vendredi 28 août 2009

INFOs : Diem ex die

Gare à l’ortogaffe !
Voilà que les entreprises commencent à s’inquiéter des lacunes en orthographe. Il était temps ! Je me rappelle les détracteurs parlant de « la science des ânes ». Cette science est en voie de prendre sa revanche, après avoir été délaissée, malmenée, torturée par les descendants des soixante-huitards. IL faut voir l’horreur des copies d’examens, qu’elles soient de candidats bacheliers ou d’étudiants en fac. Il faut être un retardé mental ou un démago forcené pour ridiculiser la « dictée » d’antan .
Évidemment la démission généralisée conjoncturelle associée aux « textos » et autres « e-mails » en faveur s’avère en partie responsable des ravages, mais il est réjouissant de noter la création d’une nouvelle profession dans les entreprises qui se respectent : celle du « coach en orthographe ». Et dès qu’il s’agit de créer des emplois utiles, pourquoi ne pas y donner à fond ?
Bien sûr l’orthographe est une convention, mais comment se comprendre autrement. Et que dire de l’effet négligé , et de la mauvaise publicité qu’entraîne la « dysgraphie » si je puis me permettre ce néologisme. Pourquoi accepter d’ ajouter cette défaillance évitable, ce vice nouveau, cette « maladie devenue honteuse », aux multiples dysfonctionnements morbides naturels tels que la dyslexie (difficulté à reproduire l’oral à l’écrit), la dyslalie ou dystomie (difficulté de prononciation), la dysmnésie (affaiblissement de la mémoire), la dysphasie (difficulté à parler), voire la dyslogie (trouble du langage dû à l’intelligence défectueuse).
Quel exemple délétère que ces quatre fautes dans dix lignes écrites par Madame le Ministre des Écoles dans les années ’80 !
Bravo au critère de sélection par l’orthographe que viennent d’ajouter pas mal de cabinets de recrutement. J’ai noté un nouvel indice relatif à l’orthographe que ces cabinets donnent à leurs clients lorsqu’ils présentent la candidature de personnels à un poste comportant une part de rédactionnel. Ces candidats peuvent toujours tester leurs connaissances en ligne avec le programme « projet Voltaire ». C’est un peu comme le niveau TOEIC (Test Of English for International Communication) requis par nombre d’entreprises mondiales.
Si,vous, parents, grands-parents, oncles ou tantes de jeunes à la recherche d’un emploi, êtes sensibilisés à l’importance de l’orthographe, sachez que vous pouvez communiquer à ces jeunes votre intérêt, en le matérialisant de façon badine , mais instructive et persuasive , par une approche de la philologie telle que proposée par SCAL parmi ses séances d’animations mensuelles (les mardis à 9h30) animées par
Bernie .



La langue la plus difficile


Combien de fois ai je, en qualité de professeur de langues, entendu de mes compatriotes l’assertion : « Le français est la langue la plus complexe du monde ! », prononcée avec un fort accent de supériorité.
Si la grammaire française est certes fort élaborée, l’anglais, lui, présente, il semble, une difficulté certaine de prononciation.
Concédons cependant qu’à l’instar de notre langue, l’anglais dit : « Your nose runs, your feet smell ! ». Les pièges ne manquent pas pour l’étranger imprudent.
Il faut nonobstant reconnaître par exemple qu’en comparaison du français ou de l’espagnol, la conjugaison en anglais est aisée, les genres logiques et le pluriel, une douzaine de mots mis à part, fort simple avec l’adjonction de la lettre « S ».
L’espagnol a 6 formes pour le présent, deux subjonctifs passés, qui, avec 6 formes pour le prétérit, l’imparfait, le futur, le conditionnel et le subjonctif présent donnent un total de 48 formes au verbe. L’allemand a bien 3 genres, mais moins logiques que l’anglais. Mark Twain se demandait pourquoi une jeune fille, en allemand, n’a pas de sexe ( das Mädchen) alors que le navet en a un (die Steckrübe).
Si le français a 13 façons d’orthographier le son « O » (o, ot, ots, os, ocs, au, aux, aud, auds, eau, eaux, ho, et ö) un lexicographe, humoriste américain, a noté que « GHOTI » aurait pu se prononcer « FISH » : avec « gh » comme dans « cough », « o » comme dans « women » et « ti » comme dans « motion ». Mais l’orthographe est accessoire dans la complexité d’une langue. Avouons que l’anglais est une langue simple douée d’une orthographe absurde.
Lorsqu’en 1955 il me fut offert dans un lycée des Etats-Unis l’occasion de donner des cours de latin, mes élèves déclarèrent tous que cette langue classique dépassait les autres en difficulté. Il me prit de fait autant de temps pour leur faire comprendre que les désinences des 5 formes obliques facilitaient au contraire la compréhension, chaque cas précisant la fonction, qu’il m’en fallut pour détromper mes étudiants français d’une apparente difficulté du sanskrit avec ses 8 cas. Même remarque pour le finnois. J’ai noté que plus une langue s’éloigne de notre langue maternelle, plus on la trouve difficile.
Essayez donc de faire prononcer à un Anglais la lettre « R » grasseyée ou la lettre « U » de « chapeau pointu turlututu » ou encore la glottale fricative du « ch » des Allemands, ou des Écossais d’ailleurs. Quant aux jeunes Français, ils distinguent mal les 3 prononciations du « A » dans father, fate et fat.
Pour un Américain les nasales du français, du portugais et du polonais dépassent l’entendement.
Certains trouvent ardue la prononciation tonale du mandarin. Que dire alors des 6 tons du cantonais ou des 8 tons des Min du Fujian et de Taïwan ?
Et tout cela est encore simple face à la prononciation des consonnes. Si des lettres telles que P, T, K, M, N se retrouvent dans la plupart des langues, certaines consonnes présentent des variétés infinies : égressive ou ingressive (comme le clic du zoulou), éjective (avec coup de glotte simultanée), pharyngale (courantes dans les langues sémitiques comme l’arabe ou l’hébreu) ou palatale ( comme l’initiale de « gnon »).
Les langues austronésiennes, comme celles de la famille malayo-polynésienne de Madagascar ou de l’île de Pâques, ont les sons les plus simples qui soient, mais je n’ai jamais su reproduire plus de 3 ou 4 des 78 sons consonantiques de la langue oubykh (N.O. du Caucase) dont le dernier locuteur naturel, Tevfik Esenç est mort le 7 octobre 1992, les autres ayant été victimes d’un génocide tsariste vers 1860. Cette langue agglutinante ergative, à 4 cas obliques, exprimait dans ses verbes non seulement le sujet, mais aussi une trace de l’objet direct et indirect. C’est T.Esenç qui, à Istanbul, aida G.Dumézil dans ses recherches linguistiques.
Pour moi les sons les plus curieux sont d’une part ceux du xhosa (Afrique du Sud) avec leurs clics semblables à celui du charretier pressant son cheval, et ceux de la langue !xoo du Botswana où un collègue de l’Université de Gaborone me déconseilla fortement de m’entraîner à prononcer les clics au risque d’hypertrophier durablement mon larynx.
Sur le plan morphologique les grammaires de notre famille linguistique indo-européenne, même le latin avec ses 6 cas, font pauvre face aux 14 cas de l’estonien (famille finno-ougrienne).
Le russe est pratique avec ses couples de verbes aux « aspects » perfectif et imperfectif et surtout sa litanie de verbes de mouvement comprenant, comme l’anglais, le moyen de transport ou le mode pédestre. En fait il semble que pour un Moscovite ou un Polonais d’ailleurs le voyage compte davantage que la destination.
Devant la cohérence des genres , par exemple en anglais ou en espagnol, l’illogisme des genres en français ne peut échapper à personne, mais si un Anglais a du mal à les mémoriser, que dire des 350 genres qu’offre la langue bora parlée dans la région d’Iquitos au Pérou ainsi qu’au S.O. de la Colombie.
Les langues agglutinantes s’avèrent être une autre curiosité qui regroupent de multiples morphèmes autour d’une racine. C’est ainsi que l’adverbe anticonstitutionnellement comprend plusieurs morphèmes, tout comme l’anglais antidisestablishmentarism qui, avec ses 28 lettres et ses 7 morphèmes est une réelle curiosité. Et pourtant l’anglais et le français ne sont pas des langues agglutinantes. Mais le procédé s’avère courant : en face du chinois, langue isolante ou du latin, langue flexionnelle, le procédé d’agglutination est fréquent en swahili, en japonais, en hongrois, en finnois et en turc. C’est ainsi qu’à Ankara un Turc dit à un Pragois :
«çekoslovakyalilastiramadiklarimizdanmissiniz ? » ; pas moins de 44 lettres qui ensemble signifient « seriez-vous de ces gens qu’on ne pourrait croire tchèques ». Ou encore pour se plaindre de Parisiens, ses locataires de vacances, un ami d’Antalya m’avoua : « Evlerindemisçesine rahattilar ! », deux mots pour dire : « Ils ont laissé un foutoir comme s’ils s’étaient crus chez eux ! ».
C’est en Papouasie qui , lors de ma première visite en 1965, avait 500 langues, alors qu’en 1996, c’est à dire juste 30 ans plus tard, j’ai noté que tous les habitants avaient l’anglais comme lingua franca, que j’ai trouvé la plus grande concision verbale. La désinence des verbes indique jusqu’à quel moment de la journée a lieu l’action. Ainsi telbener signifie « il boit le soir ». Si un verbe a un COD, la désinence indique la taille du complément ; ainsi kitobana signifie « il donne 3 grosses choses (à quelqu’un) au soleil ». De même gwerantena veut-il dire « placer une grosse chose par terre à côté ».
Un aborigène de l’Australie septentrionale où la langue ne connaît pas les adjectifs droit et gauche , m’avertit que j’avais une fourmi sur ma jambe « sud-ouest ». Et même un tout jeune enfant sait ainsi s’orienter. Lorsque mon hôte me demanda où j’allais après ma visite chez lui un midi , je dus répondre : « nord nord-est pas loin ».

Et si sur des dizaines de milliers de langues parlées autrefois, il n’en reste actuellement que 6.000 et que la mondialisation signe la disparition d’environ 25 langues par an, on peut deviner laquelle subsistera à la fin du monde.

Quant à la langue la plus difficile, c’est toujours celle qu’on ne comprend pas.
B e r n i e
Dilemme chinois
Un vieil ami de Pékin, ex-journaliste, ex-enseignant, ex-membre du Parti, qui a viré sa cuti in petto, m’annonce que son fils, brillant doctorant à l’Université Beida, alors qu’il a rej
eté depuis longtemps les idées marxistes instillées par ses profs, a accepté sa co-optation au sein du Parti. Il aura ainsi l’assurance d’un emploi et l’accès aux précieuses relations.
Il va donc rejoindre les 76 millions de membres du PCC qui font la pluie et le beau temps pour 1.330 millions de Chinois.
Il sait bien qu’il n’aura d’autre pouvoir que d’endosser, sans discussion la décision des chefs, une procédure assurant le confort immédiat au prix d’instabilité à long terme.
Avant de passer les commandes à Hu Jintao, Jiang Zemin, chef du Parti de 1989 à 2000, avait osé avouer : « Le Parti ne pourra survivre sans démocratie parmi ses membres ».
Hu Jintao avait semblé retenir la leçon, mais alors que la fin de son mandat approche ( en 2012), il insiste sur le centralisme et l’interdiction de toute opposition.
Depuis 2000 le Parti recrute les entreprises privées, tout en y installant des cellules. Il adopte sans scrupule cette contradiction , car elle est payante, du libre marché, de l’assistanat aux entreprises d’Etat et de l’intolérance envers l’opposition. Il sait pertinemment que l’absence d’autocritique favorise la corruption, que le népotisme engendre le ressentiment. Il est pragmatique.
Hu Jintao sent bien le danger, qui prêche publiquement pour la démocratie à l’intérieur du Parti. Des mots , car dès qu’un journaliste, tel Liu Xiaiobo, fait écho de ses paroles au profit d’une vulgarisation au pays entier, il est inquiété et mis en prison, pour onze ans.
Après les insurrections au Tibet et au Xinjiang, et à l’étranger les manifestations en Iran, Hu Jintao renforce les troupes de sécurité, contrôle sévèrement Internet et interdit purement et simplement Facebook et Twitter.
Et pourtant la nomination récente de deux Gouverneurs mettent du baume au cœur : celles de Hu Chunhua en Mongolie intérieure et de Sun Zhengcai au Jilin. Ils sont tous deux quadragénaires. B e r n i e 4 janv. 2010



B R I C
(acronyme inventé par Goldman Sachs)
Depuis deux décennies les Titans du XXIème s. se manifestent : la Chine comme atelier, l’Inde pour les services et le Brésil comme potager de la planète.
Et voici que vient de naître le sigle BRIC ( Brésil, Russie, Inde, Chine). Je n’avais point pensé à la Russie car malgré l’immensité de son territoire et le potentiel de ses richesses naturelDilemme chinois
Un vieil ami de Pékin, ex-journaliste, ex-enseignant, ex-membre du Parti, qui a viré sa cuti in petto, m’annonce que son fils, brillant doctorant à l’Université Beida, alors qu’il a rejeté depuis longtemps les idées marxistes instillées par ses profs, a accepté sa co-optation au sein du Parti. Il aura ainsi l’assurance d’un emploi et l’accès aux précieuses relations.
Il va donc rejoindre les 76 millions de membres du PCC qui font la pluie et le beau temps pour 1.330 millions de Chinois.
Il sait bien qu’il n’aura d’autre pouvoir que d’endosser, sans discussion la décision des chefs, une procédure assurant le confort immédiat au prix d’instabilité à long terme.
Avant de passer les commandes à Hu Jintao, Jiang Zemin, chef du Parti de 1989 à 2000, avait osé avouer : « Le Parti ne pourra survivre sans démocratie parmi ses membres ».
Hu Jintao avait semblé retenir la leçon, mais alors que la fin de son mandat approche ( en 2012), il insiste sur le centralisme et l’interdiction de toute opposition.
Depuis 2000 le Parti recrute les entreprises privées, tout en y installant des cellules. Il adopte sans scrupule cette contradiction , car elle est payante, du libre marché, de l’assistanat aux entreprises d’Etat et de l’intolérance envers l’opposition. Il sait pertinemment que l’absence d’autocritique favorise la corruption, que le népotisme engendre le ressentiment. Il est pragmatique.
Hu Jintao sent bien le danger, qui prêche publiquement pour la démocratie à l’intérieur du Parti. Des mots , car dès qu’un journaliste, tel Liu Xiaiobo, fait écho de ses paroles au profit d’une vulgarisation au pays entier, il est inquiété et mis en prison, pour onze ans.
Après les insurrections au Tibet et au Xinjiang, et à l’étranger les manifestations en Iran, Hu Jintao renforce les troupes de sécurité, contrôle sévèrement Internet et interdit purement et simplement Facebook et Twitter.
Et pourtant la nomination récente de deux Gouverneurs mettent du baume au cœur : celles de Hu Chunhua en Mongolie intérieure et de Sun Zhengcai au Jilin. Ils sont tous deux quadragénaires. B e r n i e 4 janv. 2010
les, son avenir me semble plombé par la gangue stérilisante des penaillons soviétiques ( corruption, violences, etc.) et la perte annuelle d’un million d’habitants.
BRÉSIL : Après les déconvenues du XXème s., le Président F.H.Cardoso a su créer, dès l’an 2000 un environnement macroéconomique favorable dont profite actuellement L.I.Lula. Précisons que le Brésil est béni des dieux : la plus grande réserve d’eau douce du monde, les plus vastes forêts tropicales, une fertilité des terrains qui permettent ici ou là jusqu’à TROIS récoltes annuelles ( Le cultivateur chez qui je résidai récemment dans l’Etat de Rio Grande do Sul récolte successivement sur la même terre du tabac, puis du blé et ensuite des haricots, la même année ). Sans parler de son auto-suffisance en pétrole.
Subsistent quelques démons anciens dus à l’inflation ( 700% en 1994) qui caractérisa l’économie du pays jusqu’à la dernière décennie du siécle dernier : la méfiance des 192 millions de Brésiliens envers l’épargne et le niveau élevé des taux d’intérêt ( 8,75% en novembre 2009) s’expliquent.
Grande fut ma surprise lorsque entre deux séjours, en 1986, je découvris trois zéros de moins sur les billets de banque avec l’avènement du REAL et un civil comme président de la République, mais l’inflation était encore à 70% par mois.
La crise financière que nous venons de connaître a eu étrangement peu d’influence au Brésil. Il faut dire que les entreprises et les banques avaient beaucoup appris des dizaines de crises traversées auparavant.En fait le Brésil, décidé de ne pas imiter l’aventurisme américain, a été le dernier grand pays à entrer dans la crise et le premier à en sortir, avec une croissance annuelle prévue de 5% pour 2009.
Tout compte fait le Brésil a toujours été propice aux investissements étrangers, depuis que les Britanniques qui, pour amener jusqu’aux ports les matières premières, ont construit les chemins de fer à la fin du XIXème s. Et ces temps-ci l’argent étranger entre à flot, attiré par une réduction de la pauvreté et l’enrichissement de la classe moyenne. J’ai appris que c’est General Electric qui illumina, dès 1935, le Christ Rédempteur au sommet du Corcovado. Dommage que les frais de fonctionnement de l’Etat aient augmenté cette année de 13% .
Fiat et Volkswagen font florès. Pékin vient d’investir 10 milliards de dollars chez Petrobras en prévision des 200.000 barils de pétrole que le Brésil s’est engagé à livrer quotidiennement à Sinopec jusqu’en 2020.
Quand vous demandez à un Carioca comment son pays arrive à s’en sortir aussi bien de la crise actuelle, il vous répond : « Grâce à ‘jeitinho’ ». l’art de contourner l’obstacle par petits pas.
Et voilà que le Brésil se paye quelques multinationales, telles qu’Embraer, le troisième avionneur mondial, après la privatisation massive d’anciennes sociétés étatiques.
Coupe du Monde de foot-ball en 2014 et J.O. en 2016, voilà qui enthousiasme les Brésiliens et du travail en perspective pour la rénovation des routes, des ports et des aéroports. Quant au pétrole off-shore, le comble des espérances, les champs pétrolifères se situent à 300 km des côtes et à 6 ou 7 km de profondeur. Du travail pour General Electric, compagnie américaine chargée de fixer dans le sol sous-marin les infrastructures, mais je présume que Schlumberger et Total partageront le gâteau.
Cependant le Brésil a encore beaucoup de chemin à parcourir. Tout en dépensant trois plus que la Chine par personne pour la santé, le niveau sanitaire est loin d’être satisfaisant. Et même si le budget pour l’éducation atteint 5% du PIB, il s’avère que le niveau scolaire avoisine les derniers du tableau comparatif de l’ OCDE.
À chacune de mes visites au Brésil me reviennent à l’oreille les plaintes récurrentes de mes compatriotes sur l’administration et les fonctionnaires français. Qu’ils viennent donc voir ici ! Les formalités sont si compliquées et les impôts et taxes si élevés qu’il existe une organisation parallèle..Imaginez que le fisc va jusqu’à accorder des réductions d’impôts aux contribuables qui lui apportent leurs fiches de frais et tickets de caisse pour faciliter le contrôle des entreprises et restaurants.
Dès qu’ils ont un peu d’argent les Brésiliens mènent grande vie. Finies les économies. La vie est courte. La classe moyenne commence à profiter de ce dont jouissaient les Américains il y a un demi-siècle : voiture,maison, carte de crédit. Et la télé de les encourager à dépenser. La main d’œuvre coûte peu. Il n’est pas un super-marché sans une foule d’assistants qui emballent et portent les achats des chalands de la caisse à la voiture. Chez un opticien où je faisais réparer mes lunettes on m’offrit un siège et une tasse de café.
Les meurtres qui étaient en augmentation vertigineuse en 1999 ont considérablement baissé en nombre, mais la police est toujours aussi brutale.
Comme les USA les Etats Unis du Brésil sont très religieux. Les Pentecôtistes font florès. La plus grande multinationale est probablement l’Eglise du Royaume de Dieu.
Le Brésil, pauvre, ressemble de plus en plus aux USA riches. Le paradoxe est évident que le gouvernement de Brasilia dépense beaucoup mais que peu de Brésiliens en profitent.
Sans doute dans les cinq années à venir le Brésil dépassera-t-il la Grande-Bretagne et la France pour accéder au 5ème rang mondial. Il fera même mieux que la Chine où la démocratie n’existe pas, mieux que l’Inde exposée aux conflits ethniques et religieux , et mieux que la Russie qui n’exporte que du gaz, du pétrole et des armes.
Quand je compare la croissance chinoise à la brésilienne, j’opte pour celle-ci car elle s’avère être le fruit d’un consensus démocratique.
Puisse le successeur de Lula, en octobre prochain ( je parierais pour Mme Dilma Roussaff, de père bulgare, qui va bénéficier de la vogue de Lula, plébiscité à 80% ; divorcée pour la seconde fois, elle a tout son temps pour les autres) tenir le cap des réformes amorcées.
B e r n i e ( novembre 2009)




L’Expo universelle de Shanghai
(1er mai – 30 octobre 2010)
Voilà qu’après l’ époustouflant coup d’éclat des J.O. en août 2008, Pékin veut enfoncer le clou et faire de l’Expo de l’an prochain un coup de maître. Qui osera encore considérer la Chine comme un pays sous-développé ?
L’Expo doit prouver aux étrangers, et surtout au peuple chinois, la puissance organisationnelle du Parti, les prouesses de l’ingénierie nationale et la grandeur culturelle de la civilisation chinoise.
Wen Jiabao parle de la réalisation d’un rêve centenaire ( puisque l’Expo prévue en 1910 à Nankin n’a pas eu lieu en raison de la chute de l’Empire mandchou)
L’Expo de Shanghai , avec un budget de 38 milliards d’ €uros, a toutes les chances d’apparaître comme les JO de l’économie. Point question de lésiner sur les moyens : 20.000 maisons ont été rasées sur les rives du Houangpu qui traverse la mégapole de 25 millions d’habitants pour ériger le site, au grand dam des habitants., extension massive du métro, agrandissements des deux aéroports.
Washington qui avait mis un frein aux dépenses prévues pour l’occasion vient d’allouer 62 millions de dollars pour le pavillon des USA, probablement le plus attrayant de tous, avec celui de la R.P. de Chine bien entendu.
J’ai appris que la passerelle piétonnière , demandée à la France, pour traverser le Huangpu, ne sera pas construite. Les prétextes sont nombreux. La rancune est tenace chez le successeur de Mao à l’endroit de notre président. L’économie sera de 120 millions d’€uros.
De même a-t-on annulé l’extension du Maglev ( 430 km/heure) prévue jusqu’au site de l’Expo, qui depuis une dizaine d’années relie le nouvel aéroport au centre ville en quelques instants.
Quand je pense que le vocabulaire anglais avait encore au siècle dernier le verbe « to shanghai » pour dire « forcer qqn ». B e r n i e



Du nouveau dans les rapports sino-vietnamiens
La soeur d’un ami journaliste de Hué m’apprend ce matin que son frère a été appréhendé par la police et incarcéré sans motif.
Lors de ma 3ème visite en R.P. de Chine, en 1979, j’avais assisté dans la ville de Loyang (que j’ai réussi à jumeler avec Tours il y a 20 ans) au défilé de combattants chinois rentrant d’une guerre contre le Vietnam. Surpris je le fus car j’imaginais ces deux pays amis, et ce d’autant plus que les Chinois avaient été battus par leurs voisins, armés par l’URSS.
Plusieurs séjours subséquents à Hanoï m’avaient convaincu de l’inimitié vivace entre les Vietnamiens et leur grand voisin.
Souvent j’ai entendu des collègues du Tonkin ou de Cochinchine s’en prendre à l’hégémonie chinoise et notamment au sujet de la propriété des îles Spratly et Paracel, revendiquées par les deux pays.
Depuis 18 mois, est-ce dû à la crise ?, le Vietnam est dans le rouge et il a fait appel à Pékin qui a répondu affirmativement , notamment en délocalisant quelques usines du Guandong au Vietnam, mais Pékin a clairement exprimé ses conditions: que Hanoï intensifie son contrôle sur les 20 millions de cybernautes qui, parait-il, “contaminent” les Chinois du Yunan.
D’autre part Pékin semble prendre ombrage des investissements américains au Vietnam et des facilités offertes à la marine américaine dans la superbe baie de Cam Ranh, fermée au public, même aux riverains dont mon ami journaliste, où les bâtiments de l’US Navy remplacent les vaisseaux soviétiques d’antan.
L’ami Than, patriote sincère et prudent , n’a jamais écrit quoi que ce soit contre son gouvernement, mais sa soeur me dit que son arrestation a eu lieu après qu’il eut endossé la plainte du héros national presque centenaire le Général Giap, opposé à la violation des lois environnementales à l’avantage de Chinalco dans l’exploitation des mines de bauxite de Da Lat. Bernie oct. 2009




Comment je vois une vraie RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT
BUT : Que le temps scolaire soit une préparation véritable à la vie, un vrai apprentissage pour le choix d’un métier et un lieu attrayant pour l’épanouissement des jeunes.

MOYENS : Synergie indispensable entre l’école et le monde du travail dès la classe de 6ème. Décentralisation de l’Education nationale.

Une observation variée d’idées originales pendant un demi-siècle dans les
établissements d’enseignement sur les 5 continents me fait penser que notre Ministre de l’Éducation devrait adopter des solutions pratiques, économiques et efficaces qui ont fait leurs preuves ailleurs.


DES VIEILLES IDÉES À REPRENDRE :
- l’uniforme à l’école et au collège : pour faciliter l’égalité républicaine.
- une implication responsable des maîtres, surtout au collège, en vivant davantage avec les élèves (récréations, cantine, etc.) pour mieux les connaître.
- contrat de résultat au primaire pour la maîtrise de la lecture et de l’écriture et, si le maître est compétent, l’initiation à l’anglais dès le C.E.1

DES NOUVEAUTÉS :
- l’apprentissage ludique des alphabets grec et cyrillique (les 2 seuls alphabets non-latins de l’Union européenne), par exemple au rythme de 2 lettres par semaine, qui passionnerait les élèves et leur permettrait de comprendre des centaines de mots, par exemple bulgares ou russes, sans avoir appris ces langues.
- De la 6ème à la terminale : cours académiques le matin et, l’après-midi, pour les élèves peu motivés pour l’école traditionnelle, initiation à un métier dit manuel, différent chaque année. Sept années, soit sept métiers permettraient aux jeunes de découvrir des goûts ou dons qu’ils ignorent, au simple contact des artisans.

APRÉS LE BAC :
Restauration d’un examen d’entrée à l’Université, style propédeutique, qui éviterait à des centaines de milliers de jeunes la déception de découvrir, après une ou plusieurs années perdues, qu’ils ont fait fausse route, alors qu’ils auraient pu trouver joie de vivre et épanouissement dans un métier rémunérateur.

UNE MESURE DE SALUT PUBLIC :
Restauration du service nationale de 12 mois :
A/ Période de 4 mois en France pour un brassage harmonieux des diverses couches sociales et ethniques de la population française, la poursuite ou mise à niveau de l’instruction de base ( lire, écrire) et l’initiation pratique aux langues anglaise et allemande.
B/ Seconde période de 4 mois, dans une “caserne” anglaise, en échange d’un même contingent d’anglais en France.
C/ Troisième période de 4 mois, dans une “caserne” allemande, en échange d’un même contingent d’allemands en France.
Au bout de l’année, et sans budget dispendieux ( réciprocité), les jeunes :
- auraient appris à (mieux) se connaître entre Français,
- auraient ouvert les yeux sur les potentialités d’une Europe unie,
-se débrouilleraient en anglais et en allemand en vue d’une promotion professionnelle plus aisée. Bernard A. AUBERT


Réforme de l'orthographe

Qu'elle m'a fait fulminer la dictée dite « de Mérimée », assénée de toute évidence avec un amusement sadique par notre professeur de français en classe de Quatrième !
Et puis l'âge de raison arrivé, je me suis pris d'admiration pour la langue française, avec d'autant plus de délectation que l'orthographe, redoublement de consonnes mis à part, servait de passerelle salvatrice idéale vers l'étymologie de ses origines latine et grecque.
Quelle mouche peut donc piquer tous ces réformateurs à courte vue qui n'ont de cesse de proposer, menée récurrente depuis des décennies, une pseudo-simplification de l'orthographe,? Au nom de quelle vertu souhaitent-ils une égalisation castratrice des graphies ?
Depuis 1968 les « bélîtres du pédagogisme » comme les nomme si justement notre confrère J.P.Brighelli, prétendent promouvoir la jeunesse défavorisée , alors qu'ils l'affaiblissent en la privant d'un ascenseur social à la portée de tous.
Respecter et faire respecter l'orthographe me semble être la forme la plus élémentaire de l'esprit républicain. Bernie




60 ans de Chine populaire
Le 1er octobre prochain Pékin la Rouge fêtera son soixantième anniversaire. Même si le Grand Bond en Avant de Mao, en 1958, s’avéra être une régression catastrophique, entraînant une famine sans précédent, le succès de la Révolution chinoise qui, en dix lustres, fit passer l’Empire du Milieu du Moyen-Âge au XXIème s. est éclatant.
Depuis trente trois ans que je parcours la Chine, au cours d’une quarantaine de séjours, je n’ai jamais vu, à l’inverse de l’URSS, une seule queue à la porte d’un magasin d’alimentation. Mais l’homme ne vivant pas que de pain, il est non moins évident que le système politique reste humainement peu enviable.
Il y a encore un demi-siècle l’espérance de vie du Chinois était de 37 ans, elle est aujourd’hui de 72 ans. L’analphabétisme touchait alors 80% de la population. Aujourd’hui seulement 20% ne savent pas lire. Famines et épidémies décimaient les campagnes. Et pourtant la population n’excédait pas 500 millions d’habitants, alors qu’elle dépasse le milliard 300 cent millions aujourd’hui.
La Chine est un cas : république socialiste multinationale, pseudo-démocratie populaire, en réalité régime autoritaire mené par un parti unique tout puissant. Une économie dite socialiste de marché, en fait capitaliste d’État, à la croissance moyenne annuelle à deux chiffres depuis que Deng Xiaoping a dit à ses compatriotes : “ Enrichissez-vous!” Une langue officielle, le mandarin, et huit dialectes. Une cinquantaine de minorités nationales avec leurs propres langues.
C’est le pays de la démesure, des excès en tout genre, des contradictions, qui a décidé de ne plus se laisser marcher sur les pieds, après avoir été humilié par l’Occident et le Japon pendant un siècle.
Et quand on pense que c’est le surplus de compte-courant chinois qui est à la racine de la crise financière que nous connaissons. Chine et États-Unis se tiennent par la barbichette: Pékin disposant de la majorité des bons du trésor américains et l’Amérique étant le plus gros importateur de produits chinois.
Pour les J.O. de l’an passé, les Chinois avaient mis le paquet. IL est à prévoir qu’ils vont récidiver pour le 1er octobre 2009 et pour l’Expo universelle de Shanghai qui ouvre, pour six mois, ses portes le 1er mai 2010.
Le calme et l’ordre s’imposant, Pékin a considérablement renforcé ses effectifs policiers, assistés de centaines de milliers de volontaires civils.
Pour l’heure c’est le 1er octobre prochain qui servira de répétition générale. Après tout ce sera pour Hu Jintao la première parade militaire de son règne Pour anesthésier le bon peuple, le gouvernement a prévu une baisse du prix du prix du porc et des oeufs pour l’occasion. Quant à l’augmentation annoncée de l’essence, elle sera différée de trois semaines. Ce qui n’empêche pas la Sécurité d’intensifier la répression chez les journalistes et les cybernautes.
Peu de pays de l’envergure de la Chine ont connu trois révolutions majeures en moins d’un siècle : la révolution républicaine en 1911, la prolétarienne en 1949 et la culturelle en 1966.
Or, depuis une décennie, ce sont les paysans qui se révoltent. Les jacqueries se multiplient. Il faut dire que le hiatus est abyssal entre les 700 millions de ruraux laissés-pour-compte et les citadins qui gagnent en un mois ce que gagne un paysan en un an. En aucun cas le clivage économique ne doit s’avérer prémice d’une 4ème révolution.
La Chine pragmatique avance au jugé, à tâtons, mais sans relâche, sûre d’elle-même. On dirait un pendule oscillant entre Confucius et le Big Business.
Elle se saoule de modernité, mais entretient des camps pour opposants. Elle tient à sa place dans l’OMC, mais pratique le protectionnisme. Elle va envoyer un homme dans la lune, mais use du piratage scientifique. Elle se pare de prestige culturel, mais impose la censure. Elle favorise l’initiative individuelle mais contrôle les masses. Elle affiche 10% de croissance et tient au Parti unique. C’est le parangon des contradictions radicales.
Et pendant ce temps la France politicienne hésite à intégrer l’ Union européenne, seule entité capable de faire face à la poussée démographique de l’Afrique, à la poussée idéologique de l’islamisme et à la poussée économique de la Chine.

B e r n i e 14 sept 2009




Bon courage , Dr. Obama !
Parmi les pays développés de la planète un seul voit mourir chaque année 20.000 de ses citoyens, faute de pouvoir payer une visite chez le médecin. C'est les Etats Unis .
C'est que se perpétue chez une large proportion de la population l'esprit des Pères fondateurs du XVIIIème s., à savoir « Que chacun soit responsable de soi ! ». Il faut dire que par tradition l'Américain n'aime pas que l'Etat s'occupe de ses affaires. Il est ainsi opposé à l'assistance publique, à toute autorité gouvernementale, partant à la police et à l'armée.
Il a donc suffi que le nouveau Président annonce une réforme pour venir en aide aux 50 millions de citoyens sans couverture sanitaire pour que , non seulement l'opposition, mais aussi bon nombre de Démocrates le traitent de communiste, ou que l'animateur-vedette Rush Limbaugh le représente sous les traits d' Adolf le dictateur.
B.Obama aura fort à faire pour passer outre les cris des Républicains qui voient rouge à la perspective du coût annuel de l'opération ( 2.000 milliards de dollars).
Mais le Président est dans le vrai car le seul fait que l'Etat contrôle les dépenses de santé réduira substantiellement la dépense. En effet, ce qu'on ignore en France, les Américains qui ne sont pas couverts ont actuellement , avec Medicare pour les vieux et Medicaid pour les nécessiteux, tout loisir de bénéficier gratuitement de soins fort onéreux dans les dispensaires privés soutenus par les fonds publics.B e r n i e 20 août 2009


Kashgar, la Jérusalem des Ouïgours
        
            La dernière ville-étape chinoise de la Route de la soie offre le spectacle d’un marché, parsemé de sanctuaires merveilleux et de foires aux bestiaux délirantes. C’est le berceau culturel de la civilisation ouïgoure depuis 2.000 ans.
            C’en est trop pour Pékin ! qui a commencé de raser la Vieille ville où  l’on s’émerveillait encore il y a quelques années à parcourir un labyrinthe de ruelles aux pavés hexagonaux, dans l’odeur des épices, en compagnie des charrettes à âne , menant à des dizaines de mosquées séculaires.
            Le projet est qu’avant la fin de 2009 plus des trois-quarts des vieux quartiers devront disparaître, au grand dam des musulmans qui considèrent le site comme le mieux préservé de l’architecture islamique.
            C’est ainsi qu’on arrache l’âme d’un peuple .  Depuis longtemps les autochtones souffrent de discriminations traumatisantes : ils ne peuvent accéder à certains emplois sur leur propre terre ; les écoles ont l’interdiction d’user de la langue ouïgoure ; la pratique de l’Islam est illégale.
            Il est certes plus aisé pour les autorités chinoises de contrôler une population de 220.000 habitants  en la relogeant dans des HLM à dix kilomètres de distance  et ce  sans préavis. Bien sûr un quartier de la vieille ville  sera épargné pour les besoins touristiques, mais ses habitants seront choisis pour jouer  les «  Ouïgours » traditionnels.
            Pour exciper de sa bonne foi, Pékin affiche une volonté de rénovation sanitaire de cette ville antique. Personne n’est dupe. La démarche officielle tend manifestement à mettre la main sur une entité millénaire  et à diluer l’identité ouïgoure.  Et malheur à qui en prendrait ombrage ! La prison est à la clé.
            Depuis le premier passage de Marco Polo  au XIIIème s.  des myriades de voyageurs émerveillés du monde entier ont transité par Kashgar. Personnellement je garderai ce souvenir d’un fabriquant de poignards qui m’invita à partager son repas et de ces bazars exotiques tout empreints d’histoire du bout du monde. Les futurs visiteurs devront se contenter d’une fable .
                                                  B e r n i e   Mars 2009


             L’art oratoire d’Obama
 
       Depuis juillet 2005 où il fit ce discours mémorable à Boston, B.OBAMA m’émerveille par sa dialectique. Chaque prise de parole, et Dieu sait s’il les multiplie, est une plaidoirie parfaite. Prenant soin de présenter les arguments adverses, il utilise au mieux la méthode socratique de la maïeutique  qui consiste à conduire avec douceur son auditoire à tirer lui-même ses propres conclusions.
         Ne se contentant pas de mots, B.OBAMA veille à ce que les actes suivent, ne serait-ce que pour faire mentir ses détracteurs, traditionnellement opposés à toute redéfinition des valeurs ancestrales américaines.
         Mais c’est que les temps ont changé !  Brisant avec les habitudes de ses prédécesseurs, B.OBAMA, en professeur de morale doué, rappelle les Américains à leurs responsabilités  face au monde, avec humilité et courage, notamment sur le sujet sensible d’une réforme sanitaire en vue d’une couverture universelle.
         Il sait que la bataille sera dure avec les assureurs,  l’industrie pharmaceutique, les hôpitaux, voire les médecins, mais loin de décréter ex cathedra comme l’avait fait B.Clinton, il courtise avec souplesse  et compromis.
         Son réalisme le porte au pragmatisme  et s’il s’est trompé, il reconnaît incontinent son erreur, caractéristique rare chez les chefs d’État.   Bernie Sept.09


Réforme de l'orthographe

Qu'elle m'a fait fulminer la dictée dite « de Mérimée », assénée de toute évidence avec un amusement sadique par notre professeur de français en classe de Quatrième !
Et puis l'âge de raison arrivé, je me suis pris d'admiration pour la langue française, avec d'autant plus de délectation que l'orthographe, redoublement de consonnes mis à part, servait de passerelle salvatrice idéale vers l'étymologie de ses origines latine et grecque.
Quelle mouche peut donc piquer tous ces réformateurs à courte vue qui n'ont de cesse de proposer, menée récurrente depuis des décennies, une pseudo-simplification de l'orthographe,? Au nom de quelle vertu souhaitent-ils une égalisation castratrice des graphies ?
Depuis 1968 les « bélîtres du pédagogisme » comme les nomme si justement notre confrère J.P.Brighelli, prétendent promouvoir, ce faisant, la jeunesse défavorisée , alors qu'ils l'affaiblissent en la privant d'un ascenseur social à la portée de tous.
Respecter et faire respecter l'orthographe me semble être la forme la plus élémentaire de l'esprit républicain. Bernie



Les Paradoxes de notre Temps


Nos buildings sont plus grands et notre humour plus restreint
Nos routes sont plus larges et nos points de vue plus étroits.
Nous dépensons plus et nous avons moins
Nous faisons plus d’achats et en jouissons moins.
Nos maisons sont plus grandes et nos familles plus petites
Nous avons plus de facilités et moins de temps
Plus de diplômes et moins de bon sens
Plus de connaissances et moins de jugement
Plus d’experts mais plus de problèmes
Plus de médicaments et moins de bien-être
Nous buvons trop, fumons trop,dépensons trop
Mais rions trop peu
Nous roulons trop vite, trop vite nous nous fâchons
Nous veillons trop tard le soir, et nous levons trop fatigués
Mais nous lisons trop peu
Trop de télé et trop peu de prières
Nous avons multiplié nos avoirs et réduit nos valeurs
Nous parlons trop
Nous aimons trop rarement et haïssons trop souvent
Nous avons appris à gagner notre vie, mais pas à la réussir
Nous ajoutons des années à la vie, mais pas de vie aux années
Nous sommes allés sur la lune, mais trouvons la rue trop large pour rencontrer un voisin
Nous avons conquis l’espace, mais pas notre for intérieur
Nous purifions l’air et polluons notre âme
Nous avons divisé l’atome et multiplié nos préjugés
Nous planifions sans arrêt et accomplissons de moins en moins
Nous avons appris à aller vite mais pas à attendre
Plus nous avons le moyen de multiplier l’information, moins nous communiquons
Les fast-food font fureur, mais la digestion est ralentie
C’est l’époque de la paix mondiale et celle des guéguerres domestiques
De plus en plus de loisirs et de moins en moins de plaisir
A quoi bon deux salaires s’il y a plus de divorces
A quoi bon des maisons de plus en plus belles si les foyers sont brisés
La vitrine est belle, mais l’arrière-boutique est vide
C’est l’ère des voyages de week-end, des couches qu’on jette en même temps que la morale, de l’embonpoint et de la pillule miracle
qui excite, qui calme et qui tue
C’est l’ère nouvelle qui vous permet de recevoir ce mot
et l’occasion qui vous est laissée de choisir:
faire suivre ou jeter au panier.

George C a r l i n


Entendu lors d’une réunion électorale à Santiago du Chili fin novembre 2005.
Le candidat a accepté de me remettre cette citation qu’il avait écrite. Je ne l’ai pas jetée au panier . Au contraire je l’ai traduite et vous la fait suivre : après tout “ réfléchir “, c’est sémantiquement faire tourner.

B e r n i e de T o u r s

Des chiens et des hommes . . .


Entré l’autre jour dans sa vingtième année, Polo , notre métissé de labrador vit une vieillesse heureuse. Il a perdu une partie de son ouÎe et de sa vue , mais son flair est intact et sa robe noire qu’il frotte chaque matin dans le lierre , brille toujours du même éclat. Les ans font que l’arrière de ses pattes et son museau apparaîssent chenus, mais ce ne fait qu’ajouter à sa respectabilité . Depuis toujours considéré comme membre à part entière de la famille comme les autres animaux de “ l’ Arche “ , il tient à sa place d’enfant gâté et l’âge n’a fait qu’accroître sa gourmandise. Il nous comprend à demi-mot et même s’il lui manque la parole, il sait nous faire comprendre ce qu’il désire.

La vie des hommes a changé. Pas celle des chiens. Et quelle philosophie ils nous enseignent ! Je peux comprendre que certaines personnes aiment mieux les chiens que les hommes.

Le meilleur ami qu’un homme a au monde peut se retourner contre lui et devenir son ennemi. Son propre fils ou sa fille, qu’il a élevé avec amour , peut s’avérer ingrat. Ses proches, ceux en qui il a confiance, peuvent se changer en traîtres. L’argent qu’il a économisé, il peut le perdre, peut-être au moment où il en aurait le plus besoin. Sa réputation même peut le déserter à l’instant d’un faux pas. Et les gens qui l’adorent peuvent être les premiers à lui lancer la pierre quand l’échec le surprend.

Le seul ami absolument désintéressé qu’un homme peut avoir dans ce monde de plus en plus égoïste, celui qui ne l’abandonnera pas, celui qui manifestera sans relâche sa reconnaissance et sa fidélité, c’est son chien .

Le chien reste près de son maître dans la prospérité comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie.

Il se coucherait pour dormir sur le sol glacé et la neige, pourvu qu’il soit près de son maître. Il lèchera sa main même si elle n’apporte pas de nourriture Il lèchera les blessures causées à son maître par la méchanceté du monde. Il veillera sur son sommeil .
Lorsque tous les autres amis humains s’en iront, lui restera. Si la fortune s’envole et si la renommée disparaît, il reste constant dans son amour comme le soleil dans sa course au firmament.

Si le malheur assaille son maître, qu’il n’a plus de logis, ni d’amis, le chien ne demandera d’autre privilège que d’accompagner son maître , de le garder contre le danger, de combattre ceux qui lui voudraient du mal.

Et lorsqu’ arrive la dernière scène de la vie et que la mort emporte le maître au fond d’un trou, qu’importe si les autres passent leur chemin, là au bord de la tombe, on trouvera le chien , plein de noblesse, la tête entre ses pattes, le regard triste mais toujours attentif et fidèle même dans la mort.

Cela vaut bien un petit “ canin “ !
B e r n i e 4.9.99

De l’Univers au Multivers

Le 25 août 1609 Galileo Galilei, mathématicien italien, fait découvrir son nouveau télescope aux négociants de Venise.
Un mois plus tard il tourne sa lunette vers le ciel et voit l’ombre de montagnes sur la lune. Et voilà qu’il découvre les “lunes” de Jupiter, en contradiction avec l’enseignement de l’Église, puis les phases de Vénus prouvant qu’elle tourne autour du soleil. Des taches démontrent que le soleil lui-même n’est pas l’orbe parfait de la cosmologie d’Aristote comme l’avait confirmé l’Église. Mais le comble fut sa découverte de la Voie lactée composée d’étoiles.
Non seulement la Terre n’était pas le centre du monde, mais ces choses ignorées jusqu’alors étaient plus grandes que ce que l’homme aurait pu imaginer en rêve. Et depuis leur taille n’a fait qu’augmenter et leur âge de même.
Les astronomes contemporains donnent 14 milliards d’années à l’univers, autrement dit trois fois l’âge de la Terre et cent mille fois l’âge de l’homme.
Et on ne sait pas tout, même pas la vitesse de la lumière. La physique, fille de l’astronomie, laisserait entendre que ce que nous appelons Univers, nonobstant sa taille, ne pourrait être en fait qu’une parmi une myriade de structures, gouvernées selon des règles propres à chacune.
Même si depuis quatre cents ans l’homme peut trouver sa place plus confortable qu’à l’époque de Galilée, n’est-elle pas risible l’idée qu’il se fait de lui-même ?
Il y a une semaine à Rio de Janeiro les héritiers de Galilée se sont réunis sous les auspices de l’Union astronomique internationale. Qui osera les traiter de révolutionnaires ? Bernie 1er sept.2009

NB Galilée a mis dans l’ombre deux astronomes exceptionnels :
- l’Anglais Thomas Harriot (1560-1627) qui, à l’aide d’un télescope hollandais avait, en 1613, devancé Galilée, mais Rome n’avait plus autorité sur l’Angleterre.
- l’Allemand Johannes Kepler(1571-1630) qui avait reformulé la thèse de Copernic, offrant une base au travail d’Isaac Newton. Notons que c’est Kepler qui corrigea la position des planètes et fut le premier à parler d’orbite ovoïde.

samedi 22 août 2009

Mieux vaut en RIRE

Il y a tant de façon de voir le monde, optez pour la meilleure. Etre poire et le savoir, ce n’est pas être poire.

Mieux vaut en rire . . . mais c’est la stricte vérité

- Admettons que vous vous mettiez à hurler pendant 8 ans, 7 mois et 6 jours, vous auriez produit en fin de compte assez d’énergie sonore pour chauffer une tasse de café.
-Le coeur humain crée assez de pression en pompant pour faire gicler le sang à 9 m.
-Le fait de vous cogner la tête contre un mur consomme 150 calories à l’heure.
-Les humains et les dauphins sont les seules espèces à trouver plaisir dans un coït.
-En moyenne les gens ont d’avantage peur des araignées que de la mort.
-Le muscle le plus fort du corps humain, c’est la langue.
-Il est impossible d’éternuer sans fermer les yeux.
-Vous ne pouvez pas vous suicider en retenant votre respiration.
-A chaque fois que vous lécher un timbre, vous consommez un dizième de calorie.
-Vous courrez plus de risque de vous faire tuer par un bouchon de champagne que par une araignée vénimeuse.
-Les droitiers vivent , en général, neuf ans de plus que les gauchers.
-Dans l’Egypte ancienne, les prêtres s’épilaient tout le corps, y compris les sourcils et les cils.
-L’orgasme d’une truie dure trente minutes.
-Un crocodile ne peut pas tirer la langue.
-Une fourmis peut soulever 50 fois son poids, peut tirer 30 fois son poids, et si elle est saoule, c’est à droite qu’elle penche et tombe.
-L’ours polaire est gaucher.
-La puce peut sauter 350 fois sa hauteur, un peu comme si, nous pauvres humains, nous sautions la longueur d’un terrain de foot.
- Un cancrelat peut vivre 9 jours sans sa tête, avant de mourir de faim.
- Le mâle de la mante religieuse ne peut copuler tant que sa tête est attachée à son corps. C’est la femelle qui a l’initiative en arrachant la tête du mâle.
-C’est dans les pattes que les papillons ont le sens du goût.
-L’éléphant est le seul animal à ne pouvoir sauter. ( Quelle chance !)
-A la lumière noire, l’urine d’un chat brille.
-Chez l’autruche, l’oeil est plus grand que la cervelle.
-L’étoile de mer n’a pas de cervelle.

Je vois déjà les esprits scientifiques se mettre à expérimenter.

Glané par B e r n i e


La fin du monde approche . . .

On le sait que la fin du monde approche, mais qui peut en définir la proximité ? Les esprits simples ont la faiblesse de voir en l’année 2000 une date probable. A la rigueur d’accord pour les Chrétiens qui compteront dix neuf siècles depuis la naissance d’un certain Jésus de Nazareth, encore que . . . nombre d’exégètes, dignes de foi, ont découvert que Jésus est bien né en l’an 3 avant JC !

Mais qu’en pensent les Musulmans pour qui 2000 marquera l’an 1420 de l’Islam ? Qu’en pensent les Juifs qui en sont à l’an 5700 de leur histoire ? Qu’en pensent les Bouddhistes qui seront en l’an 2485. Et qu’en pensent les mécréants, athées ou agnostiques pour qui l’an 2000 n’a pas lieu d’exister ?

Les disciples du prophète Edgar Cayce croient qu’en 2000 les deux pôles fondront provoquant tremblements de terre et un nouveau déluge universel.
Michel Dronin, journaliste économique de grande renommée, explique dans son analyse de la Torah que la troisième guerre mondiale va éclater. . . . . . “A moins que ce soit en 2006”, précise-t-il dans sa conclusion.

Les Américains, toujours prompts à l’hystérie collective, voient naître des quantités de sectes, telle celle des adeptes de la “ Maison de Yahvé” qui pensent que le genre humain va disparaître le 13 octobre 2000 sous les bombes nucléaires.

Depuis 1694 jusqu’à ce jour des toqués de téléscopie ont annoncé cent fois la fin du monde et la seconde venue du Christ. En 1836 un prédicateur newyorkais, Bill Miller, avait annoncé le terme pour 1843, puis pour 1844. Lorsqu’au milieu de l’hiver 1844 une comète traversa le ciel, ses disciples décuplèrent en nombre, mais rien ne se passa. C’est de cette secte qu’est née l’église Adventiste du 7ème Jour qui regroupe plus de dix millions d’adeptes.

Les Témoins de Jéhovah ont annoncé plusieurs fois la fin du monde. Quand la Guerre 14/18 éclata, Charles Russel, leur grand prêtre, précisa même la date. Puis ce fut 1940 et , dernière prédiction, 1975. Depuis les Témoins disent qu’en fait la date reste cachée. Au moins là ils ne se trompent pas et ne trompent personne.

Et c’est bien vrai que la fin du monde approche, dirait le Maréchal de France Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, tout comme un enfant de cinq ans est plus près de sa mort que de sa naissance. . . serait-il bâti pour faire un centenaire.

Il n’y a qu’aux amis qu’on peut dire la vérité . . .

Sport France-Angleterre : 2 à 2 Impressions et vérités

Citation :“ Il est certain que les Anglais nous haïssent et d’une haine si forte et si générale qu’on serait tenté de la mettre au nombre des dispositions naturelles de ce peuple.Elle est plus véritablement l’effet de leur orgueil et de leur présomption; puisqu’il n’ y a point de peuple en Europe plus hautain, plus dédaigneux, plus enivré de l’idée de son excellence. Si on les en croit, l’esprit et la raison ne se trouvent que chez eux; ils adorent toutes leurs opinions et méprisent celles de toutes les nations, il ne leur vient jamais en pensée, ni d’écouter les autres, ni de se défier d’eux-mêmes. Au reste, ils se font, par ce caractère, bien plus de tort à eux-mêmes qu’à nous. Ils sont par là à la merci de tous leurs caprices.Environnés de la mer, on dirait qu’ils en ont contracté toute l’instabilité.” Maximilien de Béthune,Baron de Rosny,Duc de SULLY dans ses Mémoires 1620 à la suite de son ambassade à Londres. Précisons que Sully était pourtant lui-même membre de la Réforme.
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Bernie qui , pour bien les connaître, après plus de cent séjours outre-Manche, adore les Anglais, leur courage et leur humour, vous dit sans la moindre hésitation : Allons donc à London !


Qui ne connaît l’expression “ Filer à l’anglaise “ ? Et tout le monde sait hypocritement que c’est le moyen le plus discret de prendre de la distance, de partir sans prendre congé ...” par allusion au sans-gêne des Anglais”, dirait Maurice Rat.

Il faut se souvenir que si les Allemands nous ont servi d’ennemis héréditaires pendant quatre-vingts petites années ( bien remplies, c’est vrai), les Anglais, eux, ont été nos ennemis mortels quasi permanents pendant sept longs siècles et davantage. Le temps de forger de part et d’autre une vraie, une solide antipathie dont il reste des traces dans la langue. Du XV° au XIX° s. on nommait “ anglais “ un créancier grippe-sou, un usurier:

Oncques ne vis anglais de votre taille
Car tout à coup vous criez : Baille ! Baille !

Ainsi s’exprimait en une épigramme de 1534 Clément Marot , valet de chambre de François Ier, lui aussi sympathisant de la Réforme, en souvenir des impôts et taxes divers levés par le “ parti anglais” au cours de la guerre de Cent Ans.

Il va sans dire que ce fond d’acrimonie dans le langage se retrouve intact de l’autre côté de la Manche. L’équivalent de notre “ filer à l’anglaise” est à Londres “ take the French leave “, ( de même que “ capote anglaise” se dit “ French letter”). C’est que toutes les batailles font leurs prisonniers et tout prisonnier n’a qu’une idée en tête: fausser compagnie à ceux qui le gardent, le plus discrètement possible, cela va de soi. Donc pendant plus d’un demi-millénaire, les deux pays ont eu des captifs de nationalité adverse , lesquels, périodiquement, partaient soit “ à la française”, soit “ à l’anglaise ” , selon le point de vue de l’observateur.

Les moins jeunes d’entre nous se rappellent probablement l’expression “ les Anglais ont débarqué “ . Expression qui est bien antérieure aux célèbres galipettes de 1944 sur les plages de Normandie, puisqu’on la trouve dans une chanson du lexicographe Alfred Delvau de 1867. Où va donc se nicher l’anglophobie ?. . . Soyons justes et rappelons que les Anglais nomment “ French gout “ ( douloureux , l’acide urique de la goutte ! ) leurs maladies vénériennes.

Ma première visite en Angleterre: au milieu du siècle dernier

Un ferry m’avait mené de Calais à Douvres par le servicede 22h30, le moins cher et le dernier de la journée. A bord j’avais acheté le Daily Mail pour tromper les quatre-vingt-dix minutes de traversée. Grande fut ma surprise lorsqu’en manchette je pus lire:” Brouillard sur la Manche. Le Continent est isolé”. Tout un programme en perspective!
J’étais à pied et n’avais aucun plan d’attaque. A l’arrivée, je notai que , seuls une demi-douzaine de passagers, tous Anglais à première vue, avaient traversé sans camions, autocars ni voitures. La douane était sévère et l’officier d’immigration , de toute évidence surpris de voir débarquer à minuit un étranger et qui plus est sans voiture, m’indiqua que la file pour moi n’était pas celle des “ British citizens”, mais celle indiquée “Aliens “. Il est irréfutable que le mot “ alien” a bien le sens d’étranger en anglais, même si son origine latine vulgarise plutôt la signification imprécise d’ “ autre “, mais vous m’avouerez que le vocable “Alien “ revêt pour un Français une connotation de ‘ dérangé mental ’. Je quittai donc la queue des six British citizens et m’approchai du guichet réservé aux étrangers. J’étais le seul et les formalités furent rapides. “Combien de temps comptez-vous rester en Grande Bretagne ? “ - “ Je ne sais pas. Entre huit et quinze jours !”. La réponse parut trop imprécise au policier.” Chez qui allez-vous loger à Douvres ?” - “ Chez personne. Je compte prendre une chambre à l’hôtel!” L’officier, probablement fatigué, tamponna mon passeport et me le rendit après y avoir inséré deux imprimés. L’un indiquait qu’il m’était interdit de travailler et donnait trente lignes de détails pratiques. L’autre me précisait les démarches à entreprendre pour obtenir une carte de ravitaillement. Il y a plus de six ans qu’en France les tickets de ravitaillement avaient disparu. . . Lorsque je sortis de l’autre côté du bâtiment officiel, je m’aperçus que camions, autocars et voitures avaient déjà quitté les lieux. Le silence et l’obscurité enveloppaient la ville. Dover était à moi seul.
Hôtels et pensions se succédaient les uns aux autres, mais aucune enseigne n’était allumée.Peut-être aurais-je plus de chance de trouver un hôtel à Londres et comme ma destination finale était la capitale, je me dirigeai vers la gare pour attraper un train de nuit. La gare était fermée et le seul réverbère allumé à sa proximité ne me permettait pas de lire les horaires affichés à l’extérieur. J’étais planté là sur une terre inconnue, au milieu de la nuit, sans âme qui vive pour chasser le désespoir.
De l’autre côté de la place une clarté qui ne pouvait venir que d’un récepteur de télé apparut au premier étage d’une pension de famille. Je traversai la place tout reconforté préparant mentalement une phrase d’excuses pour une arrivée tardive, me laissant même aller jusqu’à prévoir : “ Je ne veux pas vous déranger à cette heure de la nuit. Non vraiment, mais si ,par hasard ,cela ne vous cause pas trop de tracas un simple sandwich au jambon et un cornichon avec une canette de bière feront amplement l’affaire”. Entre la grille du jardin et la porte d’entrée, c ‘était l’obscurité complète. Totalement ignorant des seuils à l’anglaise, je trébuchai sur une marche invisible et me retrouvai la tête la première sur la porte de la maison, faisant tomber plusieurs bouteilles de lait vides dans un fracas génant. Le fenêtre du premier s’ouvrit: “ Qu’est-ce que c’est? “ dit une voix revêche. Je fis un pas en arrière en me frottant le nez et levai la tête pour apercevoir une silhouette entourée de bigoudis. “ Bonjour! Je cherche une chambre “- “ Nous sommes fermés!”-” Où pourrais-je manger un morceau ?”- “ Essayez donc le Commodore ! Sur le front .”- “ Le front de quoi ?”. En guise de réponse, la fenêtre se referma brutalement. Il s’agissait vraisemblablement du front de mer, tout proche . En effet, de loin , l’enseigne du Commodore, recommandé par l’Automobile Club, s’il vous plait, faisait tache éclatante sur le front sombre de la Promenade. Je m’y rendis prestement. C’était de toute évidence un hôtel de luxe, un de ces établissements qui reçoivent les clients à toute heure du jour ou de la nuit. Par une baie je pus deviner un salon somptueux, avec tentures de velours rouge, un bar et une dizaine de clients en costumes de soirée. Qu’allai-je faire en blouson et sac à dos dans ce monde? Et puis, sans nul doute, le prix des chambres devait dépasser mon maigre budget. D’autant plus réduit par la dépense de la veille au soir dans un restaurant exorbitant de Calais. Il était plus d’une heure du matin. La température douce m’incita à profiter d’un banc dans un abri-bus. Mon sac me servant d’oreiller et l’épuisement me firent vite oublier les têtes épaisses des clous qui recouvraient le banc. Le bruit du ressac sur les galets de la plage et la fatigue m’envoyèrent dans les bras de Morphée.
C’est la corne de brume qui me reveilla au petit jour. Le monde alentour était baigné dans le clair obscur qui précède l’aurore et qui vient dont on ne sait où. Les mouettes avaient commencé leur bavardage. Le premier ferry de la journée quittait le port vers la France.Il était presque 6 heures. Qui pouvait bien voyager à cette heure?
Je me levai et fis quelques pas pour rétablir la circulation dans des veines engourdies. Près du Commodore, mantenant plongé dans la torpeur, un petit vieux promenait son chien en laisse. Le toutou voulait à tout prix lever la patte sur toutes les surfaces verticales qu’il rencontrait.Il ne trottinait pas,mais était plutôt halé sur trois pattes. En me croisant le petit vieux me salua d’un :“ Va p’t être faire beau !” en regardant le ciel où les nuages ressemblaient à un tas de serviettes humides. Je m’enquis d’un restaurant ouvert à cette heure matinale. Il connaîssait un endroit, pas trop loin et m’indiqua la direction. “ Le meilleur routier de la région!” - “ Routier? “ repris-je , en m’écartant un peu de lui car son toutou tirait sur sa laisse avec la ferme intention de mouiller mon pantalon. “ Vous verrez bien les camions. Ces types connaîssent les bons endroits”.
Le routier s’avèra accueillant. J’eus droit à une grande assiette d’oeufs brouillés, de haricots, de pain frit dans la graisse, de bacon et de saucisses avec, sur une soucoupe, deux tranches de pain de mie et un morceau de margarine, le tout arrosé de deux tasses de thé réconfortantes. Et tout ça, pour 2,50 francs. Ragaillardi, je pouvais maintenant affronter Douvres . . . A nous deux , l’Angleterre!
Bernie de Tours , Juillet 1952

Nos ancêtres les GAULOIS ou nos ancêtres les AFRICAINS

Seuls les bornés primaires revendiquent cette origine-là.Comme si elle était indélébilement gravée sur un socle de marbre dur;
- la pommme de terre qui nourrit l’Europe nous vient d’Amérique, idem pour la tomate;
- blé, orge, seigle, riz et thé viennent d’Asie, le café d’Afrique,
-le chameau aujourd’hui figure d’Afrique ètait inconnu là-bas au temps de St Augustin,
-les Indiens d’Amérique furent effrayés à la vue des chevaux espagnols,
-les plus beaux boeufs d’Argentine ou du Mid-West sont d’origine britannique,
-les Juifs sont le peuple le plus mêlé de la terre,
-que reste-t-il d’arabe chez un Arabe actuel ?,
- et la chrétienté ? il y en a deux : la romaine et la byzantine,
-quant aux protestants,ils sont une multitude. . . au moins un nouveau chaque semaine,
C’est la panique, pour ceux à courte vue, et la France mène la danse, qui considèrent leurs us et coutumes, voire leurs habitudes comme canons.
Rien de vient de rien, et tout vient de tout, dixit Pasteur.
Nous appartenons à tout l’Univers et tout l’ Univers est nôtre.
D’où une nécessité de modestie et de TOLERANCE. D’accord pour être attendris devant nos origines,mais il faut être indulgent devant celles des autres.
L’homme peut aimer tendrement une femme, l’homme intelligent acceptera qu’elle ne soit pas la plus merveilleuse des femmes.
________

La langue française : notons avec modestie notre dette verbale envers l’étranger. Le gros de la langue, en dernier ressort vient du picard et du normand., mais
anglais : 28% de nos emprunts étrangers ( coing)
italien : 15% ( caviar )
germanique commun: 13% ( matelot )
gallo-romain : ( braguette)
arabe : 5% ( sirop )
celte : 3% ( flanelle)
espagnol : 3% (camarade )
hollandais : 3% ( boulevard)
allemand : 3% ( nouille)
persan : 2% ( divan )
asiatique en général : 2% ( mousmé)
sémitique : 1% ( jupe )
slave : 1% ( bistrot )
+ 8% de mots de diverses langues ( ibère,ligure,tchèque,tamoul,malais, turc, bantou, hongrois, basque, arménien, portugais, amérindien, hindi, etc. sans compter que 75% des mots nous viennent du grec, soit en direct, soit via le latin, soit via l’arabe.
________________________

Juste pour rire : Qui peut me trouver le complément adéquat pour les 3 mois de Octobre, Novembre et Décembre. Pour les autres, je propose :
Septembre comme du poulet
Janvier ton sort heureux
Février tes yeux dans mes yeux
Mars ou crève
Avril toi sous mon parapluie
Mai ta main dans la mienne
Juin ta force au courage. Bernie 1999-2000

Suis tombé par hasard ce matin, au cours d’une lecture, sur ce proverbe chinois. Je vous le livre, car je le trouve marqué au coin de la sagesse. B e r n i e

S’il y a de la lumière dans l’âme, il y aura de
la beauté dans la personne.
S’il y a de la beauté dans la personne,il y aura de l’harmonie au foyer.
S’il y a de l’harmonie au foyer, il y aura de
l’ordre dans la nation.
S’il y a de l’ordre dans la nation, il y aura
la paix dans le monde.

Le Bonheur !

Vous avez pris le risque de nous solliciter. Vous voici puni avec moi.
Depuis 30 ans je traîne mes bottes sur les 5 continents à la recherche de l’ élephant blanc et . . . j’espère ne jamais le trouver, persuadé que je suis que ceux qui courent après le bonheur ne le trouveront jamais.
Ce ne sont pas les panoramas exotiques qui m’attirent, mais les multiples facettes de la Création chez les hommes. En tant qu’Européen occidental, citoyen d’un pays “ de cocagne”, d’une démocratie ( mon épouse et moi-même sommes de familles simples et nous sommes de modestes retraités), nous ne pouvons que nous estimer heureux en découvrant ailleurs dans le monde la pénurie, la misère, la dictature qu’elle soit politique, économique ou religieuse.
Vous dites : “ A chacun ses petits bonheurs !” Ne serait-ce pas plutôt: “ A chacun ses petits plaisirs !” ? Les plaisirs , ça s’achète. Le bonheur est un don du Ciel. On l’a ou on ne l’a pas.
On entend : “ Autrefois on était plus heureux!” Billevesées ! Chaque âge a ses heurs, les bons et les mauvais. Mais le bonheur est intemporel. Combien de condamnés ont trouvé le bonheur en prison ! Et combien de nababs, épicuriens et hédonistes meurent tristes !
Au retour en France je parle, j’écris et tâche de convaincre mes compatriotes qu’ils ont toutes les raisons, toutes vicissitudes particulières intégrées, d’être heureux. Et puis j’ai beaucoup de temps à donner aux autres , dans ma commune et ailleurs et si la modalité colle en plus avec mes goûts et aptitudes, raison de plus d’être heureux. Voilà le bonheur. Voir un voisin sourire, une fleur s’épanouir, une petite fille chantonner, entendre une bonne nouvelle à la radio, notre chien balloter de la queue, voilà 5 raisons supplémentaires d’être heureux.
Découvrir tel autre meilleur que soi, pour moi c’est un bonheur. J’espère peut-être un jour l’égaler, et l’espérance n’est-elle pas du bonheur à venir ?
Trois des moyens assurés pour être heureux : n’avoir ni rancune, ni jalousie et accepter ses limites.
Je goûte le bonheur ( malgré mille petites infirmités tenaces, mille faiblesses récurrentes
et bien des déceptions fugaces) car la Providence m’a doté d’un vrai ange-gardien, multiforme: une mère admirable ( toujours vaillante à 94 ans), un prof. de 6ème qui m’a initié au latin et au grec et fut toujours paternel, une épouse qui est une bonne mère, . . . et un autre ange-gardien moins visible, qui m’a sorti 5 fois de la mouise. Et tout ce que j’ai demandé au Ciel il me l’a accordé
Chaque matin est pour moi une source de bonheur et l’espoir de faire des heureux.
Je suis heureux en pensant que j’ai tout à apprendre de tous ceux que je vais rencontrer.
La mort ne me fait pas peur. C’est une étape de la vie. Je souhaite ne pas souffrir. Mais même si je dois souffrir, j’espère garder ma Foi en l’au-delà.
Enfin je ne sais distinguer Dieu du bonheur. Et je ne crois pas que (à condition de le partager) le bonheur , il faudra le payer ( comme pensent les pessimistes). Et pourtant un ami psychologue m’a dit que j’étais pessimiste.
Au fond ne suis-je pas simplement heureux par le seul fait que je crois l’être ?
Je ne pense pas comme Lao-Tseu que le bonheur naît du malheur des autres, mais adhère au proverbe anglais : “ Pas de nuage sans une doublure d’argent !”

Et si vous avez eu le courage de lire jusqu’au bout, je soumets à votre sagacité ces quelques mots, ils sont en anglais car ainsi cela rime :
Yesterday is history
To-morrow is mystery
To-day is a gift.
That’s why it’s called present
B e r n i e

Un auteur méconnu qui pourtant n’a pas écrit “ en vain “ .
Qui l’eut “ c r u “ ?


Vive le Vouvray

Paul Claudel , un vrai Picard, écrivain, diplomate, membre de l’Académie française, consul en Chine, en Allemagne, au Brésil, ambassadeur au Japon, aux Etats Unis et en Belgique. Un homme complet maniant aussi bien l’anglais que le latin, le grec et l’allemand. Poète symboliste, mais aussi auteur dramatique (Tête d’ Or, la Jeune Fille Violaine, l’ Annonce faite à Marie, l’Echange, la Ville, l’Otage, le Père humilié,Partage de midi, le Soulier de Satin, le Livre de Job, l’Oeil écoute, Emmaüs, le Pain dur). Tout le monde connaît mais peu savent certainement qu’il a célébré le VIN .
“Le Vin a une triple mission, il est le véhicule d’une triple communion.
La communion tout d’abord avec la terre maternelle. . . de qui il reçoit à la fois âme et corps.
En second lieu la communion avec nous même. C’est le Vin tout doucement qui échauffe, qui dilate, qui épanouit les éléments de notre personnalité . . . qui nous ouvre sur l’avenir les perspectives les plus encourageantes.
Le Vin est le professeur du goût, le libérateur de l’esprit et l’illuminateur de l’intelligence.
Enfin le Vin est le symbole et le moyen de la communion sociale; la table entre tous les convives établit le même niveau ,
et la coupe qui y circule nous pénètre, envers nos voisins, d’indulgence, de compréhension et de sympathie.”

Paul Claudel
1868 - 1955


Et si par un peu probable hasard nos amis d’Enfield doutait encore de la noblesse du vin, vous pourriez leur proposer la traduction de ce paragraphe de Claudel:

Wine has a threefold vocation and is the vector of a triple communion.
Communion first of all with Mother earth. . . from which it receives both its soul and body, communion secondly with ourselves.

It is Wine that gently warms, magnifies and opens up the elements of our personality. . . and which provides us with an insight to the most encouraging perspectives.

Wine is the teacher of taste, the liberator of the soul and the enlightener of intelligence. And thirdly , Wine is the symbol and means of social communion; the guests at the table are on the same level and the glass that goes round,fills us with tolerance, understanding and friendship towards our neighbours.

Bernie



¨ Le Test des Trois Passoires ¨.


Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute réputation de sagesse.
Quelqu'un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dit :
'Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ? -- Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires. -- Les trois passoires? -- Mais oui, reprit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire. -- C'est ce que j'appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai? -- Non. J'en ai seulement entendu parler... -- Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle d e la bonté . Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ? -- Ah non. Au contraire. -- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain qu'elles soient vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité. Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ? -- Non. Pas vraiment. -- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

Une demi-douzaine de membres et épouses ayant manifesté leur intérêt à la suite de la note sur Khalil GIBRAN ( 1883-1931), vous trouverez ci-dessous à l’intention de ceux qui n’ont point encore acquis l’opuscule, deux nouveaux extraits du Prophète, de cet écrivain chrétien libanais , plein de sagesse et de vérité ,

le premier sous la forme d’un poème sur le couple “ homme -femme “ , en réponse à la question d’Almitra :

“ Qu’en est-il du Mariage ? “


“ Vous êtes nés ensemble et à tout jamais vous resterez ensemble.
Vous serez ensemble quand les ailes blanches de la mort
éparpilleront vos jours.
Oui, vous resterez ensemble jusque dans le silence de la mémoire de Dieu.
Mais qu’il y ait des espaces dans votre union,
et que les vents des firmaments dansent entre vous.
Aimez-vous l’un l’autre mais ne faîtes pas de l’amour une chaîne;
Laissez le plutôt être une mer se balançant
entre les rivages de vos âmes.
Remplissez chacun la coupe de l’autre,
mais ne buvez pas à la même coupe.
Partagez votre pain
Mais ne mangez pas de la même miche
Et restez ensemble, mais pas trop près l’un de l’autre;
car les colonnes du temple s’érigent à distance,
et le chêne et le cyprès ne poussent pas
à l’ombre l’un de l’autre.”

le second sur le DON
, qui pourrait être part de l’idéal de l’homme bon :
“ Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez de vos biens. C’est lorque vous donnez de vous-même que vous donnez réellement. Car que sont vos biens sinon des choses que vous conservez jalousement par crainte d’un avoir besoin demain ? . . . et qu’est la peur de la misère, sinon la misère elle-même ? Et la crainte de la soif devant votre puits plein, n’est-elle pas déjà la soif inextinguible ?
Il en est qui donnent peu de l’abondance qu’ils ont - et ils donnent pour susciter la reconnaissance, et leur désir secret corrompt leur don. . . Il en est qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense. Il en est qui donnent avec douleur, et cette douleur est leur baptême. . . Il est bien de donner lorqu’on est sollicité, mais il est mieux de donner sans être sollicité, par compréhension. Tout ce que vous avez sera donné un jour: donnez donc maintenant, afin que la saison de donner soit vôtre et non celle de vos héritiers.
Vous dîtes souvent: “ Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent. “ Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages. Ils donnent afin de vivre, car retenir c’est périr. . . Car en vérité, c’est la vie qui donne à la vie. Et vous qui recevez, élevez-vous avec celui qui donne car être trop soucieux de votre dette, c’est douter de sa générosité qui a la terre magnanime pour mère et Dieu pour père. “

Drew Brown's Facts of Life

Fact #1
WAKE UP, SHOW UP, and PAY ATTENTION, Especially to detail.
Take responsibility for your actions and control your emotions.
Be honest, open-minded and willing to change.

Fact #2
BE HAPPY, HAVE FUN and BE NICE!
Would you rather be right or rather be happy?
The goal is a long, healthy, and happy life.
Be better than your parents, and make this world better for your children.

Fact #3
The Circle Theory
EVERYTHING YOU DO COMES BACK TO YOU.
Make a negative into a positive, and learn from the past.
Times of struggle are times of growth, proportionally.

Fact #4
HAVE PURPOSE. Find your gift and use it. SUCCESS is waking up everyday, doing what you love, and doing it well.
Earn a good living, using a skill or trade you enjoy.
Work hard (study), work smart (think), and don't quit.

Fact #5
The Art of Thought - The Art of Communication - The Art of Action
EDUCATION is necessary.
Knowledge (is learned) and Wisdom (to teach) are Manda
Learn to listen and discern.
Gather good information, prioritize it, and then make healthy choices.

Fact #6
GOOD WILL OVERCOME EVIL
A. Pride - Too much ego & vanity (Low self-esteem).
Humility is Power. Have Honor.
B. Envy - Jealousy; the grass is greener on the other side, because it's fake).
C. Anger - Is Really Fear. Stress is the # 1 cause of death.
When mad, sit down, shut up, and do nothing for 24 hours.
D. Sloth - Nasty, funky, filthy, lazy and disgusting people. God doesn't like litterbugs.
E. Lust - Sex without love.
F. Greed - The curse of insatiability (Impossible to satisfy). The love of money is evil.
G. Gluttony - Eating with Greed. Drink water, eat right, & exercise. Wake up naturally. Weight control is Calories in vs. Calories out. Period!
H. Alcohol & Drugs - The Big Lie. Feel good for a minute & miserable for a lifetime. Nicotine is the epitome of addiction. Addiction is Slavery.

Fact #7
USE COMMON SENSE AND MODERATION.
To quit while you’re ahead, doesn't mean you're a quitter.
Sometimes one must surrender to win. Time heals all.

Fact # 8
EMIT INTEGRITY and RESPECT!
Don't lie, cheat or steal. Power is asking for help, and then using it.
Be careful for what you ask for.

Fact #9
DEVELOP SELF-DISCIPLINE.
Recognize and overcome your weaknesses.
Perform continuous self-examination.
Learn to be still, quiet, and at peace within yourself.
Meditate. Observe and enjoy a “Sabbath”.
YOU KNOW RIGHT FROM WRONG.
Stop doing wrong, when you know what is right. Do what you're supposed to do, not what you want to do, until what you're supposed to do, becomes what you want to do. Then, you can do what you want to do.

Fact #10
TREAT OTHERS, AS YOU WANT TO BE TREATED.
Don't judge. "We are all one race; the human race."
You are unique. Love yourself and be your own best friend.
If you can't help change your friends, then change friends.
Good relationships stay healthy when there is,
No ego competition and Zero Aggravation.
Forgiveness, patience and tolerance are virtues that set you free.

Fact #11
YOU GOTTA BELIEVE!
Live your life in gratitude and have faith in grace.
Life is; Oxygen, Survival, Purpose, Freedom, Love and Happiness.

Scheduling Corporate Seminars or Keynotes Contact: Lon Kieffer at 302.462.6748

Conseils d’un vieillard, gyrovague impénitent

Allez tranquillement parmi le vacarme et l’agitation. La paix existe aussi dans le silence. Sans rien abdiquer. Vivez si possible en bons termes avec tout le monde. Dites doucement et clairement votre vérité et écoutez celle des autres, car même celui qu’on dit simple d’esprit et l’ignorant, eux aussi ont leur histoire. Évitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une offense contre l’esprit.
Ne vous comparez à personne: vous risquez de devenir vaniteux. Il y a toujours plus grand et plus petit que vous. Jouissez aussi bien de vos projets que de vos réussites. Soyez toujours intéressé à votre travail, si modeste soit-il: c’est un vrai trésor parmi les prospérités changeantes du temps. Soyez prudent dans vos affaires, car le monde est plein de fourberies, mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe. La vie est remplie de héros . . . à leur façon.
Soyez vous-même. Surtout n’affectez pas l’amitié; Ne soyez pas non plus cynique en amour, car, face à toute stérilité et à tout désenchantement, l’amour est aussi éternel que les mauvaises herbes de votre jardin. Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez votre esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain, mais ne vous chagrinez avec vos chimères - bien des peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d’une saine discipline, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l’Univers et, autant que les arbres et les étoiles, vous avez le droit d’ exister. Soyez en paix avec Dieu quelle que soit la conception que vous en ayez, et quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi ou le bruit qui vous entoure la paix dans votre âme.
Si vous avez le bonheur de croire : demandez tout et, si c’est pour le bien du monde, vous serez à coup sûr exaucé
Avec ses perfidies, ses moments fastidieux et ses rêves brisés, le monde est beau.

C’est à vous qu’il revient de tout faire pour être heureux.


Je crois au Ciel et aux bons Anges
. (Les mauvais existent aussi)
J’ai un ange-gardien ( occupé à plein temps avec moi) dix fois il m’a sorti de la mouise jusqu’ici dans la vie .
La dernière fois c’était la semaine dernière en Grèce . Je participais à Athènes à un FORUM (“The Roman Bridges” pour expliquer à des profs de partout la transition du grec à l’anglais ) et profitais en outre de la mer et d’une héliothérapie.
Vendredi dernier, comme je le faisais chaque matin , avant d’aller à l’Université pour le début du séminaire à 10h, je déjeunai et m’en fus de l’autre côté de la rue piquer une tête dans une eau à 27°C et nager pendant une demi-heure.
Après quinze minutes dans l’eau, je ressentis une difficulté à respirer. Je regagnai donc la berge , mais ne pus me mettre debout. L’air manquait vraiment. (La semaine précédente lors de la marche hebdomadaire à St Cyr avec une 20aine d’amis j’avais déjà souffert d’une insuffisance respiratoire, genre d’oedème pulmonaire d’origine cardiaque )
Derechef la respiration ne revenait pas. Je soufflais et haletais avec peine. Je remis chemisette et sandalettes difficilement et tentai d’alerter un Grec, à 50 m. de moi. A cette heure matinale il y a très peu de baigneurs sur la plage. Ce brave type crut que je lui faisais “ Bonjour !” de la main.Et il me répondit de même . Une main que j’avais déjà eu tant de mal à lever.
C’est alors que je perdis connaissance. Combien de temps suis-je resté ainsi, je l’ ignore.
Mais quand je repris mes esprits, le type en question(mon Ange-gardien ce jour-là) était à mes côtés avec son portable. Il n’était pas seul. Il était accompagné de deux infirmiers et d’un toubib qui m’appliqua un masque à oxygène sur le visage et me fit une injection. A dix mètres derrière attendait une ambulance gyrophare en activité. Civière, etc. et hop en voiture.
Athènes groupe maintenant la moitié de la population grecque et la circulation routière ne s’est pas améliorée en ville. 25 Km pour atteindre l’ hôpital soit 40 minutes , malgré la sirène.
Passons sur un tas de détails comiques.
Admis aux urgences “ Soins intensifs” : scanner, cardio-gramme, re injection, radiographie etc. ( tension : 29 ) “ Nous allons vous garder 4 jours car il faut que tout se régularise “ . Par ambulance et sur civière on m’emmena à 200 m. dans l’Unité 6 . Là-bas je me suis retrouvé, en compagnie de 3 Grecs , et branché à deux fils plus le tube à oxygène. Au bout de trois heures, je me sentais très bien et dis au toubib qui venait me voir tous les quarts d’heure que le lendemain matin,samedi , j’avais un avion à prendre pour rentrer à Paris. “ Pas question”, me dit-il en tournant les talons.Un administratif vint discuter assurances. J’avais oublié d’emporter le Formulaire E 111. L’Ambassade de France contactée ne répondit même pas au téléphone.Dans le monde entier les Consulats de France sont toujours fermés quand on a besoin d’assistance, Floscel a regretté la même carence lors de l’accident de son train au Kenya alors que les autres Consulats étaient présents. “ J’ai une assurance ELVIA qui marche “ ai-je précisé .
Comme on m’avait oublié, je détachai les 2 fils ( sans dommage puisque la vie ne tient généralement qu’ à un ) et fermai l’oxygène. Je m’en fus au carré des toubibs et leur dis que ma décision était prise. Je serais demain à court de médicaments pour mon hypertension et ma femme m’attendait Après réflexion ils m’ont fait signer une décharge et je m’en fus. . .
Un taxi qui venait d’amener un visiteur parut fort heureux d’avoir du fret assuré pour retourner au centre-ville où j’avais un bus direct pour mon hôtel. Arrivé à Syntagma , au diable l’avarice,et me sentant unpeufatigué, je lui proposai de m’emmener jusqu’à mon hôtel. Ce qui sembla le combler
Le lendemain matin direction l’aéroport ( le second d’Europe depuis 1 an, en modernisme et efficacité, J.O. 2004 obligent ) Vol et retour à Roissy. Autocar jusqu’à Montparnasse et TGV pour Tours.
Cardiologue, ( tension: descendue à 18 ) médication intensive, régime drastique. Il me faut perdre 5 kg. et prendre du repos. Pas de voyage en perspective avant janvier. Vous imaginez que je suis impatient de reprendre mes cours le 1er octobre et . . . et l’avion le 3 janvier !
Même si votre destinée est tracée, ou du moins que le bon Dieu la connaît, il est certain que, comme tous les autres humains, vous êtes libres sur terre. Et tant que vous y serez utiles, vous y serez maintenus par votre Ange-Gardien. Bisous à vous six .
Carpe diem ! Bernie 26 - 7bre 02

Vonette & Bernie

Si dans un accès d’ ecmnésie passagère, Vonette qui n’a pas sur le monde le même avis que son Bernie d’époux ( peut-être est-ce elle la plus lucide ? ) ,
si Vonette, disais-je , osait insinuer que Pénélope garde le foyer pendant qu’ Ulysse parcourt le globe, n’hésitez pas à lui rappeler, avec la substilité que l’on vous sait , qu’elle a cependant , dans sa présente vie , entre autres visité amplement les pays que voici
:

Algérie, Tunisie, Maroc, Sénégal, Bénin, Egypte , Madagascar, Réunion, Maurice,
Israël , Syrie, Liban , Mt Sinaï, Sharm el-Sheik, Chypre, Malte, Samos,Hydra ,Poros, Grèce Attique , Turquie, Yougoslavie,
Suisse , Italie, Espagne , Portugal, Canaries , Madère, Baléares , Allemagne , Lichtenstein, Sicile,
Pologne, Estonie , Lithuanie, Lettonie, Finlande, Bulgarie, Hongrie, Autriche, Tchécoslovaquie,
Russie, Sibérie, Biélarus , Ukraine
Belgique, Hollande , Luxembourg, Islande, Irlande, Ecosse , Angleterre , Jersey, Pays de Galles
Canada, USA , Hawaï , Mexique, Cuba , Terre-Neuve,
Vénézuela, Colombie, Equateur , Brésil, Argentine , Paraguay, Tanger
Inde , Pakistan , Indonésie ( Sumatra , Java , Bali , Sulawésie) , Hong-Kong, Chine , Singapour, Japon, Taïwan, Corée, etc. ( liste non limitative )






Les Français racontent des histoires belges, les Américains des histoires polonaises, les Anglais des histoires irlandaises. Chacun a sa tête de turc ; chacun a son bouc émissaire. Mais il est une exception .
Qui mieux qu’un juif sait raconter une histoire juive ?
Ce n’est pas le moindre trait de son caractère, et combien agréable, chez ce peuple au destin particulier, que de faire de l’esprit sur son propre dos. Il faut dire qu’ils ont souffert tant misères de tous temps que sans l’humour,il y a belle lurette qu’ils auraient disparu de la surface de la terre. Reconnaissons-leur au moins cette qualité . Voici la dernière que j’ai entendue cette semaine dans un kibboutz de Galilée:
Moshé monta au sommet du Sinaï pour parler de plus près à Dieu . Levant les yeux au ciel, il dit : “ Seigneur, un million d’ années, qu’est-ce que c’est pour Toi ?” Dieu répondit : “ Une minute “
Moshe risqua une seconde question: “ Un million d’€uros, qu’est-ce que c’est pour toi ?” Et Dieu de répondre : “ Un centime ! “
Moshe crut bon d’exprimer une modeste prière: “ Peux-tu me donner un centime ? “ Et le Seigneur de répondre : “ Dans une minute !”

jeudi 20 août 2009

LATIN AMERICA : Brésil

Haut les mains !
Pourquoi mon taxi tenait-il tant, en quittant l’aéroport de Rio, à me faire passer par le Lac Rodrigo de Freitas, autour duquel s’étend une partie chic de cette ville tentaculaire ? “ Patientez un peu”, m’avait-il dit . Et de fait ma surprise fut grande. Des milliers de croix de bois blanches flottaient sur le lac. “ Il y en a au moins 50.000 “, me dit le chauffeur. “ Elles représentent le nombre de morts tués par arme à feu l’an passé !”.
L’écho du referendum sur la vente d’armes a du parvenir en France. Ici au Brésil le résultat a mis le bon peuple dans le désarroi. Quant à l’observateur étranger, il ne comprend pas cette palinodie des Brésiliens. Sur dix personnes interrogées avant le 23 octobre, neuf m’avaient dit qu’elles voteraient “ OUI “ à l’interdiction. La dizième prétendant qu’une loi dans ce sens ne ferait que faciliter les exactions des bandits .
Vous imaginez la surprise le 24 octobre quand plus de 60% des votants ont déposé le bulletin “ NON”. A souhaiter que la question ait été bien comprise car l’épouse de mon ami Inacio chez qui je passe le week-end m’a avoué: “ Je me suis trompée. En choisissant “ NON “, je pensais voter CONTRE la vente d’armes”.
Un autre Brésilien m’a dit que beaucoup de ses compatriotes avaient voulu manifester leur mécontentement, certains contre l’obligation du vote et d’autres déçus par la corruption au sein du parti du Président da Silva . Bernie

2005 Ano do Brasil na França
Il m’a fallu débarquer à Sao Paulo pour apprendre que la France avait fait de 2005 l’ “Année du Brésil” .
Ce Brésil qui a retrouvé la démocratie en 1985 le jour où fut élu le 1er président civil. Pas de chance : Tancrède Neves est mort avant d’entrer en fonction.
Son successeur, José Sarney, qui démocratise l’élection présidentielle, puis Fernando Collo de Mello n’arrivent pas à stabiliser la dette extérieure. Pour exorciser l’inflation la monnaie change de nom, d’abord Crozado, puis Real il y a dix ans. Décidément victime d’un destin délétère le Brésil, sous Fernando Henrique Cardoso , est confronté à une sécheresse qui dévaste le Nordest.
Aujourd’hui le Brésil est dirigé par “ Petit Louis “, en portugais “Lula “. C’est l’enfant d’une famille modeste qui dut fuir la misère du Nordest. Il a 60 ans et six frères et soeurs. Il n’avait pas 12 ans quand Lula aidait déjà sa famille à vivre en gagnant quelques sous comme cireur de chaussures ou marchand de bonbons dans les rues. A 14 ans il devient ouvrier et conscient du sort affreux des plus démunis. A 15 ans il entre dans le syndicalisme. Ses talents de tribun l’envoient en prison.
A 35 ans il crée le Parti des Travailleurs et après deux tentatives ratées, à peu de voix près, il est élu en octobre 2002.
L’Afrique eut son Mandela, Le Brésil a son Louis Ignace do Silva . Dommage que quelques brebis galeuses soient venues entacher de corruption l’action de Lula .
Bernie

Ineffable Brésil

Parlez Brésil à un Européen, il entend carnaval, samba, football, plages bordées de cocotiers. Pour moi chaque visite est un euphorisant. Même si la pauvreté est omniprésente, il suffit de musique pour remplir un indigent brésilien de joie de vivre et d’insouciance. Et c’est si communicatif qu’on ne marche pas dans la rue, on danse en permanence. D’autant plus que communiquer est dans le sang brésilien.
Le Brésil : un continent à lui seul - seize fois la France, peuplé de 170 millions d’habitants de toutes les couleurs. Que ceux qui croient que le racisme n’existe pas ici se détrompent. On ne se mélange pas. Il y a vingt ans j’ai même appris que bien des femmes ébène sollicitaient le blanc de passage dans l’espoir de procréer un enfant moins noir que sa mère, qui aurait ainsi plus de chance dans sa vie. Cela n’a pas changé
Face au destin le Brésilien a toujours le sang chaud et le contraste est frappant avec d’autres peuples, notamment d’Europe orientale au temps du soviétisme, pourtant aussi peu nantis.
Sur les murs des villes et villages le tagging est présent: curieux de voir les slogans du genre : “ Dieu seul te sauvera”, “ Pour gagner un seul atout: Jésus”, “Aimez-vous les uns les autres”, côtoyer les affiches publicitaires. L’entrepreneur des pompes funèbres lui-même, pour vanter la qualité de ses cercueils, n’hésite-il pas à annoncer en lettres de néon éclatantes:”Nous offrons le meilleur vers la vie nouvelle”.
Pauvreté, certes, mais pas misère. Il est vrai que le climat y est pour quelquechose.
“P’tit Louis” comme appellent les Brésiliens le Président da Silva, n’a pas de chance . Ancien dirigeant syndical, chef du Parti des Travailleurs, son élection, en octobre 2002, rappelait celle du socialiste S.Allende 30 ans plus tôt, ou celles d’H.Chavez au Venezueal et de l’Equatorien L.Gutierez , il y a sept ans. Autant d’indications pour les tenants de la mondialisation en Amérique latine, que la fête semble bien terminée, au grand dam de l’Oncle Sam.
Il a du pain sur la planche, Luiz Inacio da Silva, avec ce pays, dizième puissance industrielle mondiale, où 1% de la population possède encore plus de la moitié des richesses naturelles ( café, sucre, cacao, soja, sans parler de l’acajou dont la folie fait disparaître chaque année 15.000Km2 de forêt amazonienne, le poumon de la planète).
Lula, le président mythique d’une superpuissance fragile, s’est engagé à “Fome zero “ ( à manger pour tout le monde ) et à “ Bolso familia “ ( contre la pauvreté et pour la fréquentation scolaire). Il avait dénoncé les magouilleurs lors de son investiture, et voilà que la corruption vient gangréner son propre parti.
Simple, chaleureux et toujours ouvert à l’écoute des plus petits, il avait décidé d’interdire la vente d’armes ( 100 personnes sont tuées chaque jour ), mais, démocrate dans l’âme, de subordonner l’adoption d’une loi dans ce sens à un réferendum. Patratas ! Plus de 60% des Brésiliens ont voté contre l’abolition.
Lucide, il a trouvé dans les méthodes américaines certains bienfaits du libre échange, la seule solution, d’après lui, pour inciter les gens à investir et partant , à créer des emplois. Il a signé des traités économiques avec la Chine, la Russie et l’Afrique du Sud pour contrebalancer le poids du grand frère américain du nord. Il fait tout pour se débarrasser de la paperasserie administrative. En un mot il agit sur tous les plans, mais le bon peuple s’impatiente : les résultats se font attendre. . . . . . .


A chaque fois qu’on quitte le Brésil, c’est une sorte de “ saudade” qui vous serre le coeur. Peut-être est-ce aussi en cette fin novembre parce qu’on quitte le printemps pour affronter l’hiver du septentrion. Bernie

Curitiba , la ville idéale

Ma dernière visite dans cette ville brésilienne du Parana, perchée à mille mètres d’altitude remontait à plus de trente-cinq ans. Je ne la reconnais pas .
Les Indiens l’avaient nommée “ Beaucoup de Pins “. Les conquérants portugais l’appelèrent “ Notre Dame de la Lumière des Pins”, mais au XVIII°s. elle retrouva son nom original.
A la fin du XIX°s. c’est par milliers qu’affluèrent immigrants nippons, suisses, français et à leur suite Libanais, Russes, Hollandais et bien sûr Chinois, qui tous cohabitent pacifiquement. On est loin de la violence de Sao Paulo ou de Rio.
Quand je l’ai découverte en 1970 les transports publics étaient de bruyants tramways et la saleté était omniprésente.
En ce mois de novembre 2005, début du printemps austral, la cité de trois millions d’habitants est une merveille d’organisation et nos Ministres de la Ville devraient venir y prendre de la graine.
Tout est propre comme en Suisse et fluide comme à Oslo, à commencer par un système de bus (dont des véhicules dits “express”, à trois voitures qui peuvent prendre plus de 200 voyageurs et ne s’arrêtent que toutes les dix stations) qui bénéficient de vraies voies rapides sans le moindre encombrement. Je n’ai jamais attendu un bus plus de deux minutes. Il y a en outre 150 km de voies cyclables où la sécurité est totale.
Les services sociaux appelés “ Phares du Savoir” sont tous de proximité qui gèrent vraiment les problèmes quotidiens, notamment par un service médical gratuit ouvert 24H sur 24 avec médecin généraliste, pédiatre, gynéco, pharmacien , dentiste, etc . On m’a dit qu’il y avait plus de 300 crèches. Ces “ Phares du Savoir” offrent en outre à tous les jeunes de 14 à 17 ans qui le souhaitent une formation professionnelle gratuite, tous les soirs après l’école, de 18h à 21 h.
Curitiba plairait à nos écologistes : chaque habitant qui apporte au centre municipal de son quartier 4 Kg d’ordures ménagères triées reçoit 4 kg de légumes frais plus un ticket de bus. S’il ne veut pas des légumes, on lui offre un billet de théâtre.
Quant aux espaces verts, ils se répartissent dans une trentaine de parcs où on ne déplore jamais la moindre dégradation.. Mais je n’ai point trouvé M. le Consul à Curitiba.
Un vrai modèle à imiter. Bernie

2005 Ano do Brasil na França
Le Brésil a retrouvé la démocratie en 1985 le jour où fut élu le 1er président civil.
Pas de chance : Tancrède Neves est mort avant d’entrer en fonction.
Son successeur, José Sarney, qui démocratise l’élection présidentielle, puis Fernando Collo de Mello n’arrivent pas à stabiliser la dette extérieure. Pour exorciser l’inflation la monnaie change de nom, d’abord Crozado, puis Real il y a dix ans. Décidément victime d’un destin délétère le Brésil, sous Fernando Henrique Cardoso , est confronté à une sécheresse qui dévaste le Nordest.
Aujourd’hui le Brésil est dirigé par “ Petit Louis “, en portugais “Lula “. C’est l’enfant d’une famille modeste qui dut fuir la misère du Nordest. Il a 60 ans et six frères et soeurs. Il n’avait pas 12 ans quand Lula aidait déjà sa famille à vivre en gagnant quelques sous comme cireur de chaussures ou marchand de bonbons dans les rues. A 14 ans il devient ouvrier et conscient du sort affreux des plus démunis. A 15 ans il entre dans le syndicalisme. Ses talents de tribun l’envoient en prison.
A 35 ans il crée le Parti des Travailleurs et après deux tentations ratées à peu de voix près, il est élu en octobre 2002.
L’Afrique eut son Mandela, Le Brésil a son Louis Ignace do Silva dit Lula
B e r n i e .


VENEZUELA
( = “la petite Venise”)
antichambre de l’Amérique du sud, à 7.600 Km de Paris

C’est ainsi qu’en l’an 1498 les explorateurs espagnols nommèrent cette terre, lorsqu’ils découvrirent que les habitations des Indiens étaient perchées sur pilotis
La langue est l’espagnol et la religion, à 97% , catholique romaine.

Situé à la latitude (nord) de 10° le Venezuela s’étendrait entre Dakar et l’Equateur. La longitude ( ouest) de CARACAS, la capitale, (66°) est celle de Québec. La bonne saison pour une visite s’étend du 1er décembre au 31 mars.Autrement c’est la saison des pluies.

Classer le Venezuela tient de la gageure : il suffit de se rendre de l’aéroport Simon Bolivar à Maiquetia jusqu’au centre de la ville pour en 40 minutes cotoyer toute la palette des situations sociales. Lors de ma dernière visite, c’est une belle Américaine qui me servit de taxi - une de ces limousines rutilantes des années 50 comme on en trouve encore à La Havane ou à Istanbul. Les tunnels que l’on a percés à prix d’or (probablement le cm le plus cher du monde) traversent les montagnes environnantes dont les flancs sont couverts d’affreux bidonvilles. Regardez de plus près et vous verrez qu’il y a cependant une antenne de télé presque sur chaque toit de tôle.

Dès l’abord de la ville les gratte-ciel ultra-modernes se multiplient, enserrant des artères routières où , se frayant un chemin entre les véhicules , abondent les petits marchands de cassettes, de tee-shirts et de boissons fraîches.

CARACAS, comme le reste du Venezuela a eu ses “ 10 glorieuses “ de 1973 à 83. En une nuit, le prix du pétrole, en ce mois de novembre 1973, a quadruplé et enrichi tant de Vénézuéliens que leurs voisins envieux de Colombie, du Brésil et de Guyane ont sunommé le pays : “ Saoudi Venezuela”. Une décennie plus tard, avec la baisse du pétrole, c’était le crash. Mais riche ou pauvre, la Caracas de cette fin de siècle reste le lieu le plus américanisé d’ Amérique du sud , avec 80% de sa population, au dessous de 20 ans , accro de baseball, de fast food , de feuilletons télévisés hollywoodiens et de M T V .

A une journée de bus pourtant, vous trouvez le pays tel que l’a laissé le XIX° s., tant dans les Andes de Merida , les villages de pêcheurs de la côte caraïbe que dans les comptoirs, type far west, de la jungle amazonienne. Mais même si les cowboys locaux qui habitent les “ranches” des Llanos, vivent la même vie que leurs ancêtres, leurs “hatos” sont souvent surmontés de paraboles - satellites.
Ce mélange de haute technologie et de traditions, perceptible dans tout le pays, ne doit pas faire croire au visiteur étranger que tout marche bien et vite. L’esprit de procrastination, le “ manana “ fait du temps et de l’heure un concept fort élastique : les transports publics sont toujours en retard, les correspondances laissent à désirer. Quant aux rendez-vous, neuf fois sur dix, ils ne se matérialisent pas. Mais tout cela participe du génie du Venezuela.

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1 / Ce qu’il faut voir au Venezuela :
Si on met à part les basses terres de Maracaïbo qui n’ont d’intérêt que pour les professionels du pétrole et de l’industrie annexe, quatre pôles d’attraction méritent le déplacement : Caracas
les vastes plaines des Llanos et leurs ranches (hatos)
le monde perdu de Bolivar avec Canaima
et la perle des Caraïbes : l’archipel des Los Roques

C A R A C A S ( 4 millions)
La capitale dispose de 5 hôtels de haut standing dont le Tamanaco de la chaîne InterContinental, situé sur l’Avenida Principal de Las Mercedes dont la situation géographique, au sommet d’une colline, offre une vue magnifique, et à proximité, le plus grand complexe commercial du continent ( C C C T = Central Comercial Ciudad Tamanaco ).
C’est le conquistador Denis de Losad qui le 25 juillet 1567 fonda la capitale actuelle dans le hameau agricole des farouches Indiens de la tribu Caraca. St Jacques de Leon de Caracas, comme elle s’appelait au XVIII° s., n’a pas l’impact culturel de Lima, de Quito ou de Potosi. Il y a moins d’un siècle la capitale était encore une modeste cité aux arbres nombeux où les maisons chaulées de plain pied émaillaient les champs des agriculteurs. Hormis le paludisme, un tremblement de terre occasionnel ou une razzia de pirates, rien n’est venu secouer la torpeur du début de ce siècle. La seule structure visible, à des kilomètres à la ronde, était alors la cathédrale.
En 1955 Caracas avait un million d’habitants. C’est en 1960 que les gratte-ciel cachèrent le clocher de la cathédrale. Depuis 30 ans la population a quadruplé, ce qui explique la fréquente pénurie d’eau , les embouteillages automobiles inénarrables et la mauvaise qualité des P.T.T.
Une exception vient confirmer la règle : le métro , construit par la France et inauguré il y a dix ans, après douze mois de campagne éducative à l’adresse des Caraquenos: “ Attention ! Toute bousculade, graffiti , cris seront sévèrement punis.E t rappelez-vous qu’il est interdit de manger, boire, etc... dans le métro “. Si vous l’empruntez, vous noterez que se déplacer sous terre est un délice par rapport aux transports de surface.
Le chaos et la pollution sont tels dans les rues qu’à l’instar d’Athènes, Caracas a institué le “ dia de parada “. Selon que votre plaque d’immatriculation porte un numéro pair ou impair, il y a un jour dans la semaine où vous êtes interdit de circulation. Mais comme les Athéniens, les Caraquenos ont trouvé la parade au “parada”: ils achètent une seconde voiture au numéro différent.
Et la population augmente sans arrêt, grossissant notamment des immigrants péruviens, équadoriens ou colombiens pour qui un visa, vrai ou faux, est plus facile à obtenir au consulat vénézuélien qu’au consulat des U.S.A.
Même si vous voyez les entrées d’immeubles occupées, la nuit, par des sans-abri, la pauvreté est moins visible qu’à Rio ou à New York et les mendiants plus rares.
Ce qui m’a frappé à Caracas, c’est l’esprit d’entreprise de tout ce petit peuple. Combien de secrétaires vendent des cosmétiques hors des heures de bureau;





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combien de cadres de banque possèdent des magasins de vêtements, combien de coiffeurs sont agents immobilers le soir et le week-end !

L’itinéraire touristique comprend :
- la Plaza Bolivar, avec la cathédrale, ses pigeons et ses écureuils, l’archevêché, le Conseil Municipal, le Capitole et la Casa Amarilla ( leur Quai d’Orsay),
- Sabana Grande, boulevard pietonnier de 2 km, et son Gran Café où le gotha vénézuélien refait le monde chaque matin;
- Quinta Anauco, une superbe hacienda de l’époque du café, rénovée, sur l’Avenida Pantéon ( San Bernardino);
- Parque Central ( 44 étages) où se trouve Corpoturismo ( Office de Tourisme).

C A N A I M A
En 1885 le romancier Sir Arthur Conan Doyle assistait à Londres à une série de conférences données par le botaniste Everard Im Thuru, le premier homme à avoir escaladé le Mt Roraima dans l’état vénézuélien de Gran Sabana, inconnu du monde européen. En 1912 l’inventeur de Sherlock Holmes publie “ Le Monde Perdu “ et décrit un haut plateau sud-américain semblable au Mt Roraima, peuplé de dinosaures géants et de singes coupés de l’évolution des espèces ( “le chaînon manquant”). Depuis cette publication, la région ( 500.000 Km2) s’appelle “El Mondo Perdido “. C’est le bouclier guyanais, formé de massifs ( “tepuis” en indien local), vieux de près de 2 milliards d’années, qui s’élèvent à 1.500 mètres au dessus de la forêt tropicale. On y trouve des lichens, des mousses et des centaines de variétés d’orchidées qui rappellent la flore des Galapagos. Quant à la faune, hormis certains insectes typiques de chaque “ tepui”, vous rencontrerez des Indiens Pemon, peu de colons espagnols, beaucoup de jeunes militaires en raison des frontières proches de la Guyane et du Brésil, quelques mineurs , des intellos ratés de Caracas et des touristes étrangers ébaubis. L’ambiance est presque mystique. En général on va de Caracas à Ciudad Bolivar en jet, puis en DC 3 de C.B. à Canaima. C’est dans les parages ( El Dorado ) qu’a été repris notre Papillon après son évasion de l’ Ile du Diable.
Canaima a été créée en 1955 comme base de services pour les touristes se rendant au Parc National ( 3 millions d’ha ). Le site est superbe avec le Rio Carrao qui s’élargit en un lagon ourlé d’une plage de sable rose, plantée de palmiers.
C’est à proximité que se trouvent les chutes les plus hautes du monde ( 972 mètres, c’est à dire 15 fois plus hautes que celles de Niagara) découvertes par hasard par un jeune pilote, originaire du Missouri, en chômage à Panama City. Un ingénieur mexicain lui avait demandé de noliser son monoplan Flamingo pour $5.000 pour l’emmener sur l’un des “tepuis” de Gran Sabana à 1.000 m. d’altitude pour chercher de l’or. En trois jours ils avaient amassé 336 Kg d’or et s’ arrêtèrent de chercher pour ne pas surcharger l’avion. L’avion, le “ El Rio Coroni”, est exposé près de l’aéroport de Ciudad Bolivar, et le pilote à la pige s’appelait Jimmy ANGEL, d’où le nom des chutes.
Canaima attire de plus en plus de touristes. Les autochtones offrent tous le “bed & breakfast”, mais le “bed” est presque toujours un hamac. Parmi les “lodges” hôteliers, le “ AVENSA” est un camp de luxe. C’est là que les amateurs achètent or et diamant en direct des inventeurs.






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LOS LLANOS (300.000 Km2)

C’est comme la pampa en Argentine ou l’Outback en Australie, si vous étiez à la Convention de Melbourne en 1993. C’est devenu la grande plaine à bétail au XIX°s. Et bien que déclinant, ce l’est resté. Les Llanos représentent un tiers de la superficie du pays, mais jamais je n’ai rencontré à Caracas un Venezuelien qui voudrait aller y vivre. Très peu de routes goudronées, les villes sont en état de léthargie et poussièreuses. Mais c’est à voir car les “ llaneros” (vachers) font partie de la mythologie, et la faune est variée : oiseaux inconnus ailleurs, crocodiles, jaguars, chauves-souris, marsouins d’eau douce, pumas.
C’est en 1548 que 11 familles espagnoles installèrent le premier ranch ( hato ). En 1920 lorsque Rockefeller découvrit le pétrole sur la côte, les Llanos passèrent aux oubliettes et ce jusqu’au moment où vers 1983 le prix du pétrole baissa.
De mai à novembre ( invierno) los llanos ressemblent à une mer intérieure; de décembre à avril ( verano) c’est presque le désert. Au delà de San Fernando, il n’y a pas d’hôtels, mais certains ranches, tels que Hato Pinero, se sont adaptés au tourisme international. Même si la chaleur s’avère accablante, et que l’aquatropisme vous démange, ne vous baignez pas, les eaux abondent en piranhas et anguilles électriques.



L A S R O Q U E S

“ C’est le paradis sur terre ! “ s’exclama Christophe Colomb en abordant l’archipel à 128 Km au nord de Guaira. Les 60 îles ( cayos ) offrent les plus belles plages du pays. Et ce n’est pas surprenant, on y trouve encore la nature à l’état pur et le calme total.

Le sable blanc affleure tout juste l’eau turquoise. Iguanes, lézards, tortrues marines, ibis , frégates et hérons abondent.

Plongez à deux mètres et la gente ichtyologique vous émerveille. Mollusques, éponges et coraux sont à portée de main. Un baracuda occasionnel à portée de fusil.

La seule île habitée en permanence est Gran Roque ( 3 km sur 1 km ). Une piste en dur permet de ravitailler les 150 familles de pêcheurs par tout temps. Les spécialités culinaires du lieu sont le “ sancocho de pescado “ et le consommé de “chipi chipi “ dont l’ingrédient principal est des petites palourdes dites aphrodisiaques.


B E R N I E

Cuba à deux vitesseS
(ou 40 ans de paradis infernal)

Lors de notre première visite dans cette île caraïbe,de la taille de la Bulgarie,en février 1980,il nous avait fallu frapper à la vitre de ce qui s’appelait l ’aérogare pour que l’on nous ouvre la porte. Les touristes se faisaient rares. En l’absence de vols au départ de Paris, nous avions même dû passer par Prague . Douaniers et policiers étaient hautains et nous avions dû changer notre argent convertible en roupie de sansonnet, le péso cubain. C’était pire que Sparte, pourtant sous les tropiques, et la morgue soviétique déteignait sur le visage des fonctionnaires.

Quand en janvier 1990 notre avion des Cubana Airlines, cette fois en provenance d’Orly, atterrit à la Havane, l’ambiance avait changé. Le hall de l’aérogare était trop petit pour contenir la foule des arrivants. Les fonctionnaires arboraient un sourire engageant. Le mur de Berlin tombé et ses espoirs d’exportation sucrière évanouis, Fidel mettait le paquet en faveur du tourisme “ capitaliste “ et semblait faire contre mauvaise fortune bon coeur. Plus de Soviétiques à l’horizon, mais beaucoup d’Européens , des Canadiens , et même des Américains qui, contrevenant aux ordres de leur gouvernement, étaient allés prendre l’avion à Toronto ou Montréal, puisque aucun vol n’était autorisé au départ des Etats Unis. Le policier cubain , bon enfant , au moment d’apposer son cachet sur le passeport du “ gringo “ , intercalait prestement une feuille de papier entre le passeport et son cachet avec un clin d’oeil au porteur. Il avait rempli son office et pourtant il n’avait laissé aucune trace suspecte sur le passeport, évitant ainsi au voyageur désobéissant et “ téméraire” les foudres de l’immigration américaine lors du retour aux USA. A l’aéroport tout avait été repeint et il y avait même des boissons fraîches au bar. C’est que tarie l’exportation de sucre vers les pays-frères du monde socialiste, le touriste était devenu la manne bénie, et indispensable, qui tombait du ciel. Il fallait le choyer . Averti, je n’avais changé que dix dollars en pesos, le minimum légal, et bien m’en prit. En effet, hormis les timbres de la poste, c’est en dollars qu’il nous avait fallu régler toutes nos dépenses.

En cet hiver 2000, les contrôles habituels m’ont paru inexistants, même si , m’a-t-on dit, la police reste omniprésente. Le Cubain se méfie de tout compatriote qu’il ne connaît pas. Il paraît qu’une personne sur deux fait partie des R.G., un peu comme dans l’ancienne RDA avec la stasi. Ma première surprise fut la découverte de supermarchés bien approvisionnés; ce qui n’était pas le cas une décennie plus tôt . Même en chocolat suisse, denrées biologiques et cigarettes américaines. De plus les vendeuses parlent anglais en plus de l’espagnol. Sommes-nous vraiment à Cuba ? C’est que d’une part il paraît que la loi Helms-Burton, une trouvaille du Congrés américain, a été assouplie. Les Américains qui prétendent gérer la planète depuis la disparition de l’ URSS ont voté cette loi leur permettant de poursuivre en justice les entreprises étrangères qui oseraient investir à Cuba ! La seule implantation par exemple d’hôtels du groupe Accor ( Novotel, Coralis,etc. )à La Havane ou sur la plage de Varadero, ou de la chaîne espagnole Sol Melia a provoqué des remous arrogants à Washington. L’Oncle Sam a toujours eu deux sortes de réactions à l’endroit de ses anciens “ennemis” Ou bien ceux-ci sont vaincus et font amende honorable ( c’est le cas de l’Allemagne, du Japon et de l’ URSS) et la mansuétude américaine n’a alors aucune limite. Des faveurs multiples choieront les anciens adversaires dans une ambiance de paternalisme impertinent. Ou bien l’adversaire résiste et ne met pas les pouces: alors Big Brother vexé use de toutes les brimades ( c’est le cas du VietNam et de Cuba ).

Une autre raison : Fidel, fils d’un riche planteur et ancien élève des Jésuites, a légalisé le billet vert. Et c’est justement cette monnaie qui met Cuba à deux vitesses, au point qu’on entend parler d’apartheid. Avec le dollar, vous pouvez tout acheter, vraiment tout ! Le hic c’est que, hormis les aparatchiks, les possesseurs de dollars ne représentent qu’une infime partie de la population: ceux qui reçoivent de l’argent de leur famille réfugiée en Floride et ceux qui travaillent dans le tourisme et côtoient les étrangers . Le marché noir fait florès, mais le Cubain moyen, devant cette corne d’abondance, n’a que le plaisir des yeux. CUBA, après quarante ans de révolution et trente-huit ans d’embargo économique , serait-elle redevenue, comme au bon temps de l’infâme Fulgencio Batista, la cour de récréation des Etats-Unis ? Les yachts battant pavillon “Stars and Stripes” sont revenus dans le port de La Havane. Ils y sont fort courtisés. A ma question un propriétaire mouillant dans la Marina Hemingway m’a dit qu’il était de Puerto Rico, donc citoyen américain. Il avait seulement détourné la loi en passant par Kingston en Jamaïque .

A l’entendre , Fidel Castro, économie mise à part, malgré ses 74 ans, ne fléchit pas . C’est “ La Révolution ou la mort “ , comme le proclament, en lettres rubicondes, affiches murales et calicots. Il est d’autant moins enclin à céder que , depuis trois ans, il a remporté de multiples victoires diplomatiques : la visite de Jean-Paul II en janvier 98 qui n’a pas hésité à fustiger depuis La Havane l’embargo américain , et la réception affectueuse que le Pape lui a réservée au Vatican; la visite de Jean Chrétien l’assurant de l’appui total du Canada; la visite d’une délégation du CNPF l’assurant du soutien de la France, et pour couronner le tout, pesons nos mots, celle du roi d’Espagne , Juan Carlos , l’an passé. Au point que l’intégration de Cuba parmi les pays de la Caraïbe progresse à grands pas au grand dam des Républicains américains.

L’autre face de la médaille est affligeante. La pauvreté endémique de la majorité de la population crée un hiatus abyssal. Le mobile vulgus a du mal à trouver au magasin du coin des jouets en carton pour le Noël des “ chicos “, ou des couverts tout simples , même rouillés, alors que de rutilantes Nissan, flambant neuf , emmènent les touristes étrangers dans des hôtels restaurés à grands frais où chaque chambre, dotée du confort moderne , est entre autres équippée d’un récepteur de télé Sony captant CNN et TV5.

Le résultat est que , à l’instar des retraités moscovites qui croupissent dans l’indigence, les Cubains ont la nostalgie des “ belles années” passées sous le régime du frère soviétique. “ Au moins, en ce temps-là, tout le monde mangeait à sa faim, avait du travail et le droit aux soins médicaux du berceau à la tombe “ entend-on répété. Le fait est que la pauvreté supportée à égalité est moins cruelle .

Il faut accorder trois bons points à la Révolution castriste : l’égalité entre ceux qui n’appartenaient pas à l’establishment, l’éducation et la santé . Avant que Castro ne prenne le pouvoir, des millions de Cubains vivaient dans le dénuement et la disette. L’illétrisme touchait 80% de la population et la santé était en cachexie. Avec Fidel la scolarisation est passée de 15% à 76% et les facultés de médecine ont produit des milliers de praticiens de qualité , dont bon nombre ont été envoyés dans les pays frères sous-développés. On ne peut se faire une idée objective de ces succès qu’en comparant Cuba au reste de l’Amérique latine .



Dans toutes les rues on peut voir les “ belles américaines”, Chrysler, Buick et autres Studebaker, datant des années ‘50. Une fois par semaine les propriétaires les sortent du garage , en les poussant, les lavent , les astiquent, puis les poussant derechef, les rentrent pour huit jours . . . car ils n’ont pas d’essence. Cette pénurie de carburant fait que , souvent, à la Havane ou dans les autres villes, les nuits sont noires faute d’électricité. Mais je n’ai pas remarqué une seule panne dans les hôtels, boites de nuit et restaurants où l’on paye en dollars. Il y a vraiment quelquechose de pourri au Royaume de danMarx !

Une amie de rencontre, Rolanda, professeur de physique à l’Université, m’a avoué qu’elle ne désespère pas. Que Cuba peut réunir le meilleur des deux systèmes: les avantages du socialisme et les richesses de la libre entreprise. Elle est persuadée que Cuba a tout pour réussir où la Russie actuelle, que ce soit celle de Yeltsine ou celle de (Ras)Poutine, a échoué. “ Il nous suffirait de privatiser tout ce qui n’est pas la police et l’armée. On en a assez des “ -isms” ! Même si c’est à contrecoeur, on le sent, elle laisserait bien parfois l’Utopie marxiste glisser vers le diable capitaliste .

Le territoire est vaste ( 110.000 km2), la population ( 11 millions) est instruite et sait travailler. Malheureusement Castro a converti trop de terres arables à la culture de la canne, à l’époque où Moscou lui achetait son sucre à trois fois le prix moyen mondial.Quant à la fonctionarisation de la population, elle n’a eu comme conséquence que de la démobiliser.


Pour l’heure, Rolanda, lorsqu’elle a épuisé l’allocation mensuelle de riz ( 3 Kg), consommée en quatre jours, ou bien vend les vielles bottines de sa grandmère pour acheter des pommes de terre , ou bien va , à la campagne , glaner ce qui peut rester de bon dans les récoltes qui ont pourri sur pied. Elle se déplace à bicyclette ou dans l’arrière d’un camion poussif qui sert d’autobus. Le savon, le papier-toilette, le papier tout court , sont pour elle des réalités du passé .

A cinquante kilomètres au sud-est de la Capitale, nous sommes allés dans une ferme que possède un ami de Rolanda. Paco, outre ses obligations en canne à sucre, produit arachides, pommes de terre, café et patates douces. De plus ses trente-cinq hectares lui permettent d’élever porcs et moutons. Il ne se plaint pas et comme tout vrai paysan ne fait confiance qu’à lui-même et au ciel. N’utilisant ni engrais, ni pesticides, il y a pénurie à Cuba, il vend ses produits biologiques au supermarché de la ville où l’on paye en dollars. Mais lui est payé en pesos. “ J’en ai assez d’entendre geindre mes compatriotes, qui attendent tout de l’Etat !”. Paco, sur l’invitation de Rolanda qui avait sollicité de l’oeil mon acquiescement, est venu avec nous passer la soirée chez un autre ami de la Cubaine. Tous deux m’ont suggéré de garer la voiture de location dans une rue adjacente. Steak, langouste, cocktails et vins nous régalèrent. C’est que Rafaël, en tant qu’ingénieur diplômé , n’a pas le droit d’ouvrir un restaurant. Aussi uitilise-t-il une des deux pièces de son rez-de-chaussée comme débit de boissons. Il a des enfants et un besoin impérieux de dollars pour leur assurer une vie décente. La note, pour nous trois, s’est montée à $16. Une vétille pour moi, mais une fortune pour Rafaël. Malheur à lui, cependant, si un voisin, curieux et jaloux, le dénonce. J’ai alors compris pourquoi les autres tenaient à ce que la voiture soit garée à distance .




Une remarque: en deux semaines, je n’ai pas entendu un seul de mes divers interlocuteurs prononcer le nom de Fidel Castro. Tous , pour le nommer, se contentaient de se caresser une barbe inexistante .

En rentrant à La Havane Rolanda s’est confiée: “ Tu sais, dit-elle, que ce soit Paco ou Rafaël, tous deux regrettent la situation actuelle. Ils profitent des dollars car ils pensent que le Gouvernement les a trompés. Tous deux étaient de familles riches avant la Révolution et pourtant malgré leurs pertes, ils avouent avoir grandi moralement.

Quelques jours dans l’immense et somptueuse station balnéaire de Varadero, avec son aéroport international où atterrissent plus de dix compagnies aériennes canadienne et européennes dont AOM en provenance d’Orly, n’ont fait que confirmer mon impression générale sur l’importance du dollar dans cet avant-dernier bastion marxiste qui pactise avec le diable.

Les Cubains, hommes ou femmes, feraient n’importe quoi pour travailler dans l’un des quatre-vingts hôtels de Varadero. Le seul contact, licite en ce lieu, avec les touristes signifie dollars , donc vie facile. Et si les quadragénaires et plus âgés ont encore quelque respect pour la moralité , ici les jeunes de 20 à 35 ans placent le gain sous forme de billet vert en priorité. C’est chacun pour soi .

Une autre remarque : les Cubains de l’île nourrissent une haine viscérale pour leurs compatriotes réfugiés aux USA, crainte avivée ces derniers temps par les gesticulations de “ Little Havana “ à Miami, qui firent tout, mais en vain , pour garder aux USA le jeune Cubain rescapé des flots, au lieu de le laisser rejoindre son père au pays.

Castro sait utiliser ce nationalisme farouche pour faire de Washington le bouc émissaire des malheurs de son peuple. On peut dire que si Cuba va à vau l’eau, Castro, lui , reste “Fidel “ à son image de David face à Goliath. Serait-il damné, il restera le Parrain du peuple cubain.

A la différence des Russes qui n’ont jamais connu avant B.Yeltsine la démocratie, ou le capitalisme , de toute leur longue histoire, les Cubains, eux, savent ce qu’est le capitalisme débridé, et c’est en connaîssance de cause qu’ils n’en veulent plus. Ils verront bien, disent-ils, quand le Lider maximal mourra. Pour l’heure, c’est Cubassic Park , où les dynosaures font la loi.

Rien que pour la beauté de l’île, l’extraordinaire gentillesse de la population, l’absence de pollution et de cette sorte de misère que l’on trouve fréquemment en Afrique ou en Inde, la blancheur du sable à l’ ombre des cocotiers, le prix raisonnable d’un séjour et des services, la qualité des cigares, la sécurité et le climat, tout vous suggère d’imiter les deux millions annuels de visiteurs. ((((((((((((((Savez-vous que c’est à Cuba que l’on fait le meilleur cacao ? Je l’ignorais )))))))))))).Ce n’est bien sûr pas la destination idoine pour qui souffre d’un embarras castrique.

B e r n i e 27. 2. 12K

PANAMA
Avez-vous jamais regardé de près la carte du Canal de Panama ? Si oui, avez-vous noté que,fort curieusement,l’entrée Atlantique du chenal se situe nettement à l’ ouest et non à l’est de l’entrée Pacifique? Bonne question pour un champion.
En ce mois d’octobre 97, la circulation est intense dans le Canal. Notre cargo est le 10.183ème bâtiment à effectuer les 78 Km qui séparent Colon sur la mer Caraïbe de Balboa à l’autre bout, via les trois doubles écluses de Gastun, Miguel et Miraflores.
La Cie de navigation a dû payer 30.000 Frs de péage. C’est le tarif pour notre tonnage.”Et c’est une bonne affaire en fin de compte, précise le commissaire de bord, en comparaison de ce qu’auraient coûté les 12.000 Km imposés par le contournement du Cap Horn, sans compter le temps gagné.
Les Panaméens, dès que vous ouvrez la conversation, ont cet automne un sujet de conversation et deux noms de personnalités à la bouche :
* Hilary Clinton en vacances quelques jours dans la zone du Canal et
* Gustave Gorriti, un journaliste péruvien, réfugié à Panama depuis que le Président Fujimori a décidé de le liquider, appelons un chat un chat, pour le punir d’un reportage trop honnête. On dirait que du fond de sa prison de Floride, l’ex-dictateur Noriega a toujours son mot à dire dans les décisions panaméennes.
Gorriti, fort d’un visa de travail en bonne et due forme, travaille comme rédacteur en chef de la “ Prensa”, ce qui semble déranger les gouvernants de la république bananière, au point qu’il a reçu notification d’une expulsion imminente. Tous les pays démocratiques de la terre devraient s’insurger devant un tel acte. C’est ce que fait le Panaméen de la rue avec courage. Agé de 48 ans, père de deux fillettes, Gorriti, même s’il craint pour sa famille, n’a pas froid aux yeux: karatéka, haltérophile, ancien commando de Tsahal, il en a vu d’autres. Mais après avoir, dans ses colonnes, dénoncé les agissements frauduleux du Président péruvien, le voilà qu’il donne la preuve que le Président Balladores de Panama a été aidé, lors des dernières élections, par l’argent de la drogue colombienne. C’est trop pour un seul homme: il est encore trop de pays dans le monde où la vérité n’est pas bonne à dire.
* Quant au sujet de conversation, c’est le retour de la Zone du Canal à la souveraineté de Panama. Une rétrocession qui doit avoir lieu le 31 décembre 1999 à 18h ( heure française). Or voilà que les “colonisés” ne veulent pas que les colons ( américains) s’en aillent. C’est nouveau ! Précisons bien qu’il s’agit des “ Colonisés”, c’est à dire des Panaméens qui vivent et travaillent dans la Zone du Canal, avec un salaire cinq fois supérieur à celui en vigueur dans le reste du pays.
En effet le Panaméen hors Zone, pourrait-on dire, attend avec impatience la fin du siècle. Le cadeau de Jour de l’ An 2000, ce sera pour Panama la poule aux oeufs d’or, sous la forme de trois milliards de francs de péage qui tomberont, chaque année, dans l’escarcelle du pays.
Le Commandant de notre cargo semble pessimiste, lui qui depuis une décennie transite par le Canal dans son tour du monde triannuel : “ Avec les Américains, au moins, on est sûr du bon fonctionnement, mais quelle sécurité assurera une gestion panaméenne? Il est déjà question d’une forte hausse des péages pour janvier 2000.”
J’ai pu voir nombre d’immeubles nouvellement construits par les Américains et les Asiatiques. La Banque de Chine a pignon sur rue avec ses lions traditionnels et des gardes bien armés à l’ entrée .
Mais d’investissement européen, il n’y en a point !
Les Français souffriraient-ils encore de la déconfiture frauduleuse de Ferdinand de Lesseps, il y a un siècle ? Bernie
Panama, octobre 1997



Deux mots d’ histoire sur la Isla Hispanola



3 août 1492 Parti de Palos en Espagne, C.Colomb fait voile , avec 3 caravelles (Santa Maria, Pinta, Nina) vers l’Inde et la Chine en traversant l’Atlantique.
Vers la mi-octobre, il est persuadé qu’il arrive en Asie. Il découvre un volatile, inconnu en Europe, qu’il nomme incontinent “ gallina de India” (= poule d’Inde) que nous appelerons tout simplement “ d’ Inde “ , puis écrirons “ dinde “. En fait il est aux
Bahamas. Longeant les côtes de Cuba, il échoue le 6 décembre sur une autre île
vaste qu’il nomme “ la Isla Hispanola “. Séduit par la beauté du site et l’or qu’il
découvre dans un “ rio”, il fonde la 1ère colonie espagnole de l’hémisphère américain.
24 déc 1492 : Fondation du Fort de la Nativité, actuellement Monte Cristi sur la côte NO
6 fév.1493 : Colomb repart pour l’Espagne en laissant une 40aine de soldats sur place.
16 oct. : Colomb revient avec 1.500 hommes, des bovins, des semences et des plants de canne à sucre. Le fort et ses soldats ont disparu.Il faut punir les “sauvages”.
En nov. il fonde la 1ère ville d’Amérique entre Monte Cristi et Puerto Plata et la baptise “La Isabela” du nom de la soeur d’Henri IV, roi de Castille, épouse de Ferdinand d’Aragon.
En 1496 le petit frère de Christophe, Bartholomé Colomb fonde Santo Domingo qui devient capitale et l’est toujours.
C’est le début du “ triangle esclavagiste “ : l ‘ Afrique où l’on prend les esclaves, les Caraïbes où l’on produit le rhum et l ‘ ’Europe qui organise tout et s’enrichit.
Dès 1515 l’ Hispanola compte plus de 30.000 esclaves africains auquels viendront s’ajouter des esclaves indiens du Mexique et d’autres îles.


Une thèse fort plausible

Le corps de C.Colomb, mort en Espagne le 20 mars 1506, est emmené par Dona Maria de Toledo, veuve de Diego, fils de Christophe, à Saint-Domingue. Il est alors placé sous le maître autel de la Cathédrale de Santo Domingo.
“ Baron Cristobal Colon, Amiral de l’Amérique”.
Le 6 octobre 1992, en présence du pape Jean-Paul II, a lieu le transfert solennel dans le “ Faro a Colon” un mausolée cruciforme en béton armé, édifié sur une colline au centre du parc Mirador del Este. Le phare fait 33 mètres de haut, mais le mausolée est, lui ,de marble blanc de Carrare et de bronze. Le coût aurait été de 250 millions de dollars, même si officiellement, on annonce une dépense de 135 millions de pesos (13,5 millions de US$).


En 1603 l’Espagne délaisse l’ouest de l’ île et s’implante fermement à l’ est autour de Santo Domingo. C’est alors que les flibustiers français prennent possession de ce qui deviendra Haïti.
En 1789 la Révolution française incite un certain Toussaint l’Ouverture à organiser la révolte des esclaves.
En 1802 Napoléon s’empare de Toussaint et le déporte en Europe.
Le 1er janv. 1804 est proclamée la République d’ Haîti.
En 1821 Les colons espagnols de Santo Domingo proclament leur indépendance.




En 1822 Les Haïtiens envahissent l’île pour 20 ans., et ce malgré la résistance clandestine d’un triumvirat dirigé par Jean-Paul Duarte, devenu depuis le plus grand héros national.
27 fév.1844 la colonie officialise son indépendance et devient République Dominicaine

1844-1916 C’est 60 années de troubles pendant lesquelles le “gendarme du monde” met en pratique la Doctrine Monroe, énoncée en 1823, qui fait de l’hémisphère américain une chasse gardée des Etats Unis .

1916-1924 Les “ Marines” envahissent la République Dominicaine et l’occupent militairement et économiquement.Les infrastructures (routes,enseignement) s’améliorent


1930 - 1961 Dictature du Général TRUJILLO . Sans commentaires autres qu’ un rappel
(la dictature étant “un homme en acier et tous les autres en tolle”) à savoir que contrairement à une dictature idéologique, notre Rafael Leonidas, à l’instar de Ceucescu ou de Sadam Hussein , a confondu le pays et ses biens personnels :
nombrilisme , népotisme , concussion dans le seul but de son enrichissement.
Il est assassiné le 30 mars 1961. A quoi lui sert la 10ème fortune du monde ?


1961 - 1966 Putsch militaire et présidences fugaces


1966 - 1997 C’est jusqu’à ce jour les 30 années de l’ère Juaquin BALAGUER avec
- un intermède Guzman ( 78 - 82 ) qui se suicide à la suite de la découverte de détournements de fonds publics,
- un intermède Blanco ( 82-86 ), condamné pour corruption.
L’autocrate Balaguer est un nonagénère aveugle qui semblait attendre opiniatrement les élections de 1998 pour se représenter , mais fin juin 1996
il a été battu , de justesse, par Octavio Antonio ( Tony ) FERNANDEZ ( 1,85 m.- 85 Kg) né le 30 juin 1962 à San Pedro de Macoris.C’est un juriste très lié aux Américains. Epouse Clara le 14 fév.84. Ils ont un fils : Joel Octavio.

La République Dominicaine en chiffres
Superficie : 48.730 Km2
Population : 8 millions
Croissance démographique annuelle : 1,98%
Indice de fécondité : 3,34
Mortalité infantile : 57 pour mille
Population urbaine : 60%
Nombre de médecins : 1, 08 pour mille
P.I.B. : 8.460 millions de US$
P.I.B. par habitant : 1.130 US$
(Pour info : Cuba 1.678 US$ , Haïti 300 US$)
Croissance économique annuelle : 3%
Taux d’inflation : 3, 3 %
Import : 2.475 millions de US$
Export : 550 millions de US$
Principaux clients : USA 62% , CEE 23% , Amérique latine 3,5 %

Ethno-sociologie
Comme au Brésil où les visiteurs superficiels découvrent que le racisme est inexistant, la République Dominicaine semble offrir un climat serein en la matière. En gros il y a 10% de Noirs ( descendants des esclaves africains), 16% de Blancs (originaires d’Europe ou des USA) et 74% de mulâtres et tous paraîssent vivre en bonne harmonie.
Cependant, économiquement, il est évident que les Blancs ont un niveau de vie de 10 à 100 fois supérieur à celui des Noirs, que très peu de Blancs souhaitent s’expatrier et que ceux qui rêvent d’émigrer ( illégalement dans 95% des cas et au rythme de 2.000 par mois ) vers Puerto Rico où le PIB par hab. est 10 fois plus élevé qu’à St Domingue, sont des Noirs ou des mulâtres foncés qui espèrent, en ultime étape, rejoindre les USA où le PIB est 25 fois le leur. Quoi qu’il en soit, le Smic ( 700 Frs) est rarement honoré.
50% des Dominicains ont moins de 14 ans.
95% de la population sont, par tradition, catholiques, ce qui n’empêche pas, dans les campagnes les plus reculées, de pratiquer le vaudou.
L’opposition politique n’a pas le droit au chapître. Seuls quelques intellectuels savent déjouer la censure par le biais de la littérature ( l’Université de St Thomas d’Aquin est un foyer actif), la musique et la danse, dont le “ meringue” est la forme la plus populaire.

Pratico-pratique
Si dans un moment d’aberration tout à fait compréhensible, il vous arrive de louer une voiture ( Hertz, Avis, Budget, Nelly) à 300 Frs par jour, sachez
- qu’il est déconseillé de dépasser le 60 Km/h
- que même assuré le loueur impose une franchise de 3.500 Frs
- que si vous êtes impliqué ( ou simplement témoin) ne serait-ce que dans un accrochage, vous pouvez vous retrouver au trou pour qq.heures, voire qq. jours,
- que les policiers ont parfois la fâcheuse habitude, comme au Sénégal, de vous
solliciter pour la soudure domestique, surtout en fin de mois.
Usez plutôt des taxis ( pour le moto-taxi, le casque est vivement recommandé) ou des “wawa” que vous pouvez arrêter n’importe où sur la route. Le confort y est spartiate, mais le bain initiatique en civilisation est inclus dans le prix ( modique).
L’auto-stop ( pour les hommes) est populaire, aisé et sûr, comme au Costa Rica et les autochtones sont d’une gentillesse qui vient à bout du plus blindé des coeurs.
A chaque paiement par Visa ou autres cartes, contrôlez toujours dans quelle monnaie s’annonce votre ” debit-note” Le cas échéant corrigez le “ US$” en “RDS” (= peso de la Rép.Domin.)
Si vous postez une liasse de cartes postales ( attention le mot “ carta” signifie “ lettre”) affranchies, entrez donc dans le bureau de poste et demandez à la dame des PTT (correos) le timbre-dateur pour composter vous-même vos envois, et , pour lui sauver la face, dîtes lui que c’est pour raison philatélique.


Le Vade-mecum du non-hispanisant


Je suis Français de France Soy francès de Francia
Bonjour ! Salut ! Hola
Comment va ? Qué tal
Merci Gracias
mon prénom est. . . mi nombre es . . .
Parlez-vous français ( anglais) Habla usted francès ( anglès)
trop cher muy caro
meilleur marché màs barato
des timbres s.v.p. sellos ( estampillos) por favor
c’est super bomba
prends moi en stop dame una bola
un peu un chele
beaucoup una rumba
une sieste una pavita
un sac plastique una funda
Au revoir ! Hasta luego

La Isla Hispanola du côté ouest ,
ou le paradis infernal (publication du 21 mai 1965)

“Cette terre escarpée est le royaume de Dieu “ Christophe Colon 12 sept.1504

C’est Christophe Colomb qui l’appela La Isla Hispanola car elle lui rappelait l’ Espagne. Pour les Espagnols et les Français qui vinrent à sa suite, pour les Indiens qu’ils massacrèrent, et pour quiconque se trouvait ces derniers temps à portée de fusil, l’ Ile espagnole ressemble d’avantage à l’enfer sur terre qu’au paradis tiède et jasminé qu’elle pourrait être.
Ce printemps 1965 voit le 3ème débarquement en 50 ans des troupes américaines sur l’ Ile des Caraïbes qui devint la première colonie espagnole permanente du Nouveau Monde. De la capitale de Saint-Domingue, Ponce de Leon vogua vers la Floride, Balboa découvrit le Pacifique, Pizarro envahit le Pérou et Cortez conquit le Mexique. C’est là que fut construite en 1514 la première cathédrale de l’Amérique latine et en 1538 la première université. Même alors c’était une terre de violence où la loi se faisait au couteau, où les capitaines castillans n’hésitaient pas à couper les oreilles d’un Indien désobéissant ou à laisser leurs chiens l’éventrer.
Par la guerre, la ruse et les traités, la France prit possession de l’ Ile vers la fin du XVIII°s. Groupés sur le tiers occidental de cette terre montagneuse, les Français firent venir des milliers de colons et , de concert, un grand nombre d’esclaves africains. Les Français appelèrent l’ île caraibéenne “Saint Domingue” et la surnommèrent “ la Reine des Antilles” , à juste titre. En 178 son commerce extérieur frisait 70 milliards de francs par an, avec les bénéfices énormes tirés du sucre, du café, du cacao, du coton et de l’indigo. Peu d’années passèrent avant que les 40.000 Blancs ne dominent les 450.000 Noirs.
Une nuit d’août 1791, les esclaves opprimés se révoltèrent. Armés de fourches, de torches et de machètes, ils massacrèrent, au chant des lamentations vaudou, 2.000 planteurs français et leur famille dans l’ouest de l’ Ile.
La lutte dura plus de 10 ans. De France arrivèrent 20.000 soldats pour écraser la rébellion. Dix mille moururent de la fièvre jaune, le reste fut mis en déroute. En 1804, un ancien esclave, J.J.Dessalines, proclama Haïti nation libre et indépendante et devint Gouverneur général. “ Pour rédiger la charte de notre indépendance, dit-il, il nous faudrait la peau d’un Blanc comme parchemin , son crâne comme encrier, son sang comme encre, et une bayonnette comme plume “. Trois ans plus tard la balle d’un assassin mit fin aux jours de Dessalines. Son successeur, Henri Christophe, se soucia peu de chartes, noire ou blanche. Il se proclama roi, instaura une aristocratie grotesque ( comprenant par exemple des titres tels que Duc de Marmelade, Comte de Limonade) et dirigea en despote impitoyable jusqu’en 1820, date à laquelle ses officiers s’étant révoltés, il se suicida .
Au siècle suivant, les dictateurs se succédèrent en Haïti. En 1910 des révoltés avaient chassé 13 des 18 premiers Présidents. Puis en l’espace de 47 mois, un Président fut victime d’une explosion dans son palais, un autre fut empoisonné, trois furent déposés et le dernier fut lynché par la foule et réduit en lambeaux.
En 1915 le Président Woodrow Wilson envoya les “marines” pour occuper le pays. Ils y restèrent 19 ans et Haïti connut alors un semblant de paix. En 1934 les Marines s’en allèrent, laissant le pays à son destin: 9 gouvernements en 20 ans, le dernier dirigé par François Duvalier, dit Papa Doc, 58 ans, ancien médecin de campagne, qui fut installé en 1957 et se proclama “ Président à vie” . Ses armes : le mysticisme vaudou et une police aussi secrète que terrible, les 5.000 tontons macoutes

Des 4,5 millions habitants, 90% sont illettrés. La durée moyenne de la vie est d’environ 33 ans, le revenu annuel est réduit alors à 350 Frs . “ Les Haïtiens, dit Duvalier de sa voix suave, sont destinés à la souffrance “ . Si son peuple se plaint, il peut prier. Un catéchisme de la Révolution est sorti des Presses governementales il y a 15 jours et circule à Port au Prince. L’ Oraison dominicale en est la suivante : “ Notre Doc, qui êtes à vie dans le Palais National, que votre nom soit sanctifié par les générations actuelles et futures, que votre volonté soit faite à Port-au-Prince et dans les Provinces. Donnez-nous aujourd’hui notre Haïti rénové et ne pardonnez jamais les offenses des ennemis de la Patrie qui chaque jour ont craché sur notre pays, qu’ils succombent à la tentation et sous le poids de leur propre venin. Ne les délivrez d’aucun mal. Amen “.

A l’est de l’ Ile, dans la République Dominicaine, on parle espagnol plutôt que créole, le sol y est plus fertile et la densité de la population de 50% inférieure. Le point commun : un chaos historique. Comme en Haïti , des rebellions sanglantes ont chassé les Governeurs européens, d’abord les Français en 1809, puis les Espagnols qui avaient tenté de réaffirmer leur domination. A peine la République dominicaine eut-elle proclamé son indépendance en 1821 qu’elle fut envahie par les Haïtiens qui occupèrent le pays pendant 22 ans. Les prêtres étrangers furent bannis, interrompues les relations avec le Vatican, fermée l’Université de Santo Domingo et instaurés les impôts spoliatoires. Ce n’est qu’en 1844, Haïti étant déchirée par la guerre civile, que la République dominicaine se libéra, mais dans les 70 années qui suivirent, elle fut le théâtre de 22 révolutions. En 1869 les Dominicains tentèrent un rapprochement avec les USA et acquirent le soutien du Président Ulysses Grant. Washington refusa l’annexion.
En 1916 commença une occupation américaine de 8 ans. Une police fut créée qu’utilisa, dès 1930, un nouveau dictateur, Rafael Trujillo Molina, colonel ambitieux qui devait diriger le pays pendant 31 ans. Les titres favoris de Trujillo étaient : Bienfaiteur de la Patrie, Protecteur de l’ Ouvrier, Génie de la Paix. Il imposa l’ordre dans son pays, véritable poudrière, construisit des hôpitaux, amènagea le réseau routier, favorisa la construction pour loger ses trois millions de citoyens, améliora l’adduction d’eau et fit reculer l’analphabétisme. Les affaires prospérèrent et Trujillo surtout. On a estimé sa fortune à 4 milliards de francs. Sa famille possédait 65% de la production sucrière, 12 des 16 sucreries, 35% de la terre arable. Ses demeures : une douzaine de palais et fermes dispersés sur le territoire, chacun pourvu du personnel domestique au complet qui devaient entre autres obédiences, ponctuellement préparer chaque repas, chaque jour, pour le cas où le” Protecteur” s’aviserait de passer.
Des milliers d’adversaires politiques sont morts, qui dans les cellules secrètes de la police, qui lors d’accidents de la route, qui par “ suicides” laissés dans le mystère. Le matériel coercitif comprenait des chaises pour électrocution lente, un appareil électrique agrémenté de vis minuscules à enfoncer dans le crâne, un collier de caoutchouc que l’on resserrait jusqu’à décapitation, des arrache-ongles, des fouets et autres marteaux de caoutchouc. Les cris provenant des salles de torture pétrifiaient les prisonniers dans l’attente de leur tour. Trujillo joignait à la variété, la quantité.Une nuit d’octobre 1937, il ordonna à l’armée l’élimination de tous les squatters haïtens. Le flot sanglant coula 36 heures : 15.000 hommes, femmes et enfants furent massacrés.
C’est en 1961 que Trujillo perdit la vie. 4 personnes armées arrêtèrent sa voiture sur une route déserte aux abords de la capitale et la criblèrent de balles. Depuis 4 ans la République dominicaine a vu 4 coups d’état et 5 changements de grouvernements.La démocratie reste un vain mot sur cette terre qui n’a jamais connu d’autre loi que la force, sur ce paradis infernal. Bernie Mai 1965

CHILI IN-CARNé

On appelle “ chili “ dans l’ Amérique latine culinaire une sorte de condiment fort relevé à base de piment.

Je ne voulais pas quitter le sud de l’Amérique latine sans passer quelques jours au Chili que je n’avais pas visité depuis trente ans . D’une superficie moitié plus grande que la France, ce magnifique pays de quinze millions d’habitants offre au visiteur toute l’année le climat de son choix avec 4.000 Km de latitude et de côtes à l’ouest et à l’est la Cordillère des Andes dont le sommet - Aconcagua - domine Mendoza en Argentine et Santiago du Chili de ses 7.000 mètres.
De plus et ce n’est pas négligeable la vie coûte beaucoup moins cher qu’en Argentine et les Chiliens s’avèrent des hôtes aussi chaleureux et accueillants que les Argentins.
Ma première journée de visite s’organisa autour d’une réunion d’amitié dont les organisateurs portaient des noms qu’on n’oublient pas aisément : Luis Salazar vint m’accueillir à l’aéroport en compagnie de Raul Castro et de Luis Pinochet. Ils m’emmenèrent au centre ville, exactement au Cercle des Officiers des Forces Armées où notre amphitryon se prénommait Napoléon. Après l’apéritif national , le “pisco sour” , repas délicieux de “ parrilladas” (barbecue) et de “ chancho en piedra “ (sorte de ratatouille avec ail, citron, poivron et coriandre) arrosés de vins locaux de la vallée de Maïpo qui n’ont rien à envier aux meilleurs crus français. Comme dessert un “ dulce de leche “ onctueux qui pourrait ressembler au turon espagnol, mais un tantinet plus fluide. Nous nous sommes mis à table à 14h45 pour n’en sortir qu’à 18h.
Je n’ai pas perdu la moindre occasion d’interroger mes hôtes et les Chiliens de rencontre sur le cas Pinochet. A ma très grande surprise tous , et je m’étais adressé à toute sorte de gens, louaient le dictateur militaire. Non bien sûr pour la répression violente qui fit périr presque mille personnes, mais pour le redressement économique qu’il assura au pays. S’il reste un monstre pour ceux qui ont souffert de ses nervis, il est pour la grande majorité le sauveur du Chili. Le hasard m’a appris que le sinistre Augusto descendait d’une famille bretonne.
Il est évident que tout semble fonctionner dans ce pays: l’espérance de vie est la meilleure de toute l’Amérique su Sud; l’analphabétisme est inexistant, la scolarisation presque totale; le PIB avec $12.000 par habitant est le plus élevé de cette partie du monde et la dette extérieure de loin la plus basse. Dans quelques jours auront lieu les élections présidentielles et partout fleurissent les panneaux des divers candidats, aux feux rouges et aux divers carrefours. Le Président Eduardo Frei, élu pour six ans en 1993, se sent à l’aise. La croissance est de 7% et le chômage, sous sa présidence, est passé de 21% à 6%. Même si le cuivre dont le Chili est le premier producteur mondial a vu son prix baisser ces derniers temps, jamais le niveau d’épargne n’a été aussi haut et nombreux les investissements étrangers.
Une des raisons de la baisse du chômage est le fait que les chômeurs ne reçoivent plus d’indemnité. Ils doivent donc travailler pour vivre et partout les petits métiers font florès. Le prix du ticket de métro coûte 200 pesos aux heures normales, 260 aux heures de pointe, et 70 pesos pour les plus de 60 ans. A part le cuivre le Chili exporte de l’or, de l’argent, du fer, du bois, des fruits les meilleurs de l’hémisphère américain et tient le 3ème rang mondial pour le poisson. A l’instar de l’Union européenne, il existe en Amérique latine le “ Mercosur” (= marché commun des pays du sud) dont sont membres le Brésil, l’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine. Le Chili en froid avec l’Argentine pour des raisons remontant aux Falkland/Malouines n’est que membre associé.
Je me suis borné au centre du Chili car plus intéressé par les gens que par les panoramas c’est là que se regroupe 76% de la population à 91% catholiques, dont Santiago ( = St Jacques) et Valparaiso (=vallée du paradis) où vit près de la moitié de la population chilienne. Un Manchois, ancien de l’Ecole Germain, s’occupe des marins de Valparaiso et des jeunes,porteurs du HIV, le Père Bernard Durier.
Pendant tout mon séjour il m’a plu d’être exempté de la TVA ( 18%) chaque fois que je payais en dollars.
Contrairement au Brésil et à l’Argentine, il semble que les croisements raciaux soient fréquents au Chili. Une très mince minorité blanche, espagnole et créole, tient , face à la classe moyenne de “ mestizos”, les grandes propriétés foncières et les superbes complexes touristiques de la plage de Vina del Mar .
Le merveilleux poète Pablo Neruda nous est connu en fait grâce à sa qualité de communiste. Il était sénateur et dut s’exiler. Au printemps 1987 Jean-Paul II débarque à Santiago et endosse le voeu de démocratisation du clergé. Il y a malheureusement confusion entre le gouvernement et l’église et même les “ gauchos “ sont de droite .
Il paraît que la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté ( précisé par l’ ONU); Mais on ne voit pas la misère. Tout le monde est élégamment habillé et arbore un sourire engageant. “ Si on a assez pour faire la fête de temps en temps. . . On la fait. Et que Dieu pourvoie à nos besoins demain !”






Même si l’ubiquité de la police, aux alentours de la “ Moneda” - en casque allemand s’il vous plaît - peut déranger le visiteur français, la population chilienne ne semble pas s’en émouvoir. Tournez le coin et vous voilà dans un square fleuri à profusion - c’est qu’au Chili novembre est la saison des cerises - au milieu duquel un vaste kiosque à musique, comme chez nous autrefois, abrite du soleil un orchestre de 45 musiciens en blazer bleu déversant , en semaine après 17h, sur quelques centaines d’adultes et d’enfants les airs du répertoire classique ou les “ salsas “ à la mode, interdites sous la dictature.
Une autre coutume perdue dans notre vieille Europe, tout au moins en France, mais qui semble très vive dans les avenues de Santiago : la composition poétique. J’ai rencontré plusieurs poètes de la rue qui disent, lisent ou composent leurs vers à qui veut les écouter. De petits cercles se forment sur les larges trottoirs. Ces rassemblement favorisent la convivialité. Contrairement aux Français les Chiliens se parlent dans la rue, se congratulent sans se connaître et se quittent amis. L’impression de confiance règne. Il m’est arrivé à diverses reprises d’arrêter une dame pour demander mon chemin. En France dans la même situation, ai-je souvent remarqué, surtout à Paris, un instinct de méfiance , la dame reculait d’un demi-pas. Ici non seulement la crainte n’existe pas, mais votre interlocutrice s’approche de vous et engage d’elle-même la conversation : “d’où venez-vous ? aimez-vous la capitale ? “. Et une fois sur deux elle prendra congé de vous en vous embrassant sur une joue. Il est un fait que l’on s’embrasse partout au Chili comme en Argentine . C’est tellement mieux que de faire la guerre !
Avec Cuba , le Chili est certes le pays le plus sûr d’Amérique latine ( les plus dangereux étant le Vénézuela et le Nicaragua) . Autant Buenos Aires donne, à côté de son urbanité très parisienne, l’allure d’une ville fortifiée avec ses barreaux aux fenêtres, ses grilles acérées, ses portes automatiques blindées et ses vigiles patibulaires à tous les coins de rue, autant Santiago vous remplit de quiétude.
Si un timbre pour carte postale vers l’étranger coûte 9 F. en Argentine, ici c’est 2,5 F. J’ai téléphoné de Los Andes en France; la communication immédiate et d’audition excellente m’a coûté 8 F. la minute.
Comme en Californie les tremblements de terre sont quotidiens, mais de très faible intensité.Il ne vous reste qu’à remettre droits les cadres du salon chaque matin.
Comme en Argentine vous n’attendez jamais un taxi plus de dix secondes et la prise en charge n’est que de quatre francs. Très bon marché , ils permettent une utilisation constante et ajoute à votre plaisir car les chauffeurs sont diserts,honnêtes et très aimables.
En faisant mes courses au “ supermercado “ d’Alameda, j’ai noté avec plaisir que les ménagères n’avaient pas à remplir ni porter leurs sacs de provisions, un jeune homme en uniforme s’en charge, avec le sourire, de la caisse à la voiture. Voici tout un tas de petits métiers ( caddies, porteurs de gare, cireurs, etc.) qui rendraient la vie plus facile et fourniraient des emplois. Il est vrai que chez nous souvent la peau d’ Ane rend allergique au travail manuel.
Avec le castillan , on se débrouille très bien au Chili. Il suffit de noter dès l’abord quelques différences verbales. La langue est beaucoup plus douce que dans la péninsule ibérique et souvent fort imagée. Il est recommandé de mémoriser certains mots espagnols d’usage tabou outre-Atlantique comme le verbe “ coger” qui a Madrid signifie “ prendre “, et à Santiago “ forniquer”. “ Pollera” qui en espagnol veut dire “ marchande de poules” a le sens de “ jupe “ à Mendoza . Que pensez-vous du mot “titilliante” pour “ clignotant “ ?
Pour vous mettre en confiance , le personnel d’accueil à l’aéroport international de Santiago distribue aux voyageurs étrangers un document qui dit : “ Ami touriste ! Dîtes-nous tout ! Si vous n’êtes pas bien traité; si les services privés ou publics laissent à désirer, si vous vous considérez escroqué; appelez- nous tout de suite, nuit et jour , et nous réparerons tout manquement”. Suit une liste de villes chiliennes avec le numéro téléphonique vert des municipalités.

Si le centre du monde fut la Méditerranée pendant quatre-mille ans, l’Atlantique ces deux-cents dernières années, je suis persuadé qu’il se situera dans le Pacifique au XXI°s., avec la Chine et les “petits dragons” à l’ouest, l’Australie vide comme vase d’expansion au sud , et la Californie et le Chili à l’est .

Si la vie vous paraît fade, un peu de Chili lui donnera du goût .

B e r n i e

Argentine et Chili



Le 3 octobre 1993 Carlos Menem considère le résultat des élections comme un plébiscite. Vainqueur avec 42,3% des voix et 128 députés ( 50%) devant l’ Union civique (30%), laissant la droite (5,4%) et la gauche (3,7%) à l’écart, Il est vrai que depuis avril 1991 ( Plan Cavallo) stabilité politique et croissance économique plaisent au peuple.
Octobre 99 : Fernando de La Rua ( Maire de Buenos Aires) bat Carlos Menem de quelques points.


De même au Chili , le démocrate chrétien Eduardo Frei, mène-t-il avec succès le pays à la tête de la Concertation ( coalition de centre gauche) comme second Président élu démocratiquement après 16 ans de dictature militaire. Taux de chômage: 4%.



Deux démocraties présidentielles en chiffres



Argentine Chili


Superficie 2.770.000 Km2 757.000 Km2

Population 34 Millions 14 Millions
Croissance annuelle 1,18% 1,60%
Indice de fécondité 2,80 2,65
Mortalité infantile 29 pour 1000 17 pour 1000

Analphabétisme 4,5% 6,2%
Nombre de médecins 3,03 pour mille hab. 0,46 pour mille

Croissance économ.95 6% 6%
P.I.B.par habitant US$ 6.150 US$ 2.900
Pour Info: France $22.500 Danemark $27.000 USA $25.000 Brésil $ 2.700
Taux d’inflation 11% 12%
Import (Millions $) 16.000 11.000
Export “ 13.000 9.000
Princ.clients:USA10%,CEE31%, Am.Lat.33% USA17%,Jap.16%, CEE29%

ARGENTINE : le pays de l’or et de l’argent
Pour les conquistadores le pays conquis fut d’abord l’ Eldorado (= la dorée). Les siècles passant elle n’est restée qu’ Argentine (= l’argentée ) et si le mot latin d’alors s’oubliait, le mot castillan serait là pour la remémorer : Rio de la Plata (= fleuve d’argent ).

La dictature militaire semble définitivement du passé, mais la corruption persiste. Signes irréfutables : l’indexation du peso sur le dollar américain , la facilité avec laquelle on peut payer avec le billet vert, et comme me l’a avoué mon hôtelier : une fraude fiscale massive.

Nouveauté cependant : il y a quelques années l’inflation était de 3% par jour ; je l’avais noté lors de ma précédente visite en 1969 lorsqu’à la Poste, j’achetai des timbres. L’employée m’avait demandé: “ Comptez-vous poster vos lettres aujourd’hui? - Oui bien sûr, mais pourquoi cette question ? - Parce qu’avec l’inflation , l’affranchissement pour la France sera peut-être plus cher, demain ! “ . Un fait qui me surprend toujours : le monde est de plus en plus petit, et pourtant les tarifs postaux augmentent sans cesse. Aujourd’hui l’inflation est de O,2 % par an et la croissance de 7,5 %; quant au PIB par habitant, il se situe à 54.000 F. Le chômage augmente dangereusement. Il frise les 18 %. Exportations et importations s’équilibrent mais la dette extérieure atteint la somme de 700 milliards de francs.

Carlos Menem , le dernier des péronistes, qui , tout compte fait, n’a pu briguer un troisième mandat , a dû laisser la place,fin octobre, au “ majadero” (= casse-pieds) de La Rua , maire de Buenos Aires qui ,dit-il, veut consacrer toutes ses forces à la réforme de la fiscalité , à la flexibilisation du marché du travail et à l’éradication de la corruption. Puisse-t-il réussir !

A la banque on n’a pas voulu de mes francs. Vexant !

Comme aux Philippines, il semble que la terre argentine appartient à quelques familles richissimes pour la plupart débarquées d’Espagne ou d’Italie au XIX°s. Qui a dit : “ Les Péruviens descendent des Incas, les Mexicains des Aztèques et les Argentins . . . du bateau “ ?

Beaucoup des habitants des sierras de Cordoba travaillent dans les mines d’or, d’argent et de cuivre, mais aussi de pierres semi-précieuses comme la rhodocrosite, emblème minérale de l’Argentine. “Rhodo” est une racine grecque qui a le sens de “ rose “, pour indiquer les couleurs variées de cette pierre, également appelée “ dialogite “ .

Amusant de noter que dans l’avion qui m’emmenait à Sao Paulo, les trois-quarts des passagers étaient argentins et plus de la moitié transportaient autour du cou des chapelets d’oignons.

J’aime la fleur-emblème rouge de l’Argentine: elle se nomme “ ceibo”
B e r n i e
Déc. 1999

La victoire de Waterloo

Lorsque tout jeune je débarquai en Angleterre pour la première fois, je ne fus pas peu surpris de découvrir comme noms de rues, d’avenues ou de places, des batailles qu’à l’école le professeur d’histoire avait citées comme des défaites de la France. Et pour cause ! Qui penserait inaugurer à Paris un boulevard Trafalgar ?

Ma surprise ne fut pas moindre en découvrant dans la longue liste des jours de fête argentins , la date du 10 juin, jour férié. C’est pour célébrer la “victoire” des Argentins aux Malvinas ( Malouines) sur les Anglais ! me dit-on. Et moi qui croyais que , malgré l’aide des Exocet
( “ friendly weapon”) français, c’était l’Angleterre qui avait gagné.

Que de bruit, que de morts , que d’argent gaspillé pour cet archipel désolé , perdu à plus de 500 Km de la Terre de Feu !

Après avoir été découvert par Magellan en 1519, puis par l’Anglais John Davis en 1592 , un siècle plus tard appelé du nom de Caray, vicomte de Falkland, ministre de Charles I , ensuite revendiqué par Bougainville pour la France de Louis XIV en 1764 et nommé “ Malouines “ en hommage aux marins de St Malo dont les descendants acadiens s’étaient réfugiés là, chassés du Canada par les Anglais, cet archipel inhospitalier avait été rendu à l’Espagne en 1767, puis capturé par les Anglais.

Le fait est que les Anglais en avaient été chassés le 10 JUIN 1770 et que le nom français avait été hispanisé de Malouines en Malvinas par les Argentins. Et c’est cette victoire qui est chaque année fêtée en Argentine sous les banderolles “ Las Malvinas son Argentinas “.

Julio Galindo , un ami rotarien , m’a expliqué comment cette guerre de juin 1982 a éclaté : d’une part le Président Galtieri voulait faire oublier les exactions des dictatures militaires successives en provoquant un sursaut de l’unité nationale argentine, et d’autre part, Margaret Thatcher souhaitait, elle , faire oublier les rigueurs de sa politique d’austérité. Et voilà comment on n’hésite pas à sacrifier près de mille hommes pour requinquer , ici et là, une cote de popularité en cachexie .

Cette guerre inutile de deux mois arrangeait en fait tout le monde. Ce qui m’a étonné : Julio ne parle pas de Falklands ni de Malvinas. Il répéte sans cesse “ las hermanitas perdidas son Argentinas “ (nos petites soeurs perdues font bien partie de l’ Argentine ).

B e r n i e
Cordoba 22 déc. ‘99

La “petite Eve” d’Amérique latine

Comme tout un chacun j’avais entendu parler d’ Eva Peron en son temps, comme beaucoup j’avais apprécié le “ musical “ américain Evita , mais c’était tout et les ans passant j’ en avais même oublié la famille PERON. Jusqu’à ce soir d’octobre où je rencontrai Carlos Alberto dans une boite à tango de Buenos Aires. C’était un vieillard vaillant qui depuis la mort d’EVITA en 1952 s’était retiré du monde pour finir sa vie dans un mythe partagé par nombre d’Argentins. Sa mère avait été confidente d’Evita et lui avait confié ses secrets .
Fille naturelle d’une provinciale, Evita Duarte était arrivée à Buenos Aires , en 1934 , accompagnant son premier amant. Elle avait 15 ans et voulait devenir actrice. En 1943 elle avait rencontré le Colonel Juan Peron, âgé de 48 ans dans la boite où elle tenait le rôle de “disk-jockey “ au salaire de 50 F par semaine. En 1945 Juan Peron est évincé de la junte au pouvoir. Deux mois plus tard , Evita et Juan se marrient.
Son charisme fait qu’immédiatement le peuple argentin adore EVITA.
Frappée d’un cancer , elle meurt dans la soirée du 26 juillet 1952 à l’âge de 33 ans .
Son corps est expédié en Espagne chez le Dr Pedro Ara qui remplace son sang par de l’alcool, puis par de la glycérine. Au bout d’un an de travail qui a coûté plus de 500.000 F l’embaumement d’Evita fait que sa peau est devenue translucide.
En 1955 Peron est renversé. Il s’exile en Espagne et réclame le corps de son épouse. Le président Léonardi refuse son retour en Argentine et ouvre la résidence des Peron au public : dans le garage on découvre quinze voitures de sport construites sur mesures et deux-cent cinquante scooters et . . . cinquante millions de francs , en liquide, dans le coffre-fort. Peu après on trouvera que les Peron possédaient de nombreux nids d’amour dans la capitale, et dans l’un les joyaux fabuleux d’Evita.
En Décembre 1955 le corps d’Evita est dérobé. Il restera introuvable pendant seize ans. D’ Espagne des limiers ont suivi sa trace jusqu’au sud de l’Argentine, puis en Belgique, à Bonn , puis à Rome , à Milan pour terminer à Madrid en 1971 où Peron et sa nouvelle épouse le retrouvent.
En 1972 Peron revient en Argentine et recouvre la Présidence.
Le 1er juillet 1974 à la mort de Juan Domingo Peron, sa troisième épouse , Maria Estella Martinez, dite Isabel , devenue Présidente, fait revenir le corps d’Evita à Buenos Aires.

Les larmes aux yeux Carlos m’a parlé d’Evita pendant près de trois heures . Il m’avait donné rendez-vous le lendemain mais n’est pas venu.

B e r n i e 31.10.99

A r g e n t i n e cosmopolite
En visitant Buenos Aires, avec ses 13 millions de “ portenos “, vous pouvez faire le tour du monde dans la journée, si nombreuses sont les origines ethniques. A l’instar d’Athènes par rapport à la population totale de la Grèce, Buenos Aires regroupe le tiers de la population argentine.

Agréablement surpris par le prix modique des taxis, tous noirs et jaunes, je l’emprunte le plus possible. C’est certes moins rapide que le “subte” ( le premier métro de l’hémisphère sud), mais tellement plus confortable que le “ collectivo “ ( autobus) où vous manquez d’air tellement ils sont bondés. Les “tacheros “ ( chauffeurs de taxi) sont fort sympathiques et on apprend beaucoup avec eux. Un sur deux a, paraît-il, une fausse licence mais peu importe le taximètre est honnête. Etre taxi n’est pas comme à Paris une profession, mais un boulot d’appoint. C’est ainsi que votre chauffeur est architecte ‘dans le civil’, ou ingénieur ou même avocat.

J’ai conduit dans la circulation de Lagos, d’Istanbul, de Bangkok et du Caire et je suis encore vivant. Mais je ne sais si je m’en sortirais à Buenos Aires. Les “ portenos” ont l’air de forçats du volant et on a l’impression que les réglements ne sont pas obligatoires. Les voitures s’arrêtent, sans avertir, n’importe où, parfois au milieu de la chaussée. Mon dernier taxi, conduit par un étudiant en physique, était une vieille 404 .“ Elle n’est pas à moi, me dit Juan , elle est à mon père et il a roulé 30 ans avec. C’est la meilleure voiture que je connaisse. Celle-ci, ajouta-t-il , a bien un million de kilomètres et vous voyez, elle marche toujours “ .
Amusant: lorsqu’un Argentin vous dit qu’il va faire un voyage en Europe, il dit : “Je vais en Occident !”. A deux reprises j’ai voulu rectifier. Mais à quoi bon ? Après tout ils sont chez eux. Nous disons bien chez nous en français qu’on ne peut pas sentir quelqu’un qu’on a dans le nez !
Il est courant pour les “ portenos “ d’aller passer le mois de juillet - c’est l’hiver ici - en Mésopotamie. J’ignorais qu’il s’agit de la région située entre le Rio Uruguay et le Rio Parana, et qui n’a d’autre frontière avec le continent qu’une trentaine de kilomètres avec le Brésil. Avec une température moyenne annuelle de 20°C et une infrastructure hôtelière développée, la région ( “ entre deux fleuves” puisque c’est le sens de Mésopotamie ) regorge de touristes. Parlant températures, les Argentins ne tiennent aucun compte des thermomètres, ils ne se fient qu’à “ la sensation thermique”, une mesure fort subjective, mais au fond ils ont bien raison car c’est bien le taux hygrométrique qui compte pour la qualité de vie. Je me rappelle avoir connu - 52°C chez un fils à Winnipeg et souffrir moins qu’avec + 2°C à Tours sous la bruine. De même peut-on supporter les 100°C d’un sauna, alors que 25°C pendant la mousson à Saïgon c’ est fanchement insupportable.

La Mésopotamie, c’est aussi la région où se trouvent les stupéfiantes chutes d’Iguazu ( en langue guarani “ I “ c’est l’eau et “ guazu “ veut dire “ grand”) près desquelles Niagara a la taille d’ un jeu d’enfant. Je les trouve même plus spectaculaires que celles de Victoria en Zambie.

Si vous avez vu le film “ Mission “ , vous avez vu les chutes d’ Iguazu. La mousse de l’eau qui , de plusieurs étages sur 3 Km de long tombe de 100 mètres de haut dans un vacarme qu’on entend à 20 km de là, mêlée à la verdoyance tropicale où virevoltent les colibris et au rouge de la latérite compose une symphonie chromatique fort impressionnante. Ironie du sort: comme à Niagara c’est au Canada qu’il faut être pour les admirer alors que les chutes sont aux Etats Unis, de même ici c’est au Brésil qu’il faut être pour jouir du plus beau spectacle alors que les chutes sont en Argentine. C’est la 5ème fois que je les vois, mais la vue est toujours différente.

Les hôtels sont nombreux et de toute catégorie. J’ai préféré loger dans une des missions fondées au XVI°s. par les Jésuites. Celle que le hasard a mise sur ma route réunit toute la flore et la faune de la région sur une surface de cent hectares : yakarès, le crocodile de l’Amérique du Sud, poissons en tout genre dont des dorades d’un mètre de long et les féroces piranas. Dans les arbres les perroques multicolores côtoient les oiseaux-mouches que les locaux appelent “ pique-fleurs”. A l’entrée de la Mission s’élève un pin parana, vieux de mille ans, m’a-t-on dit, au milieu d’un superbe parterre d ‘ irupés écarlates.

Un alpaga, des nandous, des guanacos et un puma ont croisé mon chemin entre l’entrée et la réception alors qu’au dessus de nos têtes tournoyaient deux condors de grande envergure.
A mon retour vers Buenos Aires, au moment où je quittais la Mésopotamie, une parcarte routière annonça “ TIGRE “ , comme première agglomération au nord de la capitale.
Il ne manquait plus que l’ Euphrate !
B e r n i e 2 Janv.2000

Lacs, parcs et “mer d’eau douce”

Le Rio de la Plata que Diaz de Solis et ses découvreurs espagnols nommèrent
“El mar dulce”(= la mer d’eau douce) est le fleuve le plus large du monde, et un des plus courts : il fait 270 Km de long et 200 Km de large à son embouchure.

Dans le merveilleux parc national de Nahuel-Huapi ( nahuel= tigre, huapi=île) d’une superficie de 800.000 ha, près de Saint Charles de Bariloche, j’ai découvert une plante que je n’avais vu nulle part ailleurs si ce n’est dans la Bible des Rois Mages : la myrrhe, et en abondance. Les Indiens Vuriloches l’utilisent contre les nausées, et les marins contre le mal de mer .

Si on appelle cette superbe région la Suisse argentine, ce n’est pas seulement parce qu’elle ressemble à l’Helvétie avec ses lacs poissonneux, ses montagnes enneigées ( le Mt Tronador culmine à 3.600 mètres) , ses vastes forêts et les sports d’hiver, mais le parc a été l’idée de colons suisses, arrivés en 1925, qui bâtirent leurs maisons sur le modèle des chalets alpins. D’autre part ils y lancèrent avec succès l’industrie du chocolat.

Les chasseurs ( renard, cerf, biche, bécasse,sanglier,condors ) et les pêcheurs (truite, saumon) viennent du monde entier s’adonner à leur sport favori dans un havre de paix qui ne connaît pas encore la moindre pollution ( même les canots à moteur sont interdits). Un autre attrait: on ne rentre jamais bredouille.

Des amis m’ont emmené faire une longue marche dans le parc. Comme viatique , quelques sandwichs et un petit sac de toile qui attira ma curiosité: ils y avaient mis une poignée de feuilles vertes. C’était de la coca. Je n’y pensais plus quand après trois heures de marche sur un terrain accidenté les amis s’arrêtèrent et me conseillèrent de les imiter : il suffisait de mâcher ces feuilles. On avale le jus et on recrache les feuilles lorsqu’on ne peut plus rien en tirer. Cela sert de coupe-faim et , en altitude, c’est un bon remède contre la céphalée, causée par la raréfaction de l’oxygène.

Autrement la boisson nationale argentine est le maté , aussi appelé “ thé des jésuites” car ceux-ci ont été les premiers au XVI°s. à cultiver cette plante au Paraguay. Mais il est certain que les Indiens l’utilise àl’état sauvage, sous forme de tisane chaude ou froide depuis toujours. L’aspect est celui du houx, sans les piquants. Comme la coca le maté est énergétique, tonique et même excitant avec ses 3% de caféine. Bon pour la digestion et les voies respiratoires, le maté se boit partout et à toute heure du jour. C’est la boisson conviviale par excellence. On l’offre à l’étranger qui passe. On le consomme chez soi mais aussi dans la rue. D’où la surprise des touristes voyant les Argentins dans le métro ou le bus aspirant le maté dans une sorte de calebasse àl’aide de la “ bambilla” ( pipette de roseau ou de métal). Quand une famille est de sortie, elle n’utilise qu’un seul récipient, en bois ou en métal, et souvent une seule bambilla.

Surpris par le nombre de psychiatres, j’en ai demandé la raison car je n’ai pas , comme le fait est coutumier à Paris par exemple, rencontré une seule personne drolatique. Mais il paraît qu’ici si vous n’avez pas votre psychiatre attitré, on vous prend pour un fou, c’est un peu comme aux Etats Unis si vous prétendez que vous êtes athée.
B e r n i e
Nov. 99

Premier tango à Buenos Aires

Comment en 5 mots résumer l’ Argentine : polo, Peron , Maradona, gauchos et tango.

Du “ désert de sable” tropical ( c’est le sens du mot : Cuyo , en langue indienne mapuche , l’une des 23 provinces argentines) à l’australe et glaciale Ushuaïa, le tango est la bande sonore des 5.000 Km de route ( 3.700 Km à vol d’oiseau). Le tango est une composante de l’âme argentine dont l’ubiquité ne laisse de surprendre.

Il paraît qu’entre les deux guerres le tango avait mauvaise réputation. C’était une danse inventée par les fils et filles de mauvaise vie qui se retrouvaient dans les bas-fonds interlopes de Buenos Aires. Trois instruments de musiques suffisaient alors : un piano, un bandonéon et un violon.

Son succès en Europe incita les bourgeois “ portenos “ (c’est ainsi qu’on nomme les habitants de Buenos Aires) à l’adopter.

Ma bisaïeule mélomane m’avait bien initié à quelques figures du tango. A l’époque, elle n’avait, quand il s’agissait de danse, que Carlos Gardel à la bouche. Toulousain d’origine, il était devenu la coqueluche de l’Argentine. Vedette adulée d’Hollywood, il est mort en 1935 dans un accident d’avion, mais il est resté, depuis sept décennies, l’idole de tous les Argentins. Son portrait décore toutes les boites à tango de San Telmo.

Les formations ont maintenant plutôt six que trois musiciens , mais le code n’a pas changé. C’est toujours la même nostalgie lascive et virile qui fleure les réminiscences africaines et la force du flamenco andalou.

Je viens d’apprendre qu’à cause de la voix sensuelle de C.Gardel, le tango avait été mis à l’index par le Vatican en 1930 ! Une interdiction confirmée par la très catholique junte militaire en 1955. Depuis , la démocratie a fait des progrès.

Comme pour Evita , l’Argentine qui a besoin de mythes ne laisserait pas un instant sans fleurs la tombe de Carlos Gardel dans le cimetière de La Recoleta, non loin de celle d’Eva Peron. Mais ce que je n’avais jamais vu dans aucun cimetière du monde, c’est que le dieu du tango tient une vraie cigarette allumée entre ses doigts.

B e r n i e Nov.99

Février ‘97

St L U C I A ( 14°N - 61°W )


Dans l’arc de cercle des Petites Antilles ( Iles du Vent )

entre St Vincent au sud et Martinique au nord


Superficie : 620 Km2 ( = Paris intra muros x 6 )
Population : 125.000 hab.
Capitale : Castries

Rotary Club : 98 membres en 3 Clubs voisins
St Lucia fondé en 1966 à Castries
St Lucia Sud fondé en 1974 à Vieux Fort
Gros Islet fondé en 1993 (par et pour les Américains,il semble)

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Echangée une douzaine de fois ( entre 1605 et 1803 ) entre la France et la G.B.,
St Lucia est britannique depuis 2 siècles.

L’anglais est la langue officielle, mais les Noirs et les créoles ( descendants des esclaves ). parlent un patois français

Membre indépendant du Commonwealth depuis 1979.

Nombreux volcans ( éteints) :
Qualibou , Gimie ( 950 m.), Gros Piton, Petit Piton (750 m.)

Cultures : bananiers , cocotiers, + fruits , légumes, épices

Industries : alimentaires ( rhum )

Problèmes récurrents : cyclones , sécheresse ,maladies

Ressources : * Péages au port ultra moderne de Grande Baie du Cul de Sac
par les pétroliers

* Péages au joli port de Castries par les paquebots de croisière

Religions : 90% catho , 10% protest.

PNB annuel par hab. $1.900
Par comparaison : Cuba $1.700 , Saint Domingue: $1.130
Haïti $ 300 ( France $23.000 )

La saison à choisir si vous y allez : 10 janvier - 30 avril
Bernie














































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