vendredi 14 août 2009

IMBROGLIO DANS LES BALKANS

IMBROGLIO DANS LES BALKANS
Il y a belle lurette que le problème des visas est un casse-tête dans l’ex-Yougoslavie.
La Commission européenne vient de dispenser de visas, à compte du 1er janvier 2010, les Serbes, les Monténégrins et les Macédoniens. Il faut voir la joie de ces gens pour qui le sésame tant attendu va ouvrir l’Espace Shengen, la Suisse, la Norvège et l’Islande. Sept des dix étudiants que j’ai interrogés le mois dernier à l’Université de Belgrade m’ont avoué n’être jamais allés à l ‘étranger.
Mais voilà : les Bosniaques, les Albanais et les Kosovars ont été oubliés. Il faut dire que la criminalité et le trafic de drogue sont endémiques dans cette région d’Europe et confortent l’hésitation de l’Union .
Où tout se complique, c’est que les Croates et les Serbes de Bosnie ont le feu vert alors que les Bosniaques ( musulmans de Bosnie) seront toujours astreints au visa.
Un professeur de Mostar m’a dit être scandalisé qu’un assassin reconnu tel que Ratko Mladic va pouvoir dans quelques mois se rendre en principe librement à Paris alors que les familles de ses dix mille victimes n’en auront pas le droit.
Et ne parlons pas de la discrimination dont vont pâtir les Kosovars, non reconnus par la Serbie . B e r n i e Août 2009

25 août 2007

Mon cher Philippe,

Profitant d’un engagement à Zagreb et en Bosnie-Hercégovine pour trois reportages journalistiques, je suis en train de faire le tour de l’ancienne Yougoslavie (=slavie du sud) où je n’avais pas séjourné depuis 25 ans.
La région est toujours aussi belle, la mer sur la côte adriatique toujours aussi limpide, la population toujours aussi accueillante et le coût de la vie fort avantageux pour nous Européens de l’ouest ( 25 € par jour pour la table et le couvert).
Pas de surprise en Slovénie, ni en Croatie, ni en Macédoine. En Bosnie le merveilleux pont de Mostar ( la perle du lieu au point que la ville porte le nom “Pont” en slave > “most”) a été reconstruit avec l’aide de l’ UNESCO, et Medugorje, d’un bourg de 500 hab., est devenu une petite ville depuis l’annonce des apparitions de la Vierge, il y a 25 ans, avec près de cent hôtels et pensions. Au bonheur des marchands du temple, les pélerins affluent par dizaines de milliers des cinq continents créant le microcosme linguistique le plus petit et le plus riche au monde.
À Belgrade (= “ville blanche”) tous les Serbes à qui je reprochais de soustraire au Tribunal International de La Haye deux des plus recherchés criminels de guerre (en partie responsables des 200.000 morts entre 1992 et 1995) m’ont répondu sans vergogne qu’ils protégeaient Radovan Karadzic et Ratko Mladic car c’étaient “deux héros de la Patrie”.
Au Monténégro, où l’Euro est la monnaie officielle depuis qu’il a décidé son indépendance le 3 juin 2006, tous se félicitent d’être maintenant indépendants et attendent impatiemment leur intégration !!! à l’Union européenne.
Quid du Kosovo ? Ce n’est que montagnes hormis un plateau que les Serbes nommaient Metohija ( = propriété du monastère). L’ONU étant chargé de la sécurité, ce sont près de 30.000 militaires de divers pays qui restent armés. J’ai vu atterrir à Pristina, la capitale, un gros porteur de l’ US Air Force et débarquer quelques centaines de GI’s. On sent chez la population, à 90% albanaise de souche (musulmane à part 10% de cartholiques) une irréductible volonté d’imiter le Monténégro, de se séparer de la Serbie et d’obtenir l’indépendance. La mort soudaine d’Ibrahim Rugova , en janvier 2006 , a brisé les négociations en cours. Mais que peut faire le merle face à l’ aigle

. En croate(*) “ merle” se dit “kos” et avec le suffixe toponymique des Balkans “ -ovo “, KOSOVO signifie : Pays des Merles. Et Albanie se dit localement “ Shkiperi “, un mot qui en albanais signifie “pays des aigles” .
(*) Il faut banir le terme “serbo-croate”qui est une ineptie.
Et pardonne-moi cette manie pédagogique; professionnellement déformé, j’ai toujours l’impression d’avoir affaire à des élèves.

En d’autres termes, deux camps continuent de s’ affronter violemment : Albanais et Serbes.
J’étais à Pristina, capîtale du Kosovo, ce 28 juin dernier lorsque Vojislav Kostunica, premier ministre de Serbie, fit une visite surprise. Dans son discours enflamé il rappela ce funeste 28 juin 1389 où la bataille de Kosovo, (“ berceau de la Serbie”, précisa-t-il) donna la victoire aux Ottomans qui y restèrent cinq siècles. A Belgrade je n’ai pas rencontré un seul Serbe qui ait jamais mis les pieds au Kosovo.


Le pays est certes pauvre, avec 70% de chômeurs. Seuls les monastères semblent survivre, malgré les pillages récurrents, voyant avec regret les subsides à eux destinés, accaparés par les fonctionnaires communistes albanais corrompus, qui se livrent au trafic de drogues et d’êtres humains.

“Jamais, m’a dit Mirjana, un des rares chrétiens à ne pas fuir, la haine a été aussi vive, attisée par les gouvernements de Serbie et et d’Albanie, mais au fond les gens ne demandent qu’à s’entendre” .

Sans la KFOR ( Force de paix au Kosovo ) les minorités ethniques ( Roms, Slaves, Croates, Turcs et bien sûr Serbes) seraient massacrées par les extrémistes albanais. Encore doivent-elles vivre dans des enclaves fortifiées.

Essayez de demander dans un magasin du Kosovo un produit manufacturé à Belgrade, on vous répond sans vergogne: “ Ici, on ne vend rien qui vient de Serbie !”

A Prizren, j’ai voulu photographier les ruines du Monastère des Saints-Archanges. Un policier a tenté de confisquer mon appareil.

Ce mot à seule fin de te dire que je serai de retour le 3 ou 4 septembre. Et pardonne moi tout ce laïus qui t’a peut-être fatigué.


Bien amicalement . Bernie de Tours



KOSOVO : pomme de discorde
Un peu plus de 2 millions d’habitants dont près de 90% d’Albanais musulmans et 7% de Serbes chrétiens et pourtant, selon le droit international, le KOSOVO ( moins grand que la Manche et le Calvados réunis) est une province de la république de Serbie, sous administration. des Nations Unies depuis 1999, qui se sont donné jusqu’à la fin d’octobre 2007 pour trouver une solution et décider de son avenir.
La Serbie, soutenue par la Russie, refuse toute indépendance du KOSOVO, une indépendance réclamée par les Kosovars albanais.
Toute idée de partition menaçant d’une nouvelle conflagration, l‘Union européenne, soutenue par les Etats-Unis, suggère l’indépendance, sous surveillance de l’ONU, promettant même à la Serbie, pour l’amadouer, son intégration rapide à l’Union, mais Moscou regimbe et voici derechef la Russie face à Washington. Bernie Pristina 28 août 2007

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