mercredi 19 août 2009

VIETNAM / CAMBODGE

Grève dans la chausse : les Viets prennent leur pied

Surprise ce matin en visitant une usine de chaussures dans la banlieue d’Hanoï :
les ouvriers étaient en grève ! Le fait est nouveau dans une dictature.Et tout le monde sait que les Asiatiques ne pensent qu’à travailler. N’ai-je pas rencontré un jour dans la ville japonaise de Takamatsu quatre employés de la voirie réparant allégrement la chaussée, un dimanche matin, et arborant un brassard portant l’inscription: “ Nous sommes en grève”.
Deux explications possibles : ou bien ces employés-chausseurs vietnamiens ont été, par atavisme, contaminés, il y a un demi-siècle, par les colons français, ou bien ils ont reçu l’ordre de leur gouvernement, seule autorité pouvant créer légalement un syndicat.
Plus amplement informé j’ai appris que la grève n’existait au Viet Nam que dans les usines délocalisées de France. Curieusement c’est parce que Bruxelles souhaitait instaurer des droits de douanes, le prix des chaussures vietnamiennes offertes sur le marché européen frisant le dumping.
Un contremaître rencontré le lendemain m’expliqua sans sourciller que ses employés s’étaient mis en grève pour manifester contre le bas niveau des salaires, les mauvaises conditions de travail et les onze heures de labeur quotidiennes. Des récriminations que la direction européenne a toujours ignorées, incitant même les responsables asiatiques à plus de rigueur envers leurs employés.
Et le litige n’est pas mince quand on sait que le volume des chaussures qui nous viennent d’Asie se monte à un milliard de paires par an.
Se pourrait-il que nos syndicats exigent le beurre et l’argent du beurre ?
Bernie Avril 1998

Échos du Viet-Nam

30 ANS APRÈS L’ARMISTICE : Les démineurs sont toujours au travail, surtout dans le nord du VietNam. À noter que comme c’est dans le nord que le taux de chômage est le plus élevé, la population la plus dense et les salaires les plus bas , cela semble arranger les autorités !
Il existe encore des régions où les Vietnamiens n’ont pas le droit de parler aux étrangers. Les policiers, en civil et à moto font respecterla loi.
Les minorités des Hauts Plateaux, ceux que les anciens d’ Indochine appelaient “ Montagnards”, sont particulièrement surveillés, brimés dans leur chair par les réquisitions de terres , et dans leur âme par la répression sournoise anti-chrétienne par exemple.
Il reste peu d’éléphants. Les chasseurs bombardiers américains en ont tué des milliers pour contrer les transports d’armes.
La forêt s’étiole encore, condamnée par les brûlis tribaux, par les plantations françaises d’hévéas et , coup de grâce, l’agent orange déversé par les B52, le napalm et les bombardements intensifs. Et voici que les autochtones s’y mettent en plantant du café, du thé, du cacao, du manioc et du poivre.
Près de Dalat j’ai vu un paysan, inconscient, et heureux d’avoir bradé , la veille, la moitié de son lopin : il a pu se payer une moto !
Et pourtant partout les affiches annoncent : “ Si le monde n’a plus de forêt, la population n’a plus de poumons “.
Il y a quinze ans j’avais noté une différence entre les cimetières militaires du sud et ceux du nord. Les nécropoles pour troupes de libération étaient bien entretenus, alors que celles des soldats sud-vietnamiens “ combattants fantoches”, étaient laissés à l’abandon ou aux ruminants. Cette année il semble que chaque soldat mort au combat, qu’il soit du nord ou du sud, est respecté par les autorités. Les temps changent . Bernie Tonkin 20 nov. 2006

Pétrole : aubaine ou déveine pour le Cambodge ?

Quand le 23 décembre 1975 la responsable tourangelle de l’Accueil des Etrangers nous téléphona : “Au secours ! Il me reste un réfugié cambodgien sur les bras. Pouvez-vous le prendre chez vous pour Noël ?”, jamais nous n’aurions pensé que l’accueil de SEM LI allait être le début d’une longue amitié, qui dure depuis plus de trente ans.
SEM venait de perdre presque tous les membres de sa famille, assassinés par les Khmers Rouges. À pied avec deux de ses frères il avait gagné la Thailande d’où Caritas International les avait déplacés vers la France. Il restait hagard, encore horrifié des atrocités infligées aux siens. On apprendra plus tard que la moitié de la population du Cambodge avait péri sous la houe de Pol Pot.
Industrieux , intelligent et courageux SEM s’était fait une place dans l’économie française: il avait ouvert des restaurants pour ses frères et lui à Toulouse, Dijon et Évry
Puis il avait décidé de se marier, avec une compatriote, et nous avait invités à Phnom Penh pour les noces. Civiles puis religieuses elles avaient duré une semaine.
Et ce fut mon second contact avec ce peuple attachant, encore traumatisé 28 ans après le départ des Khmer( Rouges.
Ils sont en 2007 quatorze millions de Cambodgiens ( c’est peu face aux 83 millions de Vietnamiens) dont presque la moitié survivent avec dix €uros par mois et les trois-quarts toujours privés de service d’eau potable et d’électricité.
Au temps de l’Indochine on extrayait de l’or et des pierres précieuses. L’exploitation a repris mais la corruption ( au 150ème rang sur 160 pays recensés par l’UNESCO) prive le peuple du moindre bénéfice.
Et voilà que cette année CHEVRON la Californienne, l’une des plus grandes sociétés pétrolières du monde, vient de découvrir des champs pétrolifères au large de Sihanoukville, bord de mer jusqu’à ce jour calme et tranquille..
Il faut voir l’affluence d’étrangers depuis quelques mois. Et ce ne sont pas comme sur les plages voisines de Thailande et du Vietnam des vacanciers en mal de soleil et de sable , mais des ouvriers et techniciens du pétrole. Les boutiquiers exultent car le petit commerce bat son plein. Est-ce la fée bienveillante ou la Carabosse qui s’est penchée sur le berceau impérial du Kemputchea ?
En effet partout où l’on découvre l’huile de pierre (c’est le sens grec du mot “pétrole”), on peut remarquer que les gouvernants s’enrichissent, mais que le petit peuple reste dans la misère. Le pays manque de cliniques, d’écoles, de routes, de canaux d’irrigation. Les sites touristiques qui pourraient sortir le pays du marasme ont été alloués à une agence japonaise, l’abattage forestier à une société étrangère et mon bllet d’entrée à Angkor Vat m’a été vendu par un particulier.
Un conseiller de l’ ONG OXFAM ( Comité d’Oxford contre la Famine) m’a dit que CHEVRON avait déjà versé des millions de dollars au gouvernement d’Hun Sen pour s’assurer l’exclusivité de l’exploitation pétrolière, mais ces paiements n’ont pas laissé de trace dans la comptabilité nationale.
Qu’en sera-t-il des revenus lorsque le pétrole coulera à flot en 2009 ? Vraisemblablement à l’instar de la Russie actuelle dans les poches d’une oligarchie.
Bernie

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