jeudi 20 août 2009

PHILOLOGIE

Supplément #9

WHISKY
Le mot vient du gaëlique uisge (=eau) beatha (=vie) signifiant « eau-de-vie ». Il en existe quatre sortes ( et près de 250 marques de nature différente) :
- le scotch, distillé en principe en Écosse, titrant au minimum 40° et ayant vieilli au moins trois ans en fût en Calédonie,
-le paddy , en Irlande, à base d’orge maltée dont la moitié séchée au feu de tourbe. Les Irlandais orthographient le mot « whiskey »,
-le rye , au Canada, à base de seigle et fruit d’une triple distillation,
-le bourbon , qui compte une proportion de maïs supérieure à 51%. Ce sont les colons français de l’État du Kentucky qui lui ont donné son nom en l’honneur du roi Louis XVIII Notons que, lorsqu’il n’évoque pas le WHISKY local ou une ville du Kansas ou du Missouri, le mot « bourbon » a le sens de réactionnaire. Mais ne nous trompons pas, aux USA où idéologie est un mot tabou, « réac » s’applique aussi bien à la droite qu’à la gauche. Le mot stigmatise le politicien trop attaché à l’ordre ancien. J’ai entendu souvent « Bourbon » pour qualifier un Démocrate sudiste ultraconservateur.

BOLDUC
Il s’agit d’un ruban décoratif de couleur vive utilisé pour ficeler les paquets-cadeaux, ou encore dans les pâtisseries.
Le mot syncopé nous vient de la ville de Hollande qui s’était spécialisée dans la fabrication de ce ruban à savoir Bois-le-Duc, située entre Breda et Nimègue, appelée dans la langue locale HertogenBOSCH . C’est la patrie du célèbre peintre Hieronymus van Aken qui prit pour sobriquet Jérôme BOSCH, en raison de son lieu de naissance.

CONCHIER
Voici un verbe trivial et vulgaire, fort heureusement peu usité de nos jours, mais comme vous l’avez découvert, Mme Léonard de Rouen, dans la Correspondance de votre écrivain normand préféré, l’excellent Gustave Flaubert, je vous confirme qu’il s’agit d’un dérivé du verbe latin populaire concacare qui signifie déféquer sur, souiller d’excréments. L’ancien français l’utilisait plus couramment pour dire « duper ».
La racine originale est le neutre grec kaka (= mauvaises choses).
Il peut s’utiliser transitivement avec le sens de « mépriser, outrager » ou intransitivement, , avec la préposition « sur » , comme le fit Flaubert : « Je conchie sur mes souvenirs ».

MINARET
Ce sont les Turcs qui nous ont apporté ce mot arabe dont l’étymologie sémitique signifie « qui éclaire », un mot de la racine NARA (= briller) que l’on peut rapprocher de « menorah » , le candélabre à sept ( ou neuf) branches des Hébreux.
Il n’y avait pas de MINARET au temps du Prophète. Le premier fut édifié par le khalife Al Walid ben Abdelmalek en Syrie pour concurrencer les clochers des églises orthodoxes.
Les mosquées comprirent un, puis deux, trois, voire quatre minarets . Celle de La Mecque en a six. On lui en ajouta un, soit sept en tout, lorsque la Mosquée bleue d’Istanbul en érigea six.
Le minaret le plus élevé était encore récemment celui de la mosquée Hassan II à Casablanca, haut de 210 mètres. Le plus haut minaret en briques rouges culmine à 72 mètres à la mosquée Qutub de Delhi. Mais le mégalomane Bouteflika a décidé de construire le plus haut minaret du monde pour sa mosquée d’Alger. Il dépensera pour sa mosquée plus de trois milliards de dollars avec un projet de minaret de 300 mètres de haut.

LIPOGRAMME
C’est un écrit dans lequel l’auteur s’abstient d’employer telle ou telle lettre de l’alphabet. Le mot est composé de deux racines grecques : le verbe lipô ( = abandonner, laisser) et le substantif gramma (= lettre).
Figure de style oulipienne (OULIPO = Ouvroir de Littérature Potentielle, fondée en 1960 utilisant des contraintes littéraires du passé) qui permet d’exalter l’imagination, l’art du LIPOGRAMME a été inventé dans la Grèce antique, notamment par Pindare, et repris par exemple par Georges Perec dans son roman La Disparition où il n’emploie pas une seule fois la lettre « E ».
Une des formes de LIPOGRAMME est le tautogramme qui, à o’inverse, n’utilise qu’un seule voyelle.
Notons que les romans lipogrammiques de G.Pérec ont été traduits en anglais, allemand, russe, esoagnol et italien avec la même restriction.

GARROT
Ce mot désigne ou bien la partie du corps qui prolonge l’encolure, à savoir la saillie que les apophyses des premières vertèbres dorsales forment au dessus des épaules du cheval, ou bien le morceau de bois court quye l’on place danbs une corde pour la serrer en tordant et , partant, le dispositif servant à la compression d’une artère.
Résultat du chiasme consonantique ( G < > V ), il semble que l’origine se trouve dans le mot latin vara (= bâton) que l’on retrouve dans l’espagnol vara (=bâton) et le français verge.

BAGUENAUDER
Ce verbe a le sens de s’amuser. Il semble qu’il prenne son origine dans le nom du fruit du Baguenaudier, fruit qui ressemble à une gousse de 5 à 7 cm qui enfle et deviuent translucide à maturité.
D’une part les enfants utilisaient ces fruits pour jouer ( d’où le sens de s’amuser) et d’autre part ces gousses pleines d’air nous reportent, après chiasme consonantique ( B < > V) au verbe latin vacare (=être vide).
Quant au verbe pronominal « se baguenauder » , il s’ignifie « se promener », c’est à dire tuer le temps quand on n’a rien d’autre à faiure, quand on est en « vacance » .

ADRENALINE
Un mot que nous avons emprunté à l’angloricain au début du XXème s. Il se compose de deux racines latines : ad (= vers, près de ) et renes (= reins, lombes, dos). Notons que renes est dérivé du grec nefros qui a le double sens de rein et de testicules. La racine apparaît dans le latin nefrones (=testicules) et dans l’allemand die Niere (= rein).
L’inventeur japonais du mot , Jokichi Takamine, découvreur des vertus de cette hormone, l’avait extraite des glandes surrénales du bœuf.
C’est en visitant le cimetière de Woodlawn dans le Bronx pour y photographier la tombe de Herman Melville, que je découvris celles de Lionel Hampton, d’Otto Preminger, de F.W.Woolworth, l’inventeur de la chaîne de magasins à « prix unique », que j’aperçus par hasard le mausolée de J.Takamine. La notice m’intéressa au point que je me rendis, à 80 km au nord de Manhattan, dans la résidence d’été du savant, à Kanazawa, dans le comté de Sullivan, où j’appris son histoire. Ayant épousé l’Américaine Caroline Field Hitch, il émigra aux USA pour y poursuivre ses recherches, à l’âge de 40 ans. L’Empereur du Japon lui avait offert une reproduction du Palais de Kyoto à l’occasion de l’Expo mondiale de St Louis, Missouri, en 1904. Takamine la transféra par morceaux dans l’État de New York. Curieusement il fut, avec le maire de Tokyo, le donateur des superbes cerisiers qui embellissent les rues de Washington au printemps.
L’ADRÉNALINE, sécrétée en réponse à un état de stress, accélère le rythme cardiaque, augmente la pression artérielle et répond ainsi à un besoin d’énergie.

GYPSE
Le mot nous vient du grec gupsos qu’Hérodote emploie pour désigner à la fois le gypse et le plâtre, et Théophraste pour la chaux vive, mais les Grecs avaient eux-mêmes emprunté le mot à la langue sémitique araméenne.
Il semble que le portugais giz ou gesso, l’espagnol yeso et l’italien gesso viennent de la même racine que l’arabe giss.
L’anglais a emprunté le latin gypsum tel quel, alors que le russe dit guipse. Notons que le Codex de Justinien au VIème s. cite gypsus pour désigner une île de la Haute Égypte.

LAZZI
C’est un emprunt, au pluriel, à l’italien lazzo (= bouffonnerie, pitrerie). Ce mot nous a été apporté par la Commedia dell’arte à la fin du XVIIème s. pour désigner les plaisanteries moqueuses des spectateurs à l’ adresse des acteurs. L’Académie accepte au pluriel « lazzis » ou « lazzi ».

HÉBÉTUDE
Les médecins usent de ce mot pour désigner l’engourdissement de l’esprit. Le mot est dérivé du latin hebetare qui signifie émousser, affaiblir, voire être stupide. D’où le terme anglais stupor, l’espagnol estupides, l’allemand Stumfpheit. L’italien offre deux mots : ebetismo si le mal est chronique et ebetudine s’il est momentané.

SÉRAIL
Ce mot nous vient du persan saray (= palais) qui désignait à l’origine la demeure du sultan dans l’Empire ottoman. Si au XVIème s. le mot indiquait le harem, au XIXème il désignait la cour de tout haut dignitaire ottoman.
Allié à « caravane » le mot caravansérail a le sens d’hôtel au Moyen-Orient comme on peut toujours en voir, par exemple à Ispahan , au centre de l’Iran, dont les 5 étoiles impliquent un confort royal et des prix en rapport. Alors qu’en 1960 j’ai été logé gratuitement au caravansérail de Sad-al-Seltaneh à Kazvin, à l’ouest de Téhéran.
Depuis des siècles les caravansérails ( appelés parfois khan en Iran ou funduq au Maghreb ) sont des lieux où les caravanes de marchands, les voyageurs ou les pèlerins font halte. L’intervalle entre deux caravansérails correspondait à la distance que pouvait parcourir un chameau du lever au coucher du soleil.
En plus des chambres au premier étage, le caravansérail comporte au rez-de-chaussée, autour d’une vaste cour ouverte, des écuries pour les animaux et des magasins pour les marchandises.

BÉTON
Le mot latin dont ce terme est dérivé est bitumen qui avait pour sens goudron, bitume.
Mais le racine est d’origine celtique, du mot betulla qui est le nom d’un arbre, le bouleau. C’est en effet la matière obtenue par distillation de l’écorce de bouleau.
Le mot a té adopté en français avec le sens de mortier. Les Romains n’avaient à l’origine que le ciment. Aussi furent-ils heureux de découvrir le BÉTON gaulois, qui leur permit de mettre au point les mortiers utilisés en construction pour lier les pierres entre elles.
Les constructeurs égyptiens n’employaient, eux, que le plâtre.

ASSIETTE
C’est du participe passé au féminin du verbe latin adsedere (= asseoir) qu’est dérivé ce mot. L’anglais en a tiré sit (=être assis), l’allemand sitzen (=être assis), et le russe sidits (=être assis).
L’assiette était connue des peuples de l’Antiquité et notamment des Romains. Elle disparut au Moyen-Âge laissant la place aux écuelles , au point que ce dernier mot correspondait alors à ce qu’on appelle de nos jours la vaisselle, et aux tranchoirs ( on mangeait alors sur une tranche de pain). L’ASSIETTE réapparut en 1530, en argent, au mariage de François 1er et d’Éléonore de Habsbourg. C’est Mazarin qui introduisit les assiettes creuses vers 1650.

GIROFLE
L’étymologie de ce mot nous entraîne autour du monde. Un manuscrit de Tours de l’an 1176 orthographie GEROFLE cet arbre de la famille des Myrtacées, que j’ai vu atteindre 15 mètres de haut à Menanga ( îles Moluques).Il le dit dérivé du latin gariofilum, du grec karuofulon , de karuon (=noix) dont nous vient « cerneau », la noix à demi-mûre tirée de sa coque. Et de fullon d’où vient « feuille », mais qui en grec s’appliquait surtout aux plantes médicinales, dixit Gallien.
Les Chinois utilisaient déjà cette plante, bien avant notre ère, pour combattre l’halitose, sous le nom de ti (=poulet), she (=langue) xiang (=parfum) soit « épice langue de poulet ». Aujourd’hui, à Pékin le clou de girofle se vend sous l’appellation ding xiang (=clou parfumé). À Kuala Lumpur il se nomme cengke (=fleur parfumé) un mot dérivé du chinois xiang. À Saïgon j’ai entendu klampu qui en khmer signifie « fleur parfumée » ; à Bangkok ganplo, de même sens ; à Séoul kullobu et à Nagasaki kurobu, tous mots signifiant « fleur parfumée ». Notons qu’en sanskrit le nom était kalika avec le sens de bourgeon.
Les Arabes le nomment qaranful , nom de toute évidence emprunté au grec, imités en cela par l’urdu et le persan. Et même les langues slaves, jusqu’à l’albanais avec karafil.
Un épicier florentin me l’a nommé garofano, alors que mon dictionnaire italien traduit ce mot par « œillet », peut-être du fait de ressemblance, précisant il est vrai que « clous de girofle » se dit chiodi di garofano. Alors que les Anglais nomme la giroflée gilliflower , à côté du « clou de girofle » qu’ils nomment clove, probablement copié du français clou.
À Manille j’ai noté clovas et à Madrid clavo. D’où ma surprise à Majorque de voir clavell avec le sens d’œillet. Un vrai cercle vicieux, n’est ce pas ? C’est le clou !

ESCROC
Nous avons emprunté ce mot à l’italien scrocco (=écornifleur) qui l’emploie surtout pour désigner un parasite, celui qui vit aux dépens des autres.
L’espagnol dit estafador (du verbe estafar = emprunter de l’argent sans lntention de le rendre), l’italien truffatore ( de truffa = filouterie, carambouillage, de même racine que notre verbe “tromper”), l’américain dit con man, l’anglais crook, mais également swindler, de même racine que l’allemand Schwindler.
Notons que le mot anglais escrow n’a rien de péjoratif. Il désigne soit l’argent, soit l’acte ou le titre confié à une tierce personne, charge à elle de le transmettre au bénéficiaire désigné une fois remplies les conditions précisées. L’escrow tient outre-Atlantique un rôle comparable à celui d’un notaire en France agissant comme intermédiaire entre vendeur et acheteur.
Précisons que l’anglais escrow vient du Moyen-français “escroue” (= manuscrit) , lui-même dérivé du bas-latin escroa (= écrou, i.e. bande de parchemin).


BEURRE ou MARGARINE ?
Voilà deux mots d’origine grecque . De « graisse » ils sont .
BEURRE : c’est étymologiquement du « fromage de bovin », d’où l’initiale « B ». Le mot est dérivé du grec bouturon, formé de bous (=bovin) et de turon (=fromage), ce dernier se retrouvant dans « butyrique », qualificatif d’un des deux acides isomères, ou dans l’adjectif « butyreux » qui pourrait qualifier la margarine, eu égard à sa ressemblance avec le beurre.
Plusieurs langues de la famille indo-européenne usent de la même racine pour nommer cette matière grasse alimentaire obtenue en battant la crème du lait. Ainsi l’anglais butter, l’italien burro, l’allemand Butter.
Les pays moins favorisés usent de graisse animale moins élaborée, genre saindoux, comme les Slaves avec la racine maslo, l’Espagne avec mantequilla ou le Portugal avec manteiga
Le beurre est accusé, à tort, de tous les maux . Il contient pourtant moins de lipides que l’huile. Très riche en vitamine A, il s’avère un adjuvant de la vision,de la peau, des os et du système immunitaire.
NB Au-dessus de 130°C le beurre, dit noir, devient toxique .
Le beurre est un aliment qui laisse apparaître des gouttelettes d’eau suintant de la matière grasse. Et curieusement ce sont ces gouttelettes semblables à des perles qui ont donné le nom MARGARINE. Le mot est dérivé du grec margaron qui signifie « perle », racine que l’on retrouve dans « marguerite ».
La MARGARINE, contrairement à l’idée reçue, contient autant de lipides que le beurre. Elle fut inventée, il y a un siècle par le chimiste français H.Mège-Mouliès, commandité par Napoléon III pour les tartines des marins et en Amérique pour engraisser les dindes. La substance étant blanchâtre à l’origine et d’aspect peu ragoûtant, on y ajouta un colorant jaune et un parfum.
J’ai appris d’un parent, alors carabin à Harvard, que la margarine hydrogénée augmentait de 53% le risque de désordre cardiaque chez les femmes par rapport au beurre. De plus si elle contient de la graisse animale, elle augmenterait le mauvais cholestérol (LDL) et diminuerait les effets bénéfiques de l’ HDL. Elle quintuplerait le risque de cancer et diminuerait la réaction immunitaire et le dégagement d’insuline. Le conflit beurre/margarine n’est pas fini. Mais rien ne vaut le bon beurre normand.
Qui a osé dire que la margarine ne se différenciait du plastique que par une seule molécule et partageait les 27 ingrédients de la peinture ?
Il est vrai que la mouche, elle, n’est pas folle qui ne s’attardera jamais sur un morceau de margarine oublié dans l’arrière cuisine.

DÉRÉLICTION
La racine originale est le verbe latin linquere (=laisser derrière soi, abandonner).
Le sens est accentué par le préfixe intensif RE, et derechef amplifié par le préfixe DE (qui ajoute le sens de « complètement »).
Ainsi linquere serait « abandonner provisoirement », relinquere « abandonner de nouveau » et derelinquere « abandonner pour de bon ».
Chez Cicéron derelictio a le sens d’ abandon.
La DÉRÉLICTION est donc un état de solitude morale. Pour Job, dans la Bible et au XVIIème s. pour François de Sales , la DÉRÉLICTION est l’abandon de Dieu. Il n’y a pas pire, n’est-ce pas ?



SAGE-FEMME
C’est le titre officiel des femmes ( ou des hommes) légalement habilitées, après quatre années d’études postérieures au PCEM1 (première année de médecine), selon le code de déontologie élaboré par le Conseil de l’ordre, à pratiquer les accouchements.
L’adjectif SAGE est à prendre au sens premier ( savant, habile,intelligent, raisonnable) du latin sapiens. Autrement dit , alors que SAGE qualifie l’accoucheuse, le second terme du binôme SAGE-FEMME (i.e. “savant sur la femme”) à savoir FEMME s’applique non à la praticienne, mais à la parturiente d’où la clarté de l’ambivalence du titre, applicable autant aux hommes qu’aux femmes.
Il s’agit ainsi d’une ou d’un professionnel capable de traiter les femmes.
Notons que le pluriel est “sages-femmes”.
C’est la sage-femme qui juge de l’utilité , dans l’éventualité de complications, de faire appel à un obstétricien ou à un chirurgien.
Métier à hautes responsabilités, mais particulièrement gratifiant, qui implique des qualités psychologiques, en plus des médicales, mais compte de telles servitudes qu’une pénurie se fait sentir dans les pays industrialisés.
Le nom savant pour SAGE-FEMME est maïeuticienne, du verbe grec maieuô (=délivrer une femme), un titre inventé par le philosophe grec Socrate dont la mère était maïa (= sage-femme).
Autrefois en France la sage-femme était appelée “matrone”. Les Italiens disent levatrice, ou parfois comare, les Espagnols comadrona, ces deux derniers substantifs ayant également le sens de “commère”
Quant aux Anglo-saxons, ils disent midwife où le préfixe “mid ” (= avec) indique l’assistance à la femme (en couches).
Pour éviter tout malentendu quant au sexe du praticien certains préfèrent appeler les sages-femmes hommes soit “maïeuticiens”, soit “accoucheurs”, ce dernier mot étant celui utilisé en néerlandais, en suédois et en russe.
NB J’ai noté que les Cajuns (Acadiens francophones de Louisiane) usaient en l’occurrence du terme “ chaste-femme”.


Du rapport LION < > LUMIÈRE
L I O N : emprunt au latin leo (-onis) désignant :
- l'animal , d'où " léonin", mais aussi :
- une plante (pissenlit, en anglais dandelion)
- le muflier ( gueule de lion)
- le signe du zodiaque ( pour perpétuer l'exploit d'Héraclès et exploiter le
symbolisme solaire lumineux).
Le LION incarne courage, valeur, prudence.
Certains mythes en font à l'inverse le dévoreur du soleil et de la lune,
i.e. de la lumière.
Sage le LION épargne Daniel, (Ste) Blandine, Androclès, (St) Jérôme et
Maximien de Cappadoce.
En Asie le LION est l'emblème d'une noblesse sereine et éclairée. La
Bhagavad-Gitâ dit de Krishna qu'il est LION parmi les animaux.
L'hindouisme célèbre le LION en tant que puissance solaire.
Dans les Évangiles Marc fait répondre un LION à l'ange de Matthieu, à
l'aigle de Jean et au bœuf ailé de Luc.
Le toponyme SINGApour (= la ville du Lion i.e. du Prince éclairé).


L U M I È R E : emprunt au latin lumen (-inis) et son jumeau lux
(lucis) du grec leukos (= blanc) attesté par les dérivés "leucocyte,
leucémie, leucorrhée, est à l'origine d'une quantité de mots français , et
étrangers, tels que luminaire, illumination, lucide, élucider, translucide,
allumer, enluminer, luir, lueur, luisant, reluisant, lune, lunette, lumignon,
luminance, luminescent, lumineux, luminosité, allumette, lunaire,
lunatique, lustrer, illustre, lustrine, lustre ,
mais aussi luciole, lucarne, luzerne , lundi , élucubration.
Entre autres dérivés propres ( toponymie ou onomastique):
LIECHTENstein.

CHARIA
Si vous arrivez à définir ce mot, de grâce faites m’en profiter. Que peut bien signifier ce trilitère sémitique SHR (= abreuver, source, devoir religieux, injonction ? ). On met souvent en parallèle la CHARIA des musulmans , le Talmud des juifs et le Droit canon des chrétiens. C’est un excès de langage. Il y a un monde entre la lettre et l’esprit de la lettre.
Appliquer les prescriptions du Coran et des hadiths, c’est pratiquer l’effort d’interprétation personnelle (ijtihad) exigé de tout musulman. Le « fiqh » est la science générant la CHARIA, ou devrait-on dire les CHARIAS car existent six écoles juridiques dont quatre sunnites rassemblant 80% des musulmans, même si toutes ont dans le Prophète un référent unique.
On souhaiterait voir plus souvent pratiquée la recommandation de Coran II, 256/257, la Miséricorde ( rahma) « Point de contrainte en matière de religion », alors que cet appel à la mansuétude imprègne tout l’Évangile.
Le catéchisme chrétien comprend SEPT péchés capitaux, le Coran en compte SOIXANTE-DIX dont le meurtre et la calomnie. La charia est incompatible avec ce qu’en Occident nous entendons par démocratie républicaine, car la loi de l’islam englobe non seulement la vie privée, religieuse ou sociale, mais encore la politique. Et cette loi est révélée dans le Coran ou inspirée ( dans la sunna pour les sunnites, dans les akhbar pour les chiites) par Dieu.
J’ai un jour suggéré à un ami musulman lettré, dans un esprit de conciliation, que nous chrétiens appelions Dieu Allah. Il m’a rétorqué véhémentement que ce serait sacrilège offensif de ma part ! On comprend que al-Azhar, la plus haute institution de l’islam sunnite ait considéré comme prophète Rowan Williams, « pape » des 80 millions d’anglicans de la planète lorsque, pour faciliter la cohésion sociale, il recommanda l’an passé l’adoption de certains versets de la charia dans la loi britannique.

VÉGÉTALIEN
À la différence des végétariens qui consomment lait, fromage et œufs, le VÉGÉTALIEN se passe de tout aliment provenant du règne animal qu’il s’agisse d’œufs, poissons, fruits de mer,etc. , au point de risquer la carence.
Si on peut comprendre la motivation du végétalien de refuser toute souffrance aux animaux ou leur exploitation ( par ex. le lait dont on frustre les veaux nouveau-nés), il est différence de discerner la souffrance de l’abeille en consommant son miel.
Les raisons sont parfois religieuses ( hindouisme), parfois politiques comme les promeut cette école du socialisme utopique de Bascon, près de mon lieu de naissance axonais, où les non-végétaliens étaient traités de « carnivores », parfois même écologiques dont les tenants estiment que l’alimentation des seuls bovins prive l’Afrique de nourriture céréalière de base et la terre entière d’eau, sans parler de la pollution générée ( par ex. élevage porcin en Bretagne).

ANALGÉSIE
Ce terme est composé de deux racines grecques : le substantif algos (=douleur) et le préfixe négatif an (=sans). Un synonyme pourrait être « analgie ».
L’ANALGÉSIE peut également désigner la perte ou une diminution du sens du toucher, tout comme la cécité pour la vue, la surdité pour l’ouïe, l’anosmie pour l’odorat ( du grec osmè = odeur) ou l’agueusie pour le goût ( du grec gueusis = goût).

CONFINER
C’est obliger quelqu’un à rester dans un espace limité. S’il s’agit d’un lieu, CONFINER signifie être contigu à.
La racine est le mot latin finis qui signifie limite, but , fin . Au pluriel fines était la frintière d’un pays. Le verbe finire qui nous a donné finir signifie en latin , comme transitif : limiter, délimiter, borner, puis préciser, déterminer, et comme intransitif :avoir un terme.
La racine est le verbe latin figere (=enfoncer, placer, fixer), c’est à dire ficher des piquets pour matérialiser la surface d’une propriété. C’est ainsi également la racine de pieu, pal, palissade, pays, paysan et païen en français, , compact (=pacte) en anglais et de Pfahl (=pieu) en allemand.

SPICILÈGE
C’est un recueil de pensées, de maximes, de proverbes.
Le terme nous vient de deux racines helléno-latines :
-SPICa (=épi) que l’on retrouve dans l’adjectif français « spiculaire » qui qualifie un objet en forme de javelot, mais également dans les mots anglais spine (=épine dorsale), spike (=pointe), spire (=broche), les mots espagnols espiga (=épi), espina (=ronce), les mots allemands spitz (=pointu), spiessen (=embrocher) et dans les substantifs français épine, épingle, épieu.
-LÈGE, du verbe grec lego qui signifie cueillir, choisir, rassembler, dont on retrouve les dérivés dans florilège, (=bouquet de fleurs), élégant (=spécimen choisi), collecte, élection, dilection, élite, intelligent, sacrilège.
Virgile appelait spiculum le dard d’une abeille ou d’un scorpion et Caton nommait spica la tête d’une plante, la gousse (d’ail).
-
PALUDISME
C’est ainsi que le Dr Alphonse Laveran a nommé cette parasitose due au protozoaire Plasmodium, pensant qu’il se développait dans les marécages (du latin paludes = marais). Il ne faisait que suivre l’appellation italienne malaria (=mauvais air émanant de ces marécages).
Notons en passant que ce mot malaria est l’antonyme du mot espagnol Buenos Aires.
Cinq ans plus tard le médecin anglais Ronald Ross découvrit que le vecteur était en fait la piqûre de l’anophèle femelle. En grec « anophèle » = qui est sans remède.
En effet aucune parade n’a encore été découverte pour cette maladie qui touche chaque année près d’un demi-milliard d’enfants de moins de cinq ans et de femmes enceintes et cause près de deux millions de décès. Un mal que les Chinois ont dénoncé il y a près de cinq mille ans et qu’ils soignaient encore récemment avec l’armoise. C’est le mal qui terrassa à l’âge de 33 ans le vaillant Macédonien Alexandre III , dit le Grand en 323 avant JC.
Les Anglais l’appellent souvent ague ( du latin acuta = aiguë)
En 1958 l’anthropologue américain Frank Livingstone a découvert que le parasite avait été passé à l’homme par le chimpanzé (P. falciparum) alors que l’un de ses confrères assurait que le vecteur était le poulet (P.gallinaceum).
J.C. Plantier de l’Université de Rouen vient de prouver qu’un nouveau HIV sautant les espèces était passé d’un gorille à une Camerounaise. À quand le vaccin anti-palu ?

ATRIUM
C’était dans l’Antiquité la pièce carrée principale de la « villa » romaine au plafond percé d’une ouverture pour recevoir l’eau de pluie, mais aussi pour laisser échapper la fumée, d’où la racine étrusque ater (=noir) pour qualifier les murs de la pièce noircis par la suie.
Les architectes modernes nomment parfois cette pièce du vocable espagnol patio (à prononcer « -tio », et non –çio) . J’ai noté en Acadie ( Québec) que ce mot désigne la terrasse d’une maison. Ce mot patio a été emprunté par le castillan à l’occitan patu ( = terrain vague, pâture).
Le portugais a gardé la racine latino-étrusque dans le mot adro , mais avec le sens de parvis pour un bâtiment quel qu’il soit.

SECOUSSE
C’est la forme substantivée du participe passé de l’ancien français secorre qui désigne un mouvement brusque. En plus de divers emplois abstraits, toujours d’usage au Québec, SECOUSSE désigne un tremblement de terre depuis le XVIIème s.
L’origine latine est succurri (= courir sous) de sub (= sous) et currere (=courir), dont la racine se retrouve dans les substantifs : français « courre », anglais horse, allemand das Ross ou italien correre. D’où le mot « hypocentre » ( hypo = sub = sous ) employé pour définir le point d’origine d’un séisme, alors que « l’épicentre » est le point de surface.
À noter que le latin succurri est également à l’origine du verbe « secourir » (=courir au secours).
NB « Secousse sismique » relève de la périssologie. En effet nous avons emprunté , au début du XXème s., à l‘anglais seismic la forme adaptée « sismique », dérivée du grec seismos qui chez Platon signifiait ébranlement, commotion et chez Hérodote tremblement de terre, dérivé du verbe seiô (=secouer, agiter). Il convient donc de dire soit mouvement sismique, soit secousse tellurique ( du latin tellus = la terre, ayant donné le gaulois tal- et l’allemand die Diele
En Haïti en janvier 2010, il s’agissait d’un séisme tectonique, c’est à dire dû aux limites des plaques. Pour l’heure le séisme le plus létal connu secoua le NE de la Chine, le 27 juillet 1976 à 3h du matin, annihilant la ville de Tangshan avec près d’un million de victimes.

APPLE
C’est le nom adopté par les fondateurs de la première marque d’ordinateurs personnels : Steve Job et Steve Wozniak, il y a 35 ans. Est-ce parce que la première pierre du siège social fut scellée à la place d’un « pommier » ( apple = pomme), près du garage familial à Cupertino (Californie) , dans la banlieue sud de San Francisco ?
Mon premier ordinateur me fut offert en 1984 sous le nom de Macintosh (nom d’une catégorie de « pommes » aux jolies couleurs).
Sur le marché il y a deux sortes d’ordinateurs : les PC (personal computer) et les MAC, ces derniers immunisés, semble-t-il, contre les virus.
Un ingénieur de la firme naissante m’a confié qu’APPLE (=la pomme) fait penser à Isaac Newton et, selon la Bible, à l‘arbre de la connaissance.
De toute évidence la culture s’avère plus riche chez Apple que chez PC.




MERCI
Dérivé du latin merx ayant le sens de marchandise, qui a également donné « Mercure » (dieu du commerce), mercredi (jour voué par les Latins au dieu Mercure, comme le lundi l’est à la Lune), mais aussi l’italien merce (=marchandise, cf. treno merci =train de marchandises).
Autre dérivé latin : merces qui a le sens de salaire, récompense, paye, solde, appointements, loyer, fermage, ou de prix pour quelque chose. À Rome les membres de la Chambre de Commerce s’appelaient Mercuriales.
Le dieu grec correspondant au Mercure latin est Hermès ( fils de Zeus et de Maïa, protecteur des rapports sociaux, des voyageurs et des marchands, et partant des voleurs) qui, interprétant les ordres divins, personnifie autant l’herméneutique ( analyse et explication des livres sacrés) que l’hermétisme.
Remercier quelqu’un à l’avance est sémantiquement inconvenant puisque la personne qui exprime sa gratitude semble vouloir s’affranchir d’un remerciement a posteriori. Quant à l’expression ressassée à la télé : « Merci d’avoir été notre invité. . . », elle dénote l’ignorance grossière du présentateur. Notre « as de speak » devrait dire « Merci d’avoir accepté notre invitation . . . ».
En anglais négociant se dit merchant, et mercy signifie pitié. Cf. mercy killing pour euthanasie.

GIBOULÉE
Il s’agit d’une averse soudaine et courte qui tombe drue qu’elle soit de pluie, de neige ou de grêle.
Le mot est composé de l’ancien français gibe (=charge).
On parle de giboulées de mars en France, et d’April showers en Angleterre, alors que les Allemands disent Märzschauer, les Espagnols aguacero et les Italiens piovasco.


PRÊT et PRÈS
Évitons la confusion , fréquente dans les media. Le premier est adjectif et se construit avec « À ». Il vient de l’adjectif latin praestus qui signifie dévoué, disposé, disponible. Ainsi peut-on dire prêt à rendre service, prête à partir, voire prêt-à-porter, même si la logique est bafouée. Il faut cependant bannir « à quelques personnes prêtes ».
Le second, adverbe/préposition, se construit avec « de ». Il vient du supin du verbe latin premere qui signifie presser, être tout contre, serrer. Il indique donc la proximité dans le temps, le nombre ou le lieu. Ainsi dit-on « à quelques personnes près »
Ou encore, pour résumer : il est prêt (disposé) à partir et il est près de partir ( sur le point de).

KANUN
C’est le nom français d‘une pratique coutumière en Albanie, remontant au XVème s. de même nature que la vendetta italienne ( oeil pour œil, dent pour dent).
Le mot est d’origine grecque kanon (=règle) traduit dans l’albanais giakmarié (= reprise du sang ) par les Turcs, même si la pratique était interdite par la charia sous l’empire ottoman. Et alors qu’au XXème s. le régime pseudo-communiste du dictateur Enver Hoxha l’interdisait, le KANUN eut un regain d’activité dès la Libération en 1991.
Néritan, mon voisin au Kosovo l’été dernier , m’a avoué s’être réfugié là en 2001 avec ses deux garçons pour éviter d’être victime de cette vengeance privée du KANUN, alors que son épouse était restée à Tirana avec leur fille.. Il excipait pourtant de sa bonne foi et m’a dit n’avoir tué personne, mais le fusil qu’avait utilisé le meurtrier venait de chez lui. Chrétien pratiquant sa Foi , il s’était rendu dans la famille offensée pour présenter des excuses, mais celles-ci n’avaient pas été acceptées.

LIEUE
Le mot nous vient curieusement du gaulois via le latin leuga. C’était en effet la mesure itinéraire utilisée par nos ancêtres celtes qui équivalait à 1.500 pas dans quelques provinces. Notons que la LIEUE terrestre correspond au 25ème du degré , soit approximativement à 4.444,5 mètres, alors que la LIEUE marine équivaut au 20ème du degré, soit 3 milles marins.
Rappelons que le mille marin vaut 1.852 m. alors que l’ancien mille romain valait 1.482 m. Quant au mille anglo-saxon (mile) utilisé dans tout le Commonwealth et aux USA , il vaut 1.609 m. et équivaut à 1.760 yards (un yard = 3 pieds, 1 pied = 12 pouces et 1 pouce correspond à environ 2,5 centimètres).
C’est la Révolution qui en 1791 a imposé le système métrique très pratique, quoique qualifié d’artificiel par les Anglais qui s’entêtent à préconiser l’emploi de leur système « naturel ».
Les Espagnols disent legua, les Italiens lega et les Anglais league, mesure qui vaut approximativement 3 milles. Dans le canton de Vannes j’ai trouvé le mot leu.
Le mot LIEUE ne s’emploie plus que dans des expressions figurées du genre il est à mille lieues d’ici , pour dire « il n’écoute pas ».
De même en anglais trouverez-vous the seven league boots pour les bottes de 7 lieues.

NAPHTE
Le médecin cilicien Dioscoride, en l’an 57 de notre ère, use du mot nafta pour désigner une sorte de bitume ; un mot qu’il avait emprunté au persan où la racine NAB a le sens de liquide, d’humide, voire de mauvaise odeur. Notons que le trilitère sémitique NTP sert à exprimer, en araméen, le sang qui suinte ou l’eau qui goutte. Serait-ce l’origine du nom du dieu des mers NEPTune ?
Le produit était utilisé soit pour brûler et obtenir des oracles, soit dans un but thérapeutique. La naphtaline sert à chasser les mites.
Les chimistes nous apprennent que le NAPHTE est un mélange d’hydrocarbures (d’où l’utilisation de ce mot pour désigner l’essence pour automobiles dans diverses langues dont le russe), provenant de la décomposition de matières organiques.
C’est à la frontière actuelle Iran-Irak que fut découvert l’un des premiers gisements de pétrole au début du XXème s. Aussi n’est-il pas surprenant que nombre de toponymes de la région comportent la racine NAFT, par ex. Neft-Chala au sud de Bakou, dans l’Azerbadjan.
Ce qu’on a appelé le feu grégeois (i.e. inventé par les Grecs), brûlant même au contact de l’eau, ancêtre du napalm, comportait de toute évidence le NAPHTE dans sa composition.

LORGNON
C’est une paire de lentilles, de lunettes sans branches qui tient en pinçant le nez. L’origine du mot se trouve dans le germanique lurni dont le radical a le sens de guetter, et qui aurait son origine dans le latin luscus qui a le sens de borgne et dont sont dérivés l’adjectif français louche et l’ancien espagnol lusco (=myope).
Amusant de noter que les Anglais usent pour LORGNON du mot « pince-nez ». Quant à l’allemand il a gardé le verbe lauern pour guetter, épier.

ARCANE
Comme adjectif le mot signifie abscons, cabalistique, ésotérique, très secret. Comme substantif UN arcane est un remède alchimique mystérieux. Couramment au pluriel ARCANES est synonyme de mystères.
Le mot est dérivé du latin arca (=coffre). Dans la Bible, c’est l’Arche (de Noé).
La racine se trouve dans le verbe grec arkéô (=résister, tenir bon) qui a donné le latin arcere (=contenir, enfermer).
NB : Avec deux « n » , ARCANNE, mot féminin, est un dérivé de l’arabe alcanna qui désigne la craie de couleur dont se servent les charpentiers.

HALLUCINOSE
Comme beaucoup de mots à désinence « -ose » , le mot indique une pathologie, en l’occurrence une psychose, proche du délire hallucinatoire, signe d’une désagrégation profonde de la personnalité, qui s’apparente à un état psychodysleptique, onirogène, voire psychédélique
La racine sémantique se trouve dans le grec aluô qui signifie être agité, hors de soi par l’effet de l’inquiétude, du chagrin ou de la passion. Plutarque emploie ce verbe pour dire errer, aller sans but, à l’aventure.

MARAUDE
Si à l’origine le mot désignait le vol commis par des soldats en campagne, ou par des garnements dans les potagers et vergers, son utilisation s’est focalisée de nos jours sur le taxi qui charge des clients hors du lieu de stationnement , notamment dans les gares et aérogares hors de tout contrôle.
L’origine sémantique serait le grec marron , désignant un instrument aratoire et d’où serait dérivé le substantif français « marre » (= houe du vigneron), ce qui confirmerait le sens original de MARAUDE.

MUSEAU
C’est la partie antérieure de la tête d’un animal comprenant la gueule et le nez. L’italien muso et l’anglais muzzle viennent comme MUSEAU de l’ancien français « musel ».
Or un dialecte normand propose morsel (morceau) que l’on retrouve dans le provençal mursel et dans le vieil italien morso. Tout concordant à expliquer que MUSEAU et morceau auraient la même origine, à savoir le latin morsus (= morsure) qui désigne quelque chose qui saisit et retient, du verbe mordere (= mordre).

BISQUER
Ce mot, un tantinet trivial, signifie enrager, éprouver du dépit. On pourrait le mettre en parallèle avec l’adjectif « sardonique » qui vient de l’herbe de Sardaigne au goût si mauvais qu’elle faisait du rire une grimace.
De même les Gascons ou Biscayens avaient-ils autrefois une mauvaise réputation . Ils étaient estimés méchants et vous regardaient de travers lorsqu’on leur adressait la parole.
Ils vous faisaient BISQUER.
Des philologues rapprochent BISQUER de l’italien bizza (=colère) et du vieil anglais baiske (= aigre). À Rome « fare le bizze », c’est piquer une colère. L’espagnol en l’occurrence dit rabiar et l’anglais to be riled..
Imaginez la phrase : « Il les agaça jusqu’à ce qu’ils biscassent » .

COPROLALIQUE
C’est l’adjectif qualifiant une personne usant inhabituellement de mots grossiers. La cause peut être pathologique et dans ce cas la coprolalie est un des symptômes de la maladie neurologique de La Tourette. Elle peut également être due à une timidité maladive, par exemple pour ceux souffrant du syndrome d’agoraphobie.
Dans les deux cas il s’agit d’un tic de langage. Plus fréquente chez les garçons que chez les filles, elle apparaît vers l’âge de cinq ans. J’ai connu un voisin adulte qui en souffrait et dont le tic était de jurer à répétition.
L’étymologie nous mène à deux racines grecques : le substantif kopros (=excréments) que l’on retrouve dans « coprophage », caractéristique des coléoptères du genre bousier, et couramment chez les mouches, et le verbe laleô (= parler) que l’on retrouve dans le nom « glossolalie » (=don des langues) comme parmi les Apôtres réunis à ce qui est fêté comme la Pentecôte, ou encore dans le prénom féminin Eulalie (= qui parle bien).

FŒTUS
Cest un synonyme partiel d’embryon à la fin du 2ème mois de grossesse.. Curieuse cette orthographe alors que Virgile l’écrit fetus. Le mot a la même racine que fecundus (fécond, fertile), femina (=femme, femelle), felix (= heureux, parce que fertile) et fellare (= sucer , téter).
L’adjectif latin fetus a ainsi le sens de « qui porte le fruit de la fécondation », c’est à dire ensemencé, fécond, productif, abondant.
Le substantif latin fetus a la sens d’enfantement, couche, ponte, portée, génération. C’est ce sens que l’on retrouve dans le roumain fat, alors que l’adjectif anglais fat a le sens de corpulent.
Fétus et embryon ( du grec embruon) désignent donc l’œuf des animaux vivipares.

APHORISME
Le mot est composé de deux racines grecques : apo ( = au loin) et oritzô (= limiter).
C’est de cette dernière qu’est dérivé « horizon » pour désigner la ligne qui borne la vue .
Le masculin grec aphorismos signifie délimitation, distinction, définition. Basile le Grand, père de l’Eglise utilisait ce mot au IVème s. pour excommunication. Quant au substantif neutre aphorisma, il signifiait dans la Septante « objet mis à part ».
Son emploi en français s’apparente à maxime, dicton, proverbe, sentence.

DINANDIER
Approximativement en même temps qu’à Villedieu-les-Poëles et ses sourdins ( ou comme on dit dans le grand monde Théopolitains ) , une ville de Belgique, situées sur la Meuse, était renommée pour la fabrication d’ustensiles de cuivre jaune, c’était Dinant et ses Copères ( du mot germanique signifiant cuivre, ainsi copper en anglais).
Alliés au cuivre rouge le zinc, la calamine, l’étain et le plomb permirent aux frappeurs (artisans) de Dinant, les dinandiers, de fournir les premiers ustensiles de cuisine à la Hanse qui les écoula notamment en Angleterre.

ERGOT
C’est l’ongle, en forme d’éperon, placé à la partie postérieure de la patte d’un coq par exemple. La castration en provoque la réduction. C’est l’arme fatale , renforcée de métal, dans les combats de coqs . Autrement dit une femme qui se dresse sur ses ergots ne peut être par définition qu’une virago.
Le mot est dérivé de l’adjectif latin argutus qui signifie pointu, pénétrant, voire expressif au sens figuré. Du verbe latin arguo (=montrer, prouver), cette racine est également à la base aussi bien d’argument que d’arguties dans le sens de subtilités.
L’anglais spur a à la fois le sens d’ergot et d’éperon.



GRUMEAU
L’origine est la latin grumus qui signifie « petit tas » (de terre). C’est en effet soit une légère rugosité sur un ensemble lisse soit une sorte de coagulation dans un liquide, ayant l’apparence et la consistance d’un grain.
L’allemand en a tiré die Krume pour désigner la mie de pain, et aux pluriels les miettes. De même l’italien avec grumo (=caillot) et l’espagnol grumo (= bourgeon). Alors que l’anglais qui use de lump (= morceau) pour GRUMEAU a formé crumbs (=miettes) sur la racine latine.

ÉMULE
C’est en français un concurrent, un compétiteur, voire un rival. L’émulation est en quelque sorte un sentiment qui , surtout dans une stimulation louable,nous porte à vouloir sinon surpasser quelqu’un, du moins l’égaler.
Le mot nous vient de l’adjectif latin aemulus (= qui cherche à imiter), dérivé de la racine du verbe imitor (=imiter).
Notons que si en anglais le verbe emulate (=imiter, essayer d’égaler) est très courant, le verbe « émuler », d’usage encore rare, a été adopté chez nous à la fin du XXème s. dans la terminologie informatique.

DÉDALE
Il s’agit d’une sorte de labyrinthe, à l’image de celui construit près du palais du roi Minos , en Crète, dans la mythologie grecque. Le roi avait chargé un architecte athénien de construire un circuit compliqué pour y enfermer le minotaure. Cet architecte s’appelait Daedalos. L’ouvrage fut achevé avec une telle perfection que le nom de l’architecte-sculpteur devint adjectif pour qualifier tout travail exécuté avec art.

BURIN
C’est le ciseau d’acier qu’utilisent les artisan pour couper les métaux et effectuer leurs gravures. Emprunté à l’italien bulino ( alors qu’à Rome on nomme burino le péquenot), le mot a été adopté tel quel en anglais, à côté de chisel ou graver. Alors que les Espagnols disent buril et les Allemands Meissel ou gravier

CARROUSEL
Le premier sens de ce mot est une sorte de rtournoi. C’est ensuite par extension le lieu où avaient lieu les carrousels ( cf. la Place du Carrousel à Paris). C’est de nos jours surtout un manège de chevaux de bois .
Le mot fut emprunté à l’italien carosello (= manège de chevaux de bois).
Les Allemands ont gardé le mot dans l’expression « être carrousel » pour désigner les excès de boissons, les beuveries. Cf. der Garaus (=le coup de grâce).

BORBORYGME
C’est la production de propos incompréhensibles, inarticulés, ressemblant au gargouillement que les gaz contenus dans l’intestin produisent par leur déplacement.
Le médecin grec de l’Antiquité, Hippocrate de Cos, a construit ce mot cinq siècles avant notre ère sous la forme borborugmos (=bruit des intestins) sur la racine borboros (= boue, fange)

AMIBE
C’est un protozoaire ( = embranchement animal primaire) rhizopode (=émettant des tentacules leur servant à se mouvoir ou à capturer des proies) unicellulaire.
Le mot fut inventé, sous la forme amoibè (= changement) par Platon pour désigner ce qui se fait ou se donne en échange.
La racine indo-européenne MEI se retrouve dans le mot « migration ».
Certaines AMIBES vivent sur les plantes aquatiques, d’autres sur le sol humide, d’autres enfin parasitent les animaux.
Notons que certaines espèces d’ AMIBES pathogènes peuplant les piscines mal désinfectées peuvent être vectrices de la légionellose.

CARTEL
Emprunté à l’italien cartello (= :pancarte, écriteau, affiche) le mot a de bnos jours surtout le sens d’une union momentanée de deux partis pour un résultat déterminé.
Sur le plan économique c’est une entente entre divers producteurs ( qui, à la différence du trust, conservent leur autonomie) afin d’atténuer la concurrence.
La sémantique indique que les persoinnes ou groupes se placent sur la même carte, qu’elles partagent la même affiche.
Le mot désigne également l’ornement qui entoure une pendule ou la pendule elle-même que l’on applique à une muraille.

CAPRICANT
Cet adjectif qualifie un mouvement irrégulier, inégal, sémantiquement sautillant. On parle ainsi d’une allure capricante. Le médecin dit qu’un pouls dur et irrégulier est capricant.
L’origine semble être le grec kapros, qui chez Homère désignait le sanglier, celui qui avec ses grés ( canines de la mâchoire supérieure) frappe, coupe et taille, car c’est le sens de la racine indo-européenne.
D’où les dérivés chapon et chapelure ainsi que les mots latins caper (=bouc châtré) et capra (=chèvre).
La démarche sautillante des caprins se retrouve chez la chèvre, le chevreuil, la crevette ( autrefois chevrette), le cabri.
L’anglais offre caper pour cabriole. En italien la chèvre se nomme capra, en espagnol cabra. Du même tonneau nous viennent cabriolet ( en anglais cab) et caprice.
Deux écoles se disputent l’étymologie de chèvrefeuille : l’une prétend que le Lonicera offre des fleurs gamopètales irrégulières, alors que l’autre affirme que les chevreuils s’avèrent fort friands des jeunes pousses du chèvrefeuille.

ECTOPLASME
C’est pour les biologistes la zone périphérique du protoplasme recouvrant l’endoplasme. Le radical du mot vient du grec plasma qui signifie formation.
Alors que le préfixe grec proto a le sens de premier, que le préfixe endo signifie intérieur, ecto a le sens d’ extérieur.
Ainsi l’ECTOPLASME est-il la couche superficielle de la cellule animale. Mais hors de la Faculté, le germe s’emploie vulgairement pour désigner une personne sans volonté ni consistance. Il est alors comme mort-vivant synonyme de zombi.

GONDOLE
D’où pourrait venir ce mot sinon d’Italie ? Mais il est composé de la racine grecque kontos qui a le sens de perche ou bâton de gondolier. C’est en effet à l’aide de cette gaule que les gondoliers vénitiens propulsent leur embarcation, à l’instar des Anglais de Cmbridge conduisant leur bachot sur la rivière Cam.


ÉBAUBI
Cet adjectif , participe passé du verbe ÉBAUDIR, quoique peu usité, qualifie quelqu’un de surpris. L’origine est le latin balbus qui signifie « bègue ».
Il s’agit d’une onomatopée, assimilable en l’occurrence au grec barbaros qui qualifiait
dans l’Athènes antique, celui qui ne parlait pas le grec, celui qui bafouillait, un peu comme à Babel ou dans le jargon de l’École polytechnique, de réponse inintelligible et confuse à une question posée, ou encore au baragouin ( pain et vin) des Bretons.
La surprise provoque un tel ahurissement, un tel ébahissement, une telle stupéfaction qu’on en reste ÉBAUBI, c’est à dire épaté (= tombé a quatre pattes), étonné (=frappé par le tonnerre) et qu’on en bègue de désarroi.
Attention : éviter la confusion avec le verbe « ébaudir » qui, à l’opposé, signifie « mettre en allégresse », rendre joyeux. S’ébaudir, c’est se réjouir.

COCASSE
Cet adjectif qualifie quelqu’un ou quelque chose d’une étrangeté plaisante, poarfois ridicule, bizarre, drôle.
Curieusement le mot est une dérivation du moyen français coquard qui avait le sens de vaniteux, comme peut paraître le coq, dressé sur ses ergots, mot affublé du suffixe péjoratif -ard.
Attention : à Genève une cocasse est une femme qui aime la dive bouteille.

ABRASIF
Ce mot désigne une matière apte à nettoyer, user ou polir une surface. Il est dérivé de deux racines latines :
- ab qui a le sens d’ôter et
- le verbe radere qui signifie raser, raboter, gratter, racler, ratisser
Cette dernière racine est à l’origine des mots ras ( comme dans table rase ou ras de Saint Lô) , rez ( comme dans rez-de-chaussée) et rasoir.

GABARDINE
Nous avons emprunté ce mot aux Anglais qui, eux-mêmes, l’avaient copié de l’espagnol gabardina , formé sur l’arabe qaba (= survêtement pour homme) et sur le germanique walfart (=pèlerinage), dérivé de wallen (=errer) et fart (=voyage).
Curieusement le même processus sémantique existe dans la formation des mots pèlerinage et pélerine.

JANSÉNISTE
C’est un disciple de l’évêque d’Ypres ( XVIIème s.), Corneille Jansen, ancien professeurv à Louvain, dont la théorie de la prédestination, soutenue par Augustin , Pascal et le couvent de Port Royal fut condamnée par l’Église.
Sa thèse était que « depuis l’origine, sans le secours divin, l’homme n’est capable que du mal « . Le litige venait du fait que selon Jansen tous n’ont pas vocation à bénéficier de la Grâce.
Sans prétendre que le jansénisme fut cause de la Révolution, il dst patent qu’un lien existe entre elle et lui.
Le jansénisme est regardé comme exemple de rigueur et d’austérité, au point qu’on décrira L.Jospin comme reorésentant de la démocratie janséniste.



MAELSTRÖM
C’est au propre un puissant tourbillon qui se forme dans la mer ou dans un fleuve. Il est souvent créé par un courant de marée.
Ce sont les Norvégiens qui ont créé ce mot pour décrire le célèbre Saltstraumer sur la route 17 au sud-est de Bodø, le plus puissant courant de marée du monde avec des tourbillons de 10 m. de diamètre et 5 m. de profondeur , depuis que la mer entre dans le fjord Skjerstail. Ce phénomène rassemble des quantités de baudroies, attirés par le lieu noir, la morue, le loup de mer et le flétan.
Au figuré c’est une agitation intense à laquelle il est difficile de résister.

PHRÉATIQUE
Un adjectif que l’on trouve surtout pour qualifier la nappe aquifère souterraine qui alimente les sources et les puits en eau potable. « Puits » est justement le sens du mot grec phrear ( génitif phreatos) dont le dérivé latin est fervere (=agiter) et le dérivé français « fervent ».

PYROGÈNE
Le mot signifie « qui produit le feu ». En médecine on dit que telle infection cause la fièvre, elle est donc PYROGÈNE.
Le mot est composé de deux racines grecques : guenos (=naissance) et pur (=feu), racine que l’on retrouve dans pyrogravure(dessin au moyen d’une pointe chauffée), pyrolyse (décomposition chimique provoquée par la chaleur), pyromancie (divinatioin par l’obsservation d’une flamme) ou pyrotechnie ( art de fabriquer les pièces d’artifice)

ADAMANTIN
Cet adjectif veut dire très dur au pfropre et insensible au figuré. L’origine est le verbe grec damazô (= soumettre par la force) dont est dérivé le verbe français dompter.
Précédé de la particule négative « A » , le mot signifie « invincible » .
Eschyle employait l’adjectif pour décrire un homme résistant comme l’acier et Platon de même dans la République pour qualifier quelqu’un à la fermeté inébranlable. Hésiode appelait adamas le fer le plus dur.
C’est la racine dont est formé « diamant », ce cristal de carbone pur et inaltérable.
L’adjectif « diamantin est ainsi synonyme de « ADAMANTIN. Si cet adjectif est peu usité en français, il est en revanche populaire en anglais sous la forme adamant (=inflexible).

CRATÈRE
Cee substantif désigne couramment la bouche d’un volcan, puis toiute dépression ou évasement à la surface d’une planète , causé soit naturellement, soit sous l’effet d’un explosif, tel que bombe ou obus.
Mais le mot grec dont il est dérivé, kratèr, s’appliquait autrefois à un grand vase à libation dans lequel on mélait le vin et l’eau pour y puiser avec des coupes ordinaires, à la manière des bols à punch.

INTERLOPE
Ce mot, substantif ou adjectif, désigne ou qualifie la personne vivant de commerce généralement frauduleux. Il est synonyme de louche, suspect. Nous l’avons emprunté à l’anglais qui l’avait cionstruit pour le trafic maritime..
Si le préfixe INTER a le même sens qu’en français, -lope vient du verbe leap (=sauter, courir). L’ interloper outre-Manche est un intrus.



CAPHARNAÜM
Ce mot désignait une prison au XVIIème s. Alors que de nos jours il s’emploie pour un lieu de grande pagaille, renfermant des objets pêle-mêle, autrement dit un endroit en désordre.
Le mot , d’origine araméenne, est le nom d’un village de Galilée, au bord du lac de Tibériade, appelé Kfar (=village) Nahum (=consolation), où Jésus de Nazareth eut affaire à un foule hétéroclite de malades qui imploraient la guérison.

GOGUENARD
La racine nous vient de l’ancien français GOGUE, qui signifiait « gaîté , bonne humeur, entrain, plaisir. IL nous est resté dans « goguette ».
Quant au suffixe (n)ard , il est adjectivant sur le ton trivial comme dans rondouillard, ringard, cossard, flemmard, veinard, geignard ou cabochard.

PIGISTE
C’est le plus souvent un journaliste débutant qui n’appartient ni à une rédaction ni à un organe de presse particulier. Sa qualité première est la curiosité. Rigoureux il doit avoir une bonne maîtrise du rédactionnel et être apte à des déplacements fréquents.
C’est autrement un journaliste rémunéré à la tâche, par exemple au nombre de caractères ou de pages pour un rédacteur, à la durée dans l’audiovisuel.
Cette tâche particulière s’appelle en jargon professionnel une pige- argot pour ligne.
Au Moyen-Âge les bâtisseurs de cathédrales utilisaient une pige comme étalon d’unité de mesure.
Il est courant de trouver de nos jours l’anglicisme freelance ( collaborateur indépendant) pour le travail à la,pige.

APHASIQUE
Ce qualificatif désigne l’impossibilité de parler, incapacité liée à la physiologie de l’hémisphère gauche du cerveau.
Le mot se compose de la racine grecque phémi (= manifester sa pensée, dire), préfixée de l’alpha privatif. Le substantif grec aphasia a le sens de stupeur, provoquant l’impuissance à parler.
On trouve parfois une sorte de synonyme ALALIE également dérivé du grec ( alalos = muet), composé de lalos (=bavard) et du préfixe négatif « A ».

KALÉIDOSCOPE
Nous avons emprunté ce joli mot à l’anglais pour désigner un instrument de forme cylindrique servant à regarder des figures colorées symétriques. La rapidité dans la succession des impressions visuelles a donné lieu à un emploi métaphorique.
Ce mot est formé sur trois racines grecques :
- skopein = voir, regarder, comme dans horoscope, périscope
-ido = image, apparence, comme dans idole, idée.
-kalé = beau, élégant , comme dans calligraphie, callipyge.

CRÊPE
C’est un mot polysémique ( NB non épicène puisqu’il s’agit de choses), soit masculin, soit féminin, mais dont la racine unique se trouve dans le verbe latin crispare (= friser, boucler, onduler.
De cette même racine l’italien a tiré crespo (= crêpu, plissé) et crespa (= ride, pli, fronce), alors que comme l’angloricain et l’espagnol, il emprunte au français, tel quel, le nom de la galette plate de pâte grasse dans laquelle excellent les Bretonnes.
Au masculin CRÊPE désigne un tissu de laine ou de soie plus ou moins ondulé, ou encore un latex utilisé dans la fabrication des semelles.
L’anglais dit ainsi « crepe de Chine », ou crepe soles s’il s’agit des semelles de chaussures, tout comme l’italien « crespo di Cina » ou « suole di para » pour les chaussures. L’espagnol dit crespon.
Au féminin CRÊPE désigne une mince couche de pâte à la poêle. L’Anglais, s’il la cuit moins fine, dit pancake (= gâteau poêle)

PRUNELLE
C’est bien sûr une petite prune, du grec proumnon, via le latin prunum, qui, par analogie a désigné la pupille de l’œil.
Notons qu’en anglais le mot prune désigne un pruneau, alors que PRUNE se dit plum, donnant l’exemple fréquent en lexicologie la variation du R en L et du N en M et ce dans diverses langues ; par exemple colonel se dit coronel en espagnol et venin se dit venom en anglais.
Le suédois dit plommon, le danois blomme et l’allemand Pflaume, alors qu’à Berlin la PRUNELLE des yeux se dit Pupille.

INCUNABLE
Ce terme didactique désigne un ouvrage des premiers temps de l’imprimerie, quoi qu’il en soit une édition antérieure à l’année 1500. Il existe deux sortes d’ INCUNABLES :
- les tabellaires, tels que la Grammaire d’Aelius Donatus, et
- les typographiques , composés de caractères mobiles tels que la Bible de Schelhorn, attribuée à Gutenberg.
Le mot nous vient du latin neutre pluriel incunabula qui signifie berceaux, et par extension origine, commencement, voire maillot d’enfant, langes, dérivé du verbe grec keimai (=être étendu, être couché) qui nous a donné aussi bien « coït » en français que cuna (=berceau) en espagnol.
À l’école primaire, mon m :aître m’avait appris que Gutenberg avait inventé l’imprimerie au XVème s. Quelle ne fut pas ma surprise de découyvrir en CVhine des imprimés datant de cinq siècles plus tôt de la main de Bi Sheng.

GLOSSAIRE
C’est en principe la nomenclature des mots d’une langue, mais aussi un dictionnaire de mots vieillis ou obscurs. La racine est le substantif grec glôssa (= langue) dont les dérivés sont myriade dans toutes les langues de l’immense famille linguistique indo-européenne, par exemple GLOSE : explication des mots obscurs ou comentaire
GLOSSITE : pathologie de la langue
GLOSSOLALIE : don des langues
GLOSSOPLÉGIE : paralysie de la langue.
Avec l’orthographe glôtta , on a les dérivés glotte, glottique (=ayant rapport à la langue palée ), épiglotte .
Précisons enfin que si le chien aboie, le chat miaule, le chameau blatère et l’éléphant barrit, la cigogne glottore.



CHATTEMITE
C’est l’ancien nom populaire du chat. C’est surtout le nom qu’on donne à une personne qui affecte des airs douceureux, humbles et flatteurs pour tromper. C’est quelqu’u de patelin.
Si le premier terme désigne la chatte, le second vient du latin mitis (= doux, aimable, gentil), racine que l’on retrouve dans l’irlandais meth (=mou), le russe milyj et le français mitiger.

CASUISTIQUE
C’est à l’origine la partie, spécialité des jésuites, de la théologie morale qui s’occupe de résoudre les cas de conscience. C’est de nos jours toute étude laïque des cas de conscience.
Depuis Pascal le seul fait de tenter de codifier ce qui doit émaner du libre-arbitre, est couramment mal considéré.
C’est à l’espagnol casuista que nous avons emprunté le mot, mais l’origine est le latin casus (=l’accident, le cas) , dérivé du verbe cadere (=tomber).

PERIOSTE
C’est la membrane qui enveloppe l’os ou la raciune des dents. Le mot se compose de deux racines grecques : per, de peri qui signifie autour comme dans périphérie, périscope, péritoine, et osteon (= os , partie la plus dure d’une chose, comme le noyau d’un fruit, ou l’arête d’un poisson) comme dans ossature, ossuaire, ostéoporose.

INCONGRUITÉ
Si le positif « congruité » ne se rencontre plus que dans le style littéraire , en revanche le négatif est d’usage courant .
Augustin, dans on « Contra Faustum Manichaeum », emploie le mot incongritas dans le sens d’inconvenance.
La racine est dans le verbe congruo ( = se rencontrer en mouvement, concorder, être conforme).
Dire qu’untel parle incongrûment pour stigmatiser son impertinence relève du style soutenu.

FLAGRANT
Cet adjectif indique qu’un fait s’est produit au moment même, sous les yeux de celui qui est présent, et partant incontestable, patent.
Au propre l’emploi est surtout du droit pénal avec « délit flagrant » c’est à dire commis au moment même où un témoin était là.
Au figuré l’adjectif est synonyme de certain, d’évident.
C’est un dérivé du participe présent du verbe latin flagro (=brûler, être en feu) dont on retrouve la racine dans les mots flamme, foudre et blême en français, Blech (=fer blanc) et flimmen (=briller) en allemand, bleach (=blanchir) et bleak (=blême) en anglais, llama (=flamme) en espagnol et flagare (=briller) en italien.

CÉNACLE
C’est dans la Vulgate que nous avons découvert ce mot. Sous la forme cenaculum qui avait le sens tout d’abord de salle à manger ( du mot latin cena = repas principal pris vers 15h, les affaires étant closes vers 14h) et ensuite d’étage supérieur , où se trouvait la salle à manger.
Cena est donc le mot latin pour repas. Il est une réfaction du mot kersna du grec sark (=chair) qui nous a donné carnage, charnier, carnivore et charogne, mais aussi cercueil et dans l’abstrait sarcasme.
L’italien et l’espagnol ont carne (=chair) , canare et cenar (=souoer), l’allemand der Sarg (=le cercueil).
Notons qu’au sens figuré CENACLE peut désigner une réunion de gens de lettres partageant les mêmes goûts, voire avec une nuance péjorative une chapelle c’est à dire un cercle fermé que les Anglais nomment clique.

SACERDOCE
C’est une fonction qui consiste à accomplir les cérémonies sacrées , d’où la composition du mot dont la première racine sacer se retrouve dans la langue tocharienne sakär, dans l’allemand Sache, et dans le latin sacris. Et la seconde doce (=faire).
Le substantif latin est sacerdotium.
Dans la religion catholique le mot désigne la prêtrise, et par extension l’autorité ecclésiastique.
Dans le langage laïc SACERDOCE implique l’abnégation et le dévouement.

CAMAIËU
C’est soit une pierre fine, soit une peinture offrant ou bien une même coulmeur, mais avec nuances, ou bien deux couleurs différentes approchantes.
Sur le ton péjoratif, c’est une imitation de camée par peinture en grisaille, une œuvre monotone et terne. L’anglais l’appelle monochrome. L’italien dit cameo et l’espagnol camafeo, deux mots dérivés du vieux français camaheu.

TÉGUMENT
C’est ce qui sert à envelopper, à couvrir. Ainsi la peau est le TÉGUME NT du corps de l’homme. Le TÉGUMENT d’une graine en est l’enveloppe protectrice. Les poils, les plumes, les écailles sont des TÉGUMENTS.
Le mot est dérivé du latin tegumentum de même sens, dont la racine est le verbe tegere (=couvrir), dérivé du grec stegô (= recouvrir) qui a donné toit et tuile en français, tile (=tuile) en anglais et Ziegel (= tuile) en allemand.

NARQUOIS
Cet adjectif qualifie une personne à l’esprit fin, subtil, rusé qui se plaît à se moquer des autres. Il a pour synonymes ironique et sarcastique.
Mais ses avatars s’avèrent curieux : à l’inverse du persan norang devenu orange, NARQUOIS vient d’ arquin (=archer) dérivé d’ arc.
Au XVIème s. narquin, déjà agglutiné, avait le sens de soldat voleur, filou.
Au XVIIème s. NARQUOIS prit le sens d’ argot, à savoir jargon compris des seukls initiés.

PUZZLE
C’esr un emprunt tel quel à l’anglais, qui a pour sens énigme, mystère, perplexité.
En qualité de jeu, c’est un casse-tête, un rébus, une devinette.
Le verbe anglais puzzle signifie rendre perplexe.
Les dictionnaires d’outre-Manche expliquent le mot comme forme fréquentative de POSE en anglais, restriction d’ opposer en français, sous-entendant une contradiction dans les arguments.
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Droit < > Gauche
Il faut considérer l’asymétrie cérébrale : les 2 hémisphères de notre cerveau occupent des fonctions distinctes. Chez les droitiers :
- le gauche est le siège du langage, de la logique, de l’analyse, du rationnel, du détail, c’est lui qui lit les langues alphabétiques
- le droit est le siège de l’émotion (le coup de foudre), de l’imagination, de la vision d’ensemble, c’est lui qui lit les langues à idéogrammes
C’est ainsi que Français et Chinois ont du mal à se comprendre : nous sommes analytiques ( voire cartésiens), les Chinois sont globaux avec leurs sinogrammes.
Quant à la main : si la droite est celle de la BONTÉ, la gauche est celle du CHÂTIMENT. On est adroit ou on est gauche.
Avec ses cent milliards de neurones et 10.000 connections entre eux (via le corps calleux) notre cerveau offre des réactions à 2 stimuli différents, 2 perceptions différentes du monde.
D’où l’échec de la méthode globale à l’école qui fait appel au cerveau droit et fabrique l’illétrisme ( non génétique) face à la méthode syllabique qui fait appel au cerveau gauche et doit permettre à un enfant de 5 ans de lire couramment. La conscience (registre lexical et finesse) aidée par l’étude du latin ( et du grec), offre alors la compréhension verbale.
NB: le japonais a cet avantage exclusif avec d’une part les syllabaires (katakana pour les termes étrangers et hiragana) qui s’adressent à l’hémisphère gauche et d’autre part le kanji ( sinogrammes) qui s’adresse à l’hémisphère droit, de mettre en activité les 2 hémisphères et de pouvoir juger l’interlocuteur sur les données non-verbales ( 75% de l’expression).
L’étude de cette asymétrie cérébrale est indispensable à ceux qui se destinent à l’enseignement (lacune des IUFM) par l’acquisition, le développement et la transmission des connaissances, phénomène capital dans le devenir de l’humanité. De même est-elle nécessaire aux dirigeants d’une nation qui doivent se connaître eux-mêmes (γνωθι σεαυτον socratique) avant de diriger les autres. C’est la symbolique du yin et yang.

Étymologie du mot “DROIT” :
< I.E. indiquant le mouvement en DROITE ligne
Le sanskrit a RAJA , le grec oρεγω = étendre , le latin : regere (=diriger), regio (= ligne droite, limite, région), regimen (=direction), regula, rectus, rector, rectangulus (= à angles droits) corrigere, erigere (=élever), rex, regina, regalis, regnum.
D’où les dérivés français : régir, régent, régulier, recteur, droit, adresser, correct, roi, rectum, rail. L’anglais : rule, rail, realm, dress, regulate, right, rake (=ratisser). L’allemand : regieren (=gouverner), recht , Reich , l’espagnol : regir, regla, recto, derecho, rey, reina, reino ( = royaume).
En grec : DROIT se dit ευθυς ou ορθος (cf. orthographe) ou δεξιος (opposé pour la “main” de αριστερος = gauche , de mauvais augure, correspondant au latin sinister , voire “senior” = faible ).


Symbolique :
La DROITE représente ce qui est positif, mâle, favorable, l’avenir, le père, les projets. C’est le yang.
La GAUCHE, c’est la féminité, la faiblesse, le passé, la mère, les regrets, la nostalgie. C’est le yin .

En politique :
la DROITE = la stabilité, l’ordre, l’autorité, la hiérarchie, la tradition, une relative satisfaction de soi ;
la GAUCHE = l’insatisfaction, la revendication, le mouvement, le souci de justice et du progrès, la libération, l’innovation, le risque.

Étymologie du mot GAUCHE :

I.E. wag Cf chiasme cons. W< >G = faire erreur
cf. latin vagare , vagabundus
français : vague (incertain), divaguer
espagnol : vago ( = errant) , gauche, gauchir.

NB : sleg = idée de détente
français : lâche, laisser
anglais : left < anglo-saxon “lyft” (= faible)
frison “ luf” = faible
leash = = laisse ( à chien) , lax = lâche, flasque, mou, vague
allemand = link ( gauche) cf. slave

En slave GAUCHE : en croate : lijevi en russe : на лево

DROITE : en croate : pravi en russe : на право


Finnois finauds
La cinquantaine de langues parlées en Europe ( du portugais au russe et du français au grec) appartient à la même famille linguistique : l’indo-européen . En fait toutes sauf quatre : le basque, le magyar, l’estonien et le finlandais ( ou finnois).

La langue la plus parlée en Europe est l’allemand. L’Union européenne a sottement institué une priorité pour l’anglais.
Afin de pallier les divers nationalismes, le médecin-philologue russe Zamenhof avait créé l’esperanto, malheureusement plus pratiqué en Chine que sur notre continent.

Et voilà que ce pays “ du bout de la terre “ , c’est le sens de “Finlande”, profitant de sa charge de présidence semestrielle de l’Union européenne jusqu’au 31décembre 2006, manifeste la géniale idée de ressusciter le latin et suggère ainsi aux 25 membres de réaliser plus d’un milliard d’€uros d’économie (budget des traductions).

J’ai ainsi noté dans la rubrique “ Conspectus rerum latinus ” du 21 juillet (Secrétariat général du Gouvernement, Finlande 2006) que le “PAC” était devenu en latin “ Ratio communis agros colendi ”, que l’actualité au Moyen-Orient se disait “ De rebus proximi orientis...” , etc.
Depuis belle heurette le latin n’est plus langue vivante, si ce n’est au Vatican. Bravo aux Finlandais de nous rappeler que le latin fait partie du patrimoine linguistique et culturel européen . Espérons que la délégation française ne laissera pas échapper une telle chance. Bernie de Tours26-7-06

Le droit du roi

Ces deux substantifs ont la même racine.
Cf. le sanskrit RAJA ( = roi) et le roi des rois, le grand roi : “maharadjah” , étymologiquement “ celui qui agit avec droiture “.
NB : c’est de la racine MA (= grand) de “maharadjah” que dérivent le latin MAgnus, l’anglais MAn, l’allemand MENsch, pour désigner le “grand “ de la Création, doué de MENtal , qui le différencie de l’animal.
La racine R E G se retrouve en grec, avec le prothétique “ O “ dans le verbe oREGÔ (= tendre droit, offrir sans détour, donner sans arrière-pensée).
Le latin a R E X ( = le roi ), adopté par les Celtes pour servir de suffixe , sous la forme -RIX à tous les chefs gaulois. Cf. VER (=grand) CINGETO (=marchant à l’ennemi) RIX (= roi) > “grand roi combattant” .
L’espagnol a R E Y , l’ italien R E , le portugais R E I
Notons que le germanique n’a pas retenu la racine latine pour le souverain, l’ancien frison “ kining “ dont sont dérivés l’anglais KING et l’allemand König, par exemple, ayant le sens de “ fils de la tribu “. Mais il use cependant de la racine latine pour le substitut du souverain, soit “ regent “ en anglais et “Regent “ en allemand.

Quant aux dérivés, ils sont très nombreux :
en français : régir , régime , régle , régulier, rectifier, recteur , rectangle, droit , diriger, direct, dresser, adresser, redresser , corriger, correct, royaume, royauté, règne, royal, rectum (partie droite de l’intestin), mais aussi “ source “ , du latin “ surgere “ ( rad. R G ) qui signifie “ mettre droit “, et ses dérivés ressource , surgeon, sourdre, surgir, insurgé, résurrection, ainsi que déroger , proroger, interroger et rogations ( prières pour demander au ciel de “ rectifier ” le temps ).

en anglais : regency , regiment, rectitude, regal, regulate, direct, correct , right , mais aussi “dress” du latin “ directus “ qui signifie
“ mettre droit, c’est à dire comme il faut , habiller “ .

en allemand : regieren, Regel, recht , Gericht , richtig, Reich , rechnen.

en espagnol : regir , regimiento, regla, reglar, recto, rectitud, rector, derecho , corregir , erigir , surgir , insurrecto, regio, mais aussi “rogar“ ( = prier, demander), ruego ( = prière ).

Notons que le russe a emprunté au VIIIème s. à l’occident, non la racine latine REG, mais le patronyme “ Carloman “ (Carlos, Charles, carlin, carliste, carolingien, Karlsruhe, Carlsbad, Karlstadt, carludovica, Charleroi, Charleston, Charleville ) pour désigner le “ ROI “ sous la forme “ k a r o l “. En revanche il a emprunté le nom latin de “Caesar”, parangon des dieux ( cf. “ kaisar “ = dieu , en étrusque ) pour désigner l’empereur “ Tsar “ . Cf. l’allemand Kaiser .

Mots & Maux

Au cas où vous ne seriez pas “ branché “, voici le sondage mondial qui circule sur la Toile ces temps-ci :
“Veuillez, s’il vous plaît, donner honnêtement votre opinion sur d’éventuelles solutions à la pénurie de nourriture dans le reste du monde”
En Afrique,personne ne comprit le sens de “nourriture”. En Europe de l’Est, personne ne comprit “ honnêtement”. En Europe de l’Ouest, personne ne comprit “ pénurie”. En Chine, personne ne comprit “ opinion”. Au Moyen-Orient, personne ne comprit “ solution”. En Amérique du Sud, personne ne comprit “ s’il vous plait”. Aux Etats-Unis personne ne comprit “ le reste du monde”.
B e r n i e

18 - 5 - 07


Attn: Rédacteur en chef d’OUEST FRANCE

Réf. : Courrier des lecteurs du n° du 20 - 5 - 01

“GENDRIN” étant un nom fort courant en Basse-Normandie, je vous demande de faire suivre ce mot à cet abonné, à moins que vous n’en jugiez la publication dans la même rubrique d’intérêt général .

Monsieur,
Savez-vous que personne n’a fait le choix de l’anglais comme langue intenationale ? L’anglais s’impose tout simplement. Pourquoi/Comment?
Par contagion l’anglais est devenu la “ lingua franca” de 500 millions de terriens et l’idiome relationnel de plus de QUATRE milliards d’hommes.
La mondialisation aidant, les USA imposent leur “ culture “. Ce que fit pour les langues italiques la PAX ROMANA il y a 2000 ans, la PAX AMERICANA le fait, avec son véhicule verbal, depuis 200 ans avec la logistique actuelle.
Un autre aspect échappe à beaucoup : l’anglais est une forme altérée, corrompue, simplifiée, disons dégénérée du germanique commun : disparition des déclinaisons ( sauf le génitif), simplification à l’extrême des conjugaisons, raccourcissement des paradigmes, etc.
L’anglais n’a pas de grammaire. C’est une langue presqu’instinctive. D’où sa simplicité pour l’écrit. Quant à la prononciation, on la métabolise en deux mois, et pour la vie, par osmose dans un pays anglophone.
Vous préconisez l’espagnol. Il est la “ lingua franca “ de seulement 400 millions de terriens. Un point c’est tout. On est loin des 4 milliards utilisant l’anglais .

Si vous avez abordé la conjugaison espagnole, sa difficulté n’a pu vous échapper. Elle est plus ardue qu’en allemand ou en russe, et aussi difficile qu’en français.

Autrement vous semblez regretter la non-utilisation de l’esperanto. J’endosse votre regret de tout coeur. La création géniale du Dr Zamenhof est une merveille non teintée de colonialisme. Mais restons réalistes : une langue artificielle n’a aucune chance .

Est-ce volontaire de votre part cette orthographe de “Bel Quanto “ ?
ou bien nous donnez-vous des verges pour vous fouetter ?


B e r n i e d e T o u r s
le linguiste de service

SARRASIN

Foin de votre ruse, ce mot est d’une part tout à fait commun, et d’autre part même utilisé comme adjectif.
L’origine est l’arabe “ sharqi “ qui , antonyme de “maghreb “, signifie “oriental” , au pluriel sémitique régulier “ sharqiyin “.
C’est ainsi qu’au XIème s. les Byzantins appelaient ces tribus musulmanes, vivant, à l’est de Constantinole, sous le règne du calife.
Notez au passage que le nom “ chirac “ pourrait ainsi avoir le sens de “ soleil levant “.
Par extension et via le latin “ saraceni” , calqué du grec “sarakenoi”, le mot a désigné d’abord le peuple d’Arabie Heureuse, puis plus généralement les musulmans d’ Orient, d’ Afrique et, jusqu’en 1492, d’ Espagne.
Les chrétiens dont Chrétien de Troyes appellent ainsi ceux qu’ils croient païens.

Par analogie on a nommé “ sarazine “ la djellaba.

Comme adjectif , “ sarrasin “ qualifiait, lors des Croisades, quelqu’un de cruel ou de fourbe, deux épithètes attribuées aux envahisseurs arabes.

Quant à la plante, importée d’Asie, également nommée, selon la région, boguette ou bucaille, elle fut d’abord appelée “ blé noir “, en raison de la couleur du grain, semblable au teint des Sarrasins.

Dans la bouche des syndicalistes “ sarrazin “ correspond à l’angloricain “ yellow” et qualifie un briseur de grève ou un ouvrier acceptant d’être payé au dessous du SMIG.
Notons qu’ironiquement c’est parce que Citroën , étymologiquement, signifie “ yellow “ (jaune > camelote ) aux Etats-Unis que la “ marque aux chevrons “, à la différence de Peugeot et Renault , n’a jamais pu vendre de voitures aux Américains.

Quant à l’endroit où l’invasion arabe fut arrêtée en 733 par le père de Pépin-le-Bref, il semblerait qu’il se situe plus près de Tours que de Poitiers, à un lieu nommé justement Ste MAURE de Touraine.

Votre seconde question : m i r e b a l a i , plutôt m i r e - b a l a i
Si j’ai entendu ce mot , et avec l’acception que vous proposez, j’avoue ne l’avoir jamais lu . Pour son utilisation patronymique en Haïti, je n’en sais pas davantage. Si toutefois vous le découvrez un jour dans un dictionnaire, je vous serais reconnaissant de m’en faire écho . B e r n i e ,
en réponse à votre lettre reçue ce midi 14 janv. 2004

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