé la résorption de processus tumoraux, l’utilisent pour ses propriétés oncolytiques.
J’ai noté en Chine que la médecine traditionnelle s’en servait comme anesthésique puissant et pour la régénération des tissus.
Enfin j’ai vu au Viet Nam la PROPOLIS utilisée pour la conservation du poisson congelé, eu égard à ses propriétés antioxydantes.
À quand chez nous l’usage de la PROPOLIS comme phyto-inhibiteur en remplacement des rayons gamma pour la conservation des légumes ?

CORAN
Ce terme arabe a le sens de récitation, dictée . C’est pour les musulmans la parole même de Dieu révélée au Prophète par l’archange Gabriel (= Jibril).
Récitation orale, avant l’invention du livre. Livre saint par excellence depuis, sous la forme de 114 sourates (=chapitres), écrites en arabe.
La version définitive , immuable, voire intraduisible , en revient au troisième successeur de Mohammed, le calife Othman (644-656), vingt ans après la mort du Prophète. Sauf pour le premier, dit Fatiha (= »ouverture ») qui ne comporte que sept versets, les chapitres vont en ordre décroissant, du plus long au plus court. C’est du calife Othman que vient le nom Ottoman.
Outre le Coran, les musulmans se réfèrent souvent aux innombrables hadith, rassemblés dans six recueils qui abordent les dits et comportements du Prophète et dont les interprétations, peut-être dues à l’absence de voyelles écrites dans la langue arabe, n’ont pas fini de réserver aux juifs et aux « croisés » surprises et déboires.

ARÈNE
Une arène est de nos jours une vaste piste circulaire, entourée de gradins, soit dans un cirque, soit dans l’endroit où se déroulent les corridas.
Le mot est emprunté à l’étrusque harena comme en témoigne la finale –ena,dont le sens primitif est « sable », via l’espagnol arena (=sable).
En revanche c’est du grec ammos (=sable) que sont dérivés le français « sable », via le latin décadent sabulum, l’anglais sand et l’allemand Sand. Le russe dit piessok, (=sable) dont la sémantique précise la consistance poudreuse.

AGNOSTIQUE
Ce mot d’origine grecque est composé de la racine gnôsis (=action de reconnaître ou de connaître, connaissance, notion), du verbe gignoskô (=connaître) dont sont dérivés :
Les mots français : noble et ignoble, ignare, notion, notoire,, notice, accointance, narrer.
Les verbes anglais : can (=je peux), know (=je sais)
Les verbes allemands : können (=savoir), kennen (=connaître), le nom Kunst (=art)
Les adjectifs espagnols : noto (=connu), conocido (=connu), incognito (=inconnu).
Le préfixe grec « A » privatif indique l’absence.
Un AGNOSTIQUE est une personne qui pense que l’existence de Dieu ne peut être prouvée sur la base de l’expérience commune, mais qui n’écarte pas la possibilité que Dieu existe. Ce qui le diffère de l’athée (= sans Dieu) qui considère que le procès contre l’existence de Dieu est une affaire classée.

CATARACTE
C’est une grande chute d’eau, plus importante que la cascade. Niagara Falls, à la frontière du la Province d’Ontario (Canada) et de l’État de New-York, entre le lac Erie et le lac Ontario est une cataracte, fort fréquentée par les touristes du monde entier, mais semble ridiculement minuscule en comparaison des Chutes Iguacu en Amérique du Sud ou de celles du Zambeze en Afrique.
Le mot est formé de deux racines grecques :
-le préfixe « cata » qui indique un mouvement de haut en bas comme dans catalyse, catacombe, cataclysme et catastrophe, ce dernier mot qu’un instinct réducteur de la jeunesse actuelle exprime souvent par « cata »,
- la racine « -racte » provenant du verbe régnumi qui signifie briser, éclater, rompre pour se frayer un passage.
CATARACTE a donc le sens de tomber avec fracas, alors que le mot cascade , du latin cadere n’implique aucun vacarme, ni bruit violent.
CATARACTE désigne également, dans le domaine médical, une affection oculaire, notamment chez les vieillards , tendant à opacifier le cristallin, d’où la comparaison préfixale avec un « voile qui tomberait » sur la vue.

ARSENIC
Tout le monde sait qu’ils’agit d’un poison violent, utilisé couramment contre les rongeurs. PLINE emploie le nom de ce métalloïde sous la forme arrhenicum, emprunté au médecin grec Dioscoride qui, sous la forme arrenik désignait le pouliot, une sorte de menthe antispasmodique très vigoureuse, d’où l’acception de la racine arrèn (=mâle).
L’arsenic représente l’exemple éclatant de l’ambivalence du terme grec farmatikon (= ce qui guérit et tue à la fois) .L’ARSENIC est bien un poison qui soigne.Tout dépend de la dose.
Au Bengladesh par exemple la plupart des lésions cutanées rencontrées sont de véritables cancers de la peau, causés par l’arsenic contenu dans l’eau à haute dose et causant plus de 100.000 décès par an. Ce qui surprend quand on visite un dispensaire, c’est de voir des infirmiers utiliser l’arsenic pour traiter ces maladies de peau.
J’ai , en Chine, vu des médecins traiter la leucémie par des injections intraveineuses d’arsenic.
L’ARSENIC chez nous peut se trouver dans l’eau ayant ruisselée le long de parois arseniquées, mais la dose n’est pas nocive. Au contraire l’arsenic que nous absorbons en consommant chou, épinard, poissons et fruuts de mer aide à consolider nos os.

RÉPRIMANDER
Tout comme le verbe réprimer, ce mot est dérivé du verbe latin reprimere (=refouler,arrêter,contenir), plus précisément de l’adjectif verbal féminin, lui-même composé de la racine premere (=comprimer,presser,serrer) et du préfixe « RE » qui indique un recul.
C’est la réduction de la formule latine reprimenda culpa (=la faute qu’il faut punir).
Ce mot a pour synonyme courant « gronder », du grec grulizô (=grogner) dont la racine grulos désigne le porcelet.
Une réprimande est un reproche. L’anglais a adopté le même mot, en plus de rebuke et scold. L’allemand dit rügen et l’espagnol reñir.

DÉDALE
C’est chez nous un ensemble compliqué de rues et ruelles où il est difficile de se retrouver. Le mot nous vient, dans la mythologie grecque, du nom – Daidalos - d’un sculpteur crétois de Knossos, contemporain du roi Minos, près duquel il trouva refuge. Célèbre pour la qualité esthétique de ses œuvres et l’ingéniosité de sa technique, il fut sollicité par la reine Pasiphaé pour réer une vache en bois pour qu’elle puisse s’accoupler avec un taureau blanc. Origine du Minotaure, monstre que le roi fit enfermer dans un labyrinthe. Mais Dédale, tout en s’exécutant, eut l’idée du « fil d’Ariane ».

MUSULMAN
« Musulman » en français et en espagnol, moslem en anglais et allemand, est un mot emprunté à l’arabe mouslim (au pluriel : mouslimoum) dont la racine sémitique M S L ou SLM (salama) est également à l’origine des mots salam, islam, et en hébreu shalom, salomon, samuel, absalon.
Le mot fut à l’origine emprunté au persan, comme la terminaison « -ÂN » du pluriel en témoigne.
Le verbe arabe aslama signifie « se confier, se soumettre se résigner ». Le MUSULMAN est donc un être « soumis », à la volonté de Dieu, à savoir à la pratique des « cinq piliers (arkan) de l’islam » :
1/ la profession de foi (chahâda)
2/ les cinq prières quotidiennes : fajr (=aube), zohr (=midi), aser (=après-midi), maghreb (=crépuscule), atma (= nuit),
3/ l’aumône (zakat) correspondant environ à 10% de son revenu,
4/ le jeûne (sawm) pendant le 9ème mois de l’année lunaire
5/ le pèlerinage à La Mecque (hadj = pèlerin) , une fois dans sa vie.


SPHINX
C’est le mot grec adopté tel quel, qui désigne un monstre ailé à tête de femme sur un corps de lion et qui, par tradition mythologique ne fut vaincu que par Œdipe. Il était en Grèce le symbole d’une rapacité cruelle.
La racine du mot est le verbe grec sfingô qui signifie étreindre, enserrer. Le substantif dérivé sfingter (=lien, bandage) est le mot que nous employons pour désigner le muscle annulaire de l’anus. Le substantif grec sfinglia avait au sens propre le sens de collier ou bracelet, et au figuré celui d’avarice.
Si on dit d’une personne énigmatique que c(‘est un SPHINX, c’est en raison de son histoire dans l’Antiquité. En effet Œdipe était fils de Laïos (d’où vient le mot « laïus ») et Jocaste ( cf. S.Freud si vous vous sentez « complexé »). Or ce Laïos avait reçu d’Apollo la prédiction qu’il serait tué par son propre fils. Un serviteur reçut l’ordre d’emmener Œdipe sur le Mt Citheron et de lui attacher les pieds ( Oedipos = « pieds enflés », cf. oedème) . Un berger yrouva l’enfant et le délivra. Au cours de sa longue histoire Œdipe fait face à un SPHINX qui ne l’épargnera que s’il sait résoudre une de ses énigmes , à savoir « Qui à l’aurore se traîne sur quatre pattes ; à midi marche sur deux ; le soir, c’est sur trois qu’il avance ? » Et Œdipe de comprendre qu’il s’agit en fait de la réalisation de l’homme : bébé,puis adulte , enfin vieillard s’aidant d’une canne.

BIGAME
Il s’agit d’une personne mariée à deux personnes en même temps. Le mot comprend :
-le préfixe d’origine latine bi de l’adverbe bis (=deux fois), dérivé du grec dis (=deux fois). C’est ainsi que bilingue ( du latin) est synonyme de diglosse (du grec) pour qualifier quelqu’un parlant deux langues.
-la racine grecque gamos qui signifie union, d’où mariage.
Dans la mythologie grecque Gamos était le fils d’Éros.
Si l’union implique plus de deux personnes, l’adjectif adéquat est « polygame » où « poly » signifie plusieurs.
Un homme qui a deux épouses est un bigyne ; une femme ayant plusieurs maris est qualifiée de polyandre.

NYCTALOPE
Ce mot est formé de deuxbracines grecques :
-nux (=nuit,obscurité). L’Iliade nous raconte que la Nuit personnifiée a produit les Hespérides ( origine du mot « vespéral ») qui, à’extrême Occident gardent « les belles pommes d’or » que les Italiens ont adoptées sous la forme pomodoro pour désigner la tomate.
Cette racine a donné night en anglais, noche en espagnol, notte en italien, Nacht en allemand.
Notons pour l’anecdote que le mot latin noctua désigne la chouette et le hibou. Ainsi Cicéron écrit-il : Athenas noctuam mittere (= envoyer des chouettes à Athènes) avec la même acception de superflu ou de démarche inutile redondante que nous disons « Porter de l’eau à la rivière » ou que les Anglais disent Carry coal to Newcastle (=vendre du charbon à Newcastle)
-ops (=vue) que l’on retrouve dans les mots optique et cyclope.
Un NYCTALOPE est tout d’abord un être qui voit la nuit, tel que la chouette ou le hibou, voire le chat.
A contrario la médecine appelait autrefois « nyctalopie » l’incapacité à distinguer les objets dès le crépuscule. Elle désigne de nos jours la pathologie accroissant l’acuité visuelle nocturne.

VIGIE
Tout comme vigilance ou vigile ( tant au masculin où le mot désigne l’homme chargé de surveiller un lieu, qu’au féminin où il s’agit de la veillée précédant une fête religieuse importante, en anglais vigil ), ce terme est dérivé du latin décadent vigilare (=veiller). Les verbes allemand wachen (= veiller, garder) et anglais watch (=veiller, épier) ont la même racine.
Notons que la racine indo-européenne originale « WEG » avait le sens de vigueur, d’où le dérivé latin vigere (= avoir de la force) et le verbe français « végéter » qui, jusqu’au XVIIIème s. dénotait le dynamisme, la force, alors que de nos jours il indique au contraire une difficulté de croissance, même si le mot « végétation » est resté positif.
« Éveil, vigilant, véloce, bivouac », puis , après chiasme consonantique V < > G « guet, échauguette », sont du même tonneau.
Une VIGIE est par exemple un marin qui surveille la mer du haut du mât d’un bateau. Les Anglais disent alors look-out. Un vigile, au féminin, même si c’est une femme, surveille les abords d’un bâtiment , d’une grande surface, d’un complexe de bureaux, ce que les Anglais nomment a watchman.
Être vigilant c’est être attentif, soigneux. Le latin vigilia désignait la sentinelle ou le poste de garde, et vigiliarium la guérite.


EUROPE
Un vieux mot car il remonte à près de 3.000 ans . Deux thèses s’opposent quant à l’étymologie :
-l’une sémitique qui propose la racine ereb (=couchant du soleil), comme synonyme de l’arabe maghreb (=ouest) correspondant au participe présent latin occidens (=couchant), du verbe cadere (=tomber).
-l’autre grecque, composée des deux racines eurus (= large, vaste) et ôps (=œil, visage), désignant cette princesse phénicienne « aux grands yeux » emportée par Zeus vers le couchant.
Avec ses 450 millions d’habitants, ses 23 langues officielles, ses 3 alphabets, l’ Union européenne est de nos jours la communauté linguistiquement la plus complexe de la planète, une raie « tour de Babel ».
Il est urgent pour promouvoir l’esprit de citoyenneté et le sentiment d’appartenance à l’ Union, que les petits Français, dès l’école primaire et sur le mode ludique, apprennent les deux alphabets qui leur sont étrangers : le GREC ( quatre heures suffisent, par exemple au rythme d’Une lettre par semaine) et le CYRILLIQUE ( une heure supplémentaire), ce dernier leur permettant de comprendre par exemple des centaines de mots russes sans avoir appris cette langue. Notons que l’Union comprend deux pays utilisant ces deux alphabets étrangers :
La Grèce et la Bulgarie.


DJIHAD
Ce mot arabe a pour racine trilitère « JHD » qui signifie « effort ». C’est en fait le 6ème pilierde l’Islam. Son seul but est le bien.
Les musulmans considèrent
-le « grand djihad » qui est l’effort de chaque homme (on ne mentionne pas la femme traditionnellement considérée comme être secondaire dans l’islam) sur lui-même pour se purifier, se rapprocher de Dieu, et faire en sorte que son entourage vive selon tout d’abord la CHARIA (= « voie à suivre », chemin) , puis l’ensemble des règles, droits, devoirs et interdits imposés par la jurisprudence, pour rester au sein de la ouma (=communauté), ce dernier mot étant dérivé de oum (= mère).
-le « petit djihad » qui implique la guerre que doivent mener les musulmans soit pour se défendre, soit pour imposer leur foi (charia). Le dogme leur impose clairement de « convaincre ou de vaincre ».


GOÉMON
C’est un mot celtique, employé sous diverses formes de l’Irlande ( femuen en raison du chiasme consonantique G < > F) à l’Écosse et du Pays de Galles (gnumon) à la Bretagne (gwesmon).
On nomme ainsi l’ensemble des algues rejetées sur la plage par la mer. Lorsqu’il est brûlé, il sert d’engrais dans les champs.
Si l’allemand dit Tang et l’espagnol fuco, l’anglais l’appelle wrack dont nous avons tiré varech et vrac.



SACCAGER
Saccager un endroit, c’(est le ravager, le détruire complètement, le dévaster. Le mot fut emprunté au XIVème s. à l’italien saccheggiare (=piller, cambrioler,mettre à sac).
Avez-vous noter que dans le verbe français déVALISer, on trouve le même mot que dans SACcager. Qui vole un sac, vole une valise.
Notons qu’en Saxonie, on trouve le mot sakman au XIIème s. pour désigner un pillard.
Sacomano, en espagnol, a le sens de pillage, que l’anglais appelle sacking.

CENTAURE
C’est un monstre imaginaire de la mythologie, moitié homme et moitié cheval. Le nom nous vient de la mythologie grecque et son étymologie viendrait du verbe kenteô (=piquer, stimuler) et du nom tauros (=taureau, mais aussi homme fort)
Les Grecs antiques nommaient « centaures » (kentauris) les parties génitales de l’homme.
Le nom a été donné à une constellation de l’hémisphère austral.

HOUBLON
C’est un terme wallon, popularisé par les Hollandais sous la forme hoppe. C’estune plante grimpante qui peut atteindre dix mètres de haut et dont les fruits servent à donner du goût à la bière.
Le latin décadent l’appelait humulus. On trouve humall en Islande, humle en Suède et au Danemark et hops dans le Kent anglais.

TROGLODYTE
Ce mot est formé de deux racines grecques :
-trôgli qui signifie manger, brouter, ronger, en parlant d’animaux. La racine avec son acception de « ronger » pourrait être à l’origine du verbe tarauder.
-dunô (=s’enfoncer, pénétrer) que l’on retrouve à probablement partager la sémantique du français « dune » et de l’anglais down par l’intermédiaire du celtique dun.
Sans pouvoir préciser l’antériorité de l’un sur l’autre, il faut noter que Hérodote, au Vème s. avant JC, a nommé troglodutès cette peuplade d’Éthiopie, lorsqu’il a découvert qu’elle vivait dans des cavernes, et que le médecin grec Dioscoride, en 50 de notre ère, nommait troglodutikos la myrrhe qu’il faisait venir d’Éthiopie comme parfum et onguent.
On nomme de nos jours TROGLODYTES les personnes dont l’habitation est aménagée dans la paroi d’un rocher ou d’une falaise, par exemple en bord de Loire, en amont de Tours. En chine méridionale on peut rencontrer fréquemment des maisons troglodytes qui assurent une isothermie confortable aux habitants hiver comme été.


VIVIPARE
Mot à double racine latine, cet adjectif qualifie un animal dont l’œuf se développe complètement dans le corps de la mère, comme la « vipère » d’où son nom. Son antonyme est « ovipare », comme la poule par exemple.
Les deux racines sont :vivus (= vivant) dont sont dérivés le français vif, le russe vivoj, le breton bev (de l’osque bivus), et parere (= se montrer, se manifester, venir au monde).


TAXIDERMISTE
C’est un homme dont le métier consiste à empailler les animaux .
Le substantif est formé sur deux racines grecques :
-taxis qui signifie « mise en ordre, disposition, ordonnance, arrangement », racine que l’on retrouve en préfixe dans taxinomie (= science de la classification) ou son synonyme taxologie, mais également en suffixe dans syntaxe. La place Syntagma à Athènes est celle du gouvernement.
Ce mot grec est d’autre part employé tel quel dans le sens de « voiture de place automobile », comme abréviation de « voiture à taximètre », c’est à dire munie d’un compteur horokilométrique.
- derma qui désigne tout d’abord la peau, écorchée d’un animal, puis la peau d’un homme vivant (cf. le latin cutis) , la carapace de tortue, l’écorce d’un arbre, la peau d’un fruit.
-
CHARIA
Ce mot arabe a pour sens « la voie à suivre ».
C’est une série de commandements et d’interdictions. Elle impose notamment le mariage. Elle autorise la polygamie et le divorce ( répudiation) si l’homme en décide ainsi, le consentement de la femme étant exprimé non par elle mais par son tuteur matrimonial.
Autant est-il loisible à un musulman d’épouser une juive ou une « Croisée », autant est-il strictement interdit à une musulmane d’épouser un non-musulman, à moins que ce dernier accepte de se convertir à l’islam.
La charia impose la circoncision, mais l’excision des filles n’est aucunement dogmatique.
La femme adultère est punissable de cent coups de fouets, voire de mort par lapidation dans certaines théocraties comme l’Arabie saoudite.
Sont formellement interdits : le manque de respect envers les parents, la fornication, l’homosexualité, le meurtre, le suicide, le vol, l’ivresse alcoolique.

HARAS
C’est l’edroit où l’on élève des chevaux. La sélection des chevaux de course s’y effectue souvent. À 18 mois le cheval sélectionné quitte le haras pour une écurie de course.
Même si l’italien utilise une expression ( stazione di monta equina), il semble que le mot vienne d’un dialecte de la Botte, sous la forme ara ayant le sens d’abri pour animaux, dérivé du latin hara (=étable).
L’anglais dit stud-farm, avec le même sens que l’allemand Stuterei ou le russe koni zavot. En Espagne on dit généralement yeguada.

ARUGULA
Voici un mot barbaroïde que vous ne connaissez probablement pas. Je l’ai aperçu sur le menu d’un restaurant parisien et il ne peut que se populariser, tout comme la chose qu’il représente est maintenant à la mode. Il nous vient des USA où il a été importé par des immigrants de Calabre.
ARUGULA désigne une plante que les botanistes nomment Eruca sativa (ne sentez-vous pas sa saveur poivrée dans le verbe ?) et que votre marchand de légumes appelle « roquette ».
Elle pousse dans le Bassin méditerranéen. C’est au Maroc et en Turquie que j’en ai noté l’ utilisation la plus fréquente, recommandée par la Faculté pour sa richesse en vitamines A et C et sa pauvreté en calories.
Les Romains de l’Antiquité en tiraient des vertus aphrodisiaques, sous le nom d’eruca, en en consommant soit les feuilles et les fleurs, soit les graines pour aromatiser l’huile de table. Hachée avec du sel, de l’huile d’olive vierge et du poivre moulu frais, l’ ARUGULA assaisonne avec bonheur un plat de pâtes ou des pommes-vapeur.
C’est sous le nom de rokka que j’ai découvert la roquette comme condiment en Grèce, rucola et raghetta en Italie. Et c’est à Naples qu’on m’a offert l’ARUGULA comme digestif sous le nom de rucolino. Après tout les Espagnols confectionnent bien avec l’artichaut un apéritif qu’ils nomment cynar.

ÉMULE
C’est une personne qui cherche à faire aussi bien ou mieux que quelqu’un d’autre. On dit parfois qu’un ÉMULE est un concurrent.
Le mot est dérivé du latin aemulus dont le sens premier est « rival, adversaire ». Virgile parlait de aemula senectus pour qualifier la « vieillesse jalouse ».
L’anglais emploie un verbe de même racine emulate mais qui contrairement au latin n’a pas de connotation péjorative. En effet le verbe latin aemulator a bien le sens d’être émule en bonne ou mauvaise part, alors que le verbe anglais emulate signifie « essayer d’égaler ».

CANNIBALE
C’est un animal qui mange des êtres de sa propre espèce. Lorsque les circonstances ou la coutume appliquent la pratique à l’homme , on emploie plutôt le mot « antropophage » ( de deux racines grecques :antropos (= être humain) et fagos (=chair).
Ce mot semble partager sa racine avec le terme d’origine arawak caribal qui a pour sens « vaillant » et que nous employons sous la forme « Caraïbe ». C’est au XVème s. que l’espagnol a changé l’ « R » en « N », C.Colomb ayant pensé que les habitants de ces îles avaient un appétit de « chien » ( =canis en latin ).

DYSTOPIE
Le préfixe grec dus (> dys-) indique le trouble, le mauvais fonctionnement, la défectuosité. C’est ainsi que la dyssymétrie est un manque de symétrie, que la dystaxie (taxis= arrangement) est une paralysie partielle, que la dyspepsie (pepsis= digestion) dénote un trouble digestif, que la dysboulée (boulé= volonté) est un manque de volonté, que la dyschromatopsie (chrôma = couleur + ôps = vue) est une anomalie de la vision des couleurs, que la dysenterie (enteron= intestin) est une perturbation de l’intestin, que la dyshémie (aima= sang) est un altération du sang, que la dyslexie est une difficulté à reproduire les mots écrits, que la dysorexie (orexis = appétit) est une perte d’appétit, que la dyspnée (pnein=respirer) est une difficulté de respirer.
Ainsi la DYSTOPIE (topos = lieu ) est-elle une anomalie dans la situation d’un organe.

AVOCAT
Pierre Lebarque, lexophile saint-lois, nous demande si l’AVOCAT qui plaide à la barre a un rapport avec l’avocat qui pousse sur l’arbre.
L’assistant de justice et le fruit que l’on déguste sont en effet de même origine lexicale, mais c’est la conséquence d’une confusion populaire et non sémantique.
Qu’il soit stagiaire, inscrit au barreau, honoraire, conseil d’affaires ou du diable l’avocat tire son nom du latin advocatus dont le dérivé premier fut « avoué ». C’est le participe passé du verbe advocare, composé de la racine vox (=la voix), origine du verbe vocare (=appeler) et du préfixe ad (=vers, près de ).
À Madrid il se nomme abocado, à Londres barrister, à New-York lawyer ou attorney, à Berlin Answalt et à Moscou Advakat.
S’il s’agit du fruit le mot AVOCAT fait partie de la famille linguistique « nahuatl », encore parlée au Mexique à la fin du XVIII°s.
Les Aztèques avaient un assaisonnement de choix appelé ahucamolli , repris par les conquérants espagnols sous la forme guacamole et signifiant « sauce à l’avocat », dont la racine est ahuacatl (=testicule) eu égard à la forme de l’AVOCAT et par métaphore avec la gangue qui couvre un noyau, d’où l’apparentement à l’orchidée.
Les botanistes du XVIII°s. nommaient l’AVOCAT Persea americana ( =poire américaine), terme repris dans le lituanien amerikine perseja, mais ce sont les Espagnols qui altérèrent le mot mexicain aguacate (fruit de l’avocatier) en abocado ou avocado ( le « v » se prononçant souvent « b » en castillan).
L’anglais a emprunté avocado à l’espagnol, de même que l’allemand et cent autres langues . À Athènes le fruit se nomme avokato. À Bali j’ai trouvé apocate ( app = singe ?). À Varsovie smaczliwka, mais à Moscou avokado.
Invité à dîner par des amis chinois, commerçants à Dili (capitale du Timor oriental) dont le grand-père, presque centenaire, était sacristain de la paroise, mais en outre linguiste renommé de la communauté, je fus surpris par l’un des mets servis. C’était une purée sucrée de paparu (fruit de l’arbre à pain) à laquelle fut ajouté du niuyou guo (fruit à beurre), qui n’était autre que de l’avocat.
Ajoutons qu’il existe à Amsterdam une boisson sucrée alcoolisée réconfortante nommée Advocaat (vendue en France sous ce nom) qui est un mélange d’ avocat, de lait, de vanille et autres épices. Les Américains remplacèrent l’avocat par du jaune d’œuf, apparentant la boisson roborative de goût suave à leur eggnog.
Concluons le chapitre, pour les amateurs d’ exquis mots, en rapprochant le mot nahuatl ahuacatl qui a donné AVOCAT de chocolat, coyote, tomate, haricot, ocelot et cacahuète qui sont de la même famille. Seul le mot « cacao », doublet de cacahuète, n’a pas gardé la consonne finale –tl , remplacée en français par la finale « t », prononcée ou non.

POLIORCÉTIQUE
D’allure barbare le mot l’est si l’on considère l’action qu’il désigne, mais savant s’il s’agit de son étymologie.
C’est une technique vieille de milliers d’années et la stratégie adoptée soit pour la prise d’une place forte, tant du blocus que de l’attaque, soit pour la défense d’une ville assiégée.
Le mot est formé de deux racines grecques :
Poli(s) (= la ville) que l’on retrouve aussi bien dans « politique » que dans « police »,
Erkos (=clôture, enceinte, rempart) qui n’a pas de dérivé en français.
Les spécialistes de cet art martial se nomment « poliorcètes » et divers rois de l’Antiquité ont été gratifiés de cette épithète.

FACÉTIE
Le mot nous vient directement du pluriel latin facetiae, que Cicéron utilisait pour i,ndiquer au pluriel « les bons mots », les plaisanteries.
Mais la sémantique du mot latin comportant une nuance d’élégance, le mot facetiae désignait souvent la finesse d’esprit, et l’adjectif facetus avait le sens de spirituel, d’enjoué, de plaisant.
Si en français le mot appartient au langage soutenu, il n’est cependant pas dépourvu de la nuance péjorative qu’il avait encore au XVIII°s. de burlesque.

MUSEAU
C’est chez certains animaux la partie de la tête comprenant la gueule et le nez. Le mot dont l’origine est source de discorde chez les lexicologues, nous vient soit du sud-ouest de la France, soit du nord de l’Italie.
Il est certes à rapprocher de l’ancien français musel si l’on considère le nombre de dérivés qu’il a donnés, tels que museler ou muselière oiu encore muselet ( attache métallique retenant le bouchon des bouteilles de cidre ou de champagne).
L’espagnol pour MUSEAU dit hocico dont la racine indique l’action de fouiller, notamment avec le groin comme le font les sangliers. L’anglais dit muzzle pour un chien, mais snout pour un porc. Chez le charcutier le MUSEAU s’appelle brawn à Londres, avec l’acception de « muscle », et headcheese (=fromage de tête) à New York. L’italien dit muso et les philologues de la Botte en font un dérivé du latin morsum, supin du verbe mordere (=mordre).

CONFIDENTIEL
C’est l’adjectif qui qualifie un avis qui se donne, une note qui s’écrit, une communication qui se fait en confidence, c’est à dire en confiance. Notons que confidence et confiance viennent du même verbe latin confidere (= se fier, mettre sa confiance), dérivé de fidere quiu nous a donné bitten ( = prier, demander) en allemand et bid (=prier,ordonner) en anglais, lui-même composé du substantif fides (=foi, crédit, promesse, assurance, croyance).
Il est usage récent de cet adjectif : lorsqu’un renseignement ( indication d’un lieu, d’une activité,etc.) n’est pas publié urbi et orbib et qu’il s’ébruite seulement de bouche à oreille, presque secrètement, on dit qu’il est CONFIDENTIEL.

SAILLIE
Le mot est dérivé du verbe latin salire (=sauter,bondir) et a, pour correspoindant grec allomaï ( avec un dsprit rude sur l’alpha initial, représenté en français par la lettre « H », comme dans « haltères », ces balanciers utilisés dans les exercices de gymnastique dont le « saut »).
C’est au XVIII°s. que le verbe a retrouvé son sens latin original de « couvrir une femelle ».
Mais l’emploi le plus fréquent est littéraire et relève du trait d’esprit, de la sortie brillante d’un orateur.
Le verbe latin , en plus de son usage courant dans des expressions telles que aqua saliens (= eau courante) ou , en parlant du pouls ou du cœur le verbe salire signifie « battre, palpiter), a de nombreux dérivés dans toutes les langues de la famille linguistique indo-européenne. Par exemple les mots français : saltimbanque, tressaillir, primesautier, sursaut, résilier, sauterelle, exulter , mais aussi « saumon » (en raison des bons que fait ce poisson pour franchir les barrages) ; les mots espagnols : salir (sortir), salida (=sortie,porte d’embarquement à l’aéroport), resultar (=résulter) ; les mots anglais exult (=exulter), insult (insulter).

DIPSOMANE
C’est quelqu’un qui ressent un besoin morbide irrésistible de boire de fortes quakltités de liquides alcooliques . La maladie de dipsomie, sluvent appelée « addiction à l’alcool », se manifeste par accès périodiques et intermittents.
Le mot se compose de deux racines grecques :
dipsa ( = soif). Les Grecs appelaient dipsakos le diabète. Et
mania (= folie, démence, manie).
Le mot ressortit au langage soutenu. On entend plus souvent « accro à l’alcool » de nos jours.



ÉBRÉCHER
C’est au sens propre faire une brèche , à l‘origine à un instrument tranchant, puis à tout ustensil de porcelaine, de verre, etc. On ébrèche un couteau, un vase, voire une dent.
C’est au sens figuré diminuer, affaiblir. On dit ainsi que son crédit est ébréché, que la confiance, la fortune est fortement ébréchée. Si l’action d’ébrécher se dit ébrèchement, le résukltat de la casse se dit ébréchure.
Le mot est ‘origine germanique dont les nombreux dérivés se retrouvent soit en français : brique, broyer, soit en allemand : brechen (=briser), Bruch (=fracture), soit en anglais : break (=briser), brake (=frein), breach (=brèche).
La racine indo-européenne offre également : fretin, fragile, fragment, naufrage, orfraie en français ; fray effrayer), defray (=défrayer), infringe (=enfreindre) en anglais ; fragoso (=raboteux), sufragar (=aider) en espagnol.


BISQUER
C’est pester, éprouver du dépit. Faire biquer quelqu’un, c’est le faire enrager.
Le mot, peu usité, vient du provençal bisco qui indique la mauvaise humeur.
Les Anglais disent to rile (=se mettre en boule) qui , au fond, n’est pas loin de « râler », ou encore to nettle (=faire monter la moutarde au nez de qqn), usant du mot nettle qui signifie « ortie ». On appelle en anglais nettlesome quelqu’un de susceptible ou une remarque agaçante.


SCATOLOGIQUE
Cet adjectif est presque synonyme d’ordurier, comme peut l’être une certaine littérature.
De tout temps il y eut des écrivains SCATOLGIQUES. Plaute chez les Latins le fut. Plus près de nous Rabelais, A.Jarry, M.Proust en France avec un certain bonheur ; le Polonais Samuel Pawet qui, émigré à Rio, déversa son caca en portugais ; J.Swift avec beaucoup d’art en Angleterre ; Kathleen Meyer aux USA avec Comment chier dans les bois. F. Arrabal en Espagne qui associe la scatologie à la coprophagie.
Certains fouille-merde dépassent l’obscénité et la vulgarité dans leurs écrits aux exhalaisons putrides, probablement rédigés dans des « cabinets littéreux ». Ainsi Charlotte Roche dont le roman Feuchgebiete (= « parties humides ») devint bestseller chez nos cousins germains, mais pas en France où le « scato-porno » a moins de lecteurs.
Le mot SCATOLOGIQUE, dérivé du grec skor (=excréments) qui nous a donné « scorie », et qui a pour génitif scatos, semble d’un registre trop soutenu pour les media contemporains qui lui préfèrent le monosyllabique angloricain trash ( =ordures).
Ne pas confondre SCATOLOGIQUE avec « eschatologique », du grec eskhatos (=extrémité) qui s’applique aux fins dernières de l’humanité.

PASTICHE
C’est à l’origine la copie d’un tableau, la contrefaçon d’une peinture. Puis ce devint une œuvre littéraire composée à la manière de , soit d’un écrivain célèbre, soit d’une époque.
C’est au music-hall ou à la télé une imitation bouffonne d’un personnage existant, généralement du monde politique.
Ce qui distiungue le PASTICHE de la parodie, c’st que celle-ci reproduit de façon outrée telkle figure de style. Proust était maître du genre, notamment dans À la recherche du temps perdu.
Le mot vient de l’italien pasticcio (=pâté) qui au figuré a le sens de gâchis. Cf. Siamo in un pasticcio ! (= nous sommes dans le pétrin).
Le français elmploie parfois un autre dérivé du mot italien pour un mélange informe : pastis.

TRUCULENT
Cet adjectif nous vient du latin trux (=farouche, sauvage, bourru) avec une connotation de cruauté, de menace. C’est avec cette sémantique de terrible et redoutable que l’écrivain latin Plaute l’emploie dans ses comédies. Et c’est avec ce sens de brutalité que nous employons un verbe de la même racine « trucider », du latin trucidare (= égorger, massacrer).
Alors qu’en français contemporain l’adjectif TRUCULENT qualifie surtout un langage haut en couleurs au style imagé comme, par exemple, celui de l’école naturaliste.
On note donc un adoucissement, mais nonobstant un changement tel de l’usage que le sens du mot original s’est perdu, à l’instar, dans un registre approchant, de l’ adjectif « formidable » qui, d’épouvantable est de nos jours compris comme merveilleux.
Le mot TRUCULENT qui existe tel quel en anglais a gardé son sens original. S’il s’agit du qualificatif laudatif, les Anglais disent racy pour le langage ou colourful pour un personnage.

SUCCULENT
Même si certains lexicologues en font un dérivé du latin sucus (= jus, sève), nous pensons qu’il s’agit plutôt d’une forme anagrammique de l’adjectif-participe présent esculentus (=bon à manger) ayant pour racine le dérivé esca (=nourritures) du verbe edere (=manger) Cf. le mot « manger » ci-dessous.
C’est ce nom latin esca qui nous a donné l’ esche pour attirer et attraper le poisson, mais également la racine de « scarole », mot emprunté à l’espagnol escarola (=frisée), en fait « herbe mangeable ».
On retrouve cette racine, il semble, dans le lituanien eskus (=glouton), le grec estiô (=je mange), l’allemand das Aas (=l’appât).

MANGER
Ce verbe français tout comme le verbe italien mangiare nous viennent du latin décadent manducare, de même racine que mandibule et qui n’a d’autre sens que « mastiquer, mâcher, bâfrer, se morfaler ». C’est un mot dénué de toute élégance et distinction s’il est employé seul. Aussi si MANGER sans complément d’objet paraît vulgaire, est-il de meilleur ton d’user de verbes tels que déjeuner, collationner, goûter, dîner, souper.
Dans toutes les autres langues de notre famille linguistique indo-européenne MANGER s’exprime par un dérivé du sanskrit, et plus près de nous du latin ESSE, qui, vous serez peut-être surpris, a les deux sens d’ exister et de manger, l’un n’allant point sans l’autre.
Restons un instant sur ce verbe ESSEntiel.
La racine ED ( EST) nous donne en sanskrit le verbe ADmi (=je mange) et l’accusatif –DANtam (=dent), en anglais EDible (=mangeable), en français dent, oDONtologue, samoyÈDE, comESTible, en russe : iEST (=manger), EDim (=nous mangeons), en grec : ESTi =mange !
Avec le préfixe COM (du latin cum) nous avons comESTible en français, mais aussi comer (=manger) en espagnol et en portugais.
Avec le préfixe OB, nous avons l’adjectif latin obESUS (=gras,replet) , origine du français obèse.

ENCLISE
(ou enclitique) Le terme est féminin s’il désigne le phénomène, il est masculin s’il est adjectif épithète du mot « mot ».
C’est la forme didactique qui consiste à reporter l’accent sur le mot qui précède. On dit aussi enclitique pour désigner le mot qui s’appuie sur celui qui précède.
Par exemple le pronom personnel « JE » dans « aimé-je », ou le pronom démonstratif « CE » dans « est-ce… »
Le mot grec composé de deux racines : en (=sur) et klinein (=pencher) est enklisis (=s’incliner) .
Si elle dénote souvent une erreur en français ( « dis-moi le », copié de l’hispanisme dimelo, l’enclise est très usitée et correcte en espagnol. Quand le verbe est à l’infinitif, au gérondif ou à l’impératif affirmatif, le pronom se place derrière le verbe et soudé à lui. Ex : divertirse (=s’amuser), escuchandole (=en l’écoutant), ayudame (=aide-moi).
L’ENCLISE du pronom, en espagnol, se retrouve même dans la langue littéraire, en tête de phrase, si le verbe est à l’indicatif ou au conditionnel Ex : Levantose, iracundo (= Il se leva, en colère).

LÉSINE
Ce mot d’origine germanique ( alasna > alesne > lesina) nous vient de l’italien lesina qui signifie alène, désignant le poinçon d’acier employé par les cordonniers et bourreliers pour percer le cuir avant de le coudre.
L’histoire nous raconte qu’une peuplade d’Avars, venue des plaines hongroises au VIII°s. s’installa en Lombardie. Cupides et rapaces de renommée ces Avars poussaient la parcimonie jusqu’à réparer eux-mêmes leurs chaussures pour éviter d’avoir à payer le savetier. Ils fondèrent même une association ( la compagnia della Lesina) dont l’emblème était une alène. Constamment chassés, ils se réfugièrent sur diverses îles de la mer Adriatique dont l’une au sud de Split se nomme Hvar en croate et Lesina en italien.
C’est ce même esprit de ladrerie, à l’opposé de la générosité et de la prodigalité qui, rognant sordidement sur la moindre dépense, sert de sémantique au verbe « lésiner ».
Le verbe italien lesinare correspond au verbe français « marchander ».
Pour LÉSINER l’anglais dit skimp, l’allemand knausern et l’espagnol cicatear.

GOINFRE
C’est un mot injurieux, datant du XVI°s. désignant quelqu’un qui mange beaucoup et de façon malpropre. « Se goinfrer », c’est « gnafer » goulûment.
Je fus invité un soir à Majorca par un ami catalan, membre d’une association dont le motif des réunions hebdomadaires consistait en des repas pantagruéliques. Cette association s’appelait Golafres. J’y appris que le nom avait été emprunté aux soldats maraudeurs en quête de nourriture. Serait-ce là l’origine de GOINFRE ?
Pour désigner un GOINFRE l’anglais dit pig, l’allemand Fresser et l’espagnol tragon

BAROQUE
Notons que jusqu’au XX°s. ce mot, adjectif ou substantif, comporta toujours une nuance péjorative. C’est à ce moment qu’il qualifia non seulement un style , mais également une époque, située à la charnière des XVII° et XVIII° s.
L’origine est le portugais barroco. Ce sont les marins de Pedro Alvarez Cabral qui rapportèrent ce mot à Lisbonne pour définir un rocher aux formes bizarrement irrégulières. Les Espagnols l’empruntèrent au XV°s. pour désigner une perle irrégulière.
Notons que le mot, sous diverses orthographes, a été adopté par la plupart des langues du monde, même le finnois, le hongrois et le basque.
Si on exclue l’architecture, dont le style use à profusion de volutes et autres décorations où prédominent les lignes courbes, et la musique, le qualificatif a pour synonyme curieux, bizarre, voire « rococo ».


ANKYLOSE
L’origine est le nom grec agkône qui désigne la courbure du bras, le coude. L’adjectif dérivé agkulos a le sens de « courbé ».
Le médecin grec Galien crée le mot agkulôsis ( se prononce « ankylosis) pour désigner la soudure d’une articulation, la courbure du corps due à cette affection.
C’est cette même racine ANK qui forme les mots ancre et angle en français ; angle (=pêche à la ligne), ankle (=cheville) en anglais ; Angel (=ligne) en allemand ; ancon (=rade, anzuelo (=hameçon) en espagnol.

NUQUE
C’est un des 400 mots d’origine arabe adoptés en français, où nukha a le sens de bulbe, mais aussi de moelle.
Le latin scientifique utilisait nucha pour désigner la moelle épinière. L’Académie enregistra le mot en 1694 sous la forme nuche. Ambroise Paré parle de « nuque ou medulle spinale ».
Mais c’est à partir de 1546 que NUQUE désigna la « partie postérieure du cou » au dessous de l’occiput.
En moyen-anglais on trouve knappe (=bouton) expliqué comme protubérance à l’arrière du crâne.
L’anglais dit nape (of the neck), mais l’adjectif correspondant à nape est nuchal. L’allemand dit nacken, le suédois nacke et l’espagnol nuca, fort proche du latin nux (=noix), mais également cervix, voire le pluriel cervices.

HISTRION
Voici un nom d’origine étrusque C’est à l’origine le nom d’une peuplade habitant notamment les rives de l’ Ister, fleuve que nous connaissons sous le nom de Danube. La région se nomme toujours l’ Istrie. Elle est située au nord de la mer Adriatique et en partie entre les golfes de Venise et celui de Kvarner. La Croatie actuelle en possède une partie.
Les Étrusques étaient connus comme gens évolués, intelligents et pleins d’esprit. Fondateurs de Rome, ils ont presque tout appris aux Romains, moins finauds qu’eux, mais ces derniers, plus disciplinés, les ont vaincus militairement vers 350 avant JC.
Influencés par l’art et le théâtre grec, ils excellaient dans le mime et la comédie. Ce furent les initiateurs de la « Commedia dell’arte ».
Au XVI°s. le mot HISTRION désignait un commédien et dès le XVII°s., au sens figuré, un beau parleur, bluffeur sur les bords.
Depuis le début du XIX°s.le mot n’est employé que péjorativement pour un imposteur ou un mythomane. Les « jeunes »usent d’un mot synonyme : « bouffon ».

ÉGROTANT
L’adjectif vient du verbe latin aegrotare au participe présent qui signifie « être malade », lui-même dérivé de l’adjectif aeger, mais il semble que la racine soit le tokhien eger (=en mauvais état)
Le tokhien est une lmangue indo-européenne, découvert il y a un siècle à l’ouest de la Chine ( bassin du Tarim au sud du Xinjiang), qui s’avère ignorée de la plupart des linguistes.

AMBIGUÏTÉ
Formé de deux racines latines :
-ambi dérivé du grec amphi, avec le sens de « de part et d’autre », et
-(a)gere (=mettre en mouvement, pousser, exprimer).
- AMBIGUÏTÉ indique donc l’équivoque, le double sens, partant le doute,
l’incertitude, le flottement.
Ovide appelait par exemple ambigui lupi les loups-garous, c’est à dire ces êtres tantôt loups, tantôt hommes.
Le préfixe AMBI- ( ou amphi-) sert dans la composition de nombreux mots tels que « ambages » (détours), ambidextre (habile des deux mains), ambition ( qui engage à solliciter le soutien de droite et de gauche), ambiant (qui entoure de tous côtés), mais aussi amphibologique (ambigu), amphibie (qui peut vivre à l’air ou dans l’eau), amphore (jarre à deux anses)

FRIVOLE
Cet adjectif n’est qu’un développement du latin frivolus qui pour une chose indique qu’elle est de peu de prix et pour une personne qu’elle est étourdie.
Suétone appelait frivolum une bagatelle et frivola ce qui subsistait d’une vaisselle cassée. » Si le verbe friare signifie « casser en mille morceaux », on peut en déduire l’adjectif « friable »
Sur le plan abstrait FRIVOLE est presque synonyme de « volage » qui qualifie une personne peu constante, qui « vole » (du verbe latin volare) telle qu’un papillon, de fleur en fleur, qui change aisément de sentiments ou d’opinions.
L’anglais emploie le même mot d’origine latine à parité avec un autre adjectif, d’origine germanique, shallow (=peu profond). Mais s’il s’agit de marchandises, « frivolités » se dit fancy goods.

VIRTUOSE
L’origine est le nom latin virtus (=ensemble des qualités morales et physiques de l’homme).
Dans la lignée des dizaines d’italianismes adoptés en France au XVII°s., virtuoso a été francisé pour désigner l’artiste musicien accompli, démontrant une technique brillante.
Une nuance péjorative est apparue au XX°s. pour stigmatiser l’exécutant, résumant son brio à la seule « mécanique » dans l’oubli total de ses dons d’artiste.
Du musicien de talent hors ligne, le mot a été attribué par extension à qui excelle dans un métier quelconque.

CILICE
C’est la chemise, ou par restriction la large ceinture, de crin que l’on porte directement sur la peau par mortification.
L’origine est le latin cilicium (=pièce d’étoffe en poil de chèvre). Ce sont des tisserands des environs de Tarse et de Sélinonte, dans le sud-est de l’Asie mineure, qui se spécialisèrent dans la fabrication de cette étoffe, et la région s’appelait alors Cilicie.
De nos jours cette région est en Turquie connue comme l’ il ( le district administratif) d’Adana.
Au sens figuré on peut dire par exemple que les exactions notoires d’un fils sont pour son père et sa mère un CILICE.
L’anglais appelle le CILICE hair-shirt (=chemise de poil), l’allemand Busshemd et l’espagnol cilicio.

LIBERTINAGE
C’est au début l’attitude d’affranchissement à l’égard de la religion. L’origine est le latin libertinus, doublet du participe passé adjectif du verbe liberare (=affranchir) utilisé à Rome lorsqu’un esclave était affranchi par son maître.
Au XVII°s. le LIBERTINAGE désigne l’inconduite, eu égard aux mœurs. Un libertin devient ensuite un libre-penseur, avant d’être considéré comme un débauché.
Les Anglais, dès qu’il s’agit de rapports sexuels ou de LIBERTINAGE, prétendent qu’ils n’ont pas de mots ad hoc par simple absence de ces dérèglements. Ils pensent que c’est outre-Manche et particulièrement en France qu’ils trouveront ce qu’ils cherchent. C’est ainsi que les mots de ce registre lexical sont tous d’origine latine, et non germanique.
Ainsi LIBERTINAGE se dit soit debauchery, soit dissoluteness, soit licentiousness.

GODELUREAU
Le mot est probablement la synthèse de gode (=dans le sens de galant) et de luron (personne décidée et enjouée).
Appelé autrement « damoiseau » au XVI°s. GODELUREAU, familièrement et par dénigrement, est un jeune homme élégant aux manières affectées qui se plaît à courtiser la gent féminine.
L’anglais pourrait dire swain , mais deux termes plus appropriés seraient dandy et avec une touche péjorative ladies’ man, s’il est plus âgé womaniser, et plus vulgairement horny guy . L’allemand dit Weiberknecht.

LYOPHILISÉ
Ce mot comprend deux racines grecques :
-le verbe luô qui signifie délier, dissoudre, que l’on retrouve dans anaLYse.
NB : La lettre « U », vingtième de l’alphabet grec, est nommée « upsilon »,appellation adoptée par les Allemands, alors qu’en français elle est nommée « i grec » et s’écrit « Y ».
-le suffixe « phil » (avec le sens d’acceptation, de possibilité) que l’on retrouve dans nombre de composés français tels que « thermophile ».
Le procédé de LYOPHILISATION fut inventé au début du siècle dernier par des chimistes français. Parfois appelé « cryodessication » ( du grec kruo =froid), il permet, en retirant l’eau contenue dans un aliment et partant beaucoup de son poids, de le stabiliser à température ambiante et de faciliter ainsi sa conservation.
LYOPHILISÉ se dit freeze-dried en anglais

ESCARMOUCHE
On trouve escarmussa en provençal, skirmish en anglais, Scharmützel en allemand, ysgarmes en gallois et schirmen (= « se protéger », en vieil allemand) . Mais également eskermis (=bataille) en vieux français, dérivé du verbe eskermir (=se battre) que l’on peut rapprocher d’ escrimer (=combattre) comprenant la racine mucier (=cacher) que l’on retrouve dans le manchois « mucher.
L’allemand actuel a Schirm pour bouclier, écran, défense. Il semble donc que l’origine du mot précise « combat à couvert ».
On note plusieurs doublets dont « scrimmage » et Scaramouche que Molière a emprunté à la commedia dell’arte.
Dans le langage militaire il s’agit d’un accrochage de courte durée entre deux patrouilles soit fortuit soit concerté pour tester la force de l’adversaire.
De l’échauffourée au propre, le mot ESCARMOUCHE correspond souvent au sens figuré à altercation, dispute .

ÉPITOMÉ
C’est l’abrégé parfois d’un livre, plus souvent d’une histoire. Le mot se compose de deux racines grecques :
-l’adverbe/préposition epi (= dessus, c’est à dire à la surface, de façon à recouvrir) et
- le verbe temnô (= couper, enlever en coupant)
En grec le mot epitomé avait pour sens premier « incision, coupure à la
surface », et chez Aristote « abrégé, abrégé de l’univers, abrégé d’un ouvrage ».
On dira par exemple que, contrairement au Français, individualiste de nature, chaque Chinois est un épitomé de la race entière.

PERTINACITÉ
Le dictionnaire de théologie, Mme Verdier de Caen, dit par exemple qu’on peut être « hérétique matériel » c’est à dire par ignorance de la doctrine ou « hérétique formel » par PERTINACITÉ c’est à dire en connaissance de cause, mais ne rattache certainement pas le mot à « pertinence ».
L’adverbe latin pertinaciter signifie « avec entêtement, obstination, opiniâtreté ». Le mot est composé de deux racines :
-la préposition per (=tout à fait, entièrement)
-l’adjectif tenax (=qui tient fortement) dont est dérivé tenace.
Pline a écrit :
Pertinax pater pour un père avare (qui tient bon les cordons de la bourse)
Pertinax certamen pour combat acharné
Pertinax ludere pour « accro au jeu »
Dans son Lexique , Malh écrit « Toutes difficultés sont expugnables à la PERTINACITÉ du labeur ».
Ténacité est un synonyme de PERTINACITÉ.
Dans un sens nuancé, qui vous rejoint Madame, j’ai noté la PERINACITÉ d’une marchande de poisson granvillaise à qui un chaland, colonel en retraite de son état, avec badine sous le bras et gants beurre frais, disait après avoir regarder l’étal : « Votre maquereau ne me dit rien ! » , et la marchande, qui tenait mordicus à la fraîcheur de son poisson, de répondre incontinent : Tu ne voudrais quand même pas qu’il te dise ‘Papa’ ! »

EMBUSQUÉ
C’est en argot militaire un « planqué ». Mais dans la stratégie martiale le mot, participe passé du verbe « embusquer », désigne le ou les soldats postés à un endroit caché, étymologiquement au coin d’un bois, pour surprendre l’ennemi, lui assurant ainsi une embuscade.
Le mot qui fut emprunté à l’italien imboscare (=se cacher) a pour racine busc > bosco qui signifie « bois » et que nous retrouvons dans bosquet, boqueteau, bouquet et même bosco, à l’origine le charpentier d’un bateau.

ENDOSMOSE
C’est en physique le courant de diffusion qui s’établit du dehors au-dedans entre deux liquides de densités différentes, séparés par une membrane.
Le mot s’emploie également au sens figuré pour indiquer une sorte d’empathie ou de sympathie.
Le contraire est exosmose.
Le mot est composé de deux racines grecques :
-endo(n) qui signifie « en dedans », et
-ôsmos dont le premier sens est impulsion et ensuite heurt, coup.

ÉPIGASTRE
C’est ce qu’on appelle vulgairement « le creux de l’estomac ». C’est en anatomie la partie supérieure de l’abdomen, entre le nombril et les côtes.
Le mot est composé de deux racines grecques :
-l’adverbe/préposition epi (=sur), et
-le substantif gaster (=estomac) que l’ion retrouve dans gastropode, gastralgie, gastrique, gastrectomie, gastronomie.
Chez certaines personnes la vue du sang provoque une contraction nerveuse de l’ÉPIGASTRE.

HÈRE
C’est Rabelais qui, au XVI°s., pour la première fois usa du mot, avec le sens de « miséreux », sous la forme hayre.
Or hayre était un dérivé du viel allemand harra (= poil, cheveu) dont sont venus Haar en allemand et hair en anglais.
Hayre était en fait un vêtement grossier fait de poil que l’on portait par esprit de mortification, à l’instar du cilice.
Certains malandrins étaient également condamnés à porter la hayre d’où le sens second de malheureux.

GLUTEN
Le mot est un emprunt direct au latin gluten, lui-même dérivé du grec gloios (=glu, gomme, glissant), ayant donné kleben (=coller) en allemand, glue (=colle forte) en anglais et glu en français.
C’est un mélange de protéines combiné avec de l’amidon dans l’endosperme de la plupart des céréales. Il se compose d’un fort pourcentage de sucre qu’il vous est aisé de détecter si vous mangez une petite boulette de pain bien roulée.
Si on le retrouve dans toutes les farines de céréales panifiables, il se fait rare en revanche dans l’orge, et absent dans le maïs, le sarrasin et le riz complet.
Si certaines personnes sont intolérantes au gluten (maladie coeliaque), il ne se s’agit pas d’allergie mais d’une perturbation immunologique de l’intestin par la gliadine.
Le pain se composant ainsi de glucides complexes, la Faculté rappelle aux diabétiques que l’indice glycémique du pain blanc est de 95 alors que celui du pain complet est de 65 car ce dernier est deux fois plus riche en fibres. Notons enfin que le pain grillé, après évaporation d’ H2O est hyperglycémiant.

CABOTIN ( ou cabot)
C’est la désignation péjorative du comédien ambulmant sans talent et surtout gonflé de prétention. Au sens figuré c’est le personnage politique, sans naturel, qui affecte des attitudes théâtrales pour se faire remarquer et élire. Le cabotinage dénote le rôle peu sincère d’un candidat au parlement qui met plus de soin à compter les voix des électeurs qu’à les écouter.
Certains lexicologues rattachent l’origine à un certain Cabotin, charlatan célèbre au XVII°s. qui parcourait la province en vendant des drogues et en jouant des saynètes.
D’autres en font un dérivé du latin caput (=tête) avec le sens de « saluer sans cesse de la tête par obséquiosité ».
Une troisième thèse endosse la racine latine caput et son dérivé espagnol cabo au sens de « cap » comme dans caboteur, ce navire qui longe les côtes de cap en cap, c’est à dire de port en port, à l’instar de notre charlatan de foire en foire.

CHAMADE
On ne trouve de nos jours ce mot que dans l’expression « un cœur qui bat la CHAMADE » pour indiquer qu’une émotion le fait battre très fort.
Ce mot fut emprunté au piémontais ciamada que l’oin retrouve dans l’italien chiamata (=appel). C’estvainsi qu’à Rome ou Venise chiamata telefonica est un appel téléphonique et chiamata alle armi est l’appel sous les drapeaux. En typographie chiamata désigne une lettrine et au théâtre un rappel.
L’origine est le latin clamare (=crier, appeler, proclamer) dont sont également dérivés l’espagnol llamada (=appel) et, j’en suis persuadé, le français « clairon », le latin calare (=appeler) étantun doublet de clamare dont sont dérivés les mots anglais call (=appeler) et calling (=vocation).
Autrefois la CHAMA DE était la batterie de tambours qui annonçait à l’ennemi que l’on était orêt à se rendre. Et là on retrouve la connotation du cœur ému.

CHALUMEAU
C’est à l’origine un tube deroseau ou de paille. Au café le serveur vous apporte un CHALUMEAU qu’il appelle une paille pour siroter votre jus de fruit.
En musique c’est un instrument à vent, à anche double. L’organier et l’organiste en font également un synonyme de musette.
C’est en physique le tube servant à diriger la flamme sur un objet.
Quant à la racine sémantique, on la trouve dans le latin calamus (=roseau), dérivé du grec kalamos (=chaume) à la descendance prolifique allant de « chaumière » (=maison recouverte de chaume) à « calamité » (= fléau causé par les sauterelles endommageant les moissons sur pied au point de ne laisser que les tiges), en passant par « calamar » ou calmar (=mollusque céphalopode, souvent appelé encornet, produisant dans sa fuite une sorte d’encre utilisée pour écrire), par « calame » (=roseau taillé dont les Anciens se servaient pour écrire) et par « calmar » (=étui pour roseaux à écrire) que nous nommons maintenant plumier.

MYTHOMANE
Ce mot est composé de deux racines grecques :
-MUTOS (le « U » – upsilon grec devient « Y » – i grec en français) qui a pour sens original : la parole exprimée, le discours, la rumeur, la fable , ayant donné lieu à des quantités de mots avec « mythe » comme préfixe, du genre « mythologie » qui est une branche de la sociologie religieuse mais qui à l’inverse de la fiction est le récit d’évènements primordiaux relatant l’origine du monde, des dieux, des héros, du genre mythification ;
-MANIA (=folie, démence) dont est dérivé « manie ».
La MYTHOMANIE est la tendance pathologique ( consciente ou non) de certains malades forgeant de toutes pièces des mensonges qu’ils intègrent eux-mêmes comme réalités.
La MYTHOMANIE est fréquente chez les hystériques.

APARTHEID
Néologisme forgé en 1924 par les Afrikaans de l’Union sud africaine à l’aide du français « À PART » et du suffixe néerlandais –HEID, d’origine germanique que l’on retrouve dans le suffixe anglais abstractivant -hood de childhood (=enfance), priesthood (=prêtrise), christianhood (=chrétienté), neighbourhood (= voisinage), knighthood (=état de chevalier).
Les Afrikaans entendent par APARTHEID la séparation de la société en quatre catégories : -les Blancs, en majeure partie descendants des d’immigrants européens depuis le XVII°s, surtout Britanniques et Hollandais, mais aussi huguenots français s’étant notamment spécialisés dans la viticulture,
-les Indiens, descendants des coolies de Madras, engagés depuis la moitié du XIX°s. sur les plantations de canne à sucre.
- les « Coloured », résultat du métissage entre les Blancs et les Hottentots au XVI°s. et les Malais de la région du Cap.
- enfin les Noirs, en majorité Bantous qui représentent les trois-quarts de la population du pays.
L’APARTHEID a pris fin en 1990, mais il infiltre toujours malheureusement et plus hypocritement les mœurs de nombreux autres pays . Notons qu’ un grand pas a été effectué en novembre 2008 lors de l’élection d’un Noir à la Présidence des Etats-Unis, une vraie révolution qui devrait servir d’exemple au vieux continent.

INTEMPÉRIES
Ce exclusivement employé au pluriel indique littéralement des conditions atmosphériques désordonnées, mais en pratique, le mot est de nos jours généralement compris comme synonyme de « mauvais temps ».
Il se compose de deux racines latines :
-le préfixe négatif in , et
-le substantif tempus (=temps)
Le mot latin d’origine intemperies a la sens d’état déréglé, ecessif, immodéré.
Ajouté à caeli (=ciel) il désigne l’inclémence de l’atmosphère
« aquarum (=des eaux) c’est un excès de pluies
En second sens intemperies désigne au propre l’orage et au figuré des caprices ou l’indiscipline .
Au sens figuré le mot français définit parfois un dérèglement politique ou social.

FLEGMATIQUE
Une personne flegmatique est une personne qui ne s’énerve jamais. Elle est capable de garder son calme dans toutes les situations.
Au XVII°s. les Espagnols étaient considérés comme la personnification de cette qualité. Qualité dont les Britanniques devinrent les parangons au XIX°s.
Le mot grec flegma avait pour premier sens « inflammation », sémantiquement retrouvée dans le français « phlegmon », désignant l’inflammation du tissu conjonctif sous forme d’abcès chaud douloureux, et en second sens l’humeur froide, autrement dit le comportement calme.
Notons que si FLEGMATIQUE avec un « F » est synonyme de calme, tous les mots en « phlegm. » (de même origine) avec « PH » sont réservés au pathologique, c’est à dire à l’humeur chaude.

MANICHÉISME
C’est, pour faire simple, une manière de penser qui consiste à séparer les choses, et malheureusement, les gens, en deux groupes opposés : les bons et les mauvais, sans juste milieu.
On dit que pour un manichéen les choses sont blanches ( quand elles sont bonnes) ou noires ( quand elles sont mauvaises).
Donald Reagan en traçant l’ axe du mal , séparant son monde blanc, bon, bien du monde mauvais, à l’époque la Corée du Nord, l’Iran, etc.
C’est près de Tebessa en Algérie que des documents en latin et près de Dunhang en Chine que d’autres documents, eux en chinois, nous apprennent tous les secrets de cette religion fondée au III°s. de notreère par Manès pour une synthèse du bouddhisme, du zoroastrisme et du christianisme.
Le principe fondamental du MANICHÉISME vient du dualisme persan : le bon Dieu, prince du Ciel, face à Satan, prince du monde, le Bien et le Mal.
Les Chinois dans leur recherche de l’harmonie entre le Yin (froid, obscur, la femme,etc.) et le Yang (chaud, lumière, l’homme,etc.) ont longtemps suivi les préceptes de Manès, tout comme St Augustin en son temps.
Né en 216 Manès calquera sa vie sur celle de Jésus au point que ses disciples assimileront sa passion en prison en 276 à la crucifixion du Golgotha.

HÉTÉROGÈNE
C’est un adjectif qui vient du grec eteroguenès (=d’un autre genre, d’une autre espèce) formé de
-l’adjectif eteros (=autre, l’un des deux, différent, contraire, opposé) Nombrede mots dans toutes les langues indo-européennes usent de ce préfixe, tels que hétéroclite (= de natures ou style différents), hétérodoxe (= de croyance différente), hétérosexuel (=de sexe différent), hétérozygote (= pour deux faux jumeaux), hétérodrome (=pour ue sorte d’arythmie cardiaque).
-le substantif guenos (=naissance,origine, henre,race,famille)
Son opposé est homogène.

SOPHISTIQUÉ
Loin du sens étymologique du mot, cet adjectif qui nous vient des Etats-Unis, galvaudé de nos jours, qualifie une chose perfectionnée, serait-elle compliquée ou une personne manièrée. L’antonyme est « naturel ».
La racine est le grec sofos qui veut dire habile, surtout dans les arts mécaniques, ou encore prudent ou sage s’il s’agit d’une personne. D’où le nom du célèbre poète tragique grec Sophocle.
Sofistès désignait à Athènes tout homme excellant dans son art ou encore maître de philosophie et d’éloquence. Par dérision c’était également l’appellation d’un charlatan ou d’un imposteur.
Sofisma était l’habileté ou l’ingéniosité, mais aussil’artyifice, la ruse, l’intrigue.
Sofia était soit l’habileté manuelle, soit le savoir, la science. C’est cette dernière acception qu’il faut prendre en compte dans le titre doctoral des universités américaines Ph.D ( Docteur en philosophie, c’est à dire en « savoir »)

YAMEN
Vous avez raison Mme Marty de Cherbourg YAMEN est bien un mot de mandarin, disparu des dictionnaires français depuis la moitié du XX°s.. L’ouvrage qui vous occupe (Comprendre les Chinois …d’Arthur Smith) relate faits et gestes du temps des Empereurs.
Et la seconde syllabe –men veut bien dire « porte » comme dans Tian An Men (=porte de la paix céleste).
Ce mot YAMEN nous vient donc de l’Empire du Milieu où il désignait le bureau et par extension la résidence des mandarins ( autre mot de l’époque, mais d’origine portugaise et dérivé du latin mandare qui nous a donné « mander » avec le sens d’envoyer ou envoyer chercher).
De nos jours YAMEN s’emploie à Pékin presque par dérision pour désigner la bureaucratie avec son arrogance et sa futilité.
Quant à la première syllabe ya , désuète aujourd’hui, elle désignait jusqu’en 1911 (république de Sun Yat-Sen) la signature d’un fonctionnaire.



ULTIMATUM
Ce sont les dernières conditions posées par un pays à un autre ou par un groupe de personnes à un autre, pour éviter un conflit.
L’usage courant en fait également une proposition que l’on ne peut contester.
C’est le mot latin emprunté de l’expression ultimatum consilium (=dernière décision).
La racine du mot est un des superlatifs absolus d’un mot latin inusité (ulter) dont le comparatif est ulterior, qui nous a donné « ultérieur » et signifiant « qui est au-delà ».
Cicéron a écrit : ad ultimum spiritum (= jusqu’au dernier souffle)
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