mercredi 19 août 2009

AFRIQUE

Echos d’Afrique du Sud
Le marché “noir”: C’est une vérité reconnue que la prolifération fulgurante des trois fléaux qui infestent l’Afrique du Sud ( criminalité, tuberculose , sida ) est due à la pauvreté . Ajoutée à corruption, elle repousse aux calendes grecques la réalisation du rêve esquissé par Mandela.
Le programme d’émancipation économique a permis à 43 000 Noirs de devenir millionnaires ( en Euros ) depuis cinq ans. Un millier d’entre eux sont milliardaires. Si la croissance des grosses fortunes dans le monde est , parait-il, de 6% . Elle est de 16% en Afrique du Sud. C’est dans l’immobilier, la Bourse et l’informatique qu’ils sont les plus nombreux, comme dans les autres pays.
Ce qui surprend en revanche, c’est le nombre de millionnaires parmi les politiciens du parti au pouvoir et parmi les fonctionnaires en retraite. Ces ploutocrates du Cap et de Johannesburg comptent ainsi pour la moitié des fortunes du continent africain. D’où la nécessité absolue du suivi des subventions, prêts et autres allocations versées par les ONG et gouvernements des pays riches.
Seuls la Chine, la Russie et l’Inde enregistrent une croissance plus rapide du nombre des milliardaires dans le monde . Bernie Jo’burg oct.2006

Au secours , Mandela !

L’apartheid est disparu il y a une douzaine d’années, mais pas les 40% de chômeurs , ni le clivage économique entre Blancs et Noirs.
L’ANC a bien prévu une redistribution des terres aux Noirs en vingt ans, mais 2014 semble bien loin pour le Sud-Africain témoin de la corruption qui vicie l’élite noire.
Ajoutons que l’exemple du Zimbabwe et la brutalité de Mugabe dans l’éviction des colons poussent de plus en plus de fermiers blancs à quitter l’Afrique du Sud.
Mandela, en devenant Président en 1994, avait appelé à la patience, mais Mandela était une figure charismatique, un héros mythique. Thabo Mbeki, son successeur, ne fait pas le poids. Et la campagne électorale pour l’élection présidentielle qui doit avoir lieu dans deux ans et demi est déjà commencée. Les communistes et les syndicats ont trouvé leur candidat en la personne de Jacob Zuma, ancien vice-président démissionné par Mbeki en juin de l’an passé pour motif de corruption dans un achat d’armes à la France !
À côté de la criminalité endémique et de la tuberculose qui ravage le pays, ce qui compromet le plus, il me semble, le rêve sud-africain, c’est le SIDA, une réelle pandémie.
Prétoria met gratuitement à la disposition des malades un traitement antiretroviral et 135 000 infectés en bénéficient, mais c’est peu face aux six millions de séropositifs ( 20% de la population de 15 à 49 ans et 33% des femmes enceintes).
Il est évident que la première cause de cette prolifération est la pauvreté, mais le SIDA reste un sujet tabou, malgré les mille morts quotidiens, et si d’une part certains médecins locaux disent que le traitement est souvent cause d’infarctus, ce sont des milliers de charlatans , les sorciers de la brousse, qui prescrivent comme panacée le jus de citron, la betterave et l’ aïl. Bernie Le Cap le 3 octobre 2006

L’espérance du CAP
Surpris , je le fus, hier, alors que l’esprit encore nimbé de la Coupe 2006, des bons côtés diffusés en spectacle des matchs en Allemagne, comme du mauvais exemple de Zidane, quand dans une boutique du Cap , je découvris parmi les objets en vente, une série de polos multicolores de la Coupe 2010, à 130 Rands pièce ( 15 € ). J’ignorais en fait que c’est ici à la pointe méridionale de l’Afrique que se jouerait la prochaine Coupe.
Time is money : le bizness ne perd pas de temps.
Thabo Mbéki, Président de l’Afrique du Sud, annonce déjà que tout sera prêt . Cela me rappelle Pékin en 1996 qui placardait déjà dans toutes villes les “JO 2000 en Chine” alors que le Comité allait désigner Sydney. Si Mbéki a raison, ce sera la première fois que la Coupe se jouera sur le sol africain.
Sepp Blatter, responsable de la Coupe à la FIFA, l’a annoncé, en juillet dernier, en organisant ce superbe concert africain près de la Porte de Brandebourg à Berlin.
La semaine dernière à Durban nous avons vu les préparatifs : un stade de 70.000 places en chantier qui, selon le devis affiché, va coûter 200 millions d’Euros. Et c’est dans une douzaine de villes que se disputeront les matchs. Les Sud-Africains annoncent que ce qui fut fait pour les championnats de cricket et de rugby n’arrive pas à la cheville des projets pour 2010.
Quel spectacle de richesses cotoyant une misère innommable ! De quoi alimenter le taux vertigineux de la criminalité qui assombrit ce pays.
L’Allemagne fit de la Coupe un réel succès. Mais comment l’Afrique du Sud pourra-t-elle rivaliser avec la panoplie des festivitésà la germanique ?
Les aficionados qui n’avaient pu, en juillet dernier, s’assurer le billet d’entrée dans les stades, ont fêté l’événement dans les rues, sur les places publiques, dans les parcs, avec partout des écrans géants transmettant les matchs. Je vois mal une telle réalisation ici. Et si le professionalisme de la police allemande a fait échec, avec quel brio, aux hooligans, il est à parier que les bandes de jeunes sud-africains ne laisseront pas leurs armes à la maison.
On attend 500.000 visiteurs Autrement dit du jamais vu dans ce pays merveilleux, mais où la pénurie de routes, d’hôtels, de personnel de sécurité se fait cruellement sentir.
Et que dire de l’équipe d’Afrique du Sud qui, serait-elle encouragée au tam-tam, ne s’est même pas qualifiée en 2006 .
Bonne idée de balader la Coupe sur les cinq continents ; On n’est pas près de la revoir en Europe. Or les obstacles sont immenses, même aux USA, qui offrent toutes les infrastructures souhaitables mais dont le Patriot Act s’avère plutôt réticent à laisser entrer le mobile vulgus. Le Maroc, candidat, n’a pas été retenu. Il paraît que la FIFA pense à la Chine où la sécurité est parfaite.
Le Président Mbéki mise sur une réussite totale et souhaite que la décision finale,à prendre en 2007, confirme son voeu. D’ici là . . .!
Qu’il est pourtant beau le Cap de Bonne-Espérance en ce printemps austral
B e r n i e Pretoria 2 octobre 2006

SENEGAL: vitrine démocratique de l'Afrique

Après le Soudan, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud et le Burkina Faso, on peut faire " Ouf ! " en débarquant à Dakar.
En effet parcourir le continent africain ces derniers mois vous rendrait pessimiste : violences multiformes, chômage endémique, diffusion hégémonique de l'islam, corruption diffuse à tous les niveaux, propagation du sida et de la tuberculose et pour couronner le tout colonisation chinoise.
Arrivé au Sénégal on se croirait au paradis. Et puis au bout de quelques jours et au fil des conversations, on se rend compte que la sécurité s'est fortement dégradée, surtout dans le sud où des indépendantistes se manifestent brutalement.
L'octogénaire Abdulaye WADE, le plus vieux président de la planète, a été réélu le 25 février avec un programme de libéralisme économique et des grands projets.
Depuis 2000 il a créé de nombreuses écoles et assure les soins aux vieux, mais le Sénégalais lambda éclairé lui reproche de ne pas honorer ses promesses, notamment dans le détournement de marchés, conclus sans appels d'offre.
Mais la plaie , c'est le chômage. Jamais vous n'entendrez parler du chômage à la télé ou à la radio. La presse annonce 12%. La réalité approche les 50%..
On comprend alors la prolifération des "boat-people" économiques. Depuis 2005 les jeunes, désespérés, s'embarquent par dizaines de milliers sur des barcasses de pêche pour rallier les Canaries, entrée de l'Union européenne. Tous n'arrivent pas.
Une mère de famille m'a raconté que ses trois fils ainés avaient été accueillis par la Croix Rouge à Las Palmas, logés, nourris. Qu'ils bénéficiaient de cours d'espagnol et du " papier de libération" les autorisant à prendre des petits boulots. La famille s'était saignée à blanc pour payer les 3.000 €uros que réclamait le pêcheur pour " "passer" les trois frères.
Les jeunes, garçons et filles, qui, sur la Petite Côte au sud de Dakar, trouvent un emploi dans le tourisme s'estiment chanceux. Ils travaillent de longues heures, même si le salaire s'avère fort modique. Au moins la survie au pays est assurée.
Et pendant ce temps-là, on chipote dans la cuisine électorale au doux pays de France. Bernie Fév 2007

Archipels oubliés . . . CABO VERDE
Le Boeing 757 - le seul Boeing de la Cie nationale TACV - amorçait sa descente sur . . . une utopie. En effet CABO VERDE n’apparaît même pas sur la moitié des cartes du monde. Le binome lusophone CABO VERDE, c’est en français “ le Cap Vert “ .
Mais de quel cap s’agit-il ? puisque l’archipel se compose de 10 îles habitées. Quant à l’adjectif “vert” ! On a plutôt l’impression d’atterrir dans un désert semblable à celui du Sahel ( = “rivage” , en arabe)
Il ne faut jamais se fier aux apparences. Et moi qui pensais avoir visité tous les pays du monde !

Il y a quelques années, avec 2 heures devant moi, après qu’un retard aérien m’eût fait manquer le TGV prévu, j’avais décidé de “ tuer “ le temps au cimetière du Monparnasse, une nécropole opulente d’un capital spirituel, politique et culturel indicible. C’est là que je découvris l’existence concrète d’une terre lointaine nommée CAP VERT en français, sous la forme d’une pierre tombale recouvrant les restes de Roberto Duarte da Silva, ingénieur chimiste, de renommée mondiale, appris-je plus tard, né en 1837 dans l’île de Sao Antao.
En 1995 des amis parisiens nous invitèrent à dîner rue du Fbg Poissonnière au restaurant Mam’Bia. La chance nous fut alors donnée d’y entendre la voix merveilleuse de la “ diva aux pieds nus “, Cesaria Evora, une quinquagénaire vigoureuse que l’animateur présenta comme la Piaf capverdienne.
Et voilà qu’en juin dernier, en Californie, visitant un musée, mon attention fut attirée par un tableau, disons impressioniste, d’un certain Carlos Figueira. La brochure précisait qu’il était membre d’une grande famille de peintres capverdiens et qu’après une carrière de marin, Carlos vivait à Mindelo, le centre culturel de l’île de Sao Vicente où il s’adonnait à son art.
CABO VERDE était donc une réalité et j’en avais presque oublié l’existence !

Ce sont 10 îles, toutes différentes les unes des autres, regroupant les divers agréments dont’on peut souhaiter profiter quand l’hiver sévit chez nous et qu’on ne veut pas se retrouver dans une horde de touristes. Dix îles habitées plus une quantité d’îlots, le tout d’origine volcanique, avec un dénominateur commun: la gentillesse des autochtones. Ils ne sont pas nombreux ( env. 350.000 ) et semblent tous se connaître. Mais il paraît que la diaspora compte presque 700.000 Capverdiens vivant aux USA, en Hollande, en France et ailleurs.
Un visa d’entrée est nécessaire et c’est pour l’obtenir, en quelques minutes, que je m’en fus à Paris dans le quartier des Ternes. Ambassade et consulat logent sous le même toit dans une ambiance bon-enfant. J’étais le seul Européen et les 10 Capverdiens qui fréquentaient les lieux arboraient un sourire engageant et me serrèrent la main. L’accueil était de bon augure .

Même si chaque île dispose d’un aéroport , desservi par une flotte domestique d’ ATR 42, seule celle de SAL offre un accès international. C’est donc à SAL ( = île du sel ) que l’étranger prend contact avec cet archipel situé à mi-chemin entre Paris et Sao Paulo. Contrôle de police on ne peut plus débonnaire. Douaniers invisibles. Le premier choc, c’est le vent, un alizé permanent apportant la fraîcheur du nord-est pour des nuits agréables et permettant le jour d’oublier l’ardeur du soleil tropical à 15° de latitude Nord, c’est à dire à la même latitude que le CAP VERT sénégalais à côté de Dakar. La température de l’air oscille de 22°C l’hiver à 27°C l’été et l’eau est toujours entre 23° et 25°. Un climat vraiment agréable, sans commune mesure avec celui qu’on trouve tant en Afrique qu’en Amérique du Sud à la même latitude. L’archipel jouit de 345 jours de soleil par an, les rares pluies survenant entre août et octobre . La superficie totale de l’archipel équivaut à la moitié de la Corse.
Les 4 îles du sud ( “ sous le vent” ) comprennent :
BRAVA ( = la sauvage ) Elle ne fut peuplée qu’en 1620 par les habitants fuyant l’éruption d’un volcan voisin. Des 6500 hab. la plupart vivent de la pêche et d’un semblant d’agriculture. Les autorités y annoncent 40% de chômeurs, mais il n’y a pas de misère car la communauté capverdienne fixée à Boston aux USA contribue largement au bien-être de la famille.
Pour 30 F et en une heure le ferry vous mène à l’île de FOGO ( = le feu )qui, autrefois appelée St Philippe - car elle fut découverte le 1er mai - tire son nom du volcan ( 3000 m.) qui en occupe la presque totalité. Les 35.000 hab. s’adonnent à l’agriculture sur une terre très fertile ( vignoble,café et nombreux arbres fruitiers). Surpris de trouver une population à la peau plus blanche que dans les autres îles, je questionnai un moine italien qui gère l’église St Laurent. “ C’est à cause de votre compatriote, M. de Montrond de Champagnole, m’a-t-il répondu, il s’était réfugié ici à la suite de démêlés avec la justice française. Un bel homme et si séduisant qu’il a engendré plusieurs centaines d’enfants !”. Bien intégré dans le flanc du volcan, Patrick Zimmerman a installé un hôtel, genre monastère, qu’il a nommé “ Pedras bravas” (= pierres sauvages ). C’est le must du quartier .
Un vol de 20 minutes m’avait amené à SANTIAGO (St Jacques). J’ignorais que les vols fussent toujours complets et, sans réservation confirmée je me voyais bloqué à FOGO jusqu’à quand ? Le Cdt de bord de l’ATR42, un Zambien sous contrat, que j’avais rencontré lors d’un vol précédent et à qui j’avais demandé l’accès au cockpit pour quelques clichés, me reconnut dans la salle d’attente où j’espérais un désistement éventuel jusqu’au dernier moment. Je lui confiai mes déboires. “ Vous avez votre billet, me dit-il. Pas de problème, je vous prends en poste. Nous avons 3 sièges et nous ne sommes que 2. C’est ainsi que j’eus la chance d’assister au décollage et surtout à l’atterrisage avec le meilleur point de vue. Pendant tout le vol il avait laissé la conduite à son co-pilote capverdien et obligemment répondu aux questions techniques de l’ancien pilote privé que j’étais . Avant de nous séparer, il tint à me donner tout son horaire pour la semaine suivante , au cas où.
C’est à Santiago, l’île la plus vaste et la plus peuplée ( la moitrié de la population de l’archipel) que se trouve la capitale PRAIA ( = la plage ). C’est là que fut construite la 1ère cathédrale du continent africain occidental, au temps des portugais esclavagistes. J’y appris que c’est un autre Français, Jacques Cassard, pirate nantais, qui la détruisit lors du sac de la ville en 1735, avant d’aller moisir pour toujours au château de Ham, prisonnier du cardinal de Fleury.
Tout comme Cartagena-de-los-Reyes en Colombie servait d’entrepôt aux conquistadores espagnols pour l’or qu’ils ramenaient en Europe, de même PRAIA servait-elle d’entrepôt aux Portugais pour les négriers avant la traversée vers le Brésil.
J’ai ai visité l’église N.D.du Rosaire où mon guide, un prof. du lycée, m’a montré la tombe du célèbre Père Nicolas, curé populaire dans tout l’archipel, si populaire qu’il eut une 50aine d’enfants. Comme dans certaines régions d’Amérique du Sud où j’ai rencontré nombre de prêtres catholiques mariés, la vie de célibataire n’étant humainement pas possible, à CABO VERDE, il n’est pas rare de rencontrer des autochtones, descendants de prêtres. L’ingénieur capverdien, Amilcar Cabral, gouverneur du Portugal juste avant l’Indépendance, était petit-fils d’ecclésiastique.
Du XVI° au XIX° tout l’archipel fut la proie de pirates et même de corsaires patentés. Tel l’ami de la Reine Elizabeth, Sir Francis Drake. La Vieille Cité, à 15Km de la capitale, en témoigne encore.
Je pense que PRAIA est appelée à un grand avenir lorsque le nouvel aéroport international sera terminé courant 2001.
M. Buguet de l’Ambassade de France m’avait conseillé de loger au Tropico qui jouxte notre petite ambassade, partagée par l’Allemagne. Jacinta et sa soeur m’ont emmené le lendemain faire les courses. Non à une quelconque grande- surface, mais à la “ loja “ (=boutique). Manifestant ma surprise de ne pas les voir payer leurs emplettes, elles me dirent qu’elles réglaient leurs achats au début de chaque mois, lorsqu’arrive leur salaire, un peu comme les Romains antiques aux calendes.
Près du centre culturel français, j’ai découvert la rue Patrice Lumumba, dénommée ainsi il y a une 20aine d’années quand le pays était dirigé à la mode moscovite, avant de virer sa cuti lors des élections législatives quinquennales de 1990.
Si vous désirez connaître les derniers potins de l’archipel, allez au marché pittoresque d’Assomada le mercredi ou le samedi. C’est le folklore à l’état brut. J’y ai revu un Capverdien, mon voisin dans le vol SAL-St VINCENT, habillé de vêtements de luxe, chemise rose, chapeau rond de feutre noir de qualité , le plastron chamarré de chaines d’or et de croix, et chaque doigt des deux mains, sauf les pouces, orné de chevalières d’or de grosse dimension. A chaque poignet pas moins de deux grourmettes d’or massif. Son allure m’avait paru atypique pour la région. Mais voilà qu’au marché, c’est quelques douzaines d’hommes de son acabit qui discutaient affaires.
Je pourrais ajouter que j’ai logé à Alcatraz, une pension de la plage de Tarrafal à l’autre bout de l’île de SANTIAGO ( 70 Km) Quand l’aubergiste, ancien pêcheur et écrivain à ses heures et qui avait séjourné plusieurs années aux USA, vit que sur la fiche de police, à la ligne “ Votre lieu de naissance” : j’écrivis “ Saint-Quentin”, il éclata de rire. En effet ces 2 noms, Alcatraz et Saint-Quentin , sont ceux des deux plus célèbres prisons des Etats-Unis.
De Santiago, en 15 minutes d’avion, je me suis rendu à la dernière des îles sous le vent: MAIO (= mai ). Tout comme RIO la Brésilienne fut nommée “ de Janeiro” pour avoir été découverte le 2 janvier 1502, de même MAIO a été ainsi appelée pour avoir été découverte le 1er mai 1460. J’avais bien assisté dans le far-west américain à la capture de “ mustangs “, des chevaux retournés à la vie sauvage. Jamais je ne me serais attendu à assister au même sport sur cette île capverdienne. C’est de tout l’archipel qu’accourent les aficionados pour capturer. . . non des chevaux, mais des ANES , retournés à la vie sauvage. La 20aine de chambres que compte l’île étant prises, je dus me rabattre chez l’habitant, pour mon bonheur et la modicité de la dépense. En plus de me voir offrir une langouste pour le dîner, comprise dans le prix de la chambre. Le lendemain mes hôtes m’emmenèrent aux marais salants, entourés de cocotiers, à l’abri desquels prospèrent quelques ateliers d’artisans de céramique. VILA DO MAIO , une capitale de 1700 hab. se nommait autrefois Porto Inglès, les Anglais ayant été les premiers à venir charger le sel. C’est là qu’en été les tortues marines viennent pondre leurs oeufs .
D’un coup d’aile j’ai rejoint la 1ère île “dans le vent” BOA VISTA” (= belle vue ) On a l’impression que la population ( 4.000 hab.) a décidé de ne pas travailler, au milieu de ce paysage saharien aux dunes mobilisées par le vent, parsemées d’oasis luxuriantes de palmiers dattiers. Un peu de pêche, un peu d’élevage et la promesse d’un développement touristique. Un sexagénaire m’a dit que ses deux fils lui avaient conseillé de prendre du bon temps au rythme des fêtes et de la musique. Tous deux sont installés à l’étranger, l’un à Boston aux USA, l’autre à Bruxelles et chaque mois envoient à leurs parents de quoi vivre largement. Renato Cabral, chargé du développement au Gouvernement m’a confié un soir que nous partagions la “ cachupa “ nationale, que je devrais prendre ma retraite à CABO VERDE. Et de me détailler un plan spécial pour faciliter l’insertion des étrangers pensionnés comportant une quantité d’avantages financiers et l’engagement d’un soleil permanent. Quelle tentation que ces plages vierges de sable blanc, comme celle de Santa Monica, à perte de vue, ourlées d’une mer bleu-turquoise !
Le lendemain soir j’étais de retour à SAL, au village de Santa Maria, le paradis des sportifs aquatiques: voile, plongée avec photo/vidéo sous-marine, surf de toutes sortes ( kite, wind-surfing et body board ), planche à voile, mais aussi pêche au gros: thon, marlin, espadon, mérou et whagoo pullulent. Nombre de portugais viennent y faire des cures de 3 semaines d’harmattan, un vent chaud qui soulage leurs rhumatismes pour l’année. Des dermatites sont également favorablement traitées par les eaux des salines de PEDRA-DE-LUME (= pierre de feu ) Je fus intéressé d’apprendre que c’est le groupe français “ les Salins du Midi” qui a assuré l’exploitation du sel jusqu’au 5 juillet 1975 ( date de l’indépendance). Si l’administrateur a rejoint la France, vous rencontrerez dans l’île plusieurs Bonnefous, ses descendants. Si vous vous sentez l’âme d’un véli-planchiste, Santa Maria est un des meilleurs sites du monde pour cette discipline. Si c’est un bol d’air frais qu’il vous faut, ici aucune pollution ni de l’air ni de l’eau. Tout est sain.Et à table vous pourrez vous passer définitivement de viande, le poisson est si bon.
Merveilleux ces trois jours passés à l’hôtel Morabeza ( un mot criollo qui décrit la philosophie de l’accueil), situé sur une plage de 4 Km de long. Il fut fondé il y a 30 ans par une famille belge. Carlos, l’homme qui sait tout et sait tout faire parle 5 langues. D’une auberge de 5 chambres en 1971, il est devenu le nec plus ultra de l’archipel et, petit plus quand on a quitté la France depuis quelques semaines, la télévision comprend TV5 francophone. Surprise : l’un des meilleurs restraurants du coin est le Piscador, tenu par Claude, un Corse pur sang. Un autre Corse a quitté le restaurant qu’il tenait avec son frère à Porto Vecchio. Charles Marchellesi, avec femme et enfants, a délaissé, sans regret l’île de Beauté. Il vit ici heureux et compose de belles chansons, musique et paroles, “d’une île à l’autre”. Tantôt c’est la “ sodade”, tantôt la “ funana”, mais il est trop gai pour la mélancolique “ morna “ .

Il me restait à visiter les deux joyaux de l’archipel .

SAO NICOLAU (St Nicolas ) Cette île plaira aux amoureux de la montagne. Celle-ci est omni-présente. Quant aux plages, elles sont comme ailleurs superbes tantôt blanches de sable, tantôt brunes, tantôt noires. Ce sable noir dont les vertus médicinales ( titane et iode) sont reconnues dans le monde entier. Curieux de voir se cotoyer champs de tomates, de haricots et bananeraies. Un ami de Lisbonne m’ avait conseillé de visiter un centre de médecine traditionnelle. J’avais les coordonnées précises, mais personnes ne pouvait m’orienter. Lorsque j’ai cité le nom du thérapeute,Tonio Julinho,tout le monde savait où il habitait.A St Nicolas j’ai découvert un arbre que je n’avais jamais vu: le dragonnier. Il apparaît sur les timbres postaux de 5 cents. Son tronc est robuste et ses branches donnent à l’ensemble une superbe forme arrondie. José Lopez m’en a montré la sève, écarlate et en a dilué quelques gouttes dans le “ grogue “ qu’il nous avait préparé.”Grogue” est l’alcool local, jus de canne fermenté ajouté de miel. La couleur du cocktail m’a rappelé celle du carcadé de la vallée du Nil.
A Tarrafal ( il y a 3 Tarrafal dans l’archipel. Un collègue philologue m’a précisé que la racine était le nom d’un arbre ) j’ai rencontré trois couples d’Américains venus soigner leur ostéopathie avec le sable noir.
De passage à SAO VICENTE (St Vincent).C’est l’île où vous rencontrerez le nec plus ultra de la culture capverdienne: écrivains, peintres, sculpteurs, musiciens, poètes et chanteurs.Ils peuplent les nuits de MINDELO. Nulle part ailleurs dans l’archipel je n’ai vu une telle variété de races. Le métissage ici est une réussite. Rappelons que lorsque les Portugais étaient maîtres des mers du globe, au XVI°, ils ont amené ici des Indonésiens de Timor, des Indiens de Goa et des Chinois de Formose et de Macao, toutes colonies lusophones. Ces races ont composé avec les célibataires et prostituées envoyés par Lisbonne et les esclaves africains échappés, la superbe race métissée capverdienne. MINDELO, la capitale avec ses maisons coloniales aux couleurs bigarrées est certes la seule attraction de l’île, mais sa richesse artistique est un attrait suffisant. Je me suis rendu à l’Alliance française, logée par le Consulat dans la rue de Lisbonne, où le défenseur actif que je suis de notre langue a appris avec enchantement que le français était enseigné dans tous les lycées et qu’après le criollo local et le postugais ancestral ’il était la 1ère langue étrangère obligatoire de l’archipel.
Si entre deux boutiques vous entendez crier et chanter derrière une porte cochère, poussez la porte. C’est ce que je fis pour découvrir dans un délire d’allégresse la construction d’un char pour le carnaval. A peine Noël passée c’est la préparation du Carnaval qui occupe les loisirs de tout le monde pendant le mois de janvier. Un Brésilien rencontré chez Loutcha, le resto in de Mindelo,m’a dit qu’il venait tous les ans à Saint-Vincent où la semaine de carnaval était aussi colorée que chez lui à Rio, plus joyeuse même et surtout moins dangereuse.

De Saint-Vincent j’avais 15 minutes d’avion pour SAO ANTAO (St Antoine). J’ai opté pour le bac. Le parcours dure une heure mais le folklore vaut la peine, même si la mer est houleuse, avec les monceaux de bagages variés que transportent les autochtones d’une île à l’autre. Dans un sens des frigos, des ordinateurs, des vélos, dans l’autre des légumes, fruits et poissons.

Saint-Antoine, la plus verte et la plus surprenante des 10 îles de l’archipel. La plus belle aussi . Une rhapsodie de montagnes magnifiques, de vallées verdoyantes et de zones arides. Pins, cèdres, eucalyptus et mimosas règnent sur les hauteurs; fougères géantes et fromagers à mi-côteau, baobabs et bananiers en bas .

Il n’y a jamais eu de musulmans à CABO VERDE, ce qui peut étonner quand on connaît la vigueur du prosélytisme islamique. Mais il a dû y avoir des Juifs. J’ai découvert sur un chemin à proximité de l’aéroport Ponta do Sul un petit village de pêcheurs nommé SINAGOGA. Je m’y suis arrêté pour déguster un plat de langouste ( 52 F.). Ni le pêcheur ni sa femme ne surent m’expliquer l’origine du nom, sinon que le local proprement appelé “ sinagogue “ était autrefois asile de lépreux. Et mon loueur de voiture s’appelle Levy !

Tout l’archipel danse au son des rythmes locaux, un mélange de l’Afrique et du Brésil. A St Antoine pendant un office religieux, des fidèles se levaient de leur chaise, sortaient de l’église promptement remplacés par les gens restés debout, et allaient sur le parvis pour danser au son d’un orchestre improvisé aux instruments hétéroclites : guitare,accordéon,quelques bidons vides ou à moitié remplis de sable ou de pierres pour diversifier les sons et quelques morceaux de féraille , probablement trouvés dans les décharges. Puis ils rentraient suivre l’office et prenaient la place d’autres qui sortaient. Le portail restait grand ouvert . La théorie des enfants de choeurs d’un noir jais ,beaux comme des papes dans leur aube blanche immaculée et bien repassée. L’assistance faisait preuve de dynamisme. Une chorale importante de jeunes gens, garçons et filles, entraînait la congrégation. L’orgue de la marque Hammond donnait à la mélodie des sons particuliers qui rappelaient davantage la musique de cinéma. Pendant l’homélie le célébrant se promène dans la nef. Il dispose d’un micro-cravatte et prend telle ou tel paroissien à témoin. On m’avait averti: l’office commence à 10h. A midi il n’était pas fini, mais le temps parut court. Le lendemain je rencontrai le “ padre” sur le ponton du petit port de pêche. On dépeçait marlins et espadons. Il était accompagné d’un franciscain, probablement son hôte du jour. N’est-ce pas leur rôle de s’occuper des “ pêcheurs “ ?

CABO VERDE, m’a dit Aida Maria Duarte do Silva, la belle directrice de PROMEX, est le seul pays d’Afrique offrant un taux de croissance positif. Italiens et Portugais investissent en force. Il n’est pas de café ou de restaurant qui n’ait ses parasols Coca-Cola. Sur l’aéroport international j’ai vu des avions KLM, SAA, Aéroflot, American Airlines, TAP, Lufthansa, British Air et d’autres nationalités mais pas un seul appareil d’Air France. J’ ai touché deux mots des investissements français à Roger Brattin, conseiller à notre Ambassade. C’est un homme délicieux, compositeur et poète et il m’a paru optimiste.

Le tourisme en est à ses balbutiements.Je suis persuadé que la France aurait des atouts dans cette ambiance francophile francophone. CABO VERDE a déjà misé sur l’Europe. Les fiches de débit pour les cartes bancaires sont en EUROs.

Un conseil pratique: à ceux qui se rendront là-bas pour des vacances originales, avant que le tourisme de masse n’y déferle, emportez des chaussures à semelles épaisses car chaussées et trottoirs sont revêtus de pavés qui, plus douloureux que ceux de l’enfer du nord, sont mal équarris.

Mais c’est franchement le pied !

B e r n i e
20 - 1 - 01

C i r c u l a i r e
Puisque l’occasion se présente de cette correspondance, trouvez ci-dessous deux mots d’un pays que je viens de découvrir pendant une quinzaine de jours, déplacement qui m’a empêché de vous accuser réception plus tôt de votre lettre et de vos voeux . Ainsi vous me pardonnerez plus aisément. Je viens de rentrer . CABO VERDE
Moi qui pensais connaître tous les pays du monde ( sauf le Groënland et 5 “républiques” au centre de l’Afrique), ce fut une surprise. J’avais bien entendu souvent parler de CAP VERT, et nous nous étions déjà rendus au vrai Cap Vert 3 fois, à proximité de Dakar,mais ce n’était pas ça, ignare que je suis . . .
En 1989 ayant manqué un TGV pour rentrer à Tours ( en raison d’un retard aérien), j’avais “ tué “ deux heures, dans l’attente du suivant, en me rendant, pour la énième fois à ce trésor culturel qu’est le cimetière du Montparnasse. J’avais alors découvert l’existence concrète d’une terre lointaine : CABO VERDE , sous la forme d’une pierre tombale recouvrant, avec quelques vers sur beaucoup d’autres, les restes de Roberto Duarte do Silva, ingénieur chimiste, de renommée mondiale appris-je plus tard, né en 1837 dans l’île de Sao Antao.
En 1995 des amis parisiens m’avaient invité à dîner, rue du Fbg Poissonnière, au restaurant Mam’Bia où la chance nous avait été donnée d’entendre la voix merveilleuse de la “ diva aux pieds nus ” Cesaria Evora, une quinquagénaire vigoureuse que l’animateur présenta comme la “ Piaf capverdienne”.
Et voilà qu’en juin dernier, en Californie, visitant un musée en attendant une réunion, mon attention fut attirée par un tableau, disons impressioniste, d’un certain Carlos Figueira. La brochure précisait qu’il était membre d’une grande famille capverdienne et qu’après une carrière de marin, Carlos vivait à Mindelo, centre culturel de l’île de Sao Vicente, où il s’adonne à son art .
Cela me suffit comme prétexte pour proposer à La Manche Libre , le 1er hebdo français de province, de réaliser un long reportage sur cet archipel oublié, car c’est bien un archipel : 10 îles habitées toutes différentes ( plus une poignée d’îlots ) avec pour dénominateur commun, la gentillesse des autochtones. S’il y a dans le monde 1 million de Capverdiens ouïs-je, ils ne sont que 350.000 in situ, et voilà pourquoi la misère est absente , alors que le gouvernement de Praia , la capitale, annonce 30% de chômeurs . En effet la diaspora ( USA, France, Hollande, Italie, Allemagne, etc), en bons fils et filles, choie les parents restés sur place.
A court d’idées ? N’hésitez pas à vous rendre là-bas : c’est à mi-chemin entre Paris et Sao Paulo; pas de pollution ( ni de l’air ni de l’eau), à 6h de vol, 350 jours de soleil par an ( rares pluies , entre août et octobre ) et bien qu’à 15° de latitude-Nord, on n’y souffre pas de la chaleur car souffle en permanence l’alizé de N.E. ( température de l’air de 22°C l’hiver à 27°C l’été; de l’eau entre 23° et 25°).
Si vous voulez des détails, “ pitonnez” la toile <<>>
Et suivez mon conseil : dans l’ordre de “valeur” , N°1: le must du quartier , c’est l’île de SAO ANTAO (St Antoine). On y accède via l’île Sao Vicente (St Vincent) où pour profiter du passage, visitez MINDELO, soit par air ( 15 min.) soit par ferry ( 1h.). N°2: SAO NICOLAU( St Nicolas) et pr finir l’ île de SAL (plage immense de sable blanc,hors des hordes,mer turquoise, tous sports et pêche) , etc. Bernie



MADAGASCAR
Un coin de France dans l’Océan Indien

On aime ou on déteste Madagascar. Voilà trois siècles que ça dure !
Pour moi, au retour d’une tournée de conférences là-bas, en fin d’automne ‘96 , le coup de coeur que j’avais pour cette ancienne colonie du Maréchal Gallieni, reste aussi vivace et enthousiasmant que jamais.
Madagascar n’est pas pour tout le monde. Il faut la mériter, je crois. Mais quel bonheur de débarquer à TANA et de rencontrer le sourire endémique et une gentillesse à faire fondre le plus blindé des coeurs !
C’est si rare , en France , de nos jours, de recevoir le “ Bonjour !” des gens qu’on croise dans la rue. Et qu’on ne me parle pas de la conjoncture économique qui “interdirait” , chez nous , le sourire . Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde. Elle a tout subi :
- les invasions arabes et portugaises, dès 1500, puissances attirées par une situation stratégique fort prometteuse,
- les assauts de pirates de tout acabit ,
- la colonisation (parfois sanglante) française de 1895 à 1960, avec un intermède britannique sous Vichy (C’est à Madagastar qu’Hitler, en 1941, avait prévu de déporter les Juifs européens)
- dix-huit ans de dictature socialiste ( 1975-93) avec tout son lot habituel de surveillance clandestine, déportations, tortures, délation et internements arbitraires, d’autant plus insidieusement efficaces que le Ministère de l’Intérieur fut assisté, pendant 15 longues années, par des spécialistes soviétiques et nord-coréens, rompus à cet art abject.
Et que penser des cyclones qui régulièrement viennent dévaster la face orientale de la Grande Ile. Celui de 1994 a rasé la région de Tamatave. Deux semaines plus tard la vie, grâce à l’activité industrieuse du Malgache, avait repris son cours normal.

Quatrième île du monde et plus vaste que la France, Madagascar offre trois climats majeurs: deux du nord au centre avec une variété marquée par l’altitude et une alternance de saisons sèche ( avril - octobre) et humide ( novembre-mars), et un sud-est plus sec. La végétation s’est adaptée mais avec le soleil et l’eau tout pousse et contrairement à des pays comme l’Inde ou l’Ethiopie / Somalie (autres riverains du même océan), on ne rencontre pour ainsi dire pas de visages faméliques.
Imaginez un pays qui produit presque tous les fruits et légumes du monde : de la pomme sur les Hautes-Terres du centre où se trouve la capitale, à l’ananas dans les plaines côtières. En toute saison, vous pouvez vous gaver de fruits. Il n’y a que la cerise que j’ai cherchée en vain sur les étals qui jalonnent les routes de l’aube au crépuscule. Quant aux poissons, les 5.000 Km de côtes en offrent une variété indescriptible.
Autrement dit, avec un peu de courage, on est certain de se nourrir, ration de
vitamine C comprise .

L’ennui, c’est que, comme partout , les ruraux ( 70% de la population) se laissent, pour leur malheur, attirer par le strass trompeur de la ville, et ne trouvant pas de travail (le taux de chômage dépasse les 18%) font feu de tout bois. La plupart, honnêtes, inventent des petits boulots et Dieu sait s’ils sont ingénieux ces Malgaches ! D’autres, moins courageux et sans scrupule, gonflent les rangs des délinquants. Parcourir seul, la nuit tombée, l’ Avenue de l’Indépendance à Antananarivo ( = “la ville des mille”), comporte un risque réel, même si le proverbe malgache “ Ny alina mitondra fisainana “ ( = la nuit porte conseil) reste très populaire.

C’est Marco Polo qui a baptisé “MADAGASCAR” ( une terre où un oiseau géant, le Roc, emportait les éléphants sans peine). D’éléphants, je n’en ai point vu, mais la faune est variée et en majeure partie endémique : tortues d’eau, caméléons en tout genre, une multitude de reptiles dont aucun n’est venimeux, chauves-souris géantes, et surtout la variété de ces magnifiques et émouvants LEMURIENS qui, même sauvages, se laissent approcher et qui vous ravissent autant que le koala australien. On rencontre également le “ fosa” , une sorte de puma arboricole de grande taille, le sanglier et le “ tandraka”, tous deux chassés pour leur chair très prisée, et une myriade d’insectes, de mammifères et d’oiseaux aux noms inconnus chez nous.
Hérons, grèbes huppés, ibis, perroquets égayent les lieux bucoliques. Amusé je le fus lorsque j’ai découvert le nom malgache d’un perroquet noir “ vasa “ . Amusé, car c’est le nom que les autochtones donnent à tout étranger. “ Bonjour, vasa !” vous dit-on à tout bout de champ, “ comment t’appelles-tu ? “ .
Nombre de perroquets ont été domestiqués. Avec eux, point besoin de sonnette à la porte du jardin. A la campagne, les oies font souvent office de gardiennes alertes.
Il existe 200 espèces de lézards dont le mignon “ gecko” émeraude qui hante les salles de bain, chambres et cuisines et vous débarasse de tous les insectes intrus.

Aus abords de NOSY BORAHA ( “ nosy “ veut dire “ île “) , plus connue sous le nom de Sainte-Marie (autrefois “ Ile des Femmes “) au N.E. de Tamatave, nous avons vu des baleines et leurs baleineaux. SAINTE MARIE ne fait pas partie des centres touristiques de renommée mondiale, pas encore du moins. C’est une île très attachante parfumée de vanille ou de girofle où les petites criques de sable doré , ourlées de cocotiers et protégées des requins par une barrière de corail , permettent la baignade et la pêche au gros. Son nom vient de la Patronne de la plus vieille église de Madagascar baptisée “ Ste Marie” en 1748 par les premiers missionnaires.

Mille espèces d’orchidées dans une flore exubérante font de Madagascar un paradis pour naturalistes.

Le 29 octobre dernier avait lieu le 1er tour de l’Election présidentielle ( la 5ème élection en trois ans) : 15 candidats dont 10 de l’ethnie des “ Merina” face à 5 Côtiers qui depuis un demi siècle président aux destinées nationales ( Madagascar compte 20 groupes ethniques).
Tout le monde n’a pu voter. Tsina, mon “vazaha “ ( = tireur de pousse-pousse ou étranger blanc) à Antsirabe ( = “ beaucoup de sel”), une ville thermale et seconde agglomération de Madagascar, à 170 Km au sud de la capitale, célèbre pour sa production fruitière, où le Roi du Maroc Mohammed V fut déporté par la France et royalement hébergé à l’Hôtel des Thermes, mon “ vazaha” avait bien du mal à se frayer un passage dans le marché de Sabotsy ( dans chaque ville le “ marché” porte le nom du jour où il a lieu. Ainsi à Antsirabe, c’est le “samedi”. Or “ Samedi” se dit “ sabotsy” Cf “sabbath” . Alors qu’à Tana, le grand marché a lieu le “ vendredi” qui s’appelle “ zoma “ ) Tsina s’arrêtait souvent, me demandant si j’avais soif. Quoi qu’il en soit, au milieu de la chaussée encombrée ou à la gargotte, appelée pompeusement “hotely “, il eut tout le loisir de me dire qu’il avait voté 4 fois car, sa femme étant au mieux avec le secrétaire de mairie, ses deux enfants de 2 et 4 ans avaient reçu une carte d’électeur.

A Nosy Be (= “ beaucoup d’îles = archipel “) , station balnéaire bien connu des pêcheurs du monde entier, situé sur le Canal de Mozambique, une comptable , pourtant en bons termes avec l’ancien Ministre de l’Intérieur, Ampy Augustin PORTOS, m’a avoué qu’elle et son mari n’avaient pas reçu leur carte, et qu’ainsi ils n’avaient pu voter. De toute évidence elle n’était pas marrie, ajoutant “ avec un bakchich, nous aurions pu l’avoir bien sûr. C’est comme le certificat de naissance de notre dernier enfant. . .”
Précisons que Madagascar se distingue, avec quelques pays, comme le royaume du pot-de-vin. Si vous tenez à obtenir quelquechose et si vous avez les moyens, vous n’avez qu’à payer. Nous en fûmes personnellement témoins avant d’embarquer pour Paris à l’aéroport d’Ivato ( = la pierre ). En plus du contrôle habituel des passeports, il faut subir trois autres contrôles dits “ de sécurité “. En fait une douanière m’a demandé, sans vergogne, si j’avais un “ petit cadeau, de préférence en arzent “ pour elle. Une mignonnette de parfum eut l’heur de la satisfaire car le contrôle fut écourté comme par enchantement et la fouille évitée.

Pour l’élection, il reste 2 candidats en lice :
- le Capitaine de Frégate Didier Ratsiraka, surnommé l’ Amiral par les uns, le Messie par les autres, l’artisan du “ socialisme révolutionnaire”, qui a sollicité l’assistance “technique” des Soviétiques et accepté en outre l’assistance des Nord-Coréens ( il faut voir le palais somptueux construit, au sommet d’une colline, en pleine campagne, au sud de Tana par Kim Il Sung pour son ami Ratsiraka. M’étant arrêté pour prendre, au téléobjectif, une photo d’ensemble, j’ai dû vite plier bagages et me sauver pour échapper à deux policiers menaçants )
Ratsiraka, battu à l’élection de 1992, a laissé la place au second candidat resté en lice :- Albert Rafi , surnommé “ l’ homme au chapeau de paille”, qui , en mars 1993, en prenant ses fonctions a promis de créer un Sénat et d’assurer le changement en matière économique.
Des promesses non tenues lui ont valu d’être évincé en juillet dernier par une motion d’ “ empêchement”. D’où les élections . Les deux candidats restants sont donc :
- l’un, l’homme à abattre de 1991 ( une révolution sanglante le 10 août 1991 avait fait plus de cent morts) et
- l’autre, l’homme “abattu” en juillet 1996 par 99 voix contre 32 et 3 abstentions.
Tous deux sont des Côtiers et je ne vois pas ce qui changerait, mais quand même...

En principe le 2nd tour de l’élection doit se dérouler dans les 30 jours qui suivent le 1er tour, mais un ami bien informé ( ancien ministre) doute qu’il ait lieu avant le mois de janvier 1997. Cet ami m’a fait la liste des dépenses de campagne engagées par Ratsiraka : elles se montent à la somme pharamineuse de 3 millions et demi de nos francs. Insolent pour le cadre moyen qui gagne 400 Frs par mois ( le SMIC est à 150 Frs par mois) et doit payer 100 Frs de loyer mensuel pour une pièce.
Ratsiraka dont on peut voir l’affiche et le portrait polychrome dans le plus petit village, assure qu’il a changé! Il est revenu de son “ exil” parisien et fait le tour du pays à bord de l’hélicoptère également offert par Kim Il Sung.
Pour clore le sujet, disons qu’il ne serait pas étonnant que “ l’Amiral “ soit à nouveau élu. Dans les campagnes reculées où l’alphabétisation n’est pas encore parvenue, on ignore souvent qu’il n’est plus Président depuis plus de trois ans et comme on ne connaît que lui en photo, et que des amis ou parents disent qu’il distribue de” l’arzent “ !. . .. . .

Les Malgaches sont habiles, dans tous les sens du mot ,. Il faut voir les garages et ateliers de mécanique qui vous refont une 2CV, importée de la Réunion , de pied en cap, avec des pièces de toutes origines et . . . une peinture superbe, qui attire l’attention. Une panne sur la route et on répare sur place. Mercedes a fait un malheur avec ses camions, de même que LandRover avec son 4-4. Quelle surprise de découvrir une Juva 4 rutilante, et qui mieux est, avec des freins efficaces. Quant aux “ Pigeot “, elles n’ont pu encore être détrônées par la production nippone.
Le taxi-brousse à 8 places vous emporte jusqu’à 30 passagers qui se serrent tant bien que mal sur le toit, sur les pare-chocs ou les ailes d’avant.
Au dispensaire j’ai rencontré un médecin, renommé pour ses guérisons-miracles du cancer et du SIDA , avec un produit à base de pervenche ! Il a l’habitude, nous a-t-on précisé, d’envoyer ses patients prier à l’église après chaque consultation. Ils n’ont pas grand chemin à parcourir car chaque village comporte une église et un temple mais la religion chrétienne n’ a pas pour autant supprimé les croyances ancestrales. C’est ainsi qu’une des coutumes consiste à “ retourner ses morts “ à la première occasion. Ils n’emploient pas le mot “ mort” car le défunt continue de vivre en intermédiaire entre sa famille sur terre et le Ciel. Ils disent “ ancêtre” .
Prendre un photo de la “ porte de pierre “ ( =tombe) est “ fady “ ( = interdit, tabou).
Ma forte corpulence, mes cheveux blancs et mes yeux bleus m’ont fait passer, dans un village pour un “ diable” de l’au-delà. Les hommes ont fait rentrer leur femme dans la case, et prié les enfants de ne pas m’approcher. Au contraire chez les Bezanozanos ( = “ beaucup de petites tresses de cheveux “), un “sage” m’a pris pour un sorcier : “ Mora-mora “ ( = “tout doux” ) m’a-t-il dit en me caressant la main comme pour m’apitoyer. Une femme m’a accompagné jusqu’au bout du village. Devant chaque paillotte, les gens nous regardaient passer. Ils l’interpellaient. Elle leur répondait d’une litanie dans un langage que je ne comprenais pas. Seul un mot m’avait frappé l’oreille qui revenait dans chaque échange verbal: “ Mariage” ! A la limite du village elle me prit la main et me dit : “Petit cadeau ?”.. . .

Une famille rurale normale , c’est 15 à 18 enfants. De multiples pères, en général et souvent inconnus.
A la gare nous avons rencontré un Français de Vichy, dans la quarantaine, agriculteur de son métier , qui venait à Antsiranana ( Diego-Suarez) chercher une femme de 25 ans pour l’épouser. Nous l’avons abordé pour l’aider car un jeune Malgache voulait lui confier une valise. La confiance règne, mais le risque pour le porteur peut s’avèrer grand. A l’aéroport un policier voulut me confier une enveloppe volumineuse pour un ami de Hell ville dans le N.O.. Quand, par mesure de sécurité, je lui demandai de l’ouvrir afin que je m’assure du contenu, il refusa et s’ adressa à un autre voyageur.
12 millions d’habitants ( 6 millions de moins de 15 ans ) peuplent Madagascar dont un millon et demi dans la capitale. Les Indiens et les Chinois ont main-mise sur le grand commerce.
Le tourisme , encore balbutiant, est une manne et si le pays s’adapte, une promesse certaine pour l’avenir. Mais comme ailleurs l’ Islam s’installe, au taux, m’a-t-on dit, de 15% par an !

Terre des “ fossiles vivants “ , Madagascar pourrait retenir le visiteur pendant des mois. Je comprends pourquoi tant de militaires ou fonctionnaires français ont décidé de revenir sur cette terre d’enchantement pour leur retraite.
Il faut parcourir le pays sans précipitation. Chaque pas vous assure l’étonnement, chaque rencontre un moment délicieux. Et point besoin d’emporter de provisions, hormis en quantité la citronnelle anti-moustique surtout si vous vous rendez dans les îles du nord-ouest où sévit, sans conséquence mais fort dérangeante, la “ muka fohy” , inaudible et invisible. Vous pouvez même partir sans eau car elle est partout à discrétion, sous la marque “ Eau Vive” dans les villages et dans la nature : dans le nord, c’est la “ ravenala “ ( = palmier du voyageur) qui vous procure l’eau à volonté. Dans le sud, c’est le baobab dont le tronc énorme ( les Malgaches disent que Dieu a planté cet arbre à l’envers), haut de 15 mètres, peut contenir jusqu’à 100 tonnes d’eau potable.

Sentez -vous un certain laisser-aller dans la conduite intérieure , j’entends la diarrhée, cueillez une noix de coco et buvez en l’eau. C’est l’antidote idéal.
A 50 m. de la gare de Tana, j’ai découvert un restaurant accueillant “ Le Relais Normand”. La table y est agréable et le coût modique.
Ce n’est pas sans regret que j’ai quitté cette terre chaleureuse de Madagascar hier soir et les jacarandas fleuris du Lac Anosy.

Si vous allez découvrir cette île merveilleuse, au peuple attachant, débarquez l’esprit ouvert; armez-vous de patience et activez votre sens de l’humour.
La Cie Air Madagascar, qui a failli s’appeler “ Mad Air “ ( les anglicistes apprécieront), et CorsAir offrent des prix très attrayants. Aeroflot fait encore mieux, mais l’escale de Moscou s’impose.
Sur place vous trouverez une chambre correcte à 100 Frs la nuit et des repas variés et savoureux à 15 Frs. La bouteille de bière “ Three Horses Beer” (= 3 chevaux) vaut 20 Fr
Pour vous déplacer vous avez le choix entre l’avion, le train et l’inénarrable taxi-brousse. Mais on loue également auto, moto et vélo.
Profitez donc de vos passages à Tana ( à l’arrivée et au départ) pour vous faire faire, sur mesures, dans l’intervalle, deux superbes costumes ( 250 Frs) ou trois robes ( 40 Frs), ne serait-ce que pour rembourser votre billet d’avion au départ de France. Si, sur place, au lieu de payer, vous choisissez le troc, emportez alors force T-shirts, robes, pantalons et chaussures usagées, ainsi que savonnettes, crayons à bille, cahiers et tous vos médicaments inutilisés.
Vous rentrerez la tête truffée de souvenirs précieux, le coeur plein de confiance en l’avenir et heureux de vivre dans un pays comme . . . .la France.

Si une visite là-bas ne fait pas partie de vos projets et si votre propre sort, à longue vue, vous rend sensible aux besoins cruciaux des Malgaches, apportez votre pierre à la construction d’une école. Avec 10.000 Frs on réalise peu en France. Avec la même somme, on bâtit une classe là-bas et les retombées pour la France compteront.

Et si vous pensez que je manie l’euphémisme avec désinvolture, demandez donc leur avis aux anciens résidents qui , leur épouse étant européenne, ont choisi de finir leurs jours en métropole. B e r n i e 15-12-96

Kleptocratie
Considérez la partie de l’Afrique située entre les deux tropiques. C’est là paraît-il que l’homme est né et s’est développé. En cette fin de XX° s. , il semble que ce soit également là que son développement se soit arrêté.
Si on exclue le Maghreb et l’Afrique du Sud, ce continent perdu compte 500 millions d’habitants qui produisent moins que les dix millions de Belges et qui exportent moins que les cinq millions de HongKongais. Alors qu’ailleurs les pays , dits en voie de développement, commencent de rattraper l’Occident, les nations d’Afrique, elles, aggravent leur sous-développement. Lorsque Taiwan , Hanoï ou Saïgon accueillent des délégations commerciales, l’Afrique, elle, bénéficie de concerts de bienfaisance.
L’euphorie qui présida à sa “ seconde libération “ , à savoir l’évincement des tyrans autoctones, s’est dissipée. Nombre de ces pseudo-démocraties offrent toutes les apparences de dictatures en congé. L’homme fort qui tient le pouvoir ne veut pas le lâcher. C’est cela la kleptocratie.
La situation de l’Afrique s’avère particulièrement difficile. En tout cas elle ne semble pas s’être améliorée depuis la décolonisation. Vous rappelez-vous l’alternative formulée par le “ Rédempteur” Nkrumah le 6 mars 1957 : Nous préférons être mal gouvernés par nous-mêmes que d’être bien gouvernés par les autres !
Avez-vous regardé de près les structures gouvernementales de tous ces pays d’Afrique ? Elles sont restées intactes, mais maintenant aux mains d’Africains. Certains gouvernements pratiquent même un colonialisme interne. Ils sont authoritaires sans avoir d’authorité. Il arrive même que le chef s’identifie à l’Etat. Daniel MOI par exemple, président du Kenya, peut sans exagération reprendre le mot de Louis XIV “ L’ état , c’est Moi ! “ . Le Kenya est bien son fief et les trente millions de Kenyans, ses vassaux . Une escale à Nairobi nous a permis ce mois-ci de découvrir que comme ailleurs la corruption était endémique et la pauverté plus criante qu’il y a 5 ans. La désintégration s’avère manisfeste : d’un côté une violence extrême tant dans les rapports entre tribus que dans les rues où nous avons vu deux jeunes s’emparer d’une voiture sous la menace d’un pistolet, de l’autre une répression brutale.
Quelle ironie ce fut de la part des membres de l’ O. U. A. de déclarer sacrosaintes les frontières arbitraires du colonialisme. La perennisation de l’héritage colonial en la matière est sans nul doute l’origine et la cause des catastrophes qui accablent actuellement le Rwanda, le Nigeria, le Soudan et l’Angola.
Même schéma sur le plan économique : l’Afrique a urbanisé à outrance sans industrialiser; elle s’est occidentalisée sans se moderniser. Un Kénian lucide me disait : “ Nous sommes motivés par le profit, sans avoir l’esprit d’entreprise “. Et cet Ivoirien qui , très pratique, ajoutait : “ Nous portons une montre au poignet , mais refusons de la consulter pour être ponctuels !”
Sans les hordes de vacanciers européens, attirés par les plages ou les réserves à safari , touristes ébahis devant les hôtels de luxe et les gratte-ciel de bureaux, le Kenya serait un nouveau Zaïre. On ne peut même pas téléphoner à 5 km. Les coupures de courant sont qurotidiennes.
Où est la solution ? A mon avis il suffirait de privatiser l’économie et de nationaliser l’ Etat. C’est le contraire actuellement .
L’Afrique du Sud vient de donner une grande leçon au continent : un exemple de patience et de pardon. . Mais , la mort dans l ‘ âme , je trouve nombre d’ autochtones beaucoup moins heureux que sous l’apartheid. Nonobstant , Nelson Mandela est un héros admirable .
Sans aller chercher au delà des mers et des océans, l’Afrique dispose de deux modèles, qui ont fait leurs preuves : l’ Uganda , et surtout le BOTSWANA, un miracle économique à l’image des dragons asiatiques. De la taille de la France, avec deux-tiers de sa superficie désertiques ( Kalahari ), à cheval sur le tropique du Capricorne , une population d’un million et demi dont 60% de chrétiens, des animistes, des musulmans sans la moindre intolérance religieuse, le Président de Gabarone a assuré à son pays , en 1995 , le taux de croissance le plus élevé du monde. Bien sûr le diamant y est pour quelque chose, mais il est tant de nations aussi bénies des dieux, qui gaspillent allègrement leurs revenus en armement.
Même si l’ Afrique, ce continent perdu , on serait tenté de croire définitvement ,ne peut s’en sortir que par ses seules forces, l’Occident n’est pas innocent devant cette misère. Il nous revient d’ouvrir nos frontières aux exportations africaines au lieu d’y expédier nos surplus agricoles sous forme de gestes humanitaires, et cyniques. Depuis des lustres nous soutenons des despotes par nos aides financières, ce qui donne davantage de bonne conscience au donneur que de bien-être aux donataires. En faisant l’aumône l’Occident tente d’exorciser son complexe de culpabilité post-colonial.
“ La charité, conclue superbement un écrivain nigérian, c’est l’opium des riches “ .
Comme partout en Afrique, au Kénya, c’est un homme au pouvoir et tous les autres à genoux.
B e r n i e Monbassa 11 nov. 96

University of California. Irvine Campus
10 juillet 2001



Chers Milou et Jean-Claude ,


Viens de découvrir un opuscule de Peter RUMP à Irvine au département d’égyptologie , sur les hiéroglyphes.
L’auteur contacté me dit que la plaquette est éditée en France par ASSIMIL, sous le nom “ le hiéroglyphe de poche “ .
Une suggestion à la famille pour que petits et plus grands s’amusent en s’instruisant.
Autrement, au cas où vous seriez à court, voici une petite bibliographie ( romanesque donc captivante ) :

- Naguib Mahfouz ( Nobel): Harafish
Le Palais du Désir
Jardin du Passé
Malédiction de RA
Passage des Miracles
Matin de Roses
Les 1001 Nuits

- Salwa Bakr : The Golden Chariot

- toute la série de Christian Jacq ( Ramsés & Co) qui enrichit
Lafont.
- Léon l’Africain d’Amin Maalouf.
Echelles du Levant
Les Croisades vues par les Arabes


- il est ici aux USA une série qui , depuis 4 ans ,fait un tabac
( et avec raison)
celle de Margaret George, de Madison, Wisconsin.
“The Memoirs of Cleopatra “ 1 , 2 , 3 , 4 etc.
Elle a trop de succès pour ne pas être publiée en France, voire en POCHE . C’est passionnant et l’authenticité historique est indéniable.

J’imagine que le Dr Etienne Lemoine pourvoira aux besoins en antibiotique (large spect.)
antidiarrhéique ( réhydratant), antihistaminique ( rhumes, piqûres), antiseptique et aspirine
( paracétamol ). Bien amicalement

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