lundi 17 août 2009

URSS > RUSSIE De l'Utopie au Fait

À Dieu , Boris ! Le soleil brillait de tous ses feux ce samedi matin 20 juin 1992 sur le St Laurent. J’avais prévu d’emmener deux amis chinois, frais débarqués en Occident, visiter le centre de Montréal à pied. En début d’après-midi je leur proposai d’aller à la merveilleuse cathédrale Marie Reine du Monde. Impossible d’entrer. Un assistant-bedeau me dit : “ C’est fermé au public cet après-midi car à 16h une messe est organisée en l’honneur de B.Eltsine “ - “Eltsine est au Canada ? ” - “ Oui, ce midi il déjeune à l’Hôtel de Ville et nous l’attendons après”. Fort intéressés nous nous sommes dirigés vers l' Hôtel de Ville, tout proche. À l’extérieur une poignée de manifestants criaient des obcènités à l’endroit du Président russe. Sur les pancartes brandies on comprenait qu’il s’agissait d’ immigrants yougoslaves, mécontents de la décision du Kremlin d’interdire l’atterrisage des avions de la JAT à Moscou après les exactions sanglantes de Milosevic. Lorsque Boris Nicolaïevitch fit son apparition sur le perron de la Mairie, les autorités montréalaises tentèrent de le diriger vers les voitures officielles rangées dans la rue. Eltsine refusa tout net et voulut prendre un bain de foule. Avec mes deux amis j’attendis, appuyé contre le tronc d’un arbre pour ne pas me faire bousculer, le passage du Président. Lorsqu’il passa à portée, entouré d’une cohorte de journalistes, je pus l’accoster . Il parut surpris de rencontrer quelqu’un l’abordant en russe et me prit par l’épaule. Il avait dû boire lourdement et en fait s’appuyait sur moi : “ Bonjour, M.Eltsine ! Je suis très heureux de vous rencontrer, lui dis-je. Je suis français “ - “Je sais, me répondit-il, d’un air détaché. Tout le monde est français ici !”- “Mais moi je suis français de France !”. Son intérêt fut manifeste et de ses deux énormes mains il prit ma dextre en m’entraînant avec lui, poussés par la cohue, la serrant vigoureusement au point de me faire mal. Depuis quinze ans je suis notre homme par la pensée. Il avait décidé - en contradiction avec M.Gorbachev qui encore aujourd’hui se dit fier d’être communiste dans toutes ses conférences autour du monde - d’en finir avec le Parti et d’instaurer la démocratie. De même a-t-il constamment soutenu d'une part TOUS les Etats de l’ex-URSS dans leur désir d’indépendance et d'autre part les plus simples citoyens: chaque fois qu’il visitait un kolkhoz ou une usine et qu’il s’apercevait que les rayons d’un magasin étaient vides, il se rendait par derrière à la réserve et s’il s’apercevait que le gérant officiel gardait les comestibles pour les vendre au marché noir, fait coutumier pendant tout le règne du Parti, il mettait immédiatement à pied le responsable. J'ai revu une fois B.Eltsine, dans la basilique du Christ Sauveur à Moscou où il assistait à une messe. J’avais alors tenté de l’approcher, mais en vain. Je pus cependant échanger quelques mots avec sa fille Tatiana, dans la trentaine alors, qui, accompagnée de ses deux fils Boris et Gleb, m’a dit se rendre tous les hivers à Megève où sa famille possède une résidence. On pourra dire que B.Eltsine est un ivrogne aux pratiques légères. Je retiens de lui qu’il restera le premier gouvernant élu (démocratiquement) de toute l’histoire russe, l’homme de la Liberté, et que s’il chérit particulièrement la basilique du Christ Sauveur, c’est que c’est lui qui a décidé de la restaurer. En effet cette basilique avait été détruite par Staline qui, en 1935, voulait, à la place, construire le plus haut gratte-ciel du monde afin de dépasser l’Empire State Building de New-York. Le hasard fit qu’à chaque étape de la construction, l’immeuble s’enfonçait dans le sol et menaçait ruine. Staline décida alors de construire à la place une vaste piscine chauffée à ciel ouvert. Je m’y suis baigné en 1959 alors qu’il faisait moins 15°C et que la couche de vapeur vous isolait des autres baigneurs. Dès son avènement Boris n’a eu de cesse de reconstruire cette cathédrale afin d’exprimer une des caractéristiques de la Russie chrétienne, et de rendre au grand peuple russe sa liberté et son honneur. C'est pourquoi en plus du contact personnel de 1992, sa disparition me fait de la peine. B e r n i e 24 4 07 La basilique du Sacré Coeur de Montmartre a une histoire qui rappelle celle de la basilique du Christ Sauveur à Moscou. Toutes deux ont été édifiées pour des raisons politiques : Montmartre après la défaite de la France en 1870, le Christ Sauveur au contraire pour célébrer la victoire de l’armée russe sur Napoléon en 1812.

QUID DE LA RACE POUTINE ?

Face aux tiers et quart mondes le déclin de la démographie dans les pays industriels inquiète. Hormis aux Etats-Unis et en France, la population s’avère de fait en régression. Mais la Russie dépasse les perspectives les plus pessimistes.
Riche avec superbe de son gaz et de son pétrole V.Poutine n’en perd pas moins un million de concitoyens chaque année. Et la nostalgie de l’Union soviétique d’antan de chatouiller l’ancien colonel du KGB et son cercle oligarchique.
Passons sur l’indigence des retraités qui, faute de moyens, ne peuvent se faire soigner ni acheter de médicaments, passons sur les ravages de la drogue et de l’alcool, passons sur la désespérance des jeunes femmes qui n’osent enfanter des malheureux en puissance, mais le sort pitoyable des jeunes hommes de 17 à 21 ans augure mal de l’avenir du pays.
Attendant vainement qu’un taxi passe, l’autre soir à St Petersbourg, je hélai une voiture particulière, pratique courante dans ce pays de la débrouille. Le jeune automobiliste avait mal compris ma destination. Il se perdit et , au lieu d’assister à une représentation au théâtre Marinski, où l’accès est interdit une fois la pièce commencée, je passai, sans regret, une soirée avec Oleg, mon chauffeur.
Agé de 21 ans il errait sans but précis à la recherche de petits jobs et me sembla accepter avec plaisir mon invitation à dîner. Pour moi ce fut une soirée pleine d’enseignement.
Appelé sous les drapeaux pour les deux ans légaux de service obligatoire, il avait déserté au bout de six mois, fatigué des brimades dont il était l’objet et horrifié des échos qu’il avait glanés parmi ceux de sa classe.
Depuis son incorporation son lieutenant l’employait à temps complet dans sa datcha privée pour s’occuper du jardin et du bricolage. Un soir de retour à la caserne, il avait trouvé son copain de régiment grièvement blessé. Il avait servi de punching-ball à quatre sous-officiers pratiquant le bizutage des bleus. Le lendemain un camarade de chambrée, d’un an son ainé, s’était suicidé. Ses chefs, paraît-il, le rançonnaient. Ils lui accordaient des permissions à condition qu’il leur rapporte de plus en plus d’argent de chez lui. Son frère-jumeau, beau garçon, était forcé à la prostitution par son adjudant.
L’armée russe n’est certes pas sous-équipée. Le budget de la défense a été quadruplé depuis cinq ans, mais la troupe laisse à désirer. Oleg m’a dit que les trois-quarts des appelés ne répondent pas à l’appel. Ils soudoyent le sergent-recruteur ou le médecin, pour
qu’il leur signe un certificat de réforme.
Le résultat : sur un million de soldats, neuf sur dix viennent des classes pauvres ou illettrées de la société. Dans le peloton d’Oleg une dizaine ne savaient ni lire ni écrire.
La situation est si épouvantable que se sont constituées des Associations de mères d’appelés pour interpeller le Gouvernement sur les brimades dont sont l’objet leurs enfants.
Quel hiatus pour cette « puissance mondiale » entre une capacité nucléaire à détruire la planète et un corps d’armée en totale décomposition ! Bernie

Imprévisible “race Poutine”

Pour sortir la Russie du désastre dans lequel l’ont abîmée sept décennies de marxisme-léninisme, croyez-moi, il faudra une poigne de fer et trois générations. Trois générations nous mènent à la moitié du XXI°s. Mais la poigne de fer, il semble que la Russie l’ait , en la personne de Vladimir Vladimirovitch POUTINE.
Il n’a l’air de rien ce petit pétersbourgeois, ceinture noire de judo, avec ses yeux de furet et son passé au KGB, coopté par Yeltsine pour lui succéder. A une condition: “ Que Boris et sa tribu soient à l’abri de tout soupçon éventuel et , seraient-il souillés , restent a priori intouchables “ .
Depuis , les événements ( prix du pétrole, guerre de Tchétchénie et surtout Bin Laden) l’ont servi au point que lui qui n’a pas été élu soit, aux yeux du peuple, y compris des nostalgiques d’Andropov, l’homme adéquat et idoine arrivé à point nommé, aurait-il virtuellement accroché son pays aux USA, à la suite d’un week-end chez Bush au Texas.
Depuis trois ans POUTINE fait ce qu’il peut pour restaurer l’autorité de l’Etat. Il purge à tout va, même chez les barons corrompus de Yeltsine ( mais pas touche à la famille !). Poutine se présente comme le grand purificateur, l’énergique dépolueur, l’exorciste ,maniant la lessive cathartique avec une telle désinvolture qu’il inspire la terreur .Car tout le monde en Russie, du haut fonctionnaire au simple popov, a quelquechose à se reprocher.
Baptisé à sa naissance par sa mère, en cachette de son père communiste, POUTINE, lui qui de 1975 à 1991, en tant que membre du KGB, persécutait prêtres et croyants, a décidé dès août 1999 de réinstaurer la place de l’Eglise dans l’Etat.
En 1993 il était allé en Israël en délégation officielle. Sa mère lui avait confié une croix pour qu’il la fasse bénir sur le tombeau du Christ à Jérusalem. Depuis il porte cette croix en permanence.
En 1997 un incendie éclate chez lui. POUTINE arrive à sauver ses deux filles du brasier. C’est alors qu’il fait voeu, dès le lendemain, de témoigner de Dieu. Le 7 mai 2000 lors de la cérémonie d’investiture à la Présidence, il demande au Patriarche Alexis II de célébrer une messe et de bénir la passation de pouvoirs entre Yeltsine et lui.
En août 2001 il passe ses vacances d’été à faire un pélerinage itinérant ( 4 monastères et 4 églises ). Au Monastère des Iles Solovki ( le 1er goulag ouvert en 1927, rendu au culte en décembre 1991), il déclare devant la presse: “ Sans le Christianisme, sans la foi orthodoxe et la culture chrétienne, la Russie n’existerait pas comme Etat . Maintenant que nous nous redécouvrons nous-mêmes, il est urgent de revenir aux sources de la Sainte Russie pour retrouver les fondements moraux de notre vie ! “ Et c’est là qu’en ce mois de juillet, j’apprends cette histoire d’un des moines, présent l’été dernier.
Quel exemple pour Guenadi Zionganov qui déclare : “ Je suis le secrétaire général du P.C., mais avant tout je suis chrétien “ .
Et pour Georgiu Poltavchenko, ex-KGB et représentant actuel de Poutine en Sibérie de conclure : “ La Bible est devenue le guide de ma vie. Tout est dans la main de Dieu. !”. Bernie

BILLET DE RUSSIE
“ The Party is over ”

(annonce le devant d’un T-shirt en vogue , alors que le dos indique” McLenin” sous un hamburger)

Depuis l’avènement de V.PUTIN, on sent la main de cet ancien KGB, aux yeux de furet, peser sur ceux qui le gènent. Pas question d’un retour au régime soviétique, mais le lustre yeltsinien de la corruption et de la chienlit est de toute évidence révolu. Et comme Vladimir Vladimirovitch a compris qu’il faudrait 3 générations et une poigne de fer pour mettre son pays à parité avec le XXIème s. et à la table des Grands, autant commencer maintenant, en émasculant toute vélléité d’opposition.
L’URSS était, en ressources naturelles, le pays le plus riche du monde ( pétrole, gaz, terre arable, or, bois, etc.), mais 75 ans de marxisme-léninisme ont démobilisé le pays, au point que 60% de la population, les plus âgés et surtout les retraités, souffrent de nostalgie: sous la faucille et le marteau, point de soucis; nourri, fut-ce chichement, soigné, logé, éclairé, chauffé, instruit, le popov moyen acceptait de voir les membres du Parti ( 10% de la pop.) vivre en nababs.
Et voilà que maintenant, ce popov est responsable et doit travailler pour vivre. 10% de ses compatriotes, les anciens de la nomenklatura,qui ne veulent plus entendre parler de communisme, sont devenus millionnaires.
Après le naphte, la drogue (le Sida qui en découle fait des ravages), les faux dollars et la prostitution sont les principales exportations.
Les banques, salons de beauté (massages) , boites de nuit, magasins de luxe se multiplient à la volée, tout comme les églises qui, avec l’aide de la Banque mondiale, du FMI et de généreux donateurs américains, se parent de coupoles à feuilles d’or.
But the Party is over. “ PARTY “ est bisémique. C’est à la fois le P.C. et la fête.
Les Russes ont plus d’humour que leurs cousins Germains. “ Tout cela est fini, clament les Russes; maintenant seuls le travail et l’argent comptent”. B e r n i e Moscou août 02

Adieu Yalta
!
Ce 1er mai 2004 aura été cause de réjouissance.
Le XXIème s. sera celui de l’informatique et du terrorisme. Il faudra bien s’y faire. Mais au lieu de se lamenter stérilement , pourquoi ne pas voir l’avers argenté du nuage noir.
Quel XXème siècle ! Deux guerres mondiales, deux dictatures noire et rouge, un demi-siècle d’asservissement pour la moitié de l’Europe.
A-t-on seulement réalisé que c’est cette chère petite Pologne qui, après avoir le plus souffert, nous a tous délivrés du totalitarisme :
avec l’élection de Jean-Paul II en ‘75 pour ouvrir le ban; avec Lech Walesa et Solidarnosh en 1980 pour faire reculer les chars soviétiques.
L’élargissement de l’Union européenne est l’antithèse du traité de Versailles, nous dit Adam Michnik. Fini le despotisme, voici venir la démocratie, le droit et un retour à la Foi, des armes nobles pour lutter contre le chômage, la corruption et l’antisémitisme.
`Nous sommes dorénavant plus de 400 millions pour empêcher la guerre Nord-Sud et composer pacifiquement avec l’Islam. A chaque jour suffit sa peine ! Dans quatre décennies, on verra bien avec la Chine.
B e r n i e

G comme garde-fou ou G comme gadget
Le départ des Tsars rouges n’a pas enfanté la démocratie. Depuis l’implosion de l’URSS, on dirait même que les droits de l’homme, instaurés par Boris Yeltsine s’aménuisent avec le temps. Bien sûr les Russes sont libres maintenant, mais Poutine resserre sa poigne contre tout ce qui s’oppose à sa loi. Les ONG en savent quelquechose, que la Douma a récemment comparées à une Cinquième colonne.
A se demander comment va se dérouler, en juillet 2006, la réunion du G8 qui en principe se tiendra à St Pétersbourg.

Rappel : Le G5, né d’une initiative anglo-saxonne en 1967, a réuni pour la 1ère fois, en novembre 1975, à Rambouillet, les représentants des Etats-Unis, du Royaume Uni, de la France, de l’Allemagne et du Japon. La 31ème et dernière réunion, contestée par nombre d’ONG dont les altermondialistes, a eu lieu en juillet dernier en Ecosse. Le G8 qui , en plus des fondateurs, comprend l’Italie, le Canada et la Russie, n’a aucune structure ni protocole.


Il va falloir que la Russie choisisse. Ou bien elle fait partie des démocraties modernes ou bien elle se referme sur elle-même et s’isole du monde.
Les représentants du G7 feraient bien de mettre les points sur les “ i “, avant de convoquer chez Poutine, cette 32ème session s’ils veulent que la réunion dépasse les dimensions d’un “ bavardage sur les affaires du monde dans une ambiance décontractée”.
L’avenir nous dira alors si c’est G comme gendarme ou G comme guignol.
Bernie

McDO, prophète de la liberté


Saviez-vous que le McDo et sa néFast food le plus achalandé du monde se trouvait à Moscou ? Depuis son ouverture sur la place Pouchkine le 31 janvier 1990, il sert plus de 30.000 clients par jour. Le succès est tel que la firme de Chicago, fondée il y a plus d’un demi-siècle et qui offre plus de 31.000 restaurants dans 120 pays, a racheté des dizaines de restaurants russes et contruit un gratte-ciel de bureaux, à deux pas du Kremlin, dont le principal locataire est COCA COLA.
McDo emploie 20.000 Russes au salaire mensuel moyen de 195 €, s’assurant les faveurs des autorités locales par ses largesses sociales. En plus des 40 restaurants de la capitale, il en a ouvert une centaine dans les autres villes de Russie qu’il alimente en viande et pommes de terre produites dans ses propres fermes.
J’ai demandé à un ami de Moscou pourquoi MacDo avait une telle faveur en Russie. Il m’a répondu : “ Le Big Mac et le Coca furent dès ‘91 les symboles de la liberté !”
Même réflexion d’un étudiant tatar rencontré, il y a deux jours à Kazan sur Volga qui me dit : “ IKEA, la firme danoise, est pour nous la concrétisation de la pérestroïka ! “. Bernie

L’habitude : une seconde nature
L’ URSS est redevenue la Russie, mais il n’est pas facile d’effacer les faux plis imposés en trois quarts de siècle. Elle n’a pas encore secoué la chape policière qui présidait aux formalités.
Sachez qu’un visa est toujours nécessaire, avec une enquête préalable, même pour le simple touriste, et , coutume en faveur à Moscou, c’est le racket. Ce visa coûte fort cher. Les contrôles en outre sont tatillons. A décourager les plus vaillants . Notons que l’Ukraine a commencé de dispenser certains ressortissants étrangers occidentaux du visa.
Si vous vous rendez à Moscou par la route ou le fer et par la voie la plus directe, traversez la Belarus, à l’entrée à Brest les policiers vous imposeront une assurance ! Une assurance pour quoi ? Ils ne savent pas eux-mêmes. Seriez-vous couvert par les meilleures assurances du monde, ça ne compte pas. Il vous faut payer cash.
Une fois arrivé en Russie, il vous faudra, au bout de trois jours, vous faire enregistrer au commissariat de police et indiquer avec précision les déplacements que vous avez prévus.
Les douaniers de leur côté vous font remplir, en double exemplaire, une longue déclaration de l’argent et objets de valeur ( caméra, bijoux, etc.) que vous transportez. Et n’allez surtout pas perdre le double , revêtu de cachets, à restituer aux autorités à la sortie du pays. Cela vous coûterait une petite fortune.
Mais le comble c’est le calvaire imposé aux voyageurs de commerce et hommes d’affaires étrangers. Dès leur arrivée ils doivent subir des tests de dépistage de la lèpre, de la syphilis, de la tuberculose et du sida. Et pas question de faire effectuer ces tests hors du territoire russe, par exemple dans le pays d’origine, serait-ce dans un centre médical officiel. Ils ne seraient pas reconnus.
Car l’objectif est bien sûr l’argent récolté pour ces formalités. Chez Popov le racket est une institution d’Etat. Qu’on se le dise ! B e r n i e

Billet de Russie En avant vers le passé
Pas facile de s’apprivoiser avec la démocratie après des siècles de tsarisme et 75 ans de soviétisme. Surtout lorsque les dirigeants, observateurs marris du déclin actuel de la Russie, sont les anciens maîtres d’un KGB qui présidait naguères aux destinées d’une grande puissance. La nostalgie s’avère patente. Et les moyens de recouvrer quelque importance sur la scène mondiale brillent par leur totale incohérence : brimades envers l’Ukraine, intimidations à l’endroit de la Géorgie, invitation du Hamas à Moscou. Autant de preuves du tropisme qu’exerce le camp américanophobe sur la Russie, consciente de ses immenses ressources énergétiques.
Il est évident que la vie est plus supportable aujourd’hui pour une majorité de Russes que sous les Tsars, blancs ou rouges. Mais chaque jour voit disparaître une des libertés gagnées il y a quinze ans.
On sent en outre que Moscou ravive ses liens avec l’ Iran et que Poutine ne brûle pas d’un amour délirant pour ces Chinois qui par millions se déversent pour commercer sur la rive septentrionale de l’Amour.
De la révolution Moscou serait-elle en train de passer à la réaction ?
Que vont faire les Sept nations du G8, lors du sommet de St Pétersbourg, prévu le 15 juillet, si Poutine s’obstine à jouer les trouble-fête ? Il n’est d’autre choix que la fermeté.
B e r n i e St Petersbourg le 13 avril 2006

Sankt-Petersburg : capitale ou pas capitale

A chaque visite je reste interloqué et confondu: les noms des rues changent tout le temps. Plus de 20 fois je l’ai visitée cette ville, de 1959 à 1976, jusqu’au jour où le KGB m’expulsa. Qu’un président de comité de l’Association d’Amitié France-URSS soit interdit de séjour sine die, cela défraya la chronique dans la presse en France en 1977
Depuis que l’URSS s’est effondrée laissant la place à la Nouvelle Russie, j’y retourne avec autant de plaisir . Les Russes , c’est un peuple merveilleux.
Ce fut d’abord le règne de B.Yeltsine, le premier chef d’Etat élu de toute l’histoire du pays : un colosse, un tsar et une paire de mains géantes à vous broyer les vôtres. Mes amis moscovites avaient la nostalgie du régime marxiste. Pas de soucis du temps des tsars rouges ; l’Etat s’occupait de vous de la naissance à la mort; les mérites étaient reconnus.
Il est vrai que Boris, au lieu de développer la production, a surtout développé les banques, laissant aux activistes financiers la bride sur le cou.
En mars 2000 un pacte fut scellé entre lui et l’homme qu’il avait choisi, Vladimir Putin : “ Si tu jures de ne pas toucher à ma famille, je te fais roi “ .
Et voici notre ex-colonel du KGB qui, bien que non élu, se sent des ailes.
Après dix ans de misère la Russie semble se redresser. Mais je reste persuadé qu’il lui faudra TROIS générations et une poigne de fer, pour s’aligner sur le monde Vladimir Vladimirovitch est peut-être l’homme qu’il faut, arrivé à point nommé .
PUTIN est un Pétersbourgeois (NB: La ville s’est appelée St Pétersbourg de 1703 à 1914, puis Pétrograd jusqu’en 1917. Ensuite Léningrad en 1924 et de nouveau St Pétersbourg depuis 1992) et il veut faire de 2003 , tricentenaire de la fondation de la ville par Pierre le Grand, son apothéose.
L’élite dirigeante comprend de plus en plus de Pétersbourgeois, toute la coterie de Putin. On sent qu’il se méfie de l’arrogance moscovite. deux des mastodontes économiques : Gazprom et la Sté Nationale d’Electricité sont dirigés par des Pétersbourgeois, de même que le Ministère de la Défense. Tous étaient les collègues de Putin au KGB.
Quand la Russie reçoit les chefs d’Etat ( Schröder, Blair, Chirac, Bush), c’est à St Pétersbourg que Putin les invite.
Comme ailleurs en Russie la natalité baisse à un rythme alarmant.
Lorsque j’ai demandé à Igor, le Moscovite, s’il pensait que St Pétersbourg allait redevenir la capitale, il m’a répondu : Mais c’est déjà la capitale . . . du crime !”
Bernie Moscou le 23 juillet 2002



Russie : l’Eglise et l’Etat

Depuis 1995, 201 églises ont été restaurées ou construites dans la capitale de la Russie.
En août 1997, le patriarche Alexis II s’était rendu à la cathédrale reconstruite du Christ St Sauveur à Moscou pour bénir la grosse cloche d’or . Christ St Sauveur , à deux pas du Kremlin, avait été détruite par Staline en 1931 et l’espace utilisé pour l’installation d’une piscine à ciel ouvert. Tout juste arrivé au pouvoir, Yeltsine avait décidé la reconstruction de la cathédrale à l’identique pour le 850ème anniversaire de la fondation de Moscou il y a deux ans. Le maire de la capitale, Youri Louzkov attendait le patriarche sur le parvis. Chef spirituel de soixante millions de Russes, Alexis II, agé de 70 ans, arriva dans une somptueuse limousine noire. Louzkov se précipita, mit un genoux en terre et baisa l’anneau pontifical.

Le fait est que tout le monde, en Russie, s’incline devant le patriarche de l’Eglise orthodoxe, y compris Boris Yeltsine qui, récemment, à la demande d’Alexis, a donné son accord pour le vote d’une loi interdisant presque aux autres dénominations religieuses tout prosélytisme. Au point que catholiques et protestants se sentent fortement brimés.
C’est en 1942, à Tallin ( Estonie), que ,lorsque son père fut ordonné prêtre, le jeune Alexis devint enfant de choeur. Ordonné lui même en 1950 (élu patriarche en 1990 ) et comme ses prédécesseurs depuis 1920, il collabora avec le KGB. A deux reprises des prêtres m’ont avoué, en 1950 et 1976, croyant que j’étais moi-même membre du P.C., qu’ils travaillaient la main dans la main avec le Ministère de la Sécurité. D’un fidèle de l’église de Zagorsk,chargé, semblait-il, du rôle de sacristain, j’avais incidemment appris en 1960 que l’église orthodoxe était notamment dispensée de payer l’impôt sur la vente des objets de culte, en particulier sur les cierges dont les fidèles font grande consommation.

Depuis la disparition de l’URSS, il paraît que la hiérarchie orthodoxe flirte ouvertement avec l’opposition communiste nationaliste au point que la petite communauté des Orthodoxes Libres qui se réunissent dans l’église St Georges le Conquérant au centre de Moscou, méfiante devant les rapports existant entre l’Eglise et l’Etat, voit dans l’église que dirige Alexis II une sorte de monopole, dangereux pour la liberté de pensée. Est-ce là la raison pour laquelle Alexis II s’est opposé, l’an passé, à la visite de Jean-Paul II à Moscou ? Bernie 22 nov. 2002


L’Église en Russie


Quel dommage qu’Alexi II ne soit pas décédé avant la disparition de Jean-Paul II . Celui-ci nous a quittés sans réaliser un de ses grands rêves : une visite à Moscou.
C’est que feu le Patriarche, jaloux de ses ouailles, prenait ombrage du charisme de l’Évêque de Rome.
Quant à la collaboration entre le Kremlin d’antan et le chef de l’église orthodoxe russe, superbement logé, depuis 1942, au centre de la capitale, dans l’ancienne résidence de l’ambassadeur d’Allemagne, offerte à l’Église par Staline, un prêtre du séminaire de Zagorsk m’avait laissé entendre, en 1956, que le compromis avec le KGB s’imposait pour le bien du peuple, ajoutant « ce qui nous évite, en compensation, de payer l‘impôt sur la vente des cierges ». Et Dieu sait combien le Popov, rituel presque à l’excès, brûle de cierges.
Et puis s’il n’y avait pas eu collaboration, pourquoi , avant de mourir, Alexi II a-t-il fait des excuses publiques dans les Izvestia ?
Une chose est certaine : en 2009 le gouvernement de la Russie n’est pas laïque. Du temps de l’URSS il restait à peine 7.000 églises dans tout le pays ouvertes au culte.Cette année on en compte plus de 30.000, souvent construites avec les fonds publics. En 1990 il restait 18 monastères. Aujourd’hui ils sont plus de 800. Et il n’est pas de semaine sans que l’administration n’ouvre ici un orphelinat religieux, là un couvent pour jeunes filles. C’est que la religion pour le peuple russe, la pratique dominicale serait-elle en baisse, est une seconde nature.
Au temps où, jusqu’à mon expulsion par le KGB en 1976, je faisais chaque année la navette entre les Etats Unis et l’URSS pour deux visions du monde : capitalisme et le socialisme, le paradoxe m’avait frappé : alors que la fondation de l’Amérique avait pour base la Bible et que l’URSS reposait sur l’athéisme, je notais outre-Atlantique un matérialisme forcené dans la vie quotidienne, face à une religiosité outrancière en Union soviétique.
Il n’est pas une manifestation officielle en Russie sans la participation des autorités religieuses. Il fut également frappant de voir par exemple Poutine et Medvedev et leurs épouses communier de concert lors de la messe pascale en mars dernier dans la basilique reconstruite du Christ Sauveur , et sous les projecteurs de la télé officielle. B e r n i e

Victime de la pub

Aux USA faire des millions est sport national. En Russie également. Mais alors qu’outre-Atlantique la fortune rend célèbre et vous affiche dans la presse, les N.R. ( nouveaux-Russes/nouveaux-Riches), encore vêtus des oripeaux socialistes soviétiques , trouvent la publicité infamante en la matière.
Et pourtant Moscou , dépassant toutes les capitales capitalistes, abrite plus de 40 milliardaires, contrôlant le quart du PNB de la nation.
Le journaliste américain P. Klebnikof, fils d’émigrés de 1920,avait décidé l’an passé de rentrer au pays de ses ancêtres, armé des principes démocratiques appris aux USA. Il aurait dû se méfier et réaliser qu’il faudra , à la Russie, un homme à poigne et trois générations pour redevenir un pays comme chez nous. L’homme à poigne elle l’a peut-être : Vladimir Poutine qui met en prison les riches qu’il n’aime pas. Mais pour la normalité,il faudra encore quelques décennies. Rédacteur en chef du magazine “ FORBES DE MOSCOU”, il n’aurait pas dû publier la liste des dix plus grandes fortunes du pays. Les magnats ont assassiné le cafard, début juillet, alors qu’il sortait de son bureau. B e r n i e




Le froid sied à la Russie

Le temps de ces derniers jours en Touraine, ciel d’azur et soleil éclatant, me rappelle , neige en plus, mes nombreuses visites hiémales en URSS.
Il n’y a pas de printemps ni d’automne en Russie. Le temps normal c’est l’hiver, coupé brutalement par un fugace été, un peu comme une récréation . “ Vacances “ en russe ne se dit-il pas “ kanikouli “ ? Et les paroles de Pouchkine me reviennent : “ le gel et le soleil font d’ une journee une merveille “.
J’ai expérimenté moins 35° là-bas lorsque mon Bic à capuchon de métal, porté par inadvertance à mes lèvres, resta douloureusement collé . Là l’oral rejoignit l’écrit.
Souvent, imitant les autochtones, je me suis frotté les joues transies avec de la neige. traitement de choc peut-être mais fort efficace.
Seule la nuit à 16h m’incommodait.
Les infos nous ont appris il y a deux mois que quelques douzaines de SDF étaient morts de froid. L’alcool en tue des dizaines de milliers. Les employés du bâtiment se sont retrouvés au chômage et là-bas quand on ne travaille pas on n’est pas payé. Quant aux écoliers paresseux, quelle joie ! car la loi précise: à moins 25°, les écoles ferment. Je me rappelle ce jeune homme plein d’humour rencontré sur la Place Rouge qui attendait sa bien-aimée. Elle tardait. Sortant un thermomètre de sa poche, il y vit “ moins dix “ . “ Si elle n’est pas là à moins 20, je me sauve !”.
Le froid gèle aussi les voitures mais j’imagine que s’il y en a seulement une sur dix à démarrer le matin, ceux qui roulent doivent bênir l’hiver. Pas d’embouteillages , c’est comme au bon vieux temps de l’ URSS. Les ambulances et voitures de police, le toit illuminé de clignotants bleus, doivent être maîtresses du macadam.
J’étais à Moscou en février 1976. De mémoire de Moscovite, il n’avait jamais fait si froid. L’empathie était totale alors entre la météo et la politique. La débâcle kroutchévienne avait fait place au gel brezhnévien . Ne parlions nous pas de guerre froide ? Souvent j’ai entendu mes amis communistes mettre sur le dos du climat hostile le fiasco agricole. Les Russes aiment l’hiver plus que l’été, non par masochisme mais par patriotisme . Quiconque, ai-je noté, abhore l’hiver russe est par définition un ennemi de la Russie. N’avez-vous pas remarqué à la télé lors de l’Epiphanie du 19 janvier tous ces Russes se plongeant dans l’eau glacée au centre de Moscou? Voilà les vrais patriotes, car si Popov aime se coiffer d’une chapka et endosser une peau de mouton, il adore se mettre nu pour observer l’usage orthodoxe. Ce que la télé ne montrait pas c’était la bouteille de vraie Vodka ( combien de nos jours en fabriquent un ersatz létal avec du bois) qu’on leur offrait au sortir du trou polaire.
Le revers de la médaille c’est l’immonde vindicte à l’endroit de l’Ukraine et de la Géorgie. “ Cela leur apprendra à rejoindre l’Occident” a dû penser Vladimir , tant feu le Vladimir qui croupît dans son mausolée moscovite, que le Vladimir (ras)Poutine du XXIème s.
Konstantin Leonliev, le philosophe slavophile du XIX°s. écrit un jour :
“ La Russie devrait rester congelée, au moins elle ne puerait pas !”
Elle a chuté deux fois la froide Russie : en 1917 à la disparition du dernier Romanov, et en 1991 à l’implosion du soviétisme.
Ah ! si elle pouvait enfin sortir définitivement du frigo et ne plus se détourner de la vraie démocratie. Za vachié sdarovié . Bernie

B o o m e r a n g !

“ Si Dieu existait, les enfants ne souffriraient pas !” Voilà probablement le sophisme le plus répandu ! De toute évidence, Dieu existe et il a fait de l’homme un être libre .
Si les grandes puissances n’avaient pas, il y a un petit siècle, inventé les gaz pour régler leurs différends; si elles n’avaient pas, plus tard, imaginé des programmes dispendieux de guerre biologique, le monde ne serait pas, comme aujourd’hui, sous l’empire de la psychose et de la terreur.
Les Allemands furent les premiers grands chimistes. Les USA leur emboitèrent le pas et les Soviétiques rejoignirent vite le clan des semeurs de mort. Comme si la France était innocente ! Et nous méritons tous bien les gouvernements que nous avons .
Il y a moins de dix ans les Russes avaient encore des dizaines de milliers d’ingénieurs et techniciens travaillant sur les programmes de guerre biologique. Boris Yeltsine avait bien décidé en 1993 la destruction des stocks létaux et le démantellement des usines mortifères. Pourquoi, alors, leur accès à l’inspection est-il toujours interdit ?
Un de ces ingénieurs, rencontré ce mois-ci à Tashkent, m’a assuré que les vols et détournements avaient lieu, de même que le trafic. Il y a deux ans j’avais rencontré à Delhi deux ingénieurs atomistes de Novossibirsk. Le salaire que les Indiens leur offraient ($2000) les avait convaincus d’abandonner leur salaire russe ( $100 ). “ Et ce n’est rien, m’avait précisé l’un d’eux, Saddam Hussein et Khadafi nous offraient $25.000 .”
Près de la Mer d’Aral, j’ai appris , début de ce mois, que toute la population souffrait d’emphysème et que la peste avait réapparu tout près de l’endroit où étaient développés la maladie du charbon et la peste.
Rassurez-vous ! Même si une attaque importante avait lieu du bioterrorisme, ce serait la fin du monde. La terreur, la panique et l’angoisse tueraient mille fois plus que la poudre blanche. Et en fin de compte, Dieu nous attend . Alors, vivons pleinement . . . en attendant.
B e r n i e Mars 1996

Juste pour rire Au “bon” vieux temps . . .de l’URSS

.La scène se déroule dans le métro de Moscou en 1985 .

- “ Pardon, Camarade, es-tu du KGB ?
- Non !
- As-tu de la famille dans le KGB ?
- Non !
- Des voisins, des amis ?
- Mais non j’te dis !
- Autrement dit, tu n’as aucun rapport de près ou de loin avec le KGB ?
- Non ! Mais pourquoi donc ?
- En ce cas, puis-je te demander de retirer ton pied de dessus ma chaussure ? “

Dieu merci la scène n’est plus plausible à Moscou. Mais elle se déroule encore à La Havane ou à Pyongyang.Quant à la Russie, elle n’est pas sortie de l’auberge.Trois générations seront nécessaires pour effacer du mental russe les années sombres du soviétisme
Il est un proverbe russe qui dit : “ Notre passé est sinistre, notre présent est invivable. Heureusement que nous n’avons pas d’avenir “ . B e r n i e

La nouvelle vieille Russie

Pas facile de se libérer de 75 ans de soviétisme. Surtout lorsque, comme Vladimir Poutine, ancien colonel du KGB, on se sent investi de tous les pouvoirs par la grâce de Dieu. Il faudra trois générations - que les Russes nés après 1993 aient atteint l’âge adulte - pour que l’homme devienne, à l’instar des pays occidentaux où les droits fondamentaux existent, une entité respectable en soi.
Poutine excipe de sa bonne foi, mais il y a un abîme entre ses paroles et ses actes.
Qu’il est déjà loin le temps où, sous Yeltsine, la radio, la télé et la presse étaient libres. De toute évidence la Russie n’a pas encore appris ce qu’est la démocratie. L’ambiance est celle de la monarchie tsariste avec ses oukases et une corruption endémique chez les hauts fonctionnaires et les politiques.
Poutine veut bien du capitalisme, mais à la seule condition que lui et ses affidés en soient les maîtres.
L’histoire de la Russie n’a pas changé, en fait, après le spasme soviétique. Même si URSS s’est muée en Russie et KGB en FSB sur le papier. Les visiteurs étrangers sont toujours astreints aux mêmes formulaires tatillons de demande de visa qu’au temps des dictateurs moscovites. Bernie Moscou 26 août 2005

Le style URSS . . . pas fini !
Grosse surprise ce matin en achetant les Izviestia, un quotidien lancé en 1917 dans la foulée de la Révolution : le journal a changé de propriétaire. Je vous donne en mille le nom du nouveau : c’est (ras)Poutine !. En fait c’est GAZPROM, mais comme Gazprom, le numéro UN mondial du gaz naturel, c’est le Kremlin !
Ce sera la dernière acquisition du Président dans son plan de monopolisation des médias. Les journalistes s’en doutaient après l’éviction, il y a un an , de Shakirov, le rédacteur en chef. Un détail reste secret : le prix. Reste à savoir si les Izviestia vont continur de publier, à l’instar du Monde le supplément hebdomadaire en anglais repiqué du New-York Times .
Un mot plein d’humour déridait il y a vingt ans la tragédie de Popov : “Dans les Izviestia ( = “nouvelles “ en français) ,il n’y a pas de Pravda (=“vérité”) et dans la Pravda il n’y a pas d’Izviestia “.
A souhaiter que ne se vérifie derechef la définition ancienne de la dictature : “Un homme en acier et tous les autres en tôle “.
Bernie Moscou le 27-8-05

Le Groupe G8

De quel droit la Russie est-elle membre de ce groupe, même si c’est V. Poutine qui en sera l’hôte le 15 juillet prochain à St Pétersbourg ?
Les Grands avaient fixé huit critères d’entrée sine qua non dans ce Club des pays riches. Or la Russie ne répond qu’à un seul : sa taille économique .
Qu’en est-il donc de la convertibilité du rouble? Et pire encore qu’en est-il de la démocratie qui , chaque jour, s’assimile à la peau de chagrin ?
Comment peut être agréé un système qui brime les ONG , un gouvernement qui soutient la dictature du Belarus, un pays qui prive ses voisins, l’Ukraine et la Géorgie, en plein hiver, de gaz et d’électricité parce qu’ils ont choisi la démocratie ?
A un collègue russe qui, la semaine dernière, à St Pétersbourg, m’annonçait fièrement la réunion du G8 sur les rives du Golfe de Finlande, je répondis : “ Pas sûr du tout, car si les Sept autres ont des principes, ils ne viendront à St Pétersbourg que si Poutine s’engage publiquement à respecter les droits de l’homme ! “.
Mais que sont les principes face au business ? B e r n i e

“ La bande des 8 ”

Me promenant la semaine dernière sur la rive enneigée du Golfe de Finlande, à une quinzaine de kilomètres de St Pétersbourg, j’aperçus au milieu d’un immense parc un palais somptueux, flanqué d’un hôtel de luxe et d’une vingtaine de cottages magnifiques. Les gardes qui surveillaient un débarcadère de plus de 500 m. de long, probablement mus par les anciens automatismes de l’ère soviétique, non seulement m’interdirent l’accès, mais menacèrent de confisquer mon appareil si je prenais une photo.
Un couple russe de passage répondit à ma question : “ C’est le Palais des Congrès où va se réunir , du 15 au 17 juillet, la “ bande des 8 ”. Je décelai dans le ton de mes interlocuteurs le même mépris dédaigneux que celui des Chinois lorsqu’ils parlent de la “ Bande des 4 “ de funeste mémoire.
Ils seront donc huit cet été ici à décider des destinées du monde, c’est à dire sept ( S. Harper du Canada, Angela Markel, Tony Blair, George Bush, Junichiro Koizumi, Jacques Chiran, R. Prodi) plus l’hôte local, Vladimir Poutine qui , depuis le 1er janvier préside cet octuor très contesté des représentants des pays riches.
Suite au choc pétrolier de novembre 1973, le Président V. Giscard-d’Estaing avait eu l’initiative, en ‘75 , de réunir les Grands du moment.( Ils étaient six alors et ce fut à Rambouillet) pour, autour d’une table bien garnie, tenter de surmonter les contradictions du monde .
La réunion de Gènes en 2001 provoqua les manifestations que l’on sait, au point que la suivante eut lieu à Kananaski, au fin fond des Montagnes Rocheuses canadiennes.
Andréï et Katia , son épouse, m’invitèrent à prendre le thé chez eux. Ils ne cessaient de vitupérer ce “ syndicat d’actionnaires des finances mondiales”, comme ils disaient. “ Ils causent, causent, de croissance et de stabilité et s’en foutent plein la panse “ - “ Bush et Poutine sont devenus si paranoïaques face au terrorisme que je n’ai même pas pu avoir un visa de tourisme l’an passé. Quant à Poutine il grignotte chaque jour un peu de la démocratie que nous avons acquise en 1991 “.
Si d’un côté le nombre des milliardaires augmentent en Russie, qui , s’ils ne menacent pas le Président, ont tous les droits, le peuple reflète la morosité.
La Russie perd un million d’habitants chaque année. Les causes sont multiples: le SIDA et la tuberculose ont quadruplé de 1992 à 2005. Il meurt en prison dix fois plus de personnes que dans le reste de la population. La mortalité par cancer et maladies cardio-vasculaires est la plus élevée d’Europe. Mais la première cause de décès chez les hommes ( 2 tiers) est l’alcoolisme. Chez les femmes les avortements , interdits du temps de l’ URSS, sont de plus en plus nombreux, et sont responsables de stérilité définitive. En 2005 il y a eu 2.200 IVG pour 1.000 naissances. Depuis 1992 la population est passée de 156 millions à 143 millions. Le président de l’Académie de Médecine, Valentin Prokrouski, prédit 100 millions d’habitants en 2050. L’armée elle-même, autrefois objet de fierté, n’a plus la faveur: les brimades à l’endroit des jeunes recrues sont telles que les suicides y sont fréquents. En outre les soins et médicaments, autrefois gratuits, coûtent si chers que les retraités n’y ont plus recours.
Combien seront-ils , en 2011 , lorsque la France organisera la rencontre des Grands de ce monde ?
B e r n i e

Biélorussie
Lorsqu’en août 1959 notre train s’arrêta à la gare-frontière de Brest-Litovsk pour soulever les wagons et adapter les boggies à la grande largeur des voies ferrées russes, la police soviétique nous autorisa à déambuler deux heures dans les rues de Brest, le choc fut brutal. Nous venions de passer trois jours à Varsovie, mais même si la Pologne restait sous la férule moscovite, on y sentait un soupçon d’air frais, une joie de vivre et un ferment d’espérance.
En URSS c’était comme si une chape de plomb était descendue sur la terre, une impression que nous confirma le lendemain la première journée de notre séjour à Minsk .
Il y a presque un demi-siècle de cela et pourtant il semble que rien n’ait changé.
En Ukraine la vie a repris le dessus depuis le début de l’année, mais ici en Biélorussie (ou Bélarus) la tristesse des visages est endémique. Quant au traitement réservé au visiteur,il ne s’est pas amélioré. Première surprise : à l’entrée dans le pays le touriste doit souscrire une assurance. Un fonctionnaire nous a bien dit à Minsk que ce n’était pas obligatoire, d’autant plus que nous avions toutes les assurances possibles contractées en France,, mais trop tard, le douanier à la frontière refusait obstinément de nous laisser passer sans payer. Racket !
Le PC a certes officiellement cessé de diriger le pays, mais Alex Loukatchenko, ancien directeur de kolkhoze, ” élu “ président en 1994, se prend pour le chef suprême du Kremlin de Minsk et agit en dictateur, au point de se permettre de modifier la Constitution pour être réélu l’an prochain.
Les seuls changements sont la prolifération de centres commerciaux, qui ne sont plus réservés aux apparatchiks, l’ouverture d’un casino et la propension des jeunes à vous confier leurs déboires et leur espérance de pouvoir accéder au mode de vie occidental.
Loukatchenko a rendu son lustre à Lénine et à Dzerjinski, sordide inventeur de la police secrète. Il a fermé l’Université européenne des sciences humaines et réhabilité les cadres du KGB.
Biélorussie, dernière dictature d’Europe . B e r n i e

L’Empire s’effrite

Partageant la table de quatre collègues ukrainiens lors d’un dîner à LVOV, je vis l’un d’eux, Piotr, quitter brusquement son siège et levant ce que j’espérais être son dernier verre de libations vespérales qui chez les Slaves n’en finissent pas, il s’écria: “ Bernie ! Tu descends des Gaulois ! Nous aussi !”, puis remplissant mon verre, il poursuivit: “ Et Vonette est normande ! Mon arrière-grand-mère aussi ! “.
Il est vrai que le drapeau national ( bleu et jaune) représente les couleurs de la Principauté de Galicie (Ukraine occidentale) et qui dit Galicie dit Galates en Turquie, Galiciens en Espagne, Gallois en Grande-Bretagne et Gaulois chez nous. Nos ancêtres Celtes, les premiers envahisseurs notoires de l’Europe à l’époque protohistorique ont laissé des traces dans tout le continent De même que les Northmen, pirates Vikings, qui mille ans plus tard vinrent fonder une sorte d’état dans la région de Kiev et créérent un lien entre la Baltique, la Caspienne et la Mer Noire.
C’est Oleh, chef varègue ( négociant normand) qui donna au pays en 880 le nom de Rous qui deviendra Russie en matérialisant un carrefour commercial entre la Scandinavie et Byzance et entre la Chine et l’Occident. Piotr connaissait bien l’histoire de son pays.
Ceci pour dire que l’Ukraine existait avant la Russie et Kiev avant Moscou.
C’est une terre bénie des dieux : par sa position géostratégique et la richesse de son sol et de son sous-sol. Quand on pense que le tchernozium (en russe tchiornaia ziemlia = terre noire) d’Ukraine, un humus de 70 cm d’apaisseur sur deux millions et demi de km2 pourrait nourrir toute l’Europe alors que 85% des Soviétiques n’avaient pas de quoi satisfaire leur faim ! La terre agricole la plus riche du monde .
Autant les Ukrainiens penchent vers l’ Occident, autant Moscou fait ce qu’elle peut pour les garder dans son giron. C’est qu’après avoir quasiment perdu la Géorgie, si l’Ukraine “ passe à l’ouest”, la façade maritime russe vers les mers chaudes se réduit comme peau de chagrin.
Ils ont tellement souffert depuis des siècles, ces Ukrainiens : l’autocratie des Tsars et le totalitarisme soviétique - le même en pire - ont été l’antithèse de la démocratie. La sémantique du mot UKRAINE signifie confins, frontière, ( comme “die Grenze” en allemand , “ granitza “ en russe ou “Ingrandes “ en français ) , frontière mais aussi “ pont “, en l’occurrence, entre l’Etat russe qui a encore besoin de deux générations pour reconnaître la valeur intrinsèque de l’homme, et le monde libre, le monde des droits de l’homme .
Staline a volontairement affamé l’Ukraine en 1933; Hitler l’a martyrisée de 1941 à 1944; l’impéritie du système moscovite a provoqué la catastrophe de Tchernobyl en 1986; Putin a cruellement coupé le courant, en plein hiver , en 1997 , lorsque Kiev a signé une charte pour un partenariat avec l’OTAN.
Le niveau élevé d’instruction et de qualification de la main d’oeuvre ukrainienne dépasse celui de nombreux pays occidentaux.
Voilà un pays “ digne” d’êre accueilli dans l’ Union européenne. La France me semble frileuse devant un telle occasion pour un pays comparable au nôtre: par sa surperficie et le volume de sa population de qualité humaine et professionnelle exceptionnelle. C’est également une terre de civilisation chrétienne peuplée de catholiques, uniates, orthodoxes grecs et russes.
Lorsque j’enseignais à l’Ecole normale de Varsovie, je n’ai entendu de la bouche d’employeurs polonais que félicitations à l’endroit de leurs employés ukrainiens.
Su le plan économique: blé, betteraves sucrières, tournesol, un cheptel bovin, porcin et ovin de première qualité. Le sous-sol est riche de manganèse, de charbon et de fer.
Et la Crimée, au climat méditerranéen, que la Russie se mord les doigts d’avoir cédée à l’Ukraine en 1954.
Pour l’heure l’Amérique s’en occupe. Condoleeza RICE, le maître à penser de George W., est slaviste-russisante et spécialiste de la Russie. Piotr m’a avoué qu’elle avait émerveillé ses compatriotes lors d’un récital de piano. Savez-vous que l’Ukraine est le 3ème pays du monde bénéficiaire de l’aide américaine, après Israël et l’Egypte, au niveau de 200 millions de dollars/an.
Bien sûr pour l’heure le taux de chômage frise les 15%, l’inflation les 30%, et il y a 25% de Russes en Ukraine , qui s’y trouvent bien, mais l’ UKRAINE est un trésor en puissance qui honorerait notre Europe. B e r n i e

Nié kourits !
La Russie perd un million d’habitants chaque année. Les causes sont variées : manque d’optimisme des femmes pour l’avenir réduisant la fécondité et multipliant les avortements, incapacité pécuniaire des anciens à se faire soigner , fréquence des suicides notamment chez les jeunes recrues, en raison des brimades.
Deux maux traditionnels viennent alourdir de façon alarmante le bilan des décès : l’alcool et le tabac.
Plus de 60% des hommes fument aggravant chaque année davantage la mortalité . L’Etat répugne à taxer le tabac – on peut se payer une cartouche pour 3 € - se rappelant les manifestations qui en 1985 éclatèrent lorsque M.Gorbatchev eut l’idée, pour enrayer l’épidémie, de surtaxer et de rationner l’alcool et le tabac. Au point que le Kremlin fit appel à Marlboro, qui fit un tabac.
Devant le désastre actuel le nouveau président Medvedev a exprimé le vœu de voir ses compatriotes réduire leur consommation , légiférant même jusqu’à augmenter la prime d’assurances pour les fumeurs. De toute évidence, le vœu est resté pieux.
Chinois mis à part, les Russes sont les plus grands fumeurs de la planète. Plus de la moitié de la population s’adonne à la fumée au point de faire monter à 45% la mortalité prématurée pour les hommes de 36 à 55 ans.
Lorsque hier soir à l’aéroport , je faisais remarquer à Popov qu’il fumait sous une pancarte « Nié kourits ! » (= interdit de fumer), il me rétorqua que l’Occident se servait du tabac pour empoisonner la population russe. ‘ »Ma femme et ma fille ne fumaient pas ; c’est la pub américaine qui les a contaminées ! » précisa-t-il. Et pourtant, comme chez nous, les paquets portent la mention « Fumer est dangereux ».
No smoking : faut pas s’moker ! Bernie



Russie : l’Eglise et l’Etat

Depuis 1995, 401 églises ont été restaurées ou construites dans la capitale de la Russie.
En août 1997, le patriarche Alexis II s’était rendu à la basilique reconstruite du Christ Sauveur à Moscou pour bénir la grosse cloche d’or . Christ Sauveur , à deux pas du Kremlin, avait été détruite par Staline en 1931 et l’espace utilisé pour l’installation d’une piscine à ciel ouvert. Tout juste arrivé au pouvoir, Yeltsine avait décidé la reconstruction de la cathédrale à l’identique pour le 850ème anniversaire de la fondation de Moscou En avril 2002 le maire de la capitale, Youri Louzkov attendait le patriarche sur le parvis. Chef spirituel de soixante millions de Russes, Alexis II, agé de 70 ans, arriva dans une somptueuse limousine noire. Louzkov se précipita, mit un genoux en terre et baisa l’anneau pontifical.

Le fait est que tout le monde, en Russie, s’incline devant le patriarche de l’Eglise orthodoxe, y compris Vladimir Poutine qui, récemment, à la demande d’Alexis, a donné son accord pour le vote d’une loi interdisant presque aux autres dénominations religieuses tout prosélytisme. Au point que catholiques et protestants se sentent fortement brimés.
C’est en 1942, à Tallin ( Estonie), que ,lorsque son père fut ordonné prêtre, le jeune Alexis devint enfant de choeur. Ordonné lui même en 1950 (élu patriarche en 1990 ) et comme ses prédécesseurs depuis 1920, il collabora avec le KGB. A deux reprises des prêtres m’ont avoué, en 1950 et 1976, croyant que j’étais moi-même membre du P.C., qu’ils travaillaient la main dans la main avec le Ministère de la Sécurité. D’un fidèle de l’église de Zagorsk, chargé, semblait-il, du rôle de sacristain, j’avais incidemment appris en 1960 que l’église orthodoxe était notamment dispensée de payer l’impôt sur la vente des objets de culte, en particulier sur les cierges dont les fidèles font grande consommation.

Depuis la disparition de l’URSS, il paraît que la hiérarchie orthodoxe flirte ouvertement avec l’opposition communiste nationaliste au point que la petite communauté des Orthodoxes Libres qui se réunissent dans l’église St Georges le Conquérant au centre de Moscou, méfiante devant les rapports existant entre l’Eglise et l’Etat, voit dans l’église que dirige Alexis II une sorte de monopole, dangereux pour la liberté de pensée. Est-ce là la raison pour laquelle Alexis II s’est toujours si vigoureusement opposé à la visite de Jean-Paul II à Moscou ? Bernie 28 juillet 2005

Bons baisers de Russie

Où est l’URSS d’antan ? Loin et c’est bon signe . La Russie perd un million d’habitants chaque année : baisse tragique de la fécondité féminine, mortalité masculine due à l’alcoolisme, divorces multiples, négligence des soins médicaux trop chers pour les retraités, suicides nombreux de jeunes recrues suite au bizutage à la caserne, etc.
Le Kremlin veut redresser la barre. Il vient d’inventer la Fête de la Famille, de l’Amour et de la Fidélité. Le 12 septembre 2008 a été déclaré férié pour encourager les couples russes à rester chez eux et à procréer. Afin que le 12 juin 2009 célèbre des millions de baptêmes.
Hier dimanche dans le parc Vlakerskoyé-Kouzminzki, dans le sud de Moscou, des dizaines de jeunes filles, portant le brassard du parti de Poutine, exhortaient les promeneurs à sauvegarder des familles biparentales et à respecter la moralité chrétienne. Elles distribuaient des tracts colorés signés de Svetlana, l’épouse du Président Miedviediev, racontant l’histoire des deux saints russes du XIIIème s. Fevronia et Piotr, le prince et la bergère, exemples du couple idéal.
Sur un podium avait lieu la distribution de médailles aux ménages âgés ayant eu au moins deux enfants.
Dans le métro qui nous ramenait à l’hôtel Budapest des affiches promettaient des primes aux familles nombreuses et une allocation à partir du second enfant. Quel changement d’avec les slogans marxistes d’autrefois. Bernie

Les nouveaux Tsars
Il y a moins de vingt ans l’URSS faisait trembler le monde. Sans économie autre que la vente des ressources naturelles V.Poutine a la nostalgie de l’Empire soviétique et dans la droite ligne de Staline et Brejnev, il tient, à tout prix, à préserver son glacis à l’ouest comme au sud, par crainte, face à la Chine, d’un isolement fatal.
Est-ce le faux pas probable de Condolessa Rice à Tbilisi début août qui a servi de prétexte aux hordes martiales de l’ogre russe, seraient-elles dépenaillées ?
Ce coup de force, hors de toute légalité, d’un ex-petit lieutenant colonel du KGB n’entraînera pas les USA dans une guerre, Saakachvili fut-il diplômé de Harvard. Quant à l’Union européenne, faute d’unité, elle n’a même pas les moyens de faire les gros yeux au résident du Kremlin, fournisseur privilégié de gaz et de pétrole.
Tous mes interlocuteurs en Ukraine la semaine dernière m’ont avoué leur hâte d’intégrer l’Union européenne et l’OTAN car le risque existe pour eux, tout comme d’ailleurs pour les Pays baltes. Ivan le Terrible est inoxydable ! Bernie

Le pays le plus riche du monde
De l’or, de l’uranium, du fer, du gaz, du pétrole, des siècles de réserve. C’est le capital de la C.E.I.. Et que dire de l’opulence du sol ? Si le système soviétique ne l’avait pas stérilisée pendant ¾ de siècle, la Russie pourrait nourrir l’Europe et l’Afrique avec sa couche de 60 cm de tchernoziom (humus) sur des dizaines de millions d’hectares.
Cette région d’Ukraine - je ne l’avais pas visitée depuis vingt ans - après avoir remis sur pied son industrie, vient de décider d’exploiter « à l’américaine » ses plaines fertiles . Son stimulant : l’augmentation de 75% du prix du blé depuis l’an passé. Une loi permet même aux étrangers de devenir propriétaires terriens . Suédois et Russes blancs rentrés au bercail y investissent sur d’anciens kolkhozes, même sachant qu’ils ne tireront pas, au début, plus de deux tonnes à l’hectare, le tiers de ce que produit un champ américain et qu’une renationalisation n’est pas exclue. Depuis leur acquisition, il y a deux ans, la terre est déjà passée de €350 à €620 l’hectare, m’a dit Serguei, agronome kiévien, diplômé de l’Université Cornell (New York), du haut de son tracteur John Deere.
La jeunesse rurale a déserté les champs vers les villes ou l’étranger, ce qui incite les courageux, restés sur place, à faire de la campagne leur nouvelle frontière, persuadés que dans une décennie ou deux l’Ukraine et la Russie, en raison de l’ immensité des terres restées en jachère, seront à la pointe de l’agriculture mondiale. Quand nos gouvernants comprendront-ils qu’il est grand temps que la Russie entre dans l’Union européenne B E R N I E

« Y a Mir et Mir ! »

Les journaux ce week-end titrent « Une première mondiale ». Que nenni !
Cela fait des siècles que les Tsars, qu’ils soient blancs ou rouges, aspirent à conquérir la terre.
` L’implosion de l’ URSS à Noël 1991 fit vaciller le rêve hégémonique slave. Mais voici que pétrole et gaz laissent augurer des matins plus chantants.
« Nous revoilà ! » , exulte silencieusement Vladimir Vladimirovitch Poutin !.
Le plus vaste empire de la planète : en superficie il regroupe la Chine et les Etats-Unis. Dommage que son peu de foi en l’homme lui fasse perdre chaque année un million d’habitants ! En richesses il dispose de tout dont 38% des réserves mondiales en gaz, second producteur de pétrole après l’Arabie saoudite.
Et cela ne suffit pas : il annonce annexer un fond sous-marin grand comme deux fois la France .
Ne vous y trompez pas ! Si le chef de l’expédition, Artur Tchilingarov, en plantant son drapeau de titane à 4.300 mètres de fond à la verticale du Pole Nord s’est écrié : « Hratim mira ! » (= nous voulons la paix) il a omis de préciser qu’en russe le mot MIR a aussi le sens de « monde », et que sa déclaration peut s’entendre également comme « nous voulons le monde ». Bernie

Énigmatique Poutine



Cent fois j’ai demandé à des Russes ce qu’ils pensaient de Poutine. Tous, à trois ou quatre exceptions près, ont témoigné de leur attachement, la plupart de leur admiration.
Le peuple russe a subi les pires avanies au cours de son existence millénaire.. Les trois-quarts de siècle sous la chape marxiste n’étant pas des moindres.
C’est un nouveau monde qui est né avec la chute du mur de Berlin (renvoyant notamment au rayon des bibelots antiques les chamailleries politiciennes françaises entre la droite et la gauche).
Bien sûr les Russes les plus âgés ont la nostalgie de l’époque stalinienne : l’ordre régnait. Ils menaient une vie sans soucis : même pas celui d’avoir à trouver du travail. Ils étaient logés, nourris et soignés. Et pour les plus fiers l’URSS comptait sur l’échiquier du monde.
Tout s’est écroulé en quelques jours, par chance sans bain de sang. Mais pour la première fois de leur histoire, les Russes purent voter et élire leur gouvernant : le sort échut à Boris Yeltsine, l’avènement de la kleptocratie, heureusement éphémère.
Et voici que le seul fils survivant d’un modeste ouvrier de Leningrad préside à leur destinée ( Il est vrai que son grand-père était cuisinier de Staline). Né en 1952, baptisé en dépit de la loi, Vladimir Poutine parle anglais et allemand. Judoka depuis l’âge de 12 ans, il pratique 90 minutes de natation chaque matin, en plus du ski et de l’équitation. Il ne fume pas, mange chichement et, étrange pour un Slave, boit très peu. Il a épousé Ludmila, de six ans sa cadette, diplômée de philologie , parlant couramment espagnol, allemand et français. Voilà qui nous change de tous les potentats soviétiques ! Ils ont deux filles, Katia (22 ans) et Macha (21 ans), nées à Dresde alors que leur père était détaché en RDA par le KGB. Une famille unie dont Tosca, le loulou blanc, peut témoigner de leur amour pour les bêtes, donc pour les hommes.
Mais Poutine a une poigne de fer (c’est ce qu’il faut à la Russie en plus de trois générations) qui lui a permis de remettre son pays à parité avec les grandes nations. Ce n’est pas un démocrate, mais qu’a à faire de la démocratie, au sens où nous l’entendons, un peuple affronté à la corruption ? Poutine assure la stabilité intérieure et à l’extérieur une reconnaissance mondiale. Même les assassinats politiques lui semblent pardonnés par la majorité qui, dans la perspective de la sécurité, y voit de simples douleurs de croissance.
Nombre d’interlocuteurs m’ont avoué que le sens profondément religieux de la nation russe les poussait à reconnaître en Poutine un envoyé du Ciel : il a toujours la Bible sous le coude, favorise la construction des églises, ouvre de nombreux couvents pour jeunes filles et assure, par les subventions du Kremlin une renaissance des monastères, chers au cœur slave.
Tout comme pour M.Gorbachev qui fut honni chez lui et admiré chez nous, le hiatus est profond entre ce que les Occidentaux pensent de Poutine et la faveur dont il jouit en Russie.
C’est que contrairement à l’impression qu’il donne à l’Ouest de despote autoritaire et agressif, les Russes voient en lui le restaurateur de l’honneur slave après la désintégration de l’empire soviétique.
Les chefs d’Etat qui l’ont rencontré semblent admettre de concert qu’il s’agit d’un personnage fort intelligent, rigoureusement attentif aux problèmes débattus, au courant des enjeux internationaux, mais imperturbablement soucieux de la place due à son pays dans l’histoire du monde. Et pour lui tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. Il est en fait dans la ligne d’Yvan le Terrible, de Pierre le Grand, de Catherine II et . . . de Staline, des prédécesseurs à qui il répugnait de céder les rennes du pouvoir.
D’où le soin qu’il a pris de sa succession très provisoire. Yeltsine avait promu Poutine à la condition qu’aucune charge de corruption ne serait retenue contre sa famille. Il est patent que Medvedev va bientôt devenir président sur les mêmes principes que son « parrain », un vrai « mafioso » qui, à une demi-heure à l’ouest de Moscou, a fait de sa datcha de Novo-Garevo un petit Sybaris.
Si nous l’avons oublié, les Russes se rendent compte que depuis un lustre Poutine a assuré, chaque année, à son pays plus de 7% de progression économique. Certes le pétrole, le gaz et le bois y sont pour quelque chose. Mais le pays est passé du chaos à la respectabilité et les salaires, depuis 2004, ont doublé.
Le nombre des milliardaires a décuplé. On les retrouve partout sur la planète qui investissent et dépensent, tant sur les pentes enneigées des Alpes, que dans les stations balnéaires des Caraïbes ou en envoyant leurs enfants dans les prestigieuses universités américaines.
Poutine nouveau tsar peut-être, mais c’est un empereur élu et autant s’arranger avec lui car l’Europe ne pourra compter face aux deux géants chinois et indiens que si la Russie en fait partie. Nous aurions alors 4.200 kilomètres de frontière commune avec l’Empire du Milieu.
La transition sera difficile, mais à 56 ans, Poutine a le temps devant lui et nous le plus vaste pays de la planète, de même famille linguistique, pour nous aider à sauvegarder notre civilisation judéo-chrétienne devant d’autres menaces.
B e r n i e 11-2-2008

Le « nounours » à Vladimir
Vladimir, c’est Poutine. Quant au « nounours », c’est le sens du mot Medvedev en russe.
S’agit-il d’un duo, d’un tandem, je dirais plutôt d’un binôme ou d’un couple, car les deux font la paire. Voire .
En emportant toute la logistique du pouvoir à deux kilomètres du Kremlin V.Poutine tient, de toute évidence, à conserver la barre. Bien sûr le nouveau Président pourrait légalement, dans un spasme d’ingratitude , destituer son Pygmalion, mais Poutine a tout prévu. Comme une telle éventualité nécessiterait les deux tiers de la Douma, notre ancien cadre du KGB reste président du parti « Russie Unie » qu’il a fondé et qui rassemble les trois-quarts des députés.
Dimitri s’est donc installé au Kremlin le 7 mai et Vladimir à la Maison blanche, deux adresses, sises au bord de la Moskova, distantes de deux petits kilomètres .
Tous deux Pétersbourgeois, tonton Vlad, quinquagénaire milliardaire et le nounours Dmitri, quadra sous tutelle. Les Russes dans leur ensemble sont ravis de cet arrangement À la messe pascale, l’autre jour, à la Basilique du Christ St Sauveur, tous deux étaient accompagnés de leur épouse respective, et le signe de la croix fait par les quatre, diffusé à la télé, a profondément touché le bon peuple.
Pour la première fois , depuis l’implosion de l’ URSS, le moral en ville est au beau fixe. C’est que l’économie russe, grâce au gaz, a crû de 8% l’an passé et les investissements étrangers vont bon train. Il faut voir à quel rythme s’installent les centres commerciaux. Même l’américain Wal-Mart, le n°1 mondial de la distribution, pense à s’implanter. Tout cela au crédit de Poutine. Qu’importe que le Kremlin soit habité, pendant quatre ans, par une marionnette. Et Poutine ne mâche pas ses mots pour flatter Popov : « Il va falloir assainir le Parti, combattre la corruption, réduire le nombre de fonctionnaires et éliminer les parasites ». La mélodie est de miel pour ses compatriotes. Je parierais qu’il va beaucoup voyager et consolider sa fonction chez tous les Grands du monde. Au pays, le patron de la télé nationale, un ami, se chargera de l’info.
Voilà personnifié l’aigle bicéphale – comme sur le drapeau de la Russie – de Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra » , même si pour le métaphysicien prussien l’aigle n’était qu’un âne.
B e r n i e

On solde chez Popov (1). . .

Il y a quelques années j’ai eu la chance d’effectuer une circumnavigation de 125 jours sur un cargo vraquier, voguant sous pavillon manxois , ex-brise-glaces soviétique , vendu par son commandant en 1992, à condition que l’acquéreur, armateur britannique, « achète » en même temps les 34 membres russes de l’équipage ( 30 hommes et 4 femmes à qui je donnais des cours d‘anglais), ce qu’il fit.
L’an passé à St Pétersbourg un pilote de Mig, mon voisin au restaurant, me proposa un tour dans son avion de chasse , et à la place de devant, pour cent dollars.. Hier encore, dans l’incapacité de trouver un taxi en raison de la pluie , je me suis déplacé dans Moscou en hélant n’importe quel automobiliste, trop content d’empocher quelques billets verts.
Poutine et Medvedev mettent peu à peu de l’ordre dans la baraque, mais il fut un temps, après l’implosion du système soviétique où tout pouvait s’acheter outre-Bérésina.
Depuis que le Popov a les moyens, que lui assurent le gaz et le pétrole (précisons que c’est à Moscou, St Pétersbourg, Pékin et Shanghai que se trouve la plus grande concentration de milliardaires ,au monde), il joue également à l’autre bout du capitalisme. Il achète tout et partout sur la planète : terrains, hôtels, résidences, sites touristiques, vacances exotiques, meubles antiques, voitures de luxe.
Ironique, n’est-ce pas, que les richesses s’offrent maintenant aux Russes et aux Chinois alors que l’économie en Occident qui en disposait, ait maintenant à serrer les cordons de la bourse.
Un sexagénaire moscovite de nos amis nous a précisé que pourtant presque la moitié de ses compatriotes n’arrivaient pas à joindre les deux bouts.
Les grands gagnants ont entre 30 et 40 ans et n’ont pas connu l’URSS. Comme leurs homologues chinois, ils sont fiers de leur pays et pètent de nationalisme.
Alexandre Soljenitsyne fut un visionnaire exceptionnel . Ses compatriotes feraient bien de méditer ses œuvres. B e r n i e


(2)

Lors de l’effondrement de l’URSS les Russes bien placés et que l’instinct commercial motivait, firent fortune. Les amis du gouvernement bicéphale moscovite continuent.
Combien d’ingénieurs atomistes , mal payés chez eux ($500/mois) ont offert leurs services aux alliés d’antan. Khadafi offrait un salaire attrayant ($15.000). Ce sont deux Russes rencontrés à New Delhi qui m’ont raconté cela. Eux-mêmes pour nourrir décemment leurs familles restées à Akademgorodok et les salaires n’ayant pas été versés depuis six mois, avaient accepté un emploi bien rémunéré ($10.000) chez les Indiens.
Ils m’ont confié que certains de leurs collègues, cadres de l’armée, avaient même négocié de l’uranium enrichi au prix de $10.000 le gramme , qu’ils exportaient par le tunnel de Rokski, à près de 3.000 m. d’altitude dans le Caucase, où policiers et douaniers touchent une grasse commission, vers l’Ossétie du Sud et la Tchetchénie, plaques tournantes , paraît-il, d’un important trafic de drogue, d’armes et de faux billets de $100.
Même si les habitants de Tskhinvali excipent de leur bonne foi, à savoir de former à nouveau avec l’Ossétie du Nord l’ancien royaume des Scythes, on peut deviner que s’être mis à l’heure de Moscou (une heure avant les horloges de Tbilisi) et user de roubles russes au lieu des « lari » géorgiens leur offre des débouchés plus rémunérateurs que les pommes de leurs vergers. B e r n i e

Résurrection de l’Oncle Jo
Parce qu’il était géorgien et fut jusqu’à vingt ans séminariste, Iossif Djougachvili reste l’enfant chéri de Gori en Géorgie. Au point que la grand’place de l’Hôtel de Ville est probablement le seul endroit au monde où se dresse encore une immense statue de Staline (= « acier »,en russe).
Et le directeur du Musée voué au Petit Père des peuples, R.Maglakelidze, ne veut même pas croire que son héros ait pu commettre les crimes dont l’Histoire l’accuse : « Nous ne savons qu’une chose, ajoute-t-il,sans Staline le monde aurait été sous la coupe de Hitler, et ça c’est un fait indéniable ! ».
Le fait c’est qu’un collègue de Moscou m’a mis sous les yeux cette semaine le livre du maître qu’il vient de recevoir du Ministère de l’Enseignement annonçant que « la campagne de terreur de Staline dans les années ’30 fut nécessaire à la modernisation du pays ».
Et l’objet qui accompagnait l’envoi de préciser : cette « Histoire de la Russie, 1900-1945 » nourrira le patriotisme des élèves.
Cet ouvrage n’a pas encore été distribué dans toutes les écoles car il ne peut être utilisé qu’en corrélation avec un recueil de morceaux choisis que l’éditeur Presvéchénié n’a pas encore publié, mais dont il est conseillé aux maîtres de s’imprégner sur Internet.
J’ignore ce que sera la réaction du corps enseignant, mais mon ami Oleg dont le père fut torturé à la Loubianka par les collègues de V.Poutine, est horrifié de lire dans l’ouvrage que Staline a eu une conduite exemplaire. L’école russe redeviendrait-elle un nouvel instrument idéologique ? La dictature : c’est un homme en acier, et tous les autres en tôle. Bernie

« Œil pour œil . . . »

Poutine avait prévenu l’Occident lorsque l’Europe et les USA soutinrent l’appel du Kosovo à l’indépendance. Et comme la Russie ne s’est pas encore affranchie de sa manière brutale de réaction, qu’elle dispose de moyens de rétorsion tels que la fourniture vitale de gaz ou de pétrole, elle s’en sert pour punir « les mauvais sujets » ( Ukraine, Belarus, etc.) .
Quand de plus le gouvernant d’un pays limitrophe a le front de jouer les gros bras et de solliciter son entrée dans une organisation militaro-politique occidentale et que c’est par ce pays que passent les gazoducs et oléoducs, c’en est trop.
Qu’on se le dise : Moscou fera tout pour empêcher l’Ukraine et la Géorgie de rejoindre l’OTAN .
La politique a ceci de si immoralement machiavélique qu’un marchandage du genre « Tu nous soutiens en Iran, nous te laissons la Georgie ! » a toutes les horribles chances de marcher.
Et Dieu sait pourtant si ces pays du Caucase sont chers au cœur de la Maison Blanche. B e r n i e

Russie : une reconversion de plus

Juste avant sa fermeture hier, je fus invité à visiter l’expo « Couronne des Tsars » dans le sous-sol de la maintenant célèbre basilique du Christ Sauveur, à Moscou, reconstruite prestement par B. Yeltsin à l’endroit même où elle s’élevait encore en 1917 et que Staline avait détruite pour y aménager une piscine à ciel ouvert, enragé qu’il était de ne pouvoir ériger en 1936 un gratte-ciel, supposé dépasser l’Empire State Building de New York. Dès que la construction atteignait le dixième étage l’ensemble s’enfonçait dans le sol.
Cette superbe exposition relate la vie et les derniers moments de Nicolas II et de sa famille. J’ai vu nombre de Moscovites pleurer devant les portraits de la famille impériale ( le Tsar, son épouse, leur quatre filles et le jeune Romanov) .
Un des gardiens du musée, Youri, sexagénaire avancé, m’avoua n’avoir jamais entendu parler de Nicolas et d‘Alexandra. « Au lycée le prof d’histoire semblait faire remonter le marxisme-léninisme à l’antiquité ». Il m’a dit être allé l’hiver dernier avec sa famille en pèlerinage à Ékatérinbourg ,3.000 km aller-retour, où la famille impériale fut assassinée par les Bolcheviks.
Cette exposition moscovite est organisée par le gouvernement russe. D’après le panneau à l’entrée, près d’un demi million de Russes l’ont visitée depuis son ouverture fin juin.
« Quelle tragédie pour nous, m’avoua la collègue qui m’y avait entraîné, sans ce meurtre de 1918, la Russie serait maintenant une vraie démocratie chrétienne ! » Bernie

Avis aux routiers

C’est près de Flagstaff dans l’Arizona, sur la mythique Route 66 qu’en juin dernier j’ai appris l’ouverture, en Russie , de la plus longue route du monde. Il y a dix ans, il m’avait fallu une semaine pour relier St Jean de Terre Neuve sur l’Atlantique et Victoria sur le Pacifique par la Trans-Canadienne n°1 , soit 8.000 Km et j’étais persuadé avoir parcouru la plus longue voie de la planète.
La nouvelle route qui relie St Petersbourg sur la Baltique à Vladivostok en face de l’île japonaise d’Hokaïdo, soit près de 11.000 Km a été inaugurée, parait-il, cet été par Vladimir Poutine.
A deux reprises j’ai emprunté le Trans-Sibérien une fois pour me rendre à Yokohama et l’autre fois à Pékin, chaque fois un voyage d’une semaine, à travers neuf fuseaux horaires, mais avec, dans chaque gare, l’heure de Moscou.
A divers endroits - il y a 65 arrêts - j’ai quitté le train pour tenter de parcourir quelques portions par la route. Bien mal m’en prit car l’asphalte n’allait jamais loin des grandes villes et ensuite ce n’était que fondrières et ornières abyssales qui me faisaient renoncer, au mieux des pistes désertiques qui semblaient ne mener nulle part.
Les aventuriers qui prendront cette nouvelle route devront prévoir un mois pour joindre les deux mers, avoir de sérieues connaissances en mécanique, les outils et pièces de rechange adéquats et du ravitaillement en conséquence car si la Trans-canadienne est jalonnée d’auberges et de postes de dépannage, cette route trans-sibérienne est, me dit-on, dénuée de tout refuge et de stations-service.
L’Union européenne aurait consenti un prêt à taux réduit pour la construction de cette route nécessaire à la souveraineté de la C E I le long de la frontière chinoise.
Maintenant que la Russie a rejoint le clan capitaliste, il est à parier que si quelques entrepreneurs audacieux investissent le long de ce ruban pour le rendre carrossable, le trans-Sibérien centenaire pourra compter ses jours.
B e r n i e 15-7-04

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